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samedi 23 mars 2024



Monographie familiale




On ne choisit pas parmi ses souvenirs. 

Certains s'estompent peu à peu et sombrent dans l'oubli, tandis que d'autres, même très anciens, surgissent du passé : tableaux nets et colorés ou haillons de vie, de sang, de lumière. 

J'ai beau chercher et puiser dans les jours les plus lointains de mon existence, ma mémoire, comme un miroir fidèle, me renvoie toujours la même image, celle d'un bambin de cinq ou six ans, joufflu, rieur et bien portant, habitant Saint-Astier en Périgord. 

Pourquoi Saint-Astier ? parce que mon père, cheminot comme il se doit, vient d'être nommé à la gare de ce "haut-lieu", avec le titre avantageux de facteur enregistrant, grade qui, hélas, s'accompagnait d'un salaire de misère. Songez que nous étions six à table.
 

Extrait : Maurice Neycensas - 1990




Retrouvez nos ancêtres, l’origine de notre patronyme, notre histoire familiale, depuis 1470 en Périgord


Plus de 5 siècles d’archives privées et publiques, de documents historiques, des centaines d’actes et de noms de famille. 

 

 

Origines des recherches :

Archives Départementales de Dordogne, Loire-Atlantique, Hérault, Corrèze, la Réunion, Ile Maurice, Quotidiens Australiens, Archives de la ville de Rotterdam.

Etat civil et registres paroissiaux, tables décennales, matricules militaires, cartes de Belleyme et Cassini, cadastre Napoléonien.

Archives notariales, cahiers de doléances, dénombrements de population, archives communales, archives des cours et juridictions.

Sites :  Société Historique et Archéologique du Périgord, Guyenne.fr, Geneanet et Gallica


Découvrez votre généalogie gratuite, après 30 années de recherches à la découverte des patronymes Meyssensas, Neyssensas, Neycensas, Neyssensac, Neycensac, Neyssensat et autres orthographes









Article à venir en Avril ou Juin 2024

 

 1628 - Un mariage posthume à Léguillac de l'Auche



 

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Courant 2024
 
 


1684 - Le testament de Marot, tisserand

Un  grand merci pour la traduction à Robert, 
Alain et Jean Michel de Geneanet


1868 - Contrat de mariage entre Pierre, capitaine au long cours et Adèle Lotz


1860 - décès de Jean  au Val de Grâce
Fusilier au 62ème de ligne





Très bientôt

1939 - 1940

La correspondance oubliée d'un marin du Dunkerque retrouvée 90 années après …. à Amsterdam

Lettres à Vicky… extraits

 

Pensées et sentiments à  la veille de la 2ème guerre mondiale


************
 
 
 
 
 1876
 
Marie et Anne Neyssensas sous tutelle





 
 1914 - 1918

Une fratrie déciméee au combat

1628 - 1773
Rite funéraire et inhumations "Ad Sanctos"
des Meyssensas


 

 

Dans le courant de l'année 2024

Une grande cantatrice Wagnérienne

des années 30

petite-fille de Marie Neyssensas - Saint-Astier


Débuts en 1926 en concert, et, en 1928, à l'Opéra de Paris dans le rôle de Brünhilde dans le Crépuscule des dieux de Wagner.

Elle acquit bientôt une grande renommée dans les rôles wagnériens et chante Kundry de Parsifal au festival de Bayreuth en 1931.

  Créatrice de Poèmes pour Olivier Messiaen. 

"Sa voix était ample, d'une belle couleur et très expressive".

 Larousse « Dictionnaire de la musique »

 

 

 

Ce travail de mémoire dédié au patronyme Neyssensas et autres écritures est réalisé dans un but uniquement informatif. Aucun profit n'est retiré des textes, images, informations et documents présents sur ce site.
Si par inadvertance, des images ou textes soumis à des droits d'auteurs ont été introduits, prévenez-moi, ils seront effacés dans les plus brefs délais sur simple demande des ayants droits.

Les données concernant l'état civil - série 5E - sont extraites des données numériques des Archives Départementales de la Dordogne




Sommaire





 Détails des 9 onglets ci-dessus



Accueil 



Origine du patronyme

Notre patronyme - un gentilé occitan dérivant d'un nom de lieu - une énigme : Meyssensas ou Neyssensas ?


Gros plans sur les premières familles Neyssensas de Léguillac de l'Auche - le village emblématique 

1526 - Acte notar entre Guillaume Meyssensas et le prieur de La Faye

1526 - 1630 - Les premières familles et les premiers actes paroissiaux

1618 - Mathieu et le logement des gens de guerre
16261703 - Les plus anciens actes notariés
1633 - Annette Meyssensas, épouse de notaire royal 
1647 - L'autorité seigneuriale au temps de Guirou
1676 - Sicaire dit "garçon", les évènements de sa vie - acte d'afferme

1685 - Jean, huguenot léguillacois
1689 - Un soldat de la milice provinciale
 
1740 - Rôle de la taille royale et patronymes Léguillacois
1741 - Baux de dîmes
1742 - Portion congrue et dîmes novales
1789 - Les Cahiers de Doléances

1790 - L'orage de la Révolution à Léguillac de l'Auche

Les Grandes épidémies à Léguillac

Pestes entre 1600 et 1616 - 1628 à 1632 - 1631 - 1644 à 1657 - 1747 à 1749
Disettes céréalières entre 1617 et 1622 - 1625 et 1626 - 1629 à 1630 - 1636 à 1639 - 1738 à 1742 - 1771 à 1775 
Famines - 1709 à 1710




Origine du nom 
Les sarcophages de la Fontaine de Girondeau 
Le souterrain du bourg, un refuge près de l'église 
L'ancienne église romane - tentatives de reconstitution
 
1628 - Inhumation dans l'église chez les Meyssensas
1628 - Sicaire Meyssensas, marguillier
1678 - Transactions entre Mathieu et le curé Parade
1693 - Les Meyssensas victimes de la famine
 
La Révolution à Léguillac
1841 - La Suette Militaire - l'épidémie
Etude sur les toponymes Léguillacois entre 1598 et nos jours

1677 - Saint-Astier

Gros plans sur les familles Neyssensas de Saint-Astier - un village - une 1ère migration

1520 - le hameau de Tamarelle - un exemple d'habitat rural
1548 - Rôle de la taille et patronymes Astériens - annexe 8
1714 - Procédure judiciaire Montozon témoins les frères Meyssensas d'Armagnac
1720 - Le pensionnat Rivet de Saint-Astier
1729 - 1758 : Décryptage des plus anciens actes notariés, et transmissions des biens
1750 - Microtoponymie à Saint-Astier
1770 - Plainte de Martin, maître tailleur d'habits pour homme
1791 - Un mariage à Besançon, un mystérieux témoin
1811 - Contrat de mariage entre Martial et Catherine Dalesme
1855 - 1875Documents de familles Astériennes - traces du passé ... livre de raison - 1ère partie
1863 - Bail à colonage de Martial Neyssensas
1869 - Donation-partage de Martial Neyssensas.

1874 - 1875 - Documents de familles Astériennes, traces du passé ... livre de compte - 2ème partie

1875 - Employés au Paris-Orléans de père en fils.
1975 - Rémy Neycensas et la Patrouille de France




.
1598 - Périgueux


Présence de quelques familles tout au long du 17ème siècle
Les liens entre les De Chilhaud et les Neyssensas de Léguillac

Des préoccupations juridiques, politiques, militaires et professionnelles

1713 - Conflit entre Sicaire Meyssensart dit Garçon à Messire Pierre d'Abzac de la Douze
1749 - Alliance entre les Laborde de Monpezat et les Neyssensas de Saint-Astier
1796 - Tribunal de Montpon - Michel Naissensas est accusé d'un vol de chevaux et de désertion 

 
 Ce si intéressant et si talentueux Jean Neycensas
 
 
1770 - Jean élève du pensionat Rivet ou de la collégiale de Saint-Astier ?
1788 - départ de Jean, de Saint-Astier vers Rotterdam
1790 - Jean, musicien à Breda - Hollande
1791 - Jean est en concert dans la superbe salle de théâtre de Rotterdam en 2ème partie de la première représentation de Paul et Virginie
 
1792 - Jean donne un concert de basson dans l'unique salle de concert du quartier de Bierstraat de Rotterdam
 
1817 - 1824 - Jean, facteur d'instrument
1837 - correspondance commerciale - Martin François Neycensas - Neuner et Hornsteiner en Bavière
1860 - Martin Hendrick diplomé et primé de la Willem de Kooning Academy de Rotterdam
1865 - Johannes est secrétaire de la 1ère chorale masculine de Rotterdam l "Amphion"
1889 - Anoblissement de Jacob Diederick Neijcensas par Guillaume III




 
1846 - Pierre, menuisier Nantais
 
1862 -  l’Hôtel Dieu, Théâtre-Cirque ou « Théâtre de la Renaissance »
1868 - l’année terrible et le naufrage du trois mâts de son fils Pierre, le Lucie
1870 - Alliance avec François Salmon, fabricant de conserves alimentaires

1875 -1877 - Faillites de l’armateur Alfred Neysensa et de l’entreprise de menuiserie de Pierre
 
Un capitaine au long cours

1855 - Pierre, mousse à 15 ans, premier naufrage
 
1856 - Voyages vers l’Uruguay, le Brésil, la Réunion, la Guadeloupe
1866 - le navire le trois-mâts le Lucie
1868 - L’ouragan des 11 et 12 mars sur l’ile de la Réunion

1873 1875 - capitaine à bord de trois-mâts, voyages en Argentine, la Réunion, Haiti
 
1876 - 1879 - capitaine à bord de transatlantiques – les Caraibes, Panama, Cuba, Mexique, Venezuela

1883 1894 - Patron de pêche

Le commerce Nantais et les chantiers navals de Chantenay au 19ème siècle
Le sucre des Iles Mascareignes, Maurice, Réunion

Le capitaine Pierre Neyssensa et la tentation de l’engagisme
 
Un armateur en procès
 
1856 - Alfred, mousse à 13 ans, une carrière d’armateur
1876 - Les procès d’Alfred, son arrestation à Paris
 
 Un matelot trop tôt disparu
 
1862 - Hippolyte, mousse à 15 ans
1868 - Son décès à bord du trois-mâts le Lucie - baie de Saint-Paul à la Réunion
 
1891 - 1922 - Découverte des sépultures de la famille Neyssensa - Cimetière de la Miséricorde - Nantes


Implantations


Autres villages avec présence de familles Neyssensas depuis le 16ème 
 
 
Implantations en Périgord 
 

1630 - Rôle de la taille royale - Mensignac
1654 - Marguerite agressée sexuellement par un cavalier de l'armeée du Sire de de Sauveboeuf
1737 - Afferme  de Jean Neyssensas au temps du Seigneur d'Ambois - Mensignac 
1773 -Simon où le privilège d'être inhumé dans l'église
1796 - Un procès sous la Révolution - le citoyen Gabriel chez les "gentilhommes de verre"
 
 Implantations hors Périgord

1710 - Jean Messinsas, Sieur de la Combe à Martizay dans l'Indre
1733Jean, boulanger à Clermont l’Hérault
1767 - Un bagnard à Rochefort

1790 - Une famille Mencencin dit "Messensac"dans le Bas-Rhin ?
 

Autres lieux avec présence d'homonymies ou phonétiquement proches
 
1250 - Meyssenas en Isère

1495 - "Les Messinsards" dans la Drôme - un lieu-dit à Donzère
1630 - Un Meysenbach à Saverne - Bas-Rhin
1678 - Léonard Meyzinsas Affieux en Corrèze
1740 - Mejansac, un hameau dans le Cantal
1770 - Une famille  dans les Ardennes - Charleville.
1770 - Familles Essensa implantées aux U.S.A. et Canada

1936 - Des cousins vignerons dans le Bordelais - Familles Taix - Neycensas et Bressolles
 
Guerres


1793 - La campagne de 1793
1798 - La campagne d'Egypte
1812 - La Grande Armée
1814 - Jean, déserteur
1870 - Le Second Empire
1914 - Vitry le François
1940 - La bataille navale de Mers El Kébir - un témoignage, une conférence
1943 - Déportés à Mauthausen et Melk - Résistance Intérieure Française
1957 - La guerre d'Algérie


Arbres


Arbres généalogiques et photos de famille - (Saint-Astier - Tamarelle) - 

Photos des Familles Neycensas (Henri et Lucie)  - Bressolles (Joseph) et Taix (Gabriel) - 1910 Paris


Annexe 1 - Étude sur le patronyme Neyssensas
Annexe 2 - Les prénoms entre les 16ème et 19ème siècles
Annexe 3 - Quelques repères historiques en Périgord entre 1524 et 1940
Annexe 4 - La racine Neyssen dans d’autres contrées en France et en Europe ?
Annexe 5 - La campagne périgourdine
Annexe 6 - Statistiques familiales
Annexe 7 - Rôle de la taille - Saint Astier - 1548
Annexe 8 - Les Neyssensas mentionnés dans le Journal Officiel entre 1900 et 1945



Récents - articles
 
 
 
1914 - 1918 - Une fratrie décimée au combat

1628 - 1773  Rite funéraire et inhumations "Ad Sanctos"des Meyssensas
 


 
 
Introduction



C’est en Périgord blanc, au nord de la vallée de l'Isle, pays de plateaux calcaires, entre Saint-Astier, Léguillac de l'Auche et Mensignac, que se situe le berceau des NEYSSENSAS.

Dès la fin du 15ème siècle la plupart des Neyssensas vivent à Léguillac de l’Auche, point de départ, de notre histoire. 

Nous les retrouvons au fil d’actes notariés ou de registres paroissiaux, « hostelier » en 1526, avant les guerres de religion, puis vers 1598, laboureurs à bras, à Font-Chauvet, les Granges, ou fermier du prieur de La Faye en 1638, commune de Léguillac de l’Auche, laboureurs à Tamarelle en 1677, métayers à la Combe de la Garmanie, sous le regard du château de Saint-Astier, ou journaliers pour les plus modestes, à Armagnac, Faucherie.

Quelques années plus tard, par migrations successives, quelques familles Neyssensas sont localisées, par actes de mariage, à Annesse en 1626, Saint Léon sur l’Isle, Mensignac et Tocane vers 1670, Saint -Aquilin, Notre-Dame de Sanilhac, Manzac sur Vern, et Razac sur l’Isle en 1750.

Une famille est présente à Périgueux Saint-Front, dès 1598, puis deux, tout au long du 17ème siècle.

Dans le courant du 18ème, l'attraction constante de Saint-Astier modifie la situation sociale de Jacques, Martin, Sicaire ; devenus artisans-paysans, ils habitent les faubourgs et sont maître-tailleur d'habits, marguillier, sabotier, aubergiste ou menuisier.

Entre 1730 et 1813, trois migrations significatives ont lieu. Jean, le boulanger et Jean-Baptiste, commercial en instruments de musique quittent le Périgord pour Clermont-l'Hérault et Rotterdam, puis vient le tour de Pierre, menuisier, dont les fils seront capitaine à la Compagnie Générale Transatlantique, la "French Line", et armateur à Nantes en 1813.
 
 
 

 Saint Astier en 1945 par Robert Neycensas
 
 
" Ce Noël 1936 fut vraiment familial car, pendant trois jours, nous eûmes la grande joie de nous retrouver tous les six ensemble.

Mon frère avait obtenu ce petit congé presque par faveur car, à cette époque, les patrons ne les distribuaient pas à la pelle. Robert, peintre accompli, était reconnu dans la capitale périgourdine pour son maître coup de pinceau à réaliser les enseignes des magasins avec des lettres parfaites, même en gothique.

Il peignait des tableaux, des paysages, dont certains étaient fort jolis, comme celui qui décore une pièce de ma maison. Il représente notre douce rivière avec, en arrière-plan et surélevée, la très vieille église de St Astier.

C'est un peu de lui qui reste dans mon chez moi et dans mon coeur. Il avait une vraie tête d'artiste Robert, avec sa crinière longue, noire, aux belles ondulations, et sa lavallière souple qu'il portait si bien."

Extrait : Maurice Neycensas - 1992


« Quand venes de Perigueus (coutat miejour) per lou chami de fer que s’enfiu à la lesto sur Bourdèu, si vous guinchas au pourtissou de la vouaturo en traversâ l’Eilo, avant la garo de Sent-Chastié, poudes d’un cop d’eis ègre lou fiau de la ribièro que coulo siausamen dins soun leit prigound, à chabercèu de pibleis que se miralhen dins soun aigo tralusènto, coumo une jôuno drolo dins lou memi de l’ei de soun galant. 
En lai sur lous termeis, barris de la plano, louchapiau d’un chatèu deicimo la boueissièro, e dins l’en bas, quilhat coumo un jaiant sur sous peds de luchaire, lou viei cluchiè mounto la gardo.
Si, ribas, au pluviau, per la coto de Tamerèlo, e si restas un moumen pincat à la quincarolo, veses se deiboujâ uno eipandudo deleitouso : termeis pigassats, ranvers frurits vetats de bouis e d’agrafèis, coumbo verdo, e, dins loucros de la baisso, lou viei cluchié que semblo qui pausat per lou poudei de quauco fagilhèro, coumo une pèiro d’anèu dins soun chatou ».

Extraits du poème du Majoral Robert Benoit – Bournat du Périgord




  L'origine de notre patronyme




Le nom de famille NEYCENSAS NEYSSENSAS est présent sur Blogger Découvrez sa popularité et retrouvez vos ancêtres.





A travers l’onomastique et l’étude des noms propres, nous allons découvrir l’origine mystérieuse et insolite de notre patronyme et tenter de résoudre l’énigme de sa formation.

Présentation

Les noms de famille sont nés du langage parlé, l’occitan, et sans souci d’écriture, l’orthographe des patronymes n’existant pas. Les scribes médiévaux veillaient surtout à la conformité phonétique, et les porteurs du nom de famille ne savaient pas lire.

Entre les 11ème et 12ème siècles s'installe, en Occident, un nouveau système à deux termes : nom de baptême - nomemproprium - et nom de famille - cognonem.

Dans la deuxième moitié du 13ème siècle les noms des grandes familles sont fixés.

Les autres patronymes sont sujets à variation dans le courant du 14ème siècle, avec par exemple passage du nom au surnom ou déformation du patronyme …. voir à ce sujet la liste des habitants de Périgueux entre 1339 et 1340 dans « Les Comptes de la taille et les sources de l'histoire démographique de Périgueux au 14ème siècle » de Madame Arlette Higounet-Nadal.

Repères historiques

En 1453, la fin de la Guerre de Cent-Ans est encore dans la période de fixation des noms de famille.



NEYSSENSAS NEYCENSAS ORIGINE

1877 : Sous la 3ème république de Mac Mahon, le président du Conseil, Jules Armand Dufaure propose la création du livret de famille. Son successeur Jules Simon (1814-1896) valide la circulaire. Le livret de famille contribuera à la fixation orthographique des patronymes.
 
Le patronyme n’est pas donné par les intéressés eux-mêmes ni leur famille. Afin d’en connaître la signification il est nécessaire d’en découvrir la forme la plus ancienne, car après être consacré par l’ensemble du hameau, le patronyme est souvent malmené, estropié par le curé, qui écrit sur les actes paroissiaux de Saint-Astier, en 1674, Yefassinas, ou Eyffensas en 1695.

Dès début du 16ème siècle, notre patronyme est bien souvent écrit « Meyffonsar » que ce soit sur Léguillac de l’Auche ou autres lieux.

La paléographie d’Ancien Régime nous éclaire sur les particularités relevées dans l’écriture originelle du patronyme Neyssensas.

NEYCENSAS NEYSSENSAS ORIGINE POPULARITE DORDOGNE SIGNIFICATION GENEALOGIE GRATUITE
Il faut lire, dans « Meyffonsar », le « M » devenant « N », et cela définitivement à la fin du 17ème. Le « F » représente le « S » actuel, le « O » ressemble à notre « E » et le « R » terminal, d’un mot ou d’une phrase, ressemble à notre « S ». La consomme finale n’est pas prononcée en nord occitan.

L’hypothèse la plus vraisemblable : notre nom de famille est un gentilé (1) occitan dérivant d’un nom de lieu, la difficulté étant la localisation du lieu.

Quant au suffixe « as » il est un marqueur d’origine géographique comme « az » en Savoie, ou « ec » en Bretagne.

Cette thèse s’étaye sur les avis de spécialistes en onomastique dont nous reprenons chronologiquement les écrits.

1) Gentilé : terme désignant l’habitant d'un lieu, d'une région, d'une province, par référence au lieu où il habite.



Juin 1988

Madame Marianne Mulon (1925 – 2011), archiviste et conservatrice au centre d’onomastique des Archives de France à Paris, nous indique :

« Le patronyme Neycensas, périgourdin, est à mettre en rapport avec le nom de la commune de Saint-Naixent en Dordogne, attesté sous la forme Saint-Neyssen, Saint-Nayssans au 16ème siècle : le nom de ce Saint-Neyssen, Nayssans (2) a dû être utilisé comme nom de baptême et, selon un processus habituel, ce nom de baptême a pu devenir nom de famille.

Or il est fréquent que des communautés familiales aient été désignées de leur patronyme suivi du suffixe - as - ou - ias - (collectif) (3). D’où l’existence d’une formation Neyssensas.

Dans une seconde étape chronologique, des habitants d’un hameau ainsi nommés ont pu en prendre le nom ».

2) Nayssans : et autres orthographes dialectales.

3) Ias - as : On a de même, en Dordogne, sous l’Ancien Régime, des dénominations de hameaux telles que Las Johanias, à partir de Jean etc. Il s’agit en fait de dérivés locatifs pluriels occitans : iás : Las Joaniás = le lieu des terres de Jean.



Février 2011

NEYSSENSAS NEYCENSAS ORIGINE DU PATRONYME
Monsieur J. Roux, professeur de lettres classiques et d’occitan, président fondateur de Novelum, section Périgord de l’Institut d’Etudes Occitanes - Travaux sur la toponymie et microtoponymie en Périgord, évoque les liens éventuels entre notre patronyme et le lieu-dit « Neyssen » près d’Agonac, ou le village de Saint-Nexans près de Bergerac.

« L’hypothèse selon laquelle le nom de famille Neyssensas est dérivé d’un nom de lieu est à envisager.

Il pourrait effectivement s’agir de celui qui est attesté sur la commune d’Agonac :  Neyssant sur la carte IGN, Nessent sur celle de Cassini. Il ne s’agit pas, je pense de « neissoun » (graphie félibréenne, donné par Mistral) = petite source, mais de la transcription francisée de l’occitan naissent (donné aussi par Mistral, avec le même sens) participe présent du verbe naisser = naître (pris au sens de « ruisseau naissant »). Mais je n’en connais pas d’autres exemples comme nom de lieu …

Quant au suffixe occitan - as, qui puisse faire un nom de famille à partir d’un nom de lieu, il y en a plusieurs, d’origine et de sens différents :

- às, que l’on trouve dans les adjectifs ou noms occitans comme Roergàs, Auvernhàs : francisés en rouergat, auvergnat, le nom de ville Pézenas (peut-être en Périgord Lunas) mais c’est un suffixe d’origine celte, que l’on ne trouve qu’avec des noms de lieux, eux-mêmes d’origine prélatine.

-às, suffixe occitan augmentatif-péjoratif, lui, a formé souvent, en occitan même, des surnoms, qui ont pu devenir noms de famille.

Mais selon les lois d’évolution phonétique propres à l’occitan,  naissent + as donnerait *naissentàs, et non naissensàs.

Dauzat du nom de personne latin Naxentius Aussi peut-il s’agir du nom de personne attesté dans le nom de Saint-Naixent ou Naixans, d’après Dauzat du nom de personne latin Naxentius ; or adjectivé au féminin pluriel *Naxentias (villas ou terras sous-entendu) = les domaines de Naxentius, il donnerait effectivement en occitan Naissensas (cas de -ti- latin devant voyelle : comme Laurentia a donné en oc Laurensa, en français Laurence) toponyme (4) qui a pu devenir par la suite nom de famille.

Mais… on ne connaît pas autrement parait-il de saint de ce nom, il n’est pas non plus attesté sûrement comme nom latin …, et l’hypothèse de Dauzat n’est pas incontestable… ».

Aussi complexe que cela puisse paraître, les phénomènes décrits sont très fréquents en onomastique (5)».

4) Toponyme : nom de lieu.

5) Onomastique : branche de la lexicologie réservée à l’étude des noms propres (généralement noms de lieux, noms de personnes).
 
 
 

23 mars 2012

 

Petit supplément de grammaire occitane - le pluriel de Neyssen

Précision apportée par Monsieur Leveque J.L. président de Novelum.

« Participe présent substantivé du verbe nàisser (naître), l'occitan "naissent" (phonétique française = [neyssin]) désigne effectivement le point de naissance d'un cours d'eau, et spécifiquement l'endroit où l'eau sourd (plutôt que ruisselle). Cette idée de naissance se retrouve aussi dans le terme "mair-font" (littéralement la source mère), qui désigne la source principale d'un cours d'eau qui en comprend plusieurs. En général, on utilise le terme "naissent" (ou tout simplement "nais") lorsqu'on fait référence à une source en tant que point de naissance d'un cours d'eau, et "font" lorsqu'on désigne une source en général.

Le pluriel de "naissent" est tout simplement "naissents" (en occitan périgord, ce mot se prononce de même au singulier et au pluriel).

Il en va de même du pluriel de tous les mots terminés en «  en », « ent » ou « enc ».

 

Juillet 2011

Le conservateur actuel du centre d’Onomastique des Archives de France à Paris nous apporte quelques précisions supplémentaires.

« Naxentius et Nassentius ne correspondent pas au nom d'un saint oublié mais sont des relatinisations (6), opérées par des clercs, du nom de la paroisse, qui était "Saint-Jean-Baptiste naissant". Il n'y avait donc pas au Moyen Age de culte d'un saint Naxentius ou Nassentius, ce qui exclut que votre nom puisse dériver de celui-ci, de ce pseudo-saint (une telle dérivation posant en outre des problèmes au point de vue phonétique).

Les exemples de noms comportant le suffixe - às, sont formés sur des noms de provinces (rouergas, auvergnas) et non sur des noms de lieu-dit ou de paroisse ; pour pouvoir étayer cette hypothèse, il faudrait trouver des exemples de noms de personnes formés sur un nom de lieu-dit ou de paroisse + suffixe -às.

Quant au suffixe -às à valeur péjorative, il me semble qu'il se fixerait plutôt sur un sobriquet, donc sur un nom du lexique ordinaire (nom de métier, référence à une qualité ou à un défaut physique ou moral), que sur un nom de lieu ou de personne comme Naixent/Naixant ».

« Par contre on pourrait effectivement imaginer, de même que l'on a des Las Johanias (= là où vivent les Jehan ou Johan) ou encore (dans le Puy-de-Dôme) des Las Constancias (= là où vivent les Constans) un hameau "Las Nayssansas" formé sur le nom de personne Nayssans, le problème étant que le nom de famille Neissan/Neissans/Neyssan/Neyssant/Neyssans n'est pas attesté ».

« Deux hypothèses me semblent possibles pour l'origine de votre patronyme.

- soit un nom de lieu aujourd'hui disparu du type "Las Neissensas" près de Leguillac de l'Auche.

- ou bien un ancien nom de baptême à valeur religieuse, mystique ou laudative (7) autour du thème de la naissance, et provenant de la forme occitane du nom "naissance" (cf. en portugais Nascimento), la difficulté étant d'expliquer le pluriel (Neissansas = naissances ; référence à un rite ? une fête religieuse ?) ».

Au moyen âge, la coutume est rare mais il arrive parfois qu’une famille forme un vœu à la naissance de l’enfant, le nom ainsi donné se transforme en nom de famille comme Amans (qui aime dieu), Astruc (né sous une bonne étoile), Doumenge (béni du seigneur), pratique qui existe déjà chez les latins, et chez les gaulois, ou peuple Germanique avec Robert (gloire brillante) Thierry (peuple puissant) etc……. ».

6) Relatinisation : renouvellement d'un mot sur une base étymologique latine.

7) Laudative : qui loue, qui exprime une louange.



Mars 2015


NEYSSENSAS NEYCENSAS EN PERIGORD
Mr Astor
Monsieur Jacques Astor, conférencier, spécialiste en onomastique du midi de la France, à l’origine du « Dictionnaire des noms de familles et noms de lieux du midi de la France » aux éditions du Beffroi en 2002, confirme l’hypothèse selon laquelle notre patronyme est issu d’un ancien nom de lieu, hameau ou village, aujourd’hui disparu.

« Au sujet du N pour M

Oui les formes anciennes Meysensas et Meyssensas sont fiables. C'est le m initial qui a été lu n et recopié n et est passé dans les habitudes de dénominations écrites et orales.

J'en ai quelques exemples dans mon Dictionnaire de toponymie de l'Aveyron en cours de préparation.

Dans la commune de Mélagues, le Ravin de Combe Nale est une mélecture (8) suivie de cacographie (9) pour Combe Male (la mauvaise combe =  la combe aride).

Ailleurs, c'est l'inverse qui s'est produit : le Puech de Mas de la commune de Salles-la-Source est porté Puech de Nas sur la carte de Cassini (1766-1768).  courante nous montre un n pour un m avec "nèfle" issu du latin populaire mespila ou "nappe" qui vient du latin mappa "serviette, serviette de table" et est devenu "nappe" dès le Moyen Age. La forme latine est maintenue correctement dans "mappemonde" qui est une forme savante issue du latin médiéval mappa mundi "carte du monde" où l'on voit que le sens de "nappe" s'est étendu à celui de "carte géographique" (grande toile dessinée et peinte que l'on étale). Voilà deux exemples de cette confusion.

Au sujet du sens :

NEYSSENSAS NEYCENSAS SAINT ASTIER VILLAGE

L'origine de ce nom de famille est, selon toute apparence, un nom de lieu passé à l'habitant, et spécialement un ancien nom de domaine gallo-romain en -ac formé sur l'anthroponyme (10) latin Maxentius (connu avec le nom de l'empereur Maxence du début du 4ème siècle) : Maxentiacu, où le x latin a normalement évolué en occitan en -ayss / -eyss (cf. l'occitan tais, prononcé "taïss" sur le latin de basse époque taxo).


Le suffixe - as pour - ac

Le produit -as pour -ac est dû au locatif-ablatif (11) pluriel. Le produit -ac pour -as est dû au contact du c de -acum avec le s du locatif-ablatif pluriel en -is (Maxentiacis = à Maxentiacu) qui a donné lieu à la fusion de l’articulation du c dans celle du s.

On en trouve un exemple avec Biras en Dordogne (sur l’anthroponyme gaulois Birus, d’où Birac de la Charente, du Lot-et-Garonne et de la Gironde), avec Sauvagnas dans le Lot-et-Garonne (sur le nom d’homme latin Silvanius, d’où les Salvagnac), et surtout les Aillas, Marsas, Martignas et Mérignas de la Gironde (sur Allius, Martius, Martinius et Matrinius latins).

Donc, dans les grandes lignes :

Un nom de hameau ou village du nom de Meyssensas, disparu  mais auparavant passé à l'habitant : seul le nom de famille Neycensas en garde le souvenir avec une mélecture suivie de cacographie ».

Monsieur Astor n’écarte cependant pas la thèse suivante : « vers la fin de la Guerre de Cent Ans (1453), encore dans la période de fixation des noms de familles : cela laisse encore la possibilité d'apparition d'une population (transportant un nom de lieu originel comme identificateur du groupe)  formant le hameau des Mayssens (= Mexant en occitan) >Mayssensias>Mayssensas, et à condition d'envisager l'exode vers le début de la guerre de Cent-Ans, ce n'est pas impossible ».

Malgré son aspect de laborieux montage linguistique, on peut considérer cette hypothèse avec sérieux tout en se gardant bien de perdre l'autre hypothèse de vue ».

8) Mélecture : lecture fautive transformant ici le N en M et inversement.

9) Cacographie : les noms propres sont souvent victimes de cacographies dues à une mauvaise compréhension de l'étymologie ou du passage d'une langue à une autre.

10) Anthroponymie : branche de l’onomastique s’intéressant à la désignation des noms de personnes.

11) Locatif-ablatif : en latin, le locatif est un cas grammatical exprimant la localisation dans l'espace et l'ablatif désigne le lieu d'origine.

L’hypothèse selon laquelle le nom de famille Neyssensas ou Meyssensas dérive d’un nom de lieu (toponyme) est la piste la plus sérieuse envisagée par les spécialistes en onomastique.

La principale difficulté concerne les écrits de la fin du  16ème siècle présentant deux graphies de la racine du patronyme « Neyssen » et « Meyssen », « Neyssen » appartenant au lexique occitan, « Meyssen » possédant une forme occitane mais n'étant pas un nom commun occitan.

L’étymologie de notre patronyme pourrait donc s’entendre de deux façons :

A partir de « Nascentias » ou  « Maxentius » issus de la langue source latine, devenus en occitan, « Neyssen » ou « Meyssen », suivis du suffixe «-às » : dans un cas, formateur de gentilés, très courant en Périgord, produit d’un -iás originel (-iás> -às) ; dans l’autre cas,  -às produit de l’évolution du suffixe -acum  au locatif-ablatif pluriel -acis (-acis>acs> -as).

Nous verrons que la présence du 1er « S » de Neycensas pose question.

Afin d’étayer notre étude plusieurs origines géographiques et périodes historiques seront étudiées.

1) - à partir d’un hameau antique nommé « Meyssensas », d’un hameau « Las Neissensas », aujourd’hui disparus, dans ce cas, le patronyme ne subit que peu ou pas de transformation. 

2) - ou d’un lieu-dit comme « Neyssen » près d’Agonac.

3) - de villages existants comme Saint-Nexans en Périgord ou Saint-Mexant en Corrèze, à condition que cette migration ait lieu au tout début de la guerre de Cent-ans.

Dans les deux derniers cas il est fait appel à une construction linguistique délicate et « laborieuse » mais cependant possible.


Janvier 2019



J. Tosti, généalogiste auteur d’un Dictionnaire en ligne des noms de famille et A. VIATGÉ - Généanet.

Concernant l’étymologie de Neyssensas, je pense, comme Jean Tosti, qu’il s’agit d’un nom de lieu et, plus précisément, d’un lieu où il y a des sources.

Lavalade atteste pour le Limousin «lo nais : l’endroit où l’eau sourd», Bonnaud pour l’auvergnat «prendre sa source : neisse, neisî», Alibert « naissent : point où nait une source ». Neissenças étant un féminin (augmentatif) pluriel le sens serait donc «sources». Le passage de la diphtongue -ai-, dans une syllabe tonique, à -ei- dans une syllabe atone, est courante et même systématique dans plusieurs parlers occitans.

Meyssensas peut s’expliquer à partir du verbe «meisser» dont le sens s’est réduit à «verser à boire» mais qui avait en occitan ancien le sens de «faire couler». Je n’ai pas d’attestation de « meissença(s)» mais c’est une dérivation tout à fait régulière qui aurait le sens de «écoulements», cela rejoindrait donc la première hypothèse.

Il est bien sûr impossible de savoir, à moins que vous n'ayez des preuves d’antériorité évidentes, laquelle de ces deux graphies, et donc de ces deux étymologies, est la plus légitime.

Analyse : si l'attribution de notre patronyme était en lien avec une particularité hydrologique, la présence d'une source, pourquoi n'y aurait-il pas d'autres patronymes identiques en Occitanie, comme il existe de nombreux "Fontaine" ?

D'autre part, on envisage difficilement l'attribution d'un patronyme à partir du verbe "meisser" avec le sens "écoulement", me semble-t-il.




Pour chacune des origines nous étudierons l’étymologie formelle et sémantique, issue peut-être de l’occupation romaine (nom de tenancier gallo-romain appelé Maxentius = Maxence), d’une particularité du relief, de la source, Neyssen en occitan, ou de la diffusion du Christianisme avec Saint-Maixant.


Les trois hypothèses sont présentées dans un ordre préférentiel, la première étant la plus crédible.


1ère hypothèse   et deux pistes de réflexion


a)      un ancien nom de domaine gallo-romain « Meyssensas »

Considérons le nom de famille « Meyssensas » sous sa forme ancienne tel que les registres paroissiaux nous le délivre en 1526, sans soumission à un compliqué montage linguistique comme les hypothèses 2 et 3 le suggèrent.

Notre patronyme serait issu d’un nom de lieu passé à l'habitant dont l’origine remonterait à un ancien nom de domaine gallo-romain en -ac formé sur le nom latin Maxentius, empereur romain du 4ème siècle.

Maxentiacu, où le x latin a normalement évolué en occitan en -ayss / -eyss et le suffixe - as pour - ac.

Un hameau ou village du nom de « Meyssensas », aujourd’hui disparu, est passé à l'habitant et seul le nom de famille Neyssensas en garde le souvenir.

Maxentius

NEYSSENSAS NEYCENSAS ORIGINE OCCITANE
Maxentius
Maxentius dérive de Maximus, nom propre ou commun d’origine latine, superlatif de magnus qui signifie le « plus grand », le « très grand ».

Marcus Aurélius Valérius Maxentius nait vers 278 et décède à 34 ans le 28 octobre 312 après 6 années de règne. Constantin 1er termine la basilique de Maxence à Rome, se convertit au christianisme au 4ème siècle et permet ainsi l’essor de la religion chrétienne.

Le premier évêque de Périgueux, Paternus est nommé en 360.

 Léguillac a-t-il été le lieu d'une ancienne villa gallo-romaine ?

A proximité du village, en 1970, lors d’un labour à proximité du château du But, sont découverts des vestiges de surface, essentiellement des tessons de poterie, un fond de bol en sigillée claire. L’établissement est daté de la période du Bas-Empire entre 284 et 476, sous le règne notamment de Maxentius.

Rome créé la cité de Vésone avec en point d’orgue la réalisation de travaux monumentaux au tout début du 3ème siècle, avec ses thermes, aqueducs, forum et amphithéâtre, puis par nécessaire protection la ville s’entoure d’un rempart à la fin du 3ème siècle.

NEYSSENSAS NEYCENSAS HAMEAU DE TAMARELLE

C’est à cette époque que « les aristocrates vont peu à peu  transporter l’architecture » de la citée de Vésone dans les   campagnes environnantes, dans des résidences rurales, villaes   parfois luxueuses, dont les surfaces s’étendent sur des centaines  d’hectares. Elles sont presque toutes disparues aujourd’hui,   détruites ou enfouies sous le manteau forestier.

Il n’est pas surprenant que Monsieur Astor envisage l’hypothèse gallo-romaine en faisant référence à un « lieu antique disparu ».

C’est ce que confirme les rédacteurs de l’ouvrage « Histoire du Périgord » en 1983 lorsqu’ils écrivent « si nous quittons Vésone pour la campagne, c’est vainement que nous allons chercher bourgades et villages, tous disparus sans laisser de traces ».

Cependant ces domaines antiques nous les connaissons en observant la répartition de près de 330 toponymes en -ac, comme Léguillac, le domaine d’Aquilius, ou -as, comme le village de Goulas dans le Nontronnais, -at comme Paunat, ou -an, sans compter la présence de plus de 220 localisations d’établissements.

La recherche archéologique en Périgord, depuis une dizaine d’années, a permis la découverte de véritables petites agglomérations, comme à Montignac, un réseau de petites voies de circulation ne se limitant pas seulement aux grandes voies romaines, d’importants sites de production et ateliers de potiers. Sur le canton de Saint-Astier et ses 12 communes, 6 sont d’anciennes villaes gallo-romaines de dimensions modestes et 3 issues de la propagation du Christianisme au 4ème siècle.


b)     Un ancien nom de hameau « Las Neyssansas »

L’actuel conservateur du département d’onomastique des Archives de France propose comme pour Las Johanias - là où vivent les Jehan ou Johan ou encore dans le Puy-de-Dôme, Las Constancias - là où vivent les Constans, qu’il ait pu exister un hameau "Las Neyssansas" formé sur le nom de personne Nayssans.  Le problème est que le nom de famille Neissan-Neissans-Neyssan-Neyssant-Neyssans n'est pas attesté en Périgord.
Il faut, en outre, résoudre le cas du 3ème S de Neyssensas - Neissanas, Neyssantas etc…

Seuls les patronymes Neyssen et Neyssens sont présents en Belgique et dans le Nord-Pas de Calais et le Périgord n’a pas connu d’immigration Belge entre les 13ème et 15ème siècles.


2ème hypothèse


Ces familles pourraient être issues du lieu-dit Neyssen, commune d'Agonac, situé à 26 km au nord-ouest de Saint-Astier.

Il est fait appel dans ce cas de figure à un « laborieux montage linguistique ».

On peut supposer qu’une petite communauté transporta le nom de lieu originel « Neyssen » comme identificateur du groupe, entre le 13ème siècle et le tout début du 14ème siècle, vers 1340 début de la guerre de Cent-ans, dans la région de Léguillac, et forma le hameau de « Neyssen », nom de hameau qui devint nom de famille.

Mais « qu’elle est l'origine du premier « S » de Neycensas ?

celui de -Sas final... - il ne peut s'agir d'un pluriel car si l'on considère -às final comme un suffixe augmentatif, il ne peut que s'être greffé sur un radical au singulier. Or un dérivé de naisser " naître" n'a pas pu donner naissen / neissen, mais un dérivé en -ent (neissent) ou -enc (neissenc).

Autant de dérivés qui auraient généré naissentàs ou naissencàs, mais pas naissensàs ».

Considérant que le hameau se soit nommé à une époque ancienne « Neyssen », le patronyme serait devenu « Neyssenas » .

La mention du lieu-dit Neyssen est absente des registres paroissiaux d’Agonac pendant près d’une centaine d’années. Le lieu-dit Neyssen n’apparaît qu’en 1675, avec l’écriture du curé Demasraffret qui l’orthographie « Neissen ». Le hameau est-il créé à cette époque ?.

La carte de Cassini, établie au 18ème siècle à partir de relevés effectués entre 1756 et 1789 mentionne l’orthographe suivante « Neyssent ».

NEYSSENSAS NEYCENSAS


Les deux couples, originaires de Condat et de Sencenac, sont donc les premiers habitants du lieu. La source, par contre, fut peut-être utilisée par les habitants du hameau de Palenque bien avant.


NEYSSENSAS NEYCENSAS
Plan cadastral actuel


Comment découvrir le lieu-dit Neyssen.

NEYSSENSAS NEYCENSAS
Dans le bourg d’Agonac, prendre la Départementale 69, puis 106, en direction du Nord-Ouest, Sencenac Puy de Fourches. A environ 100 mètres après le lieu-dit Palanque, situé à 4,3 km d’Agonac, prendre un chemin de terre, sur la gauche, (le panneau indicateur existait encore en 1991) et parcourir 300 mètres, on devine la source sur la gauche. Un peu plus loin, à 100 mètres, une belle bâtisse a été restaurée. L’ancien chemin (plan cadastral 1808) passait devant la bâtisse de Messire Sicaire de Neyssen de Grignol, décédé à l’âge de 65 ans, en 1747, et remontait, sur 300 mètres, vers le lieu-dit La Porte.


NEYSSENSAS NEYCENSAS
 

NEYSSENSAS NEYCENSAS
 


Le choix du lieu de vie de nos ancêtres est dicté par la présence de l’eau, de la source, et son usage ne s'impose plus à nous. La source, du lieu-dit Neyssen, et sa simple construction sont modestes, simplement fonctionnelles. Couverte de végétation, en 1991, et en l'absence d'entretien, soumise aux intempéries, elle est en mauvais état.


NEYSSENSAS NEYCENSAS ORIGINE POPULARITE
 Toponymie du lieu

L’étude des noms de lieux, comme celle des noms de famille, doit reposer sur trois éléments essentiels :

1) - La forme ancienne du toponyme Neyssen près d’Agonac.

NEYSSENSAS NEYCENSAS NEYSSEN AGONAC
Carte de Cassini
Les formes anciennes sont parfois le résultat d’une évolution qui a souvent rendu méconnaissable la forme originelle, que ce soit par l’écriture ou par la phonétique. Pour les localités, comme pour les montagnes et les cours d’eau de certaine importance, les premières attestations peuvent, dans certains cas, remonter à l’Antiquité. En revanche, pour les micros toponymes (noms de parcelles et lieux-dits, comme Neyssen), rares sont ceux dont la dénomination actuelle est antérieure au Moyen-Age tardif.

La forme la plus ancienne sera donc peu différente de la forme moderne ; elle est cependant utile pour aider à déterminer à quel moment le nom Neissen est apparu - 1675 sur le registre paroissial.


2) - La langue employée et ses particularités locales, l’Occitan.

Voir dialectale Occitane annexe 2 - Neyssen appartient au lexique occitan.

3) - La réalité des lieux, leur contexte historique et humain
Le lieu-dit Neyssen se situe effectivement à l’emplacement d’une source.

La connaissance précise de l’endroit dont on étudie le nom est une condition indispensable pour essayer de comprendre ce qui a motivé le nom donné à ce lieu, en sachant que chaque toponyme est un cas particulier.

Les documents analysés pour l’étude du lieu Neyssen sont :

NEYSSENSAS NEYCENSAS
Cadastre Napoléonien - 1808

NEYSSENSAS NEYCENSAS
carte de Belleyme


Les cartes de l’IGN, le plan cadastral actuel, plan cadastral « napoléonien » (début du 19ème  siècle), et enfin la carte de Cassini (fin du 18ème siècle). Les registres d’état civil et, antérieurement, les registres paroissiaux, seront utiles pour vérifier la présence d’une famille qui, en tant que propriétaire d’un lieu, a pu lui donner son nom ou inversement, (mais les registres paroissiaux n’apparaissent qu’au début du 16ème siècle, et la fixation d’un nom en tant que toponyme a pu intervenir bien avant).

Remerciements à Madame Royle : 2 octobre 2015


Restauration du logis du 15ème.


NEYSSENSAS NEYCENSAS
NEYSSENSAS NEYCENSAS


Vue d'avion - Neyssen


Un peu d’histoire …..

Comment expliquer l’apparition du patronyme sur Léguillac et Saint-Astier ?

Quels sont les liens qui unissent les seigneurs d’Agonac ét de Saint-Astier avant le 14ème siècle ?

Dès le milieu du 13ème, en 1247, Bozon de Chamberlhac, donzel d’Agonac, dépendant de la Châtellenie de Bourdeilles, possède la tenance de Lalbertaria, paroisse de Saint Astier, aujourd’hui Leybarterie. La tenance est vendue en septembre 1247 à Hélie de Monsac, donzel de Segonzac. La famille Chamberlhac possède aussi une tenance au lieu-dit Palenque, située à 400 mètres du lieu-dit Neyssen. Le lieu-dit Palenque est attesté comme ancien fief vers 1350. Le village de Sencenac au 14ème siècle appartient à l’archiprêtré de Biras, comme Léguillac de l’Auche.

NEYSSENSAS NEYCENSASUn Saint-Astier, marié à un Chamberlhac d’Agonac, se réfugie à Agonac où il meurt en 1395 sans postérité, laissant tous ses biens à la famille de sa femme, dont expressément le fief, alors important, de Crognac. Ce point est historiquement prouvé. Un des fils de Jeanne de Chamberlhac et d’Arnaud de Bourdeille, au 15ème, fonda la branche de Montanceix-Crognac et s’y fixa. Il peut très bien avoir emmené avec lui des habitants d’Agonac- neyssen - pour repeupler ses domaines dévastés par les guerres comme cela s’est passé pour Montagrier.

Afin d’avoir l’assurance de l’existence d’une famille Neyssensas à Agonac il serait nécessaire de découvrir des documents antérieurs à 1450, avant la guerre de cent ans, époque où de nombreux patronymes prirent naissances.

Vaste programme que de rechercher dans les terriers des seigneurs mais réalisable peut-être un jour.

Le trajet naturel pour une migration d’une famille Neyssensas, au départ du lieu-dit Neyssen, 28 km environ, peut être le suivant : Agonac, avant 1500, vers Château l’Evêque puis Périgueux, vers 1500, puis Chancelade, le Pas de l’Anglais, Gravelle et Léguillac de l’Auche vers 1550.

En conclusion l’utilisation du terme « neyssen » reste exceptionnelle pour désigner une source.

Monsieur Astor mentionne « pour ma part je ne connais que reganh / reganhàs (prononcé "regagnas") pour désigner une résurgence, à l'origine de Régagnas dans l'Hérault (Aniane, Villeveyrac, Pégairolles-de-l'Escalette), mais aucun hydronyme sur naisser "naître".

Mais cela n'est pas de nature à empêcher de penser à un dérivé de naisser / neisser ailleurs ».

Pourtant l’existence de ce lieu-dit accrédite la possibilité que notre patronyme ait pu se former sur cet ancien nom de lieu malgré un montage linguistique laborieux.


3ème hypothèse


Deux origines géographiques bien définies 


a)      Le village de Saint-Nexans à proximité de Bergerac


Carte de Belleyme


Ne disposant pas de l’ensemble des formes anciennes, on peut cependant supposer qu’une petite communauté transporta un nom de lieu originel comme identificateur du groupe, entre le 13ème siècle et le tout début du 14ème siècle, vers 1340 début de la guerre de Cent-ans, dans la région de Léguillac, et forma le hameau de « Neyssen », nom de hameau qui devint nom de famille.

On fait appel, dans ce cas, à un « laborieux montage linguistique, et se pose un problème important » selon Monsieur Astor,« quelle est l'origine du premier « S » de Neycensas ? celui de -Sas final... ».

Le conservateur actuel du centre d’Onomastique des Archives de France précise « les exemples de noms comportant le suffixe - às, sont formés sur des noms de provinces (rouergas, auvergnas) et non sur des noms de lieu-dit ou de paroisse ; pour pouvoir étayer cette hypothèse, il faudrait trouver des exemples de noms de personnes formés sur un nom de lieu-dit ou de paroisse + suffixe -às ».

Notre première piste, en 1988, se basait sur une étude communiquée par la conservatrice du centre d’onomastique des Archives de France à Paris ; la formation de notre patronyme s’effectuant à partir du nom d’un saint local « Neyssen ».  Or nous savons aujourd’hui qu’il n’a jamais existé de saint de ce nom. 

Selon le responsable actuel du centre d’Onomastique des Archives de France « Naxentius ou Nassentius sont des relatinisations, opérées par des clercs, du nom de la paroisse, qui était Saint-Jean-Baptiste naissant. Il n'y avait donc pas au Moyen-Age de culte d'un saint-Naxentius ou Nassentius », ce qui exclut que notre nom puisse être un hagionyme (12). L'église catholique romaine, dans son martyrologue, ne fait d’ailleurs pas mention de ce saint.

12) - Un patronyme hagionyme est un patronyme qui emprunte le nom d’un saint. Le mot vient du grec hagios « sacré » qui a également donné hagiographie, l'écriture de la vie et de l'œuvre des saints.

Dictionnaire des noms de lieux du Périgord - Tanet et Hordé - Ed Fanlac– 1994
Saint-Nexans : il n’existe pas de saint de ce nom - « saint introuvable » pour le père Carles (Dictionnaire ….  page 154) « Il peut s’agir d’une altération très ancienne de Maixent, provenant de Maxentius, nom d’un saint dont on ne sait à peu près rien et qui vécut aux 5ème et 6ème siècles », voir aussi l’ouvrage « Les Noms de lieu de la France » d’Auguste Longnon en 1979.

L’altération de Maixent en Naixent n’a jamais été attestée, on serait en présence dans ce cas d’une mélecture, une lecture fautive transformant le M en N.

Histoire locale :
NEYSSENSAS NEYCENSAS SAINT NEXANT 
Le village de Saint-Nexant doit son origine à la création d’une commanderie de l’ordre des Templiers vers les années 1113, qui passera sous autorité de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem vers 1312, après l’abolition de l’ordre des Templiers. L’ordre du Temple, ayant justice sur la paroisse, assurait la sécurité des biens de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem et avait pour patron Saint Jean-Baptiste ; Saint-Jean annonça la venue de Jésus et le baptisa. Seuls Jésus et Saint-Jean sont fêtés pour leurs naissances. La commanderie et le village prirent le nom de Saint-Nexant, ou Saint-Naissant en occitan, en l’honneur de la Nativité de Jean-Baptiste le 24 juin - « Jean-Baptiste naissant ».

Les différentes appellations au fil des siècles :

NEYCENSAS NEYSENSAT


- Sancti Naxentius, 1295 (testament d'Archambaud III).
- Sancti Nassentius, 1385 (Lespine).
- Sancti. Neyssen, 15ème siècle (hôtel de ville de Bergerac).
- Sancti Nexens, 16ème siècle (Pau, Châtellenies du Périgord).
- Sancti Nayssans, 1560 (O.S.J.).
- Saint-Neyssen en 1625 sur la carte de Jean Tarde
- Saint-Naissant (R.).
- Saint-Naixent était ville close au 15ème siècle : Balatum et muralhiaejusd. loci, 1490.


Evénements qui pourraient justifier un mouvement migratoire, lors d’une période de trêve, à partir d’une petite communauté transportant le nom de lieu originel « Neyssen ».

En 1155, la ville de Bergerac devient anglaise puis française à nouveau, avec Louis le Lion.

En 1224, le duc Richard la ravit. Les anglais la conserve jusqu’en 1235. Bergerac connaît alors des périodes de dépendance ou de liberté.

Au 13ème siècle un grand nombre de localités, disséminées dans tout le Périgord sont sous l'autorité des Templiers. La Commanderie de Condat, près de Terrasson, « possède » entre autres, les villages de Saint-Nexant, Chantegeline, dépendant des Andrivaux etc.. Il se peut que l’Ordre des Templiers ait « déplacé » une famille vers le petit village de Chantegeline - commune de Saint Astier - lors de son peuplement après 1252, comme l’ont effectivement fait les Templiers d’Andriveaux de Chancelade pour Chantegeline.

En 1341, le comte du Périgord, Roger Bernard, frère d’Archambault IV, cède la ville de Bergerac au Roi Philippe de Valois en échange de droits sur le pariage de Saint-Front, l’Isle et autres seigneuries.

Le 24 aout 1345, le comte Derby, fait son entrée dans Bergerac. De nombreux habitants de la région migrent pour échapper aux exactions de l’ennemi et la ville perd la moitié de sa population « fiscale ».
 Selon Froissart «  plusieurs hommes et femmes entroient en batiaus et en nacelles sur la Dordogne et sauvoient lors vies » avant l’entrée des Anglais. Les localités voisines tombèrent aux mains des Anglais en moins de 15 jours. En 1377, le Duc d’Anjou et Du Guesclin s’en emparent. En 1435, les Anglais la reconquirent. Charles VII la reprend en 1442 et en 1452 elle fut enfin rattachée à la couronne de France.


En 1348 la Peste noire provoque une rupture dans l’évolution démographique. Les habitants des villes et villages fuient vers la campagne afin « d’éviter l’air vicié ».

En 1353 les loups rodent autour de Bergerac.

En 1376 Saint-Astier, Léguillac « passent aux Français », et ce, jusqu’à la fin de la guerre. Les habitants sont un peu à l’abri du conflit.
 
Note : année 1726, commune de Cause, - Lieu appelé Saint-Nessent, au village de Borde en Périgord (not. de Mouleydier, n° 21).

Le trajet naturel au départ de Saint-Nexans, 56 km environ, pour une migration, peut être en suivant par la route antique mentionnée par Beleyme par Saint-Nexans, Saint-Christophe-de-Monbazillac, village disparu aujourd’hui, Bergerac, Creyssensac, Coulounieix puis Léguillac de l’Auche.


b)      Une migration Corrézienne - trois pistes de réflexion


Le contexte historique en Corrèze entre 1300 et 1472

En 1317 un membre de la famille de Saint-Astier, Arnaud est nommé 1er évêque de Tulle.

La guerre de Cent-ans débute en 1337 et se termine en 1453.

Comme en Périgord, les raisons de migrer vers de nouvelles contrées sont nombreuses.

En 1346, les Anglais assiègent et prennent Tulle, puis en 1346, c’est le début d’une épidémie de peste noire qui ravage l'Europe et qui élimine près d'un tiers de la population française.

En 1369, les Anglais assiègent et reprennent Tulle.

Entre 1373 à 1478, de nombreuses épidémies de peste et famine sévissent en Corrèze.


1)    Saint-Mexans à proximité de Tulle

NEYSSENSAS NEYSSENSSAT
Le village se situe à 12 km de Tulle et 120 km de Léguillac de l’Auche.

En l’absence de l’ensemble des formes anciennes, comme pour Saint-Nexans, on considère l’hypothèse qu’une petite communauté, au tout début de la guerre de Cent-ans, vers 1340, transporte un nom de lieu originel comme identificateur du groupe et forme le hameau, aujourd’hui disparu, des Mayssens aux environs de Léguillac de l’Auche. Mayssens (= Mexant en occitan) >Mayssensias>Mayssensas.

Dans notre hypothèse il s’agit d’un patronyme hagionyme empruntant le nom du saint local Mexans - Sent-Maissenç en occitan.

Note : "Meyssen" possède une forme occitane mais n'est pas un nom commun occitan.

La vie de Saint-Maxence, Mexant ou Maixant 

Il nait à Agde, en Gaule Narbonnaise, dans le département de l’Hérault vers 448. Issu d’une famille noble, il quitta son pays natal et son nom, Agapit, pour le Poitou et se prénomme bientôt « Maxence ». Maixant est un contemporain de Clovis et d’Alaric roi des Wisigoths. Il meurt en 515 au monastère de Saint-Maixent l’Ecole dans les Deux Sèvres.

Quelques villes s’approprient son nom, Saint-Maixant en Creuse, Charente, Sarthe, ou Vendée.

L’apparition du culte de Saint-Mexant en Auvergne

 Vers l’an 866 le corps de Saint-Mexant est transporté en Bretagne avant l’arrivée des Normands, puis en Auvergne, à Ebreuil, avant son retour vers 924 en Poitou. L’établissement de son culte en Corrèze apparaît à cette époque.

Le village de Saint-Mexant est « donné » à l’abbaye de Tulle au 10ème siècle.

Les différents dénominations au fil des siècles : Sanctus Maxentius en 1121, Saint-Maxens en 1162, Saint-Messent en 1286.

Sur deux sites de généalogie les patronymes Mexant, en Indre et Loire et Meyssen dans le Puy de Dôme sont présents en petit nombre vers 1600-1700.

Les familles de la reconstruction :

Au sortir des calamités, pestes et guerre de cent ans, les familles de Périgueux ont deux enfants survivants (Higounet-Nadal). Dans les campagnes Limousines, selon les terriers, après 1450, les familles ont entre 3 et 4 enfants survivants (Les campagnes limousines du 15ème au 16ème siècle - Jean Tricard).

Pourquoi quitter la Corrèze alors que le renouvellement générationnel est à peine assuré avec trois ou quatre enfants par couple ?

En tout état de cause, la guerre de cent ans, qui perdura de 1337 à 1453 généra misère, famine et destruction, et après son terme, entraîna, après 1450, une renaissance du Périgord dévasté. Un repeuplement s’avère alors indispensable. Après une concentration des habitants vers les lieux fortifiés, le Périgord assiste à une redispersion de l’habitat. Les lieux-dits dont la terminaison est ie, Redondie, Rougerie, Laborie, sont des hameaux issus de la recolonisation du sol. De nombreux seigneurs firent venir des familles d’Auvergne, du Limousin pour repeupler leurs terres.
Dans le cas d’une migration de la Corrèze vers la région de Saint-Astier et Léguillac, soit 120 kms, selon Madame Higounet-Nadal il s’agit d’une migration de voisinage ne dépassant pas trois ou quatre jours de marche.

Comment s’effectue l’octroi des terres

Le paysan Limousin lors de sa migration découvre une terre vierge que le propriétaire lui confie, ou bien répond à une demande d’un seigneur, qui peut, par le biais des autorités paroissiales, faire connaître ses besoins en hommes.

Les départs sont rarement des départs isolés mais concernent des communautés familiales, parents, voisins……

On sait que la plus importante migration du Limousin vers le Périgord se situe entre 1450 et 1472, à la fin de la guerre de Cent-ans et après l’arrivée de la grande peste noire qui verra la disparition de près d’un tiers de la population du Périgord.

Dans cette hypothèse notre patronyme a donc déjà la forme que nous lui connaissons en 1526 et peut-être issu d’un hameau nommé « Meyssensas » se situant en Corrèze et aujourd’hui disparu.

Le trajet naturel au départ de Tulle vers Léguillac est de 100 km environ, en passant par Brive, Terrasson, Thenon, puis Périgueux.


2)      La paroisse Saint-Julien de Tulle

Notre patronyme : un nom de baptême à valeur religieuse autour du thème de la naissance ?

C’est en tout cas une piste évoquée par l’actuel Conservateur du centre d’Onomastique des Archives de France.

Le patronyme Neyssensas serait-il « un ancien nom de baptême à valeur religieuse, mystique ou laudatif autour du thème de la naissance, et provenant de la forme occitane, au pluriel, du nom "naissance", Neissansas = naissances ; référence à un rite ? une fête religieuse ? ».
Au moyen-âge, la coutume est rare mais il arrive parfois qu’une famille forme un vœu à la naissance de l’enfant, le nom ainsi donné se transforme en nom de famille ».

Il est mentionné dans la Chronique Tulloise rédigé par Pierre Anne de Maruc entre 1639 et 1702 « dans l’ésglise de Saint-Julien plus grande que les autres du costé de l’épistresoubz le tiltre de la Nativité de nostre Sauveur dite « las Neissensas ».

Dans le Bulletin de la Société des Lettres, Sciences et Arts de la Corrèze.
NEYSSENSSAC NEYSENSSAC


- 1ère livraison 1914 « On donnoit à Tulle le nom de Naissenssas à une chapelle attachée à la paroisse de Saint-Julien, paroisse dite « de notre Dame de la Nativité ». On y célébrait pendant 9 jours la naissance du Seigneur. La prière s’y faisoit à nuit tombante et les jeunes filles y avoient beaucoup de dévotion ».

Le Dictionnaire du Patois du Bas-Limousin de Nicolas Béronie en 1820 fait aussi référence à cette chapelle qu’il nomme « Naissenssas ».
Photo de l’église Saint-Julien extraite du Dictionnaire historique et archéologique du diocèse de Tulle" publié par l’Abbé J.B Poulbrière, Brive Imprimerie Chastrusse, 1966, 2ème édition, tome 3, page 379 transmise par l’archiviste diocèsain de Tulle le 25 septembre 2010.

L’église Saint-Julien « la cure en ville murée » fut construite en 930 pour la ville basse et à proximité de la cathédrale de Tulle, détruite fortuitement au 14ème siècle, elle est reconstruite et à nouveau détruite par la Terreur en 1794.
 
3)      La paroisse de Saint-Augustin
 
 
 

Saint-Augustin - hameau de Mezinges

Patronymes Meygingeas - Meyssensas

 

Intéressons-nous à présent au hameau de Mezinges, commune de Saint-Augustin en Corrèze, à la présence du patronyme Meygingeas et sa ressemblance avec le patronyme Meyssensas.

Mezinges est situé sur le plateau des Monédières à 569 mètres d’altitude, au cœur du Limousin, entre Egletons et Uzerche, à 1 km 56 de Saint-Augustin, à 19 km au nord-est de Tulle, 94 km de Périgueux et 106 km de Léguillac de l’Auche.

 

Quelques petits groupes humains se sont installés bien avant la naissance du hameau de Mezinges dans un rayon de quelques kilomètres.

Ainsi, à 14 km, au lieu des Jaillants commune de Pradines, sur le site de « Champ Tuilier », un important matériel archéologique est mis au jour dans les années 1960, des fragments de meules de moulins à bras, des lissoirs, un petit aqueduc, des bronzes, des poteries sigillées, un col d’amphore et des  têtes, très rares en Corrèze, de Gorgone en terre cuite ; seuls vestiges visibles aujourd’hui de l’occupation Gallo-Romaine des 1er et 2ème siècles avant Jésus Christ, la présence de deux temples. Joudoux R. In revue archéologique du Centre, tome 2, fascicule 4, 1963.

 


A 2 km de Saint-Augustin, une parcelle dite « Comble-Noble », à 400 mètres du hameau des Boiroux, abrite une riche sépulture aristocratique masculine Gauloise du dernier tier du 1er siècle avant Jésus-Christ, découverte en 1992, avec présence d’une fosse, d’un coffre de bois, du mobilier funéraires, céramiques - bols, écuelles, assiettes, jattes et pots, trois amphores, des ferrures, une lance, un couteau, un manipule, une fibule, des armes et de nombreuses céramiques. L’étude pollinique permet une représentation du paysage en l’an moins 20. « Un paysage relativement ouvert, des zones prairiales à graminées, se situant probablement en fond de vallon où une aulnaie se développe, les côteaux sont occupés par des zones boisées peu denses avec le hêtre, le bouleau, le tilleul, accompagnées de bruyères. Les cultures sont présentes avec les céréales et le sarrazin ». Dussot, Lintz et Vuaillat in Aquitania - 1992

 

D’autres sites antiques de moindre importance sont répartis autour de Saint-Augustin comme à Mezinges, avec la présence de tegulae et d’une sépulture.

Un habitant de Saint-Augustin, Monsieur C. Guillaume s’est particulièrement intéressé à l’histoire de son village, (voir articles dans la revue Lémouzi).

Monsieur Guillaume, dans son courrier du 30 octobre 2019, note « qu’un groupe de clercs s’est installé sur le site du bourg, à 200 mètres de la vieille voie gallo-romaine reliant les Cadurques aux Lémovices, sans doute un peu avant 950, mais reconnu comme tels à cette date. Installés ou bien seulement officialisés par le grand Turpion, évêque de Limoges, issu de la grande famille des vicomtes d’Aubusson.

Ces clercs, peu nombreux, une petite dizaine, ont constitué ensuite un prieuré, ce qui est assez commun aux 10ème - 11ème siècles.

Il a bien aux archives départementales de la Corrèze un dossier sous la côte G 35 liasse dite « prieuré Saint-Augustin », composée de 122 pièces-papier pour la période 1494 - 1516.

Ce prieuré semble avoir donné quelques bons théologiens installés à Limoges : les « Jauvions » dont une rue de Limoges porte le nom. Au moyen âge il y avait à Saint-Augustin un quartier du bourg entièrement dit de la « Jauvionderie ». Que le prieuré ait disparu vers 1500 c’est possible vue les désordres de la guerre de cent-ans ».

 

Naissance d’un village

Au début du 10ème siècle, l’évêque de Limoges, Turpion, fonde l’abbaye de Saint-Augustin de Limoges, et, vraisemblablement avant 944, « officialise le prieuré de Saint-Augustin ».

Selon d’autres sources, non vérifiées, avec l’expansion du christianisme, il semble qu’une première église (d’origine privée ?) faite de bois était érigée à environ 1,5 km au nord du hameau de Mezinges. Devint-elle possession des clercs de Saint-Augustin lors de la création du prieuré après donation ?

Les terreurs de l'an mille, plus exactement entre 1030-1033, millénaire de la mort du Christ, sont marquées par le mal des ardents (parasite du seigle), et une grande famine.

Les épreuves, la peur de l'imminence du jugement dernier, sont mêlées d’élans et d’espoirs.

La fin du 11ème siècle annonce de longues décennies d’épidémies, famines, pestes, et lèpre.

La vie quotidienne devient si difficile que bientôt les habitants vont migrer vers le prieuré ; peu à peu se créé un nouveau village autour d’une église dédiée à Saint-Augustin, (hagiotoponyme : nom de lieu donné en référence à un Saint) à l’emplacement que nous connaissons aujourd’hui près de la route médiévale reliant Barsanges à Saint-Augustin. La construction de l’église est vraisemblablement achevée avant la fin du 12ème siècle à l’apogée du rayonnement de l’abbaye Saint-Augustin de Limoges.

 

Le village marque ainsi sa dévotion à l’un des quatre pères de l’église d’Occident, Saint-Augustin d’Hyppone en Tunisie au 5ème siècle.

A présent, l’église est un petit édifice rural à nef rectangulaire fait d’éléments du début du 13ème siècle sur lesquels furent ajoutées, au 14ème siècle, trois chapelles voûtées.

Quelques traces de la seigneurie de Saint-Augustin :

Le cartulaire de l’abbaye de Beaulieu sur Dordogne, en Corrèze, dont les possessions monastiques sont immenses entre les 9ème et 10ème siècle, mentionne la présence d’une soixantaine d’églises, chapelles, une centaine d’exploitations rurales et tenures paysannes, dont une tenure paysanne ou portion de seigneurie à Saint-Augustin, objet d’une donation.

A cette époque-là, la Corrèze est partagée en quatre vicomtés : Limoges, Turenne, Comborn et Ventadour.

Alliances obligent, dans le courant du 14ème siècle les Comborn possèdent quelques domaines taillables et détiennent justice sur la paroisse.

 

Anthroponymie d’un patronyme

Aux alentours de la guerre de cent-ans, vers 1337, découvrons la naissance d’un nouveau patronyme à Mezinges, ou, en provenance de Mezinges : Meygingeas.

Tout d’abord étudions la toponymie « Mezinges » :  par comparatif, il existe en Haute Savoie un village nommé Mezinges ou Mézinge, pour lequel il est communément fait référence à une origine burgonde, dérivant probablement de Miesingus, du germanique meusa, musa, désignant un lieu marécageux, « où pousse la mousse » - Le Régeste Genevois mentionne l'ancienne paroisse sous les formes Messinges ou Mezinges.

Monsieur C Guillaume note à ce sujet « il faudrait dire Mezange (cacographie) on trouve en Corrèze plusieurs formations de cet ordre ; Fressinges pour Fressanges - le domaine des frênes, ou Palazinges, le village de Mezinges - Mézanges - le domaine des marais ? a repris le nom gallo-romain de la villa qui se trouvait au nord du village ».

Difficile de découvrir l’écriture originelle du patronyme sous la plume des curés du 16ème siècle, Meigenjas, Meigingeas, Meyzingas, Meyzinzas ou Meissengeas, formés avec assurance à partir du nom du hameau « Mezinge » suivi du suffixe « as » ; en effet, il est fréquent que des communautés familiales aient été désignées de leur patronyme suivi du suffixe - as - ou - ias - (collectif).

1)      Le nom du hameau est ainsi passé à l’habitant, la communauté nomme alors un groupe familial, habitant Mezinges, « las Mezingeas ».

 

2)  Le patronyme peut être issu d’une migration ; un groupe familial nouvellement arrivé à Affieux, (présence du patronyme attestée dès 1650), est appelé par la communauté, les « Meyzingeas », habitants en provenance de Mezinges. Il s’agit d’une courte migration de 14 km - voir article dans « Implantations ».

Remarque de Monsieur Jacques Astor, conférencier et spécialiste en onomastique, le 17 septembre 2015 :

« Les rapprochements avec le nom de famille Meyzinzas et avec les noms de lieux Mezinge / Meissengeas sont tout à fait intéressants et vont permettre d'ouvrir une autre issue aux recherches ».

Autre remarque de Monsieur Astor qui semble cependant douter de l’origine Corrézienne de notre patronyme quant-il écrit :

« Par contre, il est évident que l'on a régulièrement 2 s doux avec Meyzinzas (qui passe normalement à j = ge, d'où Meygingeas) qui n'ont rien à voir avec avec les 2 s sourds de Neycensas / Meyssensas ».

Cependant on rencontre quelques entorses à la phonétique et l’orthographe originelle du 16ème siècle, ainsi « Meissengeas », on peut donc se poser la question …… le G central passant à 2 SS.

On est en présence d’une double évolution du patronyme à travers les siècles.

A partir d’une migration de la Corrèze vers le Périgord, en considérant que l’écriture du patronyme ai évolué au contact des habitants de Léguillac de l’Auche avec un parler occitan et un accent différents, voir l’ouvrage de Pierre Monteil, « le parler de Saint-Augustin » où, plus tardivement, sous la plume des notaires et curés successifs pour passer finalement de Messingeas à Meyssensas, puis, par attraction paronymique, et définitivement dans le courant du 17ème siècle, de Meyssensas à Neyssensas.

La paronymie est un rapport lexical entre deux mots dont le sens diffère mais dont la graphie ou la prononciation sont très proches, de sorte qu'ils peuvent être confondus à la lecture ou à l'audition. Il s'agit donc d'une homophonie proche ; on pourrait dire également qu'il s'agit d'une homonymie approximative.

Selon Mr Guillaume, « l’attraction paronymique du premier vers le second, du premier on en a perdu le sens mais le second pour nos ruraux a lui un sens ; il veut dire naissance, mot familier pour les oreilles de nos pagani. Il ne faut pas y chercher une explication rationnelle mais simplement une évolution phonétique, peut-être donc une branche de vos ancêtres provient de notre région ».

 

Pourquoi quitter la paroisse de Saint-Augustin ?

La guerre de cent ans se termine et laisse derrière elle un pays meurtri par des décennies de conflits entre la dynastie des Plantagenêt à celle des Valois et, à travers elle, le royaume d'Angleterre et celui de France.

Le prieuré de Saint-Augustin semble avoir souffert d’avantage et ne peut à peine se relever, on va donc négliger sa restauration, car ce sont bien les plus petits établissements qui ont le plus à souffrir des malheurs de ce temps. Le prieuré disparait ainsi à l’aube du redressement économique du pays.

S’engage, en parallèle, après 1453, de grands mouvements de populations, des femmes et des hommes avec de vrais motivations, par trop de bras, quittent les terres froides et déshéritées du Limousin, terres d’élevage et de culture du seigle, quittent aussi les trop fréquentes épidémies de peste de 1455 ou 1478, les hivers trop rudes comme cet hiver de 1463….

Les dernières compagnies ont fui le Périgord, le pays est déserté, les Meyssingeas de Mezinges ont-ils répondu aux campagnes de repeuplement engagés par les seigneurs locaux, ecclésiastiques ou pas …. Les d’Abzac, les Pompadour, ?

Nous avons quelques exemples de repeuplements au sein de la paroisse de Léguillac de l’Auche :

L’une des tenances du prieuré de la Faye, courant 17ème siècle, se nomme tenance des « limouzains », lieu aujourd’hui disparu, gérée par quatre tenanciers, une preuve supplémentaire de migrations en provenance du diocèse de Limoges.

Le hameau de Perpezat né peut-être après migration d’une communauté provenant de Perpezac (domaine de Perpetius ?), en Corrèze, village qui verse cens et rentes au 14ème siècle à la seigneurie de Treignac à quelques kilomètres de Saint-Augustin.

De même, le hameau d’Armagnac, dont l’auteur Monsieur Higounet-Nadal attribue l’origine à une migration d’origine gasconne, in « Mouvements de population dans le midi de la France du XI au XV siècle d’après les noms de personne et de lieu ». Article de notre blog « implantations ».

Tout comme nous avons analysé la possibilité d’une migration en provenance de la région Gasconne avec les d’Abzac de la Douze, un autre personnage important gravite autour d’une nouvelle migration des Meygingeas / Meyssengeas, mais cette fois, de Corrèze vers le Périgord après la guerre de cent-ans ; il s’agit de Geoffroy 1er de Pompadour, né en 1430 au château de Pompadour en Corrèze, fils de Golfier, vicomte de Pompadour, et d'Isabelle, vicomtesse de Comborn, fille de Guichard, vicomte de Comborn. Pompadour se situe à quelques 50 km du village de Saint-Augustin.

Ce que nous savons : dès le milieu du 14ème siècle les alliances de lignages deviennent prestigieuses, les Pompadour s’allient, par mariages, aux lignées vicomtales de la région, les Comborn, Ventadour et Turenne. La mère de Geoffroy est une Comborn, c’est elle qui apporte les seigneuries de Chamberet et de Treignac aux Pompadour en 1426, dont une partie du village de Saint-Augustin.

Serait-ce le lien nécessaire d’une migration possible, le prieuré et l’église de Saint-Augustin en Corrèze sont sous obédience Augustinienne, tout comme le prieuré de la Faye à Léguillac de l’Auche ou le couvent de pères Augustins de Périgueux ?

 

 

Pontifical à l’usage de Périgueux de la seconde moitié du 15ème siècle, 

enluminé pour l’évêque Geoffroy de Pompadour.

 

 

En effet, Geoffroy de Pompadour, surnommé « Chasteau-bouchet » devient évêque de Périgueux en juillet 1470. S’il fait son entrée solennelle plus tardivement, en 1480, après semble-t-il des démêlés avec le chapitre cathédral, Geoffroy gouvernera presque 16 années, jusqu’en mars 1486.

Il devient gestionnaire du prieuré de La Faye à Léguillac de l’Auche en 1473, de l’abbaye de Chancelade en 1478, du prieuré de Saint-Jean de Cole en 1482 et s’investit dans la fondation d’un couvent de pères Augustins hors la ville de Périgueux en 1483, couvent bénit par Geoffroy, en présence de Pierre d’Abzac, de la maison de La Douze, religieux de Saint-Augustin, évêque de Rieux, puis de Lectoure ; il fut fait archevêque de Narbonne en 1494.

Le grand aumônier de France, Geoffroy, tout à la fois seigneur et évêque, va accroître rapidement ses revenus…. Il faut à tout prix repeupler les terres du diocèse.

Est-ce sous l’épiscopat de Geoffroy que les Meygingeas / Meyssengeas vinrent en Périgord, à Périgueux tout d’abord et Léguillac de l’Auche peu de temps après ?

Périgueux, ville frontière pendant la guerre de cent ans, fidèle au roi, Périgueux en véritable petite république conserve son statut de ville libre. Les habitants, sous le règne de Louis XI, ne paient d’ailleurs ni la dîme ni le denier du culte. Franchises fiscales qui finalement ont de quoi convaincre bon nombre d’artisans, commerçants et laboureurs des provinces voisines.


 « Tisserands, marchands drapiers, merciers, opèrent en liberté. Même lorsqu'ils ont été attirés dans la ville à prix d'argent, les artisans restent libres. Les consuls donnent-ils 50 écus à trois teinturiers de Toulouse pour obtenir leur établissement à Périgueux - du côté de la Limogeanne, semble-t-il - ils n'exigent d'eux que l’engagement, d'y faire draps et teintures » - Arch. mun. Périgueux, CC 90, f° 27 v°.

Le Registres des Comptes du consulat de Périgueux note la présence du maçon Martí Jordà de Treignhac (14 km de Saint-Augustin) et sa participation à la reconstruction de la tour Mataguerre qui tombe en ruines en 1477.

Est-ce après Pâques de l’an 1482, que les Meyssensas quittent à nouveau Périgueux pour se réfugier en campagne à Léguillac de l’Auche, à proximité du prieuré Augustinien, car la lèpre, le mal-chaud et les fièvres pestilentielles parcourent la ville, la famine sévit dans les provinces voisines, c’est bientôt un afflux de pauvres étrangers attirés par la renommée de la ville qui envahissent les rues, « on meurt partout en masse, tant alz hospitlalz que aillours en la dicha villa, en bladarias et per las estables et charieias, de faim autant que de maladie » - Arch. mun. Périgueux, BB 14, f° 37.

En fin d’année 1482, la ville est désertée par ses habitants, le mal revient encore plus violent en juin 1483……

Geoffrey est à nouveau Périgueux, de 1500 à 1504, mais cette fois en qualité d’administrateur du diocèse.

 

Charles VIII
Louis XI


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sous les monarchies de Louis XI et Charles VIII. Geoffroy devint conseiller d'état sous. Accusé de trahison avec Georges d'Amboise, évêque de Montauban, et Philippe de Comines, pour avoir favorisé le duc d'Orléans, il reste deux ans en prison. Libéré sur la recommandation du pape, Geoffroy meurt en mai 1514, à Paris.

Liens avec le Périgord : Antoine de Pompadour se marie avec Catherine de la Tour le 4 juillet 1489, sont présents les Comborn, les Pompadour de Château-Bouchet à Angoisse, Geoffroy de Pompadour, évêque de Périgueux et du Puy, mais aussi Jean 1er de Talleyrand, seigneur de Grignols, à quelques lieux de Léguillac de l’Auche, époux de Marguerite de la Tour.

La cuve baptismale de l’ancienne église de Saint-Augustin, (époque Carolingienne ?) et une ancienne croix située à l’entrée de Mezinges conservent peut-être encore le souvenir des Meygingeas / Meyssengeas.

 

 
 
 
 
 D'autres origines envisageables ….

D’autres régions vont fournir une nouvelle main d’œuvre destinée au Périgord à la fin de la guerre de Cent-ans et notamment issue peut-être de hameaux disparus nommés Meyssensas, formés sur « Maixant ».

Le Poitou, avec Saint-Maixent l’Ecole, à environ 180 km de Léguillac, patrie de Saint-Maixant. Mr Charles Higounet note la présence du toponyme « Le mas Poitevin » à Saint-Vincent de Connezac, situé à 17 km de Léguillac de l’Auche. On remarque la présence simultanée de membres de la famille d’Abzac dans les Deux-Sèvres et prieurs à Léguillac de l’Auche, la migration d’une famille s’effectuant après la fin de la guerre de Cent-ans, en provenance d’un lieu disparu nommé « Meyssensas ».

Les premiers d’Abzac abbés du prieuré de la Faye, vers 1488-1499, se nomment Guillaume, conseiller à la cour du parlement de Bordeaux, chanoine de Saint-Front, puis Hugues d’Abzac vers 1505. Pierre d’Abzac de la Douze né en 1427, mort en 1502 à la Douze, bientôt archevêque de Narbonne, devient abbé en 1465 à l’abbaye des Alleuds situé à une trentaine de kilomètres de Saint-Maixent l’Ecole, puis ce sera Henri d’Abzac en entre 1465 et 1508.

D’autres lieux comme Saint-Maixant en Charente, à 41 km de l’abbaye de la Couronne, abbaye à l’origine de la création du prieuré de La Faye au 12ème siècle, paroisse de Léguillac de l’Auche, Saint-Maixent en Gironde, à 140 km de Léguillac, ou Saint-Maixent en Creuse, situé à 240 km de Léguillac ont pu être le berceau des Meyssensas.

Conclusion :

L’implantation limitée de notre nom à la fin du 15ème siècle permet d’affirmer que le nom s’est formé en un seul endroit. L’onomastique suggère une parenté unique entre l’ensemble des familles portant ce patronyme en France et une souche localisée en Dordogne.

Il faudra attendre l’apparition du livret de famille en 1877 pour fixer définitivement l’orthographe des noms.

Aujourd’hui l’implantation des familles reste le Sud-ouest, en particulier en Dordogne et Gironde. Quelques autres familles apparaissent loin de leur pays natal, localisations pour la plupart consécutives aux départs de jeunes hommes dans les années 1850 pour les Chemins de Fer et à l’exode rural du 20ème siècle. En consultant les sites généalogiques, sur Internet, on compte environ 35 écritures différentes de notre patronyme. L’annuaire téléphonique comptabilise, en 2010, 73 personnes portant notre patronyme.

Aussi loin que l’on puisse remonter dans le temps à la lecture des registres paroissiaux les premières familles Neyssensas sont présentes, dès la fin du 16ème siècle, sur le canton de Léguillac de l’Auche, le village emblématique.
Cela peut accréditer l’arrivée des Meyssensas ou Neyssensas à Léguillac après la guerre de cent-ans.

A ce jour, les recherches en archives à partir notamment des documents appartenant à la famille d’Abzac ne permettent pas de découvrir la présence de notre patronyme avant la fin du 15ème siècle à Léguillac ; d’autres noms existant encore de nos jours sont par contre présents un peu avant le début des actes paroissiaux, vers 1598.

Etude sur les variantes orthographiques et phonétiques du patronyme Meyssensas au 16ème siècle

Notre patronyme apparaît pour la première fois dans le courant du 15ème siècle à Léguillac de l’Auche puis au 16ème siècle à Périgueux.


L’écriture originelle consacrée par les écclésiastiques et les notaires est bien « Meyssensas ».
On note ainsi une permanence dans l’orthographe « Meyss » ou « Meys » sur Léguillac pendant près de deux cent ans, entre 1526 et 1698, que ce soit en 1526, sous la plume de maître Jean de la Coste, clerc, procureur et receveur de l’honorable homme maître Martial de La Coste ou du curé Arnouldye avec la naissance de la petite Marguerite en 1598, du notaire Rapnouilh de Saint-Aquilin lors de la signature du contrat d’afferme entre Thomas Meyssensas et Messire d’Abzac de la Douze en 1638 et d’une afferme en 1641, puis en 1647 lors du mariage de Thomas avec le curé Parade, ou du notaire Reynaud avec les actes notariés de 1684 à 1703.

En migrant sur Saint-Astier, en 1677, lors de la transcription de l’acte de mariage de Charles avec Marguerite Tamarelle, le curé écrit bien notre patronyme Meyssensas.

MEYSSENSAC MEYSSENSASEn 1691, le jeune clerc de Montrem, Jean Meissenssas, orthographie son nom « Meissenssas ». La famille prononce donc bien la première syllabe [mé] et non [né].











Lors de migrations vers d’autres village la règle du « Meyss » ne se confirme pas dans la moitié des cas. Une mélecture s’impose en s’éloignant de Léguillac, avec passage du « M » au « N », à Bassillac en 1672, à Beauronne de Chancelade en 1644, à la Chapelle Gonaguet en 1663, ou à Saint-Léon sur l’Isle en 1691.

Si la syllabe de début de patronyme ne s’exprime la plupart du temps qu’avec « Meyss », « Meys », il en est tout autrement avec la diversité des syllabes commençant par « Naiss », « Nayss », « Neyc », « Neyss » ou « Neys ».

Le vicaire Desmoulin, de Montrem, en 1790, nous apprend comment notre patronyme se prononçait phonétiquement, à la fin du 18ème siècle, avec « Ney-chen-cha ».

NEYCENSAS NEYSSENSAS LEGUILLAC DE L AUCHE FONT CHAUVET







Remarques en marge :


En Belgique, le patronyme « Meyssen » est répandu et doit son origine au Néerlandais Meyssen qui signifie « jeune fille » - Dictionnaire des noms de famille en Wallonie et à Bruxelles.
Toujours en Belgique le patronyme Neyssen serait un dérivé  de la graphie régionale Nyssen, aphérèse du prénom français Denis, mutations en Nijesen en pays néerlandophone, en Niessen, Niesen voire Neisen par l'influence allemande.

Voir aussi l’article « Quelques homonymies patronymiques » et le village d’Affieux en Corrèze situé à 37 km de Saint-Mexant avec notamment la présence d’une famille portant le patronyme Meyzingeas en 1678.




Aussi loin que l’on puisse remonter dans le temps, à la lecture des registres paroissiaux, les premières familles Neyssensas sont présentes, dès la fin du 15ème siècle, vers 1470, sur le canton de Leguillac de l’Auche, le village emblématique.

Nous allons les suivrent, à l’aide des « gros plans » sur Leguillac, puis Saint Astier.




Gros plans sur les familles Neyssensas de Leguillac de l’Auche



Le village emblématique

 

https://www.facebook.com/leguillacdelauche/


Patron Saint Grégoire


Présentation du village de Léguillac de l'Auche dans "autres implantations"







1526 - Guillaume Meyssensas, notre aïeul



La présence de Guillaume Meyssensas est attestée sur Léguillac deux décennies après la fin de la guerre de Cent-ans. (Voir hypothèse d’une mobilité géographique développée dans « Origine de notre patronyme »).

Né aux alentours de 1500, peut-être d'un premier couple qui s'installa à Léguillac de l'Auche après la guerre de Cent-ans, c’est le primo géniteur, fondateur de la lignée des Meyssensas, ancêtre dont il sera probablement impossible de connaître l'identité exacte, les actes paroissiaux ne débutant que 70 ans plus tard, en 1598. Un fait important doit être noté à ce stade. En 1524, les populations de Saint-Astier et Léguillac de l'Auche, ainsi que celles du voisinage, sont décimées par une épidémie. Une immigration importante fut nécessaire peu de temps après.......

Nous découvrons Guillaume sur un acte daté de 1526 référencé 12 J 162 aux archives départementales de Périgueux. L’acte est conclu entre le prieur de La Faye et quatre habitants du village, tous « hosteliers » et concerne l’un des droits de ban, le droit « d’estang » ou le prieur à la possibilité de vendre son vin, tout au long du mois d’août.

Réf : Françoise Raluy - Léguillac de l’Auche - pages 300 et 301

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Grâce à la traduction réalisée par Mr Y. Suire - Conservateur à l’inventaire du patrimoine de la région Poitou-Charentes - le 20 août 2016, le texte, du tout début du 16ème siècle, est retranscrit en Français contemporain, et pour plus de clarté, avec accents et ponctuation.

« Sachez tous présents et à venir, qu’aujourd’hui, huit août 1526, en ma qualité de notaire, et en présence des témoins ci-dessous désignés, personnellement constitués et habitants le bourg de Léguillac de l’Auche, diocèse du Périgord, maître Jean de la Coste, clerc, procureur et receveur de l’honorable homme maître Martial de La Coste, bachelier en droit canon, prieur-commendataire et seigneur de La Faye et de Léguillac, d’une part, et Hélie Rapnouil dit Cappe, Pierre Chabanes dit le Masson, Guillaume Meyssensas et Catherine de Célérier, habitants et hôteliers du bourg de Léguillac, d’autre part.

Lesquels, respectivement, ont dit et confessés par devant moi, notaire, en présence des témoins, que le dit seigneur-prieur de La Faye et de Léguillac, concernant son prieuré, avait droit, prééminence, liberté et permission de vendre et faire vendre le vin de son prieuré, annuellement, durant le mois d’août, et tenir « estang » au bourg de Léguillac, et qu’il ne permettait à aucun des habitants désignés de vendre son vin en leurs maisons, au détail, sans son accord. Lequel droit et prééminence il jouissait de ses prédécesseurs prieurs et seigneurs du lieu paisiblement depuis si longtemps qu’ils ne sauraient dire le contraire.
Or les hôteliers indiquant ne pas connaître ces droits et sans obéir au seigneur, ont requis et priés le dit De La Coste, procureur présent, leur permettre de vendre leur vin durant le dit temps offrant de lui payer une somme raisonnable, lequel De La Coste, procureur, ayant regard sur la volonté des habitants et de la chose  publique, considérant que les dits hôteliers avaient acheté le vin du seigneur-prieur pour le vendre et pour la peine et la fatigue de tenir « estang » de vin, le procureur, de son bon gré, au nom et pour le prieur, son oncle, a permis et donné licence et ordre aux hôteliers, pour la présente année, de vendre le vin qu’on lui a acheté et comme bon leur semblera à Léguillac, sans perdre les droits, prééminence et possession du seigneur-prieur, ont, ensemble approuvés cette présente permission.

Après requête de chaque partie, moi, notaire, j’ai offert et concédé.

Fait à Léguillac, ce jour, mois et année ci-dessus, en présence des vénérables personnes maître Etienne Dussolier et Jean de Linnards, prêtres dudit lieu, témoins appelés par moi et priés ».


Petit cours de paléographie






Sans connaissance en paléographie il est pratiquement impossible de découvrir le sens général de l’acte.

Le texte ci-dessous est le reflet partiel de la traduction de Yannis, où les mots reprennent les particularités orthographiques tout en respectant la graphie ancienne, les abréviations et les lettres manquantes sont indiquées entre crochets, exemple Guill [aum]e Meyssensas.

« Scapchent touts p[résent]s et advenir q[ue] au jour duy, huictiesme du mois d’aoust an mil cinq cens vingt six, en la p[rése]nce de moi not[air]e et des tesmoings dessoubs escr[i]tps p[er]son[n]ellem[en]t [con]stitués et establis au lieu et bourg de Leguillac de l’Auche, diocese de P[er]egort, maistre Jehan de La Coste, clerc, procur[eur] et recepv[eur] de honorable hom[m]e maistre Marcial de La Coste, bac[helier] en droit canon, pri[eur] [com]m[an]dataire et seig[neur] de La Faye et dudit lieu de Leguillac, d’une part. Et Helies Ranoulp dict Cappe, Pierre Chabanes dict le Masson, Guill[aum]e Meyssensas et Catherine de Celereis, h[ab]itans et hostelliers dudit bourg de Leguillac, d’autre p[ar]t……….. ».

La physionomie du texte est marquée par des traits obliques vers la gauche, très gras, des D, quant aux lettres majuscules elles ne sont en général, à cette époque, pas forcément réservées aux noms propres et sont utilisées sans que l’on sache vraiment pourquoi en début de certains mots.


Qu’est-ce que le droit d’étang, d’estanche ou banvin

C’est la période pendant laquelle le seigneur se réserve le droit de vendre son vin au détail, en général durant le mois d’août.

« Le vin se vend bien, où il y a foire et beaux marchés, à haut prix, deux deniers la pinte, en plus du prix ordinaire des taverniers, le seigneur peut aussi affermer son droit d’estang ». Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis, Volume 20 - 1892.


Les parties en présence

« L’honorable homme maître Martial de La Coste, bachelier en droit canon, prieur-commendataire et seigneur de La Faye » et démit en 1536. Il est indiqué dans le texte, barrette ou bachelier en droit canon, la barrette est un bonnet noir rigide à 3 cornes porté par les ecclésiastiques.

Le prieuré de La Faye est dirigé par un « prieur commendataire » placé sous le régime de la « commende ». Le prieur perçoit personnellement les revenus du prieuré tout en exerçant une certaine juridiction sans toutefois avoir la moindre autorité sur la discipline intérieure des moines.

Jean de La Coste, autre membre de la famille de La Coste, est clerc, procureur et receveur de Martial de La Coste, en qualité de clerc il est habilité à rédiger l’acte, en qualité de procureur, il représente le prieur en accomplissant les actes de procédures et en qualité de receveur, il collecte les recettes du prieuré.

Hélie Rapnouil dit Cappe, Pierre Chabanes dit le Masson, Guillaume Meyssensas et Catherine de Célérier, habitants et hôteliers du bourg de Léguillac,



Sous l’Ancien Régime, l’hôtelier cultive quelques lopins de terre. Si le cabaret et la taverne ne vendent que du vin, l’auberge et l’hôtellerie nourrissent et logent les voyageurs. Elles sont aussi les lieux de rendez-vous du notaire et du laboureur lors de la signature d’actes. On peut aisément imaginer l’emplacement de l’hotellerie de Guillaume, facilement répérable par les voyageurs, à proximité d’une taverne ou d’une auberge avec peut-être une enseigne au-dessus de la porte comme « à la ville ».

La plus petite hôtellerie ne proposait parfois qu’une seule chambre, avec plusieurs lits, parfois les lits se situaient dans la salle voir parfois dans la cuisine. Sous l’Ancien Régime, le cabaret ou la taverne sont souvent tenus par des femmes. Catherine de Célérier est-elle tenancière d’une hôtellerie ou est-ce l’épouse de Guillaume ?.




Contexte historique et économique

Après la victoire Italienne de Marignan en 1515, François 1er, le «  Prince de la Renaissance », est le premier à renforcer de façon radicale l’autorité monarchique. Les habitants de Périgueux rendent hommage au Roi.

Successeur de Charles VIII  et de Louis XII, François 1er poursuit les guerres d’Italie entamées par ses prédécesseurs, durant son règne. En 1525, confronté à la coalition de Charles de Habsbourg dit Charles Quint et du roi d’Angleterre, François 1er est défait à Pavie puis retenu captif à Madrid.

En janvier 1526, François 1er est libéré en échange de l’emprisonnement de ses deux fils.

« Le beau 16ème » comme le nomme les historiens, est caractérisé, au moins dans sa 1ère moitié,  par une croissance démographique et économique remarquable et une vitalité culturelle retrouvée après des décennies de guerre et d’épidémies.

L’accroissement de la population des campagnes va accentuer peu à peu le morcèlement de la propriété paysanne creusant un fossé entre une minorité de fermiers-paysans, enrichit, futurs notables du village, et une majorité de laboureurs qui, n’ayant pas assez de terre pour nourrir leur foyer, deviennent journaliers ou pauvres laboureurs. La 2ème partie du 16ème connaît une nouvelle crise de surmortalité avec le retour des épidémies et l’apparition des guerres de religion, déstabilisant à nouveau les échanges commerciaux.





Démographie et migration




Les premiers Meyssensas entre 1470


 et 1630 à Léguillac



Le premier « recensement » Léguillacois, en 1364, comptabilise environ 295 habitants.

Par comparaison, Saint-Astier, en 1365, avec 810 habitants, ne possède, à la fin de la guerre de cent-ans, en 1445, plus qu’une vingtaine d’habitants. La guerre est finie depuis vingt-cinq ans, et pourtant la plupart des terres autour de Périgueux sont en friche.

On peut évaluer, à Léguillac, à la même époque, tout au plus, la présence d’une à deux familles dont la famille Pecou.

Les plus anciennes familles Léguillacoises, les Linards, Chabanas, Janailhac, familles de notables bien en place vers 1600, pourraient bien trouver leurs origines en Haute-Vienne, dans la mouvance du fief des Pompadour, issues d’une première migration entre 1470 et 1490.


NEYCENSAS NEYSSENSAS


Geoffroy de Pompadour a déjà autorité sur le prieuré de Notre-Dame-de-la-Faye depuis 1473 lorsqu’il est célébré nouvel évêque de Périgueux le 16 avril 1480.

Comment déterminer le nombre de familles Meyssensas présentes à Léguillac de l’Auche à la fin du 15ème ou tout début 16ème, donc peu de temps après la guerre de cent-ans, en sachant que les deux grandes périodes migratoires se situent entre 1470 et 1490, et, entre 1520 et 1550.

En l’absence de données démographiques historiques fiables avant la seconde moitié du 20ème siècle, on ne peut se baser que sur l’exploitation des registres paroissiaux, plus ou moins bien tenus, et, la présence incontournable et inespérée des archives de la maison d’Abzac et du prieuré de La Faye qui remontent pour certaines au début du 13ème siècle.

70 ans avant que le vicaire Arnoudye ne débute la transcription des actes sur le registre paroissial, en 1598, c’est précisément dans les archives du prieuré, qu’apparaît le premier membre Meyssensas, en 1526. Il s’agit de Guillaume, habitant du bourg, aubergiste.

Remarque : le premier des d’Abzac, prieur de La Faye, se nomme Guillaume vers 1499.


Il est vraisemblable que Guillaume est présent dans le village depuis très peu de temps


en effet, si l’on relit attentivement l’acte ci-dessus, il est noté :


« qu’Hélie Rapnouil, Pierre Chabanes, Guillaume Meyssensas et Catherine de Célérier, habitants et hôteliers du bourg de Léguillac ne connaissent pas la coutume de « tenir estang », lequel droit et prééminence jouissent les prédécesseurs prieurs et seigneurs du lieu paisiblement depuis si longtemps que les hôteliers ne sauraient dire le contraire ».



Données démographiques


La norme familiale commune est la famille nucléaire avec parents et enfants au sein d’un même foyer, opposée à la notion de famille élargie regroupant plusieurs générations.


Les naissances

En France, vers 1575, le nombre d’enfant par couple ne dépasse guère le nombre de 6 ou 7, comme Dardot Meyssensas dit Dardillou du « village » de Font-Chauvet, avec ses 6 enfants. La période de procréation, d’environ 14 années pour les épouses, fait cependant exception avec Paulie de Linard, épouse de Dardot dont le 1er enfant naît en 1600, et le dernier enfant, en 1630.



Plus de 5 siècles d’archives privées et publiques, de documents historiques, des centaines d’actes et de noms de famille.


On peut envisager la présence de trois couples Meyssensas vers 1550, puis douze, attestés pour la génération des années 1575, avec 54 naissances dans les années 1600, soit 4,5 enfants par couple.
Sur 33 garçons, seulement 17 couples, pour la génération des années 1600, vont pouvoir potentiellement assurer la descendance des générations à venir, victimes des disettes céréalières répétées de 1617-1622-1626 et 1630 et des graves épidémies de peste de 1625-1626 et 1628 à 1632.

Les mariages

Antoine, le tisserand, fils de Mathieu, se marie en juillet 1626, juste avant les moissons. Gabriel, du bourg, se marie en février 1623, tout comme Sicaire, fils de Dardot de Font-Chauvet, en février 1625, période de forte nuptialité, respectant ainsi les coutumes religieuses.
A la fin du 16ème siècle les mariages sont de plus en plus tardifs. Les jeunes hommes se marient entre 24 ou 26 ans, les jeunes filles entre 22 ou 23 ans. Antoine, tisserand, fils de Mathieu d’Armagnac, né en 1602, se marie à l’âge de 27 ans, en 1629, avec Peyronne Dupuy du village de Fareyrou.
Annette, fille de Mathieu d’Armagnac, malgré sa différence de statut social, épouse vers 1620 le notaire royal Charles Rondet de Puychaud.

La mortalité

Généralement on note une mortalité très forte chez les enfants et les adultes lors des épidémies liées la plupart du temps aux conflits militaire ou religieux. Il est difficile d’établir sur la période de 32 ans qui nous intéresse (1598 – 1630) de statistiques fiables, les données faisant défaut de 1598 à 1619 et 1626. Ce que l’on sait c’est qu’un adulte peut espérer vivre une quarantaine d’année, comme Antoine, époux de Peyronne Dupuy de Fareyrou, décédé à l’âge de 41 ans en 1629.

Une nouvelle répartition

Le premier membre Meyssensas habite le bourg en 1526, puis nous rencontrons en 1598, quatre couples à Font-Chauvet, habitant à 630 mètres environ du village, Andrieu, Dardot, Antoine et Marot, trois couples à Armagnac, habitant à 700 mètres du village, Mathieu dit de Ramonet, Jean dit le Cadet et Boyer, puis Pierre dit Masclany dans le bourg, quatre autres ne sont pas localisables en l’absence de la mention « lieu de naissance », avec Jean, menuisier, Thomas, autre Jean, et Jean dit Cacou.

Les départs de couples du bourg vers Font-Chauvet et Armagnac peuvent s’expliquer de deux façons :

Une natalité en hausse

De 1 couple en 1526, puis trois couples en 1550 on passe à 12 couples en 1575, et bientôt 54 naissances vers 1600.

Les guerres de religions

1565 : les alentours de Léguillac : « les pauvres laboureurs sont chassés de leurs maisons, spoliés de leurs meubles et bétail, rançonnés, volés aujourd'hui des uns, demain des autres, et s'enfuient comme des bêtes sauvages ».

1568 : Saint-Astier est à nouveau entre les mains des protestants de Dassier pendant quelques jours. La campagne est encore une fois dévastée. Les Meyssensas, face aux nombreux sièges que subit Léguillac, se sont peut-être réfugiés dans les bois aux alentours, embrigadés de force ou victimes des combats…..


1620 :  le curé Charrière fait appel aux dons des habitants afin de restaurer l’église.


Au moins deux Neyssensas migrent sur Saint-Astier entre 1672 et 1677 : le premier vers le hameau de Rougerie avec Anthoyne Neyssensas, laboureur à bras, puis, en 1677, Charles, 3 sur l’arbre ci-dessous, descendant de Girou, - 2 sur l’arbre, - voir les 1ers actes paroissiaux significatifs - pour former un ensemble de couples évalué à environ une  centaine, vers 1900 rien que Saint-Astier.

Ivanne Moreau est présente en 1672 au village de Davaland - Saint-Astier.

Cette migration originaire de Léguillac intervient après une période troublée :  1562, prise de Saint-Astier par les protestants, le 17 aout Saint-Astier est en flamme, 1568, deuxième attaque des protestants, 1594, les Croquants sont dans le village, 1627, 10 000 Croquants tentent un coup de main, 1652, Saint-Astier est  détruit par les soldats frondeurs, de Balthasar, sans compter les épidémies de pestes de 1554, 1564, 1628 et 1634, période où les habitants des campagnes restent plus protégés.





Arbre de l’un des 17 foyers répertoriés sur le canton de Leguillac vers 1600






Les noms de familles rencontrés sur les registres paroissiaux

Vers 1598 : Chabannas, Lacueille, Pecou, Rapnouil, Poutard, Nardou, Jassaillat, Lacoste, Gandillou, Boudaud, Pouyadou, Chazotte, Garreau, Veyssière, Delmarez.


Les prénoms rencontrés dans les familles Neyssensas

Vers 1598 : Mathieu dit Ramonet, Pierre, Andrieu, Boyez, Marot, Guillaume, Jehan dit Cadet, Thomas, Anthoyne, Gabriel, Dardillou, Naymard, Marguerite, Jeanne, Guilhaume, Chatermo, Sicarie, Marion, Fatimo.

Les métiers rencontrés dans les familles Neyssensas après 1600

1669 - Gabriel et Marssandou laboureurs à Faucherie et Leguillac
1667 - Pierre, laboureur à bras à la Chabanne
1782 - Sicaire, journalier à Caroly
1812 - Charles, laboureur à Armagnac
1876 - Laurent, cultivateur à Lauvadie, ancienne borderie en 1219

Les premiers actes paroissiaux significatifs

Il est rare de trouver, en France, des actes dressés avant 1600 bien qu’instaurés par François 1er par l’ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539. Sur Léguillac, l’écriture des lettres et chiffres varient considérablement en fonction des auteurs et en fonction des époques. On n’écrit pas du tout au 16ème comme l’on écrit au 17ème. Au 16ème l’écriture est souvent régulière, soignée et utilise les abréviations – Voir les relevés de Leguillac en 1598. Par contre au 17ème, l’écriture devient irrégulière, difficile à lire, voir tourmentée, au 18ème, l’écriture redevient plus aisée à lire.

Le baptême de Marguerite Neysensas, en octobre 1598, fille de Pierre et Marguerite Simon est le 1er acte d’état civil présent sur le 1er feuillet du registre paroissial de Leguillac de l’Auche et le plus ancien des familles Neyssensas.

Partons à la découverte d’arbres généalogiques, de cartes postales anciennes, de photographies, de presse et revues anciennes, et des références bibliographiques.
Baptême de Marguerite - 1598


Les deux ancêtres communs, à la plupart des familles Astériennes, Andrieu, et son fils, Girou - 3 et 4 sur l’arbre, naissent à la fin du XVIème, au lieu dit Font Chauvet : respectivement vers 1570 pour Andrieu, et le 12 septembre 1599, pour Girou.

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Baptême de Girou - 1599

Les noms et prénoms des épouses, jusqu’en 1609, n’apparaissent pas. Seuls les parrains et marraines sont indiqués. Voir l’importance du parrainage - paragraphe «La transmission du prénom - parrains, marraines».

Parfois, et par chance en ce qui nous concerne, le hameau de naissance est mentionné avec Font Chauvet.

Charles, 5 sur l’arbre, fils de Girou, nait en 1648, au village de Font Chauvet

Charles se marie à Tamarelle, canton de Saint Astier, en 1677 avec Marguerite Tamarelle, nom de famille présent déjà au hameau des Granges vers 1650 - Philibert est aussi prénom féminin au XVIème.


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Mariage de Charles - 1677 à Tamarelle - Saint Astier

Nous retrouverons Charles dans « Gros plan sur les familles de Saint Astier » - acte de mariage ci-dessus. Au moins 3 générations, connues, ont vécues à Font Chauvet, ; Adrieu, Girou, et Charles.

D’autres couples Neyssensas, contemporains de Girou, ont habités les hameaux de Linard en 1620, 1647, Faucherie et Baby en 1669.


Font-Chauvet en 1598 – Habitat, occupation du sol et condition rurale

Font-Chauvet est écrit, en 1598, Fon-Cholve, sur l’acte de naissance de Girou, arbre ci-dessus, Fon- Choulve, lors de la naissance de Charles, en 1648, Fon-Chauve en 1808 sur le plan cadastral Napoléonien, et Font-Chauvet sur le plan cadastral actuel.

L’origine de Font-Chauvet provient de font - la fontaine, la source - et Chauvet, du latin « calva » qui signifie chauve et peut s’attribuer, dans notre cas, à une terre, dépourvue de végétation.

L’habitat rural au 16ème est dispersé en hameaux et fermes isolées. L’habitat rural est aussi bien situé dans un vallon, Font Chauvet en 1598, à proximité d’une source, que sur un plateau, comme aux Granges en 1647, on utilise alors une citerne d’eau pluviale. Font Chauvet possède deux feux - familles, peut-être trois vers 1600. En 1598, le curé indique "village de Font-Chauvet".

Pourtant, l’isolement n’est que relatif, en effet, de nombreux liens unissent les habitants, et les baptêmes, mariages, et fêtes locales, permettent d’entretenir les liens bien au-delà du hameau ou du village.

Pour information l’habitat médiéval à Leguillac de l’Auche débute avec la construction du prieuré de La Faye en 1209 (13ème).

Occupation du sol et destination des parcelles entre 1800 et aujourd’hui

neyssensac neyssenssasFont Chauvet se situe à environ 1 km 500 à l’ouest du bourg de Leguillac. Le plan cadastral de 1808 nous éclaire sur la répartition du terroir : Outre un petit près à l’arrière des maisons, 50 % de terre sont cultivées, 20 % en châtaigneraies, le restant, 10 % en vigne, 10 % en prés, 5 % en futaies, et 5 % en friches. Les deux habitations existantes en 1808, ont disparues en 2011 sur le plan cadastral. La source se situe à 100 mètres au nord des deux anciennes habitations. Aujourd’hui on retrouve le même petit massif de châtaigner, entourant le vallon de Font Chauvet, à l’ouest et au sud. Les autres parcelles sont essentiellement des près. Les parties boisées se situent sur un sol argilo-sablonneu, les parties cultivées sont appelées dans le parler local « blancairas »


La condition paysanne, dès le 13ème, évolue en Périgord

On note par exemple l’affranchissement d’un « cerf » à Léguillac de l’Auche dès 1271. Le Périgord n’a pas attendu le signal du Roi. Les seigneurs fonciers confient quelques parcelles de leurs terres (manses, Mansus Beroneni, en 1244, tenures ou borderies - Bordaria de Lauvadia en 1219) à des familles paysannes, se créent ainsi les hameaux. Les tenanciers sont redevables en échange, d’impôts divers, de la taille et de la dime.


Dès le 15ème on peut penser que l’habitat est de construction solide, murs en moellons lié à l’aide de mortier de terre, ou de calcaire. Les angles de murs, les encadrements sont en gros blocs de pierre, la toiture est couverte de tuiles plates. Le tuilier, Gabriel Pecou habite Font Chauvet en 1674. La maison au départ se compose d’une simple salle d’environ 15 à 20 mètres carrés, puis au fil du temps d’autres pièces sont ajoutées, ou appentis. Le grenier est utilisé pour stocker les semences. Le foyer est à même le sol de terre battue. Une porte, seule, permet à la fumée de s’échapper, parfois de petites ouvertures sont pratiquées dans les murs. Le mobilier se limite à quelques paillasses, un coffre et quelques ustensiles utilitaires, cruches, pichets, écuelles en bois.





1615 - Mathieu et le logement des gens de guerre




Mathieu, témoin malgré lui dans l’affaire Joseph Vigier, affaire relatée dans l’ouvrage de Mme Françoise Raluy sur Léguillac de l’Auche, pages 28 à 33.

Les faits

L’ambitieux Vigier, parfois violent, habitant la Font-de-l’Auche, accroît son patrimoine foncier au détriment de ses bailleurs, refuse de payer la dîme aux fermiers du prieur et la restitution des rentes du prieuré. Le prieur de La Faye et Pierre d’Abzac de la Douze, son beau-frère, vont profiter des tensions politiques du pays pour tenter de nuire à Vigier en envoyant quelques gens d’armes à son domicile.


L’aliénation des rentes du prieuré de La Faye

En 1560, le trésor royal est vide. Les impôts, du fait des guerres religieuses, rentrent mal et l’entretien des troupes exigent d’énormes dépenses. Tout naturellement le pouvoir royal se tourne vers le patrimoine ecclésiastique, considérable. Le 25 septembre 1564, les rentes du prieuré sont acquises par le curé de Villefranche, Gabriel De Lacoste. Joseph Vigier hérite de Jeanne Lacoste, son épouse, des rentes du prieuré, rentes que Pierre d’Abzac de la Douze espère acquérir à nouveau



Le contexte politique


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Henri IV

Depuis l’assassinat d’ Henri IV, en 1610, le contexte politique n’est pas favorable aux protestants. Des menaces de guerre apparaissent à nouveau, Henri de Bourdeilles (1560-1641), sénéchal et gouverneur de la province, mobilise à partir de 1615 des compagnies de gens d’armes qui vont loger à de nombreuses reprises à Léguillac.

L’enquête et les témoignages des habitants de Léguillac se situent, historiquement, entre deux périodes troublées par les mouvements de rebellions paysannes des années 1595 et 1637. Après février 1595, et les revendications paysannes repoussées, le Sénéchal Henri de Bourdeilles souhaite « abaisser le caquet de tous ces croquants » mais le « bon roi Henry » repousse cependant l’idée d’une répression forte de ces « émotions ».


Les témoignages

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Louis XIII

L’enquête débute sous le règne de Louis XIII, en 1618, et oppose le demandeur Joseph Vigier aux défendeurs, Bernard Jay, prieur, et Pierre d’Abzac de la Douze, ancien prieur et maire de Périgueux. La haine s’installe un peu plus entre les parties et se répercute sur le quotidien des habitants de Léguillac de l’Auche dès le Noël de l’année 1615.Les dépositions sont entendues dans le hameau aujourd’hui disparu de Danthou dans la maison de Maître Jean Chamineau, notaire royal. Les témoins à décharge de Joseph Vigier constatent que « les défendeurs, envoyèrent loger au lieu de la Font de l’Auche, dans la maison dudit Vigier, Sieur de Lauvadie, une compagnie de gens d’armes qui lui firent de mauvais traitements, pillèrent sa maison, et le volèrent ».Jean Barzac et Mathieu Neycensas, tous deux, habitants du village d’Armagnac, laboureurs, témoignent en faveur du prieur, de même que le notaire royal, Charles Rondet de Puychaud, époux d’Annette Meyssensas, fille de Mathieu.

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Le témoignage de Mathieu

« Mathieu Meyssensas laboureur habitant du village d'Armanhac paroisse de Lagulhac, agé de cinquante cinq ans ou environ, dict - sur ce enquis - cognoistre les parties, desquelles nest parent, allié, grand amy, familher, domestic ni ennemy Apres, enquis sur le contenu esditz faictz , suyvent lettiquete a nous envoyée de ce … …, dict que pandant et durant ces dernieres guerres et esmotions - dont il aura trois ans en lhiver prochain - il fust faict tant de logementz de gens de guerre, a pied et a cheval , en ladite parroisse de Lagulhac et autres circonvoysines que ledit deposant ne scauroyt bonnement specifier.


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Car il advint que durant quelques moys que lune nestoyt deslogée dudit lieu de Lagulhac que lautre ne survint pour y loger et presuppoze luy depposant : que durant lesdites guerres [.. pli de la page...] fust faict plus de vingt et cinq ou vingt et six logis en ladite parroisse, vivantz les soldatz desdites compagnies a discretion sur ladite parroisse et y exerceantz tous les ravages et pilheries que gens de telle sorte ont acoustumé uzer. Tenentz les champs en telles occurrences - ainsin que ledit desposant auroiyt veu et pour son particulier, senty et experimenté lesditz ravages et pilheries que luy ont esté faictes. Et comme ladite paroisse de Lagulhac estoyt ainsin foulée par tant de logementz de gens de guerre, entre autres un nommé le cappitaine Latour que lon disoyt estre sergent majeur du regiment du Sieur de Bourdelhe, y vint fere logis, avec toutes les compagnies dudit regiment et aulcuns des soldatz desdites compagnies dudit regiment estant logés en la maison dudit depposant, dirent que ledit cappitaine Latour sestoit là rendu - heure de nuit - pour adviser le moyen de surprendre le prieuré de Lafaye appartenant audit deffendeur que est situé en ladite parroisse de Lagulhac dont ledit Sieur prieur heust advertissement par quelcun de ses amicz. Que fust cause quil se pourveust de plus grand garde quil navoyt acoustumé de y faire au paravant. Tellement, que par le moyen


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de ce, ledit cappitaine Latour ne peust executer son dessein quil avoyt prinst contre ledit prieur comme il fust apres dict audit depposant par lesditz soldatz logés en sadite maison - De laquelle sienne maison il nestoyt party ne peu partir, pour la crainte quil avoyt que sen absentant , elle ne fust du tout ruynée et pilhée. Estantz pour lors, tous les habitantz de ladite parroisse de Lagulhac en grand crainte, xx de peur que ledit cappitaine Latour n'uzast en leur endroit de pareilh traitement quil avoyt au paravant faict aulx habitantz du bourg d'Agonnac qui avoyent esté par luy - ou lesdites trouppes quil conduysoyt - de fons en comble ruynés par les plus execrables traictementz quon scauroyt jamays : comme forcementz de femmes, perte de papiers que furent jettés au feu, la plume des lictz jetée au vent et toute autre sorte dextorsions dont ilz se peurent adviser - comme le bruyt courust - La verité estant que pe… Et durant les susdites guerres dernieres, au paravant ne despuis, il na sceu - pour lavoyr veu, ouy dire ne autrement ». que aulcun des subjectz et justiciables dudit Sieur deffendeur ayt esté par luy ne aulcun de ses fucteurs domesticques, contrainctz ne forcés pour faire conduite daulcuns bledz ne vins en la ville de Perigueux ou alheurs. Ledit Sieur deffendeur en ayant faict quelque vente . Et si par aulcunes foys, sesdits justiciables  et tenenciers ont esté par luy employés comme a esté luy deposant, quelques fois - et quilz y soyent allés, ce a esté de leur plein gré et volonté, sans y estre forcés ne violantés. Comme
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parelhement, si puis lesdites guerres et esmotions dernieres, aulcuns de sesditz subjectz et tenenciers ont faict et aydé a faire quelque forme de garde, la nuit, en la maison dudit … - comme a quelques fois faict ledit depposant - ce a esté … de leur gré et volonté, sans y avoir esté forcé. Ayant sesditz subjectz et tenenciers - au comencement desdites guerres - advisé et convenu en eulx, de y faire garde pour la conservation des meubles, vivres et ustenciles que un chescun d'eulx avoyt retiré dedans, comme aussy, pour la conservation de leurs propres personnes - nozant se tenir que bien peu en leurs maisons - comme est le tout notoyre. Autre chose a dict ne scavoyr, deuhement requis et na signé, ne scachant, de ce interpellé.


Traduit par Paléo-FGW le 8 octobre 2016
 


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Résumé de l’acte


 L’acte est rédigé sur 4 feuillets référencé aux archives départementales de la Dordogne sous la côte 12 J 26.


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Mathieu Meyssensas, âgé d’environ 55 ans, laboureur au village d’Armagnac, commune de Léguillac de l’Auche, est sollicité en qualité de témoin lors du procès opposant le Sieur Vigier, riche propriétaire, et le prieur de La Faye.

Mathieu après avoir pris connaissance des faits, reconnaît « ne pas être ni parent, allié, grand ami, familier, domestique ou ennemi » du défendeur, Bernard Jay, prieur et du demandeur Vigier et note que « pendant et durant ces dernières guerres et esmotions, cela fera trois ans à Noël,  qu’il y eut tant de logement de gens de guerre, à pied et à cheval, qu’il est impossible d’en connaître le nombre ; que sur Léguillac il y eut bien 25 ou 26 logis de soldats vivant à discrétion sur la paroisse et excercant ravages et piheries ».

Mathieu souligne « qu’il aura vu pour son particulier senty et expérimenté les dits ravages et pilheries ».

Mathieu, dit Ramonet, va héberger à son domicile les soldats de l’un des régiments du Sieur de Bourdhelhe commandé par un certain Capitaine Latour.

Mathieu entend fortuitement les propos de quelques soldats concernant l’échec de leur capitaine dans l’attaque du prieuré, le prieur ayant « heust advertissement par quelcun de ses amicz et qu’il pourveust le prieuré de plus grande garde ».

Mathieu, sa femme, ses fils, Félibert, Marot, et Antoine, décident alors de ne pas quitter leur habitation dans la crainte d’exactions et « qu’elle ne fut du tout ruynée et pilhée ».

En effet, le bruit courait, qu’à Agonac, les hommes du Capitaine Latour avaient commis « forcementz de femmes, perte de papiers jettés au feu, plume de lits jetées au vent ».

Mathieu, à décharge du prieur, indique qu’il n’a jamais été obligé de transporter du blé ou du vin à Périgueux, que les tenanciers du prieuré ou lui-même, s’ils ont été employés par le prieuré pour des gardes de nuit comme il était convenu au début des guerres, c’était bien de leurs propres grés.

En effet, Mathieu et les « tenanciers, au commencement des guerres, avaient convenu de faire garder par le prieur, leur biens, vivres et ustensiles, et leurs propres personnes, ne tenant que bien peu en leurs maisons ».

Le précieux témoignage de Mathieu se situe dans un contexte de révolte larvée fondée sur la présence et les interventions incessantes des gens de guerre dans les villages et les exactions des receveurs des tailles, auxquels s’ajoutent parfois les pillages.




Qui était Henri de Bourdeilles ?

Henri, parent du célèbre écrivain et chroniqueur Pierre de Bourdeilles, nait vers 1570 et décède le 14 mars 1641. Il est qualifié de vicomte et baron de Bourdeilles, marquis d’Archiac, seigneur de La Tour-Blanche, conseiller d’Etat, capitaine de 50 ou 60 puis 100 hommes d’armes des Ordonnances, Sénéchal et Gouverneur du Périgord en 1597, conseiller du Conseil Privé du Roi en 1572 et chevalier des Ordres en 1619. Il épouse le 14 janvier 1604 Madeleine de La Châtre.

Les compagnies d'ordonnance sont les premières unités militaires permanentes et donc professionnelles à disposition du roi de France. Les hommes d’armes se déplaçaient à cheval.

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Pierre de Bourdeilles



1633 - Annette Meyssensas, épouse de Charles Rondet, Notaire Royal


neyssensas leyssensasA la fin du 19ème siècle, dans sa notice consacrée à la paroisse de Léguillac de l’Auche extraite de « L'ancien et le nouveau Périgord », l’abbé Brugière note la naissance de Jeanne, fille d’Antoinette Maissensas et de Charles Rondet, notaire royal.



Document numérisé par Pierre Besse pour la S.H.A.P. extrait du fonds Pommarède



Le décès d’Annette : épouse de notable, référence F. Raluy « Léguillac de l’Auche » concernant le hameau de Puychaud, page 216.

Annette est fille de Mathieu, marguillier, habitant du village d’Armagnac à Léguillac. Les archives paroissiales ne nous permettent pas de connaitre ses dates de naissance, vers 1590 - 1595,  et de mariage avec Charles Rondet, vers 1615 - 1620. 

Charles Rondet, notaire royal, en 1612 

Le statut de notaire royal est développé dans le paragraphe "Léguillac de l'Auche - les plus anciens actes notariés : 1684 à 1703".

Les archives notariales restent encore le passage obligatoire pour découvrir et comprendre le monde rural ancien. Ce fond très riche permet de connaître précisément les pratiques foncières des Meyssensas des 17ème et 18ème siècles. Si les archives de Charles Rondet ne nous sont pas parvenues, les archives départementales de Périgueux détiennent, par contre, celles de Maître Reynaud qui établit en 1684 le premier acte mentionnant notre patronyme.

Le 10 mai 1612, Charles et son frère Pierre, notaire royal, apposent, pour la première fois, leurs signatures sur un acte de baptême.

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 Vie d’un notaire au tout début du 17ème siècleneyssensas neycensas 

Charles Rondet n’officie que très rarement à son domicile de Puychaud - Puychal en 1633. Son activité de notaire rural est tributaire des saisons. Il se déplace le plus souvent au domicile des demandeurs, lorsque, par exemple, il s’agit de recevoir les dernières volontés d’un mourant, ou parfois même, à l’auberge du village, chez « l’hoste ». 

On imagine Annette observant Charles ranger dans ses sacoches accrochées à la selle de son cheval, son encre, son papier et sa plume, et, le perdant du regard, partir au trot et parcourir le kilomètre le séparant du village.
 


La signature de Charles avec l’initiale de son prénom, « C » à l’intérieur de la boucle du R majuscule, suivi de son prénom abrégé.

Charles Rondet est le personnage le plus important de Léguillac avec le seigneur-prieur Bernard de Jay, et le curé Courcellaud. Il cumule plusieurs fonctions, celles de banquier, marieur, médiateur, ou agent immobilier. Son statut social le situe sur un même plan que le bourgeois ou le marchand.


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le curé Courcellaud

Charles Rondet fait partie des familles de notables bien établies depuis le début des registres paroissiaux en 1598, comme les Janailhac, les Chabanas ou les Linards. Ces notables sont affiliés à des titres divers aux prieurs de La Faye comme d’ailleurs quelques Meyssensas, mais aucun d’eux n’accèdera au statut de notable dans le courant du 16ème et début du 17ème sur Léguillac.


Liens avec les prieurs de La Faye 

Mathieu, père d’Annette, est témoin, comme Charles Rondet dans l’affaire Vigier en 1618, Thomas sera fermier du prieur Jean d’Abzac de la Douze en 1638, Jean d’Abzac de la Douze sera parrain de la petite Catherine en 1647 …..

Charles Rondet en se mariant avec Annette Meysensas infirme la règle de l’endogamie pratiquée chez les notaires.

Si les enfants nés du couple et les liens avec quelques anciennes familles ne sont pas tous enregistrés sur les registres paroissiaux, on note cependant.

En 1624, Annette est surnommée « Annetou » marraine d’Annette Meyssenssas, fille de Phelibert et Sabine Ruyssard de la Font-Bony.

Mary Rondet, fille d’Annette nait en 1625.

Entre 1625 et 1639 les épidémies, disettes, famines et pestes se succèdent en Périgord, Léguillac ne sera pas épargné par la disette céréalière de 1625 - 1626.

« Le huitième jour du mois de décembre 1620 » la naissance de Pierre Rondet, au village de « Puychal », le parrain se nomme Pierre Rondet, notaire royal, la marraine, Marguerite Meyssenssas. Le prêtre Arnouldie, et Dalesme, Janalhac, Chazote signent au bas de l’acte.

Le 18 avril 1626, nait Jehan Rondet, fils de Pierre Rondet, notaire royal, et de Marguerite Blanchard, parrain, Jehan de Laporte, marraine, Marguerite Sailhac, demoiselle du lieu, en présence des patronymes Puyferrat, Chazotte, De Valbrune, Charles Rondet, frère de Pierre, et le curé Charrière.

Annette est marraine de Nardou Chazotte en 1627, cette même année, le bruit court à Léguillac que la famine a atteint Sarlat.

Charles Rondet est parrain de Charles Meyssensas, fils de Marot et d’Anne Simon de Léguillac le 6 février 1625.

Charles Rondet est parrain du fils de Gabriel Meyssensas, en 1629.

Le Royaume de Louis XIII, fils d’Henri IV et de Marie de Médicis, fait face depuis 1628 à de graves épidémies de peste. Le curé de Léguillac enregistre en 1627, 13 personnes « ensevelies » puis brusquement 23 en 1628, la peste est arrivée à Léguillac et les villages voisins. 

En 1629, la mortalité s’atténue avec 14 décès puis 14 en 1630. 

En 1631 la peste sévit à nouveau à Périgueux, le registre de 1631 sur Léguillac a disparu, comme une partie de celui de 1632 qui enregistre cependant encore 6 décès en novembre et décembre. 1633 est incomplet et 1634 a disparu.


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Le 1er jour de janvier 1633 est baptisé, Charles, fils de Charles Rondet et d’Annette Meyssensas, parrain Charles Chazotte, mais Charles est rapidement orphelin puisque : 

Le « dixième jours du mois de janvier 1633 », Charles Rondet déclare le décès de son épouse Annette Meysensas, fille de Mathieu d’Armagnac, « marguillier de la présente église de Lagulhac, famme de Maitre Charles Rondet, notere royal, ladite Annette a été enterré au semantière de la paroisse, et son mary a appellé pour son épouse a selebrer le divin service, Monseigneur Geoffroy du Soulier, prêtre et moyne du chapitre de Saint-Astier, le prieur du prioré d’Annesse Maitre Jehan ….. prêtre prébandier, curé de las Texinras ( ?), Jehan du Soulier, clerc, Jehan Barzac, Thoumieu Meyssensas, Pierre Lagueyrie, Léonard du Mas, ……… ». 

D’autres membres Meyssensas sont mentionnés mais restent illisibles.




Annette n’a donc pas été victime de l’épidémie de peste. 

Note : Charles Rondet de sa belle signature déclare la naissance de Gabriel Bibaud en juin 1632, à partir de cette date, peu avant la naissance de son fils Charles et du décès d’Annette,  Charles ne signe plus avec la même application, ainsi en aout 1632,  le « C » majuscule est inversé et précéde le nom de famille.




A nouveau entre 1636 et 1639 une nouvelle disette céréalière s’installe sur l’ensemble du Royaume.

Charles Rondet, Thomas Meissenssas du bourg, Pierre Gailhardon de Mensignac, et Simon Bournet de Gravelle sont nommés fermier du prieuré en 1638.

Charles signe à nouveau de sa belle signature à partir de septembre 1634. 

Autres liens entre les Meyssensas et la famille Rondet les décennies suivante 

En 1687, Jean Meyssensas, boucher au bourg de Laguilhat vend à Monde Fournier veuve de feu Pierre Rondet, bourgeois de Périgueux, et « habitante du bourg de Laguilhat de l’Auche, tous les bâtiments, ayzines, jardins, et biens à lui appartenant, sis dans le bourg de Laguilhat » acte passé au domicile du notaire Soulhier.



1689 - « Le Vingtroisièsme Du Mois de Janvier mil six cent quatre vingt neuf au bourg De lagulhat de L’auche En périgord Jour de Dimanche à l’issue de la messe parrosielles pardevant moy notaire Royal soussigné les présents bas nommés ont été présans » Jean Rondet, tailleur d’habits, est l’un des habitants présents lorsque Jean Meysensas se présente volontairement pour devenir « milicien ».



En 1740, Jean Meysensas dit Preypelou, laboureur à bras, est employé par Guillaume Rondet propriétaire d’une métairie dans le bourg. Guillaume Rondet, rentier, est le 9ème imposable du village sur 21 notables et ecclésiastiques pour une somme de 17,8 livres. Extrait registre de la taille.
 



1647 - L’autorité seigneuriale au temps de Girou Neyssensas

 
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Château Prieuré de La Faye


Quelques siècles plus tard, en 1647, la contrée autour de Leguillac, est soumise à une double autorité. Jehan d’Abzac de la Douze est prieur de la Faye, et seigneur de Leguillac de l’Auche. Le patrimoine foncier du prieuré se compose de tenures paysannes.

Nous allons découvrir le parcours de l’un des membres des familles Neyssensas de Leguillac, Thomas Meissensas est époux de Gabrielle Filiol. Le couple donne naissance le 22 octobre 1647, à Catherine.

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Thomas est employé, en qualité de fermier, par la famille d’Abzac de la Douze, à proximité du prieuré de la Faye.

Parrain : Jehan d’Abzac de la Douze, chevalier Seigneur de Reillac. La châtellenie de Reillac dans le voisinage de La Douze, comprend au quatorzième siècle les paroisses de Saint-Sernin et de Saint-Félix, aujourd'hui, canton du Bugue

Jean d’Abzac est prieur de La Faye, entre 1636 et 1667, qualifié de Seigneur de Leguillac de l’Auche, descendant de l’une des plus anciennes maisons de chevalerie du Périgord, connue depuis 1158. Les d’Abzac étaient propriétaires d’immenses possessions, dont la baronnie de la Douze. Pierre, un autre d’Abzac, est décimateur en 1736 de Leguillac de l’Auche.

Marraine : Catherine de Chilhiaud, Damoiselle de Bolaine, parente avec  Bertrand de Chilhaud, écuyer, seigneur de la Chapelle des Fieux, vice-sénéchal du Périgord, époux d’Isabeau de Fayolles.

On note d’autres signatures : M de Chantemerle, peut être Marc de Chantemerle, écuyer, seigneur de Monsec, allié avec Jean de Testard, seigneur du But, paroisse de Leguillac de l’Auche.

Origine du nom d’Abzac - nom de domaine gallo-romain issu du latin Apicius plus acum.

La transmission du prénom - Parrains, marraines

Blason des d'Abzac
Si l’enfant hérite d’un patronyme, il hérite aussi d’un prénom, qui va le distinguer dans la fratrie, en le reliant à d’autres membres de la famille. Dans les familles rurales, le choix d’un parrain, d’une marraine est basé sur des règles strictes. Le jour du baptême, le parrain et la marraine, prennent la place des parents, et cela dans tous les pays de la chrétienté, dès le XVI ème. Les parents choisissent les parrains dans l’entourage proche, grands-parents, oncles, tantes, parfois auprès de membre de la Noblesse, comme c’est le cas lors de la naissance de Catherine, marraine, Catherine de Chilhiaud. La plupart du temps ce choix respecte une « symétrie » familiale. Si le parrain est issu de la branche paternelle, la marraine l’est du côté maternel et vice-versa. Ce mode de transmission du prénom justifiera tout au long des siècles la permanence de certains prénoms, Jean, Pierre, ou Martin.

Le baptême, véritable seconde naissance, permet aux parents de choisir avec attention, les parrains, en lui « transmettant » les valeurs des parrains, mais aussi ses défauts pensent-on. En nommant Pierre d’Abzac de la Douze et Catherine de Chilhaud parrain et marraine, Thomas Neyssensas et Gabrielle Filiol, espèrent « prospérité et protection sur terre » pour leur fille Catherine.

Par la suite, donner plusieurs prénoms permettait d’augmenter le réseau d’alliances.

On notera, aussi, comment les prénoms «passent» d’une paroisse à une autre ou d’un groupe social à un autre. Si l’on regarde de plus près les prénoms présents à Leguillac et Saint Astier, très peu de prénoms sont communs entre les deux villages jusqu’au début du XVII. Le prénom Sicaire ou Sicarie par contre est présent dans les deux villages, dès les années 1600.
 
 
 

Sicaire Meysensas dit « garçon » au temps de Louis XIV

 

L’article retrace quelques évènements de la vie de Sicaire Meysensas dit « garçon », laboureur à bras, habitant le hameau de Leypine à Léguillac de l’Auche entre 1676 et 1748, témoin de la fin des révoltes paysannes et du début de nouvelles crises de subsistance en Périgord. Il s’agit de l’un des Meyssensas pour lequel nous possédons le plus grand nombre de documents d’archives. Sicaire est l’ancêtre commun des Neycenssas relevés par Monsieur Georges Vigier, il y a quelques années.

 

Les évènements importants de sa vie

 

1676 : naissance

avant 1698 : décès de son père, Marsoudou, peut-être en 1688

1698 : mariage avec Annette Labrue

1709 : testament de sa mère, Guilhoune Bibaud

1713 : conflit avec Pierre d’Abzac de la Douze, prieur de la Faye

1730 : bail de ferme

1748 : décès et partage de biens, la disette de 1747 en Périgord

 

Sicaire nait le 3 décembre 1676 à Leypine, à Léguillac de l’Auche, des époux Marsoudou, laboureur, et Guilloune Bibaud. Ses parents se marient le 11 juin 1651, soit 25 ans avant la naissance de Sicaire.



Le prénom Marsoudou est issu de Marsaud en lien avec le prénom Martial, devenu nom de famille avec la popularité du 1er évêque de Limoges, Martial au 3ème siècle ; quant à son épouse, Guilloune, le prénom est tout particulièrement utilisé dans un triangle Ribérac, Bergerac et Brive. Il dérive de Guillaume.

 

Lieu de vie du couple : Leypine se situe à quelques 500 mètres de Léguillac de l’Auche.

« Le hameau est habité, au début de 18ème siècle, par la lignée des Meysensas avec Martial dit Marsoudou, Marsoudou ou Marsaudon. A l’époque du prieur César de Mongrand, (1754-1757) Leypine est un ténement composé de plusieurs parcelles de terre appartenant à plusieurs propriétaires, parmi lesquels des laboureurs et des bourgeois, Messieurs Pontard et Soulhier ». Réf : Mme Raluy - Du paléolithique à l’ère numérique - 2016.

Quelques années après le décès de son père, Sicaire passe contrat de mariage en 1698, référencé aux Archives de la Dordogne sous la cote - 3 E 5266, n°8.

 

26 janvier 1698

Contrat de mariage entre Sicaire Meysensas et Annette Labrue

Le 1er acte notarié concernant Sicaire, 22 ans, (1er contrat de mariage connu dans notre famille), est rédigé le 26 janvier 1698 au village de la Martinie, à la métairie du Seigneur de Montozon, entre Sicaire Meysensas, et Annette Labrue.

La transcription est effectuée par un membre bénévole du site Geneanet en octobre 2014 et respecte la graphie du 17ème siècle.


 

1er feuillet :

« Ce jourd'huy vingt sixiesme du mois de janvier

mil six cent nonante huit au vilage de la

Martinie parroisfe de Lagulhiat de l'Auche en Périgord

et maison de la mestrerie du Seigneur Demontozon et ou

habitte Jean Labrue dit Chalard laboureur par devant moy

notaire royal soussigné et présents le tesmoins bas nommés

ont eftes présents le dit Jean Labrue dit Chalard laboureur

et Sicarie Jassalhiat conjoints et Annette Labrue

leur fille naturelle et légitime les dits Jassailhat et

Annette Labrue mère et fille dumeme authorizees du dit

Jean Labrue leurs mary et père pour l'effet des présentes

tous habitans du dit présent vilage de La Martinie pour eux

et les leurs a ladvenir d'une part et Sicaire Meysensas

laboureur fils naturel et legitime de feu Marsoudou

Meysensas et de Guilhoune Bibaud habitant du lieu de

Leypine prest le bourg du dit Lagulhiat aussy pour luy

et les siens d'autre part par lesquelles parties a este

dut mariage aussi este proparlé par parolle de futur

d'entre le dit Sicaire Meysensas de luy d'une part et de

la dite Annette Labrue d'elle d'autre lequel s'accompliras

s'il plaist a Dieu en fasce de Nostre Sainte Mere Esglize

Catholique apostolique et Romaine toutes fois et quantz

que l'une des dites parties en sera sommée et requize par

l'autre a peyne de tous despans dommages et intérêts

pour supporter les charges du dit futur mariage

les dits Labrue et Jassailhat conjoints ont de leurs

bon gré et libérale volonté conjointement et solidairement

 

2ème feuillet :


constitué comme constituant par les présents a la dite

Annette Labrue leur dite fille future expouze y presente

comme dessus et aceptante scavoir en la somme de

deux cent livres plus un lit garny de coyte et cuissin

depl(...) sans estre garny de plume plus un tour de lit

avec ses franges et coutures de toile de boyradis une

couverture de sarge de vilage grize, deux plats et une

assiette d'estain  moyens, six linceuls scavoir cinq d'estoupe

grosses et un de boyradis deux napes scavoir une de

boyradis et l'autre d'estoupes grosses pl(...) de la longueur

chacune de deux aulnes, une douzene de f(...) de

boyradis triolées, un coffre ferré ferman a clef

de bois de noyer fait en menuizerie de la contenance de

huit boissaux de bled ou environ, le tout neuf

plus la somme de cinq livres pour avoir un chalit

et aussi la somme de six livres pour avoir de la

plume le tout pour tous les droitz et pretantions

que la dite future expouze pouvoit avoir et

pretandre sur les biens de ses père et mère et

payable la susdite somme de deux cent livres susdits

meubles effet et susdite sommes pour avoir le dit

chalit en plume scavoir la somme de cent cinquante

livres dans un an prochain venant a contre du jour

et d'acte de présents et les susdits meubles effet et susdite

sommes de cinq livres d'un costé et six livres d'autre

pour avoir le dit chalit et la dite plume le jour de la

bénédiction nuptialle et la somme de cinquante livres

restants dans un autre an après le dit jour et d'acte

des présents qui sera dans deux ans le tout sans

 

3ème feuillet :

donner interest qu'a deffaud du payement de ses pactions

a peyne de tous despans dommages et intérêts

recepvant laquelle constitution des susdites sommes et

susdits meubles et effets le dit Meysensas après la

réception du tout l'assignera sur tous de chasuns

ses biens meubles y meubles présents et advenir comme

demeuré assisgné des a présent (...) et

demeureront ces dits futurs expoux entre eux associes

moytié meubles et acquets qu'ils fairront pendant et

constant leutr dit futur mariage desquels acquets ils ne

pourront dispozer qu'en fabveur des enffants ou filhes

qui proviendront d'yceluy pacte acordé entre ces dits

parties que cas advenant le depces dudit Meysensas

futur expoux avant la dite Labrue sa future

expouze auquel cas elle gaignera sur les biens d'yceluy

par droits du sole et agensement la somme de soixante

livres et au contraire cas advenant le depces

de ladite Labrue future expouze avant le dit Meysensas

son futur expoux auquel cas il gaignera sur les biens

d'ycelle par mesme droit du sole et agensement la

somme de trente livres et pour l'entretien

de tout ce que dessus les dites parties ont obligé et

hypothéqué tout et chasuns leurs biens meubles

ymeubles présents et advenir et ont renoncé aux

ren(...) a ce contraires et de leurs vouloir et du

consentement ont estés condampnes? soussigne Lefel

Royal en présences de Coulaud Bouleibe laboureur

habitant dudit present vilage de la Martinie et de

 

4ème feuillet :

Francois Desmaisons aussy laboureur habitant du vilage

de Sirieys, Letout habitant la paroisse de Lagulhiac

qui nomé signé ny pour ne scavoir

de enquis par moy Reynaud Notaire Royal


En marge : contrôlé au tribunal - fol II n.b. à Saint-Astier - Ce 1er février 1698 - J Bonhomme Notaire Royal

 

Contenu de l’acte :

On retrouve les anciennes « tournures » du 17ème siècle et leurs orthographes approximatives, cependant on saisit le sens général du texte en français moderne.

L’acte est rédigé durant l’hiver 1698, au mois de janvier, période de faible activité agricole, à la métairie située au lieu-dit « Martinie » l’une des 5 métairies appartenant au Seigneur de Montauzon, à « Laguilhat ».

Quelques décennies plus tard, en 1740, une seule métairie, appartenant aux héritiers de Monsieur de Montauzon, entretenue par Jean Bouyer, est taillable à hauteur de 7,1 livres. Elle se compose de 12 journaux de terre, 2 journaux de vignes, 1 journal de bois, 1 journal de pré.

Les Dames de la Visitation et Jean Breton, propriétaires habitant Périgueux, possèdent les deux autres métairies de la Martinie, pour une taille respectivement de 14 et 10,10 livres.

Lors de la vente des biens des Dames de la Visitation, en 1789, la métairie de la Martinie est évaluée à 18 900 livres, pour un revenu de 450 livres.

Jean Labrue dit Chalard, laboureur, habite avec sa famille à Martinie.

Sicaire Meysensas, futur époux, est laboureur domicilié à Leypine.

Les futurs mariés convolent pour la première fois et sont légitimes et naturels. Le père de Sicaire, Marsoudou est décédé. Annette est sans emploi ou sa profession est tue comme souvent. 

 

L’origine géographique des futurs époux :

Leypine se situe à 2 km 300 de Martinie. L’écrasante majorité des contrats dont nous disposons concernent des hommes et des femmes habitants la paroisse de Léguillac de l’Auche.

 

Le choix des conjoints :

Le premier critère est l’endogamie, les jeunes hommes et femmes fréquentent les mêmes lieux, fêtes locales, activités agricoles et artisanales, vie religieuse. C’est donc sur la paroisse que les jeunes gens se rencontrent.

Le deuxième critère, l’homogamie, permet aux jeunes et leurs familles de choisir leur conjoint dans un même milieu social. Le père de la mariée est laboureur, Sicaire le futur marié est aussi laboureur comme Martial dit Marsoudou, son père.

 

La dot ou « le prix de l’exclusion des terres »

Très longtemps la dot exclut presque totalement les filles de la succession et leur accorde un minimum forfaitaire. « le tout pour tous les droitz et pretantions que la dite future expouze pouvoit avoir et pretandre sur les biens de ses père et mère ».

En 1791 l’exclusion des enfants dotés disparait et les renonciations à l’héritage mentionnées dans les contrats de mariage sont supprimées en 1793 ; la coutume dotale perdure cependant jusque dans le courant du 19ème siècle et disparait peu à peu après 1850. Dans les années 1930, seules les filles de familles bourgeoises sont encore dotées.

Le paysan ne consent à la dot qu’avec ressentiment,  il suffit de lire les proverbes traditionnels « le bon vient quand naît le garçon, le bien s’en va quand naît la fille ».

Ainsi la dot « machine à déshériter les femmes » laisse la part belle à l’ainé, héritier du domaine, car bien ancré dans la mentalité paysanne, la transmission de l’exploitation doit se faire sans morcellement.

En Périgord la dot est régie par le droit coutumier.

L’argent liquide est rare dans la société paysanne : « les dits Jassaillaht et Labrue, de bon gré et libérale volonté, conjointement et solidairement constitué la somme de 200 livres …. ».

La dot d’Annette est composée de sommes d’argent et de biens matériels :

1)      Une somme de 200 livres dont 150 livres versée dans un an à compter du 26 janvier 1698 et 50 livres versées dans deux ans.

2)      Une somme de 5 livres pour l’achat d’un châlit et 6 livres pour obtenir de la plume, versée le jour de la bénédiction nuptiale.

3)      Un lit garni de plume.

4)      Un coussin sans plume.

5)      Un tour de lit frangé avec couverture de toile de « boyradis ». Le boyradis est un tissu de chanvre mêlant fils d’étoupes et fils de brins.

6)      Une couverture de sarge grise, tissu fin peut-être de laine.

7)      Deux plats en étain moyen.

8)      Une assiette en étain moyen.

9)      Six linceuls (draps) dont cinq en étoupe (tissu grossier fait de chanvre) et un en boyradis.

10)   Deux nappes, une en boyradis et une en étoupe, chacune de deux aulnes (2m40).

11)   Une douzaine de boyradis.

12)   Un coffre ferré fermant à clef en bois de noyer pouvant contenir huit boisseaux de blé soit 240 litres, mesure de Périgueux. Le coffre apparait vers 1610 dans les dots.

 

Quelques éléments de la dot :

 

Les parents de Sicaire

Martial dit Marsoudou est laboureur décédé avant 1698, sa mère Guillonne Bibaud teste le 20 septembre 1709 chez le notaire Reynaud - voir ci-dessous.

Le mariage de Sicaire se déroule trois mois après la signature du contrat de mariage chez le notaire Reynaud. Référence du mariage - Archives de Périgueux (1681 - 1735) page 111/ 259.

Les témoins Jean Labrue dit Chalard, laboureur et père de la mariée, Pierre Dutard, Linard, Martial Linard, Marie Meysensas, Marie Chabanat, Blaise Pecou, époux de Mariotte, sœur de l’époux, François Lacroix, époux d’Anne, sœur de l’époux, ne savent signer.

La famille Janailhat est une famille de sergent royaux habitant la Martinie depuis quelques décennies. L’un des leurs, Jean, sera enseveli dans l’église paroissiale en 1625.

Sicaire se marie, le 14 avril 1698 avec Anne Labrue, fille de Jean Labrue dit Chalard et Sicarie Janailhat habitants le village de la Martinie, le curé Le Beau leur donne la bénédiction nuptiale.


Le couple met au monde 3 enfants :

Jean, né en 1706, il se marie le 25 septembre 1733 avec Thoinette Neyssensas, fille de Jacques Neyssensas, voiturier, et de Lucie Delubriac tous deux habitant Tamarelle.

Catherine, née en 1711, elle marie le 25 septembre 1733 avec Jacques Neyssensas de Tamarelle, frère de Thoinette.

François dit Francillou né en 1720. Il décède en 1765.  Réf Mr Philippe Lagorce - Généanet

11 ans après son mariage, Sicaire, 33 ans, prend connaissance des dernières volontés de sa mère.



 

 

20 septembre 1709

Testament de Guilhoune Bibaud

Le testament du 20 septembre 1709 est reçu par le notaire Reynaud, notaire à Léguillac-de-l'Auche (AD Dordogne - 3E 5266 Acte 12) Il est établi sur un papier fiscal avec timbre fixe de la généralité de Bordeaux.


Le papier timbré est un papier tamponné d'un sceau soumis à paiement qui est ensuite utilisé pour enregistrer les actes authentiques, notariés, ou encore les registres paroissiaux regroupant les actes comprenant les baptêmes, mariages et sépultures.

Le timbre doit obligatoirement comporter un symbole royal (fleur de lys et couronne double en « L », en l’honneur des monarques) et une valeur faciale. La valeur faciale est fonction de la dimension des documents à l’intérieur de chaque catégorie d’actes, mais aussi de la matière première des actes (parchemin ou papier). Le papier utilisé, ici, est en parchemin. La taxe s’élève à 4 sols la feuille.

 

Repère historique

Le testament est enregistré quelques semaines après l’appel du roi Louis XIV, l’appel du 12 juin 1709 :

Le royaume, entre crises et conflits de 1700 à 1709, voit sa population s’effondrer de faim, de froid, d’autres mourir sur le front, les frontières du Royaume sont au bord de la rupture !!

Le roi tente un dernier coup politique en s’adressant directement à ses sujets en les consultant sur l’avenir du royaume. Son appel est lu dans chacune des paroisses, devant chaque église, et, alors que la paix semble inaccessible, malgré la disette, une foule immense de volontaires se mobilise…. La fin de la guerre n’interviendra cependant qu’en 1714.

 


 

Extrait de la traduction effectuée le 1er octobre 2022 par M. Françoise de PaléoFGW.

 

« Au nom du pere, du fils et du Sainct

Esprit, amen. Scachent tous quil apartiendra que

aujourdhuy vingtiesme du mois de septembre mille

sept cens neuf, au village de Leypine parroisse de

Laguliac de Lauche en Perigord, environ les deux

heures apres midy et maison de Guilhoune Bibaud

veufve de feu Marsoudou Meysensas dit de la Marcou,

pardevant moy notaire royal soubzsigné et presents les temoins

bas nommés, a esté presente ladite Guilhoune Bibaud

veufve dudit feu Marsoudou Meysensas habitante dudit

present village de Leypine, susdite parroisse de Laguliac.

Laquelle estant au lit, couchée, mal dispozée de sa

personne. »

Afin d’en rendre la lecture la plus aisée possible, l’acte est transcrit en français moderne avec sa ponctuation.

 

« Au nom du père et du fils et du Saint-Esprit, amen.

Sachent tous qu’il appartiendra qu’aujourd’hui, vingtième du mois de septembre 1709, au village de Leypine, paroisse de Laguliac de Lauche, en Périgord, environ les deux heures après midi, Guilhoune Bibaud, veuve de feu Marsoudou Meysensas, dite de « la Marcou » (sa mère se nommait Marguerite dite « la Marcou »), laquelle est au lit couché mal disposée de sa personne. Toutefois, par la grâce de dieu, étant en ses bons sens, mémoire et entendement et considérant qu’il n’y a rien en ce monde si certain que la mort ni rien de plus incertain que l’heure d’icelle et ne voulant décéder ab in testât, (sans avoir testé) a fait et ordonné son dernier et perpétuité testament nuncupatif * extrême et dernière volonté en la forme et manière qui s’en suit.

Premièrement a fait le signe de la Sainte Croix sur elle disant « In nomine patris et filii, et spiritus sancti, amen ».

Et a recommandé son corps et âme à Dieu le créateur et à la benoite Vierge Marie et à tous les Saints et Saintes du paradis. Les priant d’intercéder pour elle auprès de Notre Seigneur Jésus-Christ, ladite Bibaud testatrice, que lorsqu’il aura plu à Dieu séparer l’âme de son corps, son corps être porté et ensevelit au cimetière de l’église paroissiale du bourg de Laguliac de Lauche dans les tombeaux de ses feux prédécesseurs trépassés et qu’il soit appelé à son enterrement et sépulture, deux prêtres, pour prier Dieu pour la sauvegarde de son âme, payables par ses héritiers bas nommés.

Item déclare avoir été mariée ladite testatrice avec ledit feu Marsoudou Meysensas. Et duquel mariage il en est provenu plusieurs enfants et filles et être présentement en nature seulement, Sicaire Meysensas, son fils, et dudit feu Marsoudou, et avoir marié feue Mariote Meysensas son ainée, avec Blaise Pecou menuisier, et feue Anne Meysensas sa seconde fille, avec François Lacroix.

Lesquelles feues Mariotte et Anne Meysensas auraient laissé à elles, survivants, plusieurs enfants ou filles, icelles les représentant et avoir donné en paiement au dit Blaise Pecou en déduction des meubles dus à ladite Mariotte sa femme, les meubles et effets qui s’ensuivent.

Premièrement : le bois pour faire un coffre, une couette neuve, une barrique et un barricou, onze serviettes de brin, plus sept aulnes de brin et un linceul aussi de brin et un autre linceul aussi d’estoupes. Ledit linceul de brin neuf et celui d’estoupes mi usé, plus cinq livres de laine, savoir trois livres filx et deux en rame, plus un plat et une chopine d’étain, plus cinq pintes d’huile, plus un xxx presque neuf tenant dix pintes ou environ, plus un chaxxxx de xxxx.

Et avoir donné au dit Lacroix, aussi, en paiement en même déduction : deux plats d’étain moyens, plus deux serviettes d’estoupes primes, plus un linceul d’estoupes grosses. Et déclare aussi la dite Bibaud, testatrice susdite, quelle est débitrice envers Marion Bibaud sa cousine et envers Léonard Boutier, belle sœur et beau-frère, habitants du Mayne, de cette paroisse, de la somme de vingt-quatre livres qu’ils lui ont prêtée il y a huit ou neuf ans.

Plus déclare avoir aussi emprunté il y a deux ans passés du nommé Léonard Veyssière dit de Leyliane demeurant lors au moulin de Razac, la quantité de cinq boisseaux de mesture (méteil), a raison de trente sols le boisseau, montant sept livres dix sols. (Plusieurs générations de Veyssiere, meuniers se succèdent au moulin de Razac entre 1670 et 1793)

Lesquelles susdites de vingt-quatre livres d’un côté et sept livres d’autre, ladite testatrice veut et entend être payée aux susnommés et aux leurs, incontinent après son décès, sur ses biens, par ses héritiers bas nommés.

Item, donne et lègue la dite Bibaud, testatrice susdite, au dit Sicaire Meysensas son dit fils :

La somme de cinquante livres qu’elle s’était réservée sur ses biens, par les contrats de mariages de ses dites filles, ensemble les autres droits et prétentions a elle obtenus par le décès de feu autre Mariotte Meysensas, sa fille la plus jeune, qui n’avait pas été mariée, comme aussi les fruits et revenus de ses biens, la présente année.

Voulant et entendant ladite testatrice que ledit Sicaire Meysensas, son dit fils, ait à jouir et disposer, après le décès de ladite testatrice, comme de son bien et chose propre, sans que ses autres héritiers n’y puissent rien avoir n’y prétendre.

Et au résidu de tous et chacun ses autres biens, tant meubles qu’immeubles présent et à venir, la dite Bibaud, testatrice sus dite, a fait, créé, institué et de sa propre bouche nommé ses héritiers universels, savoir, le dit Sicaire Meysensas, son dit fils, pour un tiers, outre et par-dessus le sus dit légat, les enfants et filles de la dite feue Mariote Meysensas mariée avec le dit Blaise Pecou pour un autre tiers, et les enfants et filles de la dite feue Anne Meysensas mariée avec le dit François Lacroix, pour un autre tiers.

Par lesquels veut et entend ses dettes et dégâts être payés et accomplis. Et avec ce, la dite Bibaud, testatrice sus dite, a dit et déclaré :

Le présent testament être son dernier et perpétuel testament nuncupatif, extrême et dernière volonté, en la forme sus dite et a cassé, révoqué et annulé tous autres testaments, codicilles ou donations qu’elle pourrait avoir si devant fait.

Voulant et entendant que le présent testament soit le sien dernier et qu’il soit de son plein et entier effet, suivant sa forme et teneur, et qu’il vaille par forme de testament, codicille ou donation, ou autrement en la meilleure forme que de droit pourra.

Et a requis à moi dit, notaire, lui vouloir rédiger son présent testament par écrit, que lui ait concédé, sous le sel royal, en présence de Jean Lavignac, marchand habitant de la ville de Saint-Astier, Jean Pecou dit Landrieu, Jean Rapnouilh dit Vieux, Etienne Chabannas et Guillaume Garrau, laboureurs, tous habitants de bourg du dit Laguliac de Lauche, témoins connus.

Le dit Lavignac a signé et non la dite Bibaud, testatrice sus dite, ni les dits Pecou, Rapnouilh, Chabannas et Garrau, autres témoins sus dits, pour ne savoir, de ces interpellés par moi.

Plus un coffre de bois de noyer fait en menuiserie, de la contenance d’une charge de bled ou environ, neuf, sans être ferré.

Signatures : Lavignac présent, Reynaud notaire royal.

* Nuncupatif : testament solennel réalisé in extremis, à « l’oral et de vive voix », par simple déclaration de nature testamentaire, devant témoins, avant d'être établi par écrit, plus tard, après le décès.

 

Un conflit

Le 15 mai 1713, oppose Sicaire dit « garçon », 37 ans, à Messire Pierre d'Abzac de la Douze, seigneur prieur commendataire du prieuré de La Faye depuis sans doute 1685, litige portant sur un bornage de terres - réf B1064. Il s’agit de la première mention du surnom de Sicaire, « garçon ». Hélas la conclusion du litige n’est pas parvenue jusqu’à nous.

 

Un prieur habitué des procédures :

1692. - Procédures criminelles à la requête de parties civiles. – « Messire Pierre d'Abzac abbé de La douze et prieur commendataire du prieuré de Lafaye, situé dans la paroisse de Léguilhac-de-Lauche et y habitant, se plaint de ce que depuis quelques mois les habitants des villages du Chalard, de la Chabanne et de Chignac, sis dans les paroisses de Mensignac et de Beaulieu, qui sont voisins de la forêt de Lafaye, vont y commettre des dégâts considérables, y coupent beaucoup d'arbres par le pied, chênes et châtaigniers, en ébranchent d'autres, emportent beaucoup « de bois de brasse » et des fagots de chêne. Le plaignant veut avoir réparation d'un si grand préjudice ».

En 1742, « Guillaume Saunier, prêtre, vicaire perpétuel de la paroisse de Léguillac-de-Lauche, et en conflit pour les dimes novales avec Pierre d'Abzac de Ladouze, seigneur prieur de La Faye, et gros décimateur de ladite paroisse de Léguillac ».

1744-1750. - Sentences civiles et criminelles condamnant : « Jeantou Pontard et Jacques Lamy à payer solidairement à messire Pierre d'Abzac de Ladouze, seigneur abbé, prieur commendataire du prieuré de Lafaye, les arrérages de la rente due sur le tènement appelé du Puy du Tirat, en la paroisse de Mensignac ».

Les actes notariés, décrits ci-dessous, vont permettre de découvrir l’origine sociale de Sicaire Meysensas, et par quels moyens Sicaire tirait parti de son travail, par extension, d’imaginer pour une époque donnée, dans quel type de bâti vernaculaire Sicaire et les membres de sa famille vécurent.

 

Repère historique

En 1730, le deuxième acte notarié concernant Sicaire est enregistré huit années après le sacre de Louis XV, dit « le Bien-Aimé », arrière-petit-fils de Louis XIV. Il lui succède à l’âge de 5 ans sous la régence de Philippe d'Orléans, neveu du roi défunt, et ce, jusqu'en 1723.

Louis XV est sacré à Reims le 25 octobre 1722 et demeurera roi jusqu’en 1774.

Le troisième acte notarié, en 1748, est enregistré en pleine période de disette.

Remerciements à Messieurs B. Bardon et P. Lagorce qui m’ont communiqué ces deux actes.

 

 

1730 - Afferme ou bail de ferme

Entre Sicaire Meysensas dit « Garçon », 54 ans, et François Lacroix

 

Traduction effectuée en mai 2022 par Monsieur Sandy M. Françoise membre de France Gen Web, Paléo FGW, référencé aux Archives du Périgord, 3e14274 - 581.

 

Définition de l’affermage

L'affermage est un contrat par lequel les propriétaires, François Lacroix et fils, bailleurs d'un bien sis au Tabac, paroisse de Léguillac de l’Auche, en confient l'exploitation à un fermier, Sicaire Meysensas, 54 ans. Sicaire tire sa rémunération du produit de la ferme et verse à François Lacroix, un fermage d’un montant de vingt une livre annuellement pendant huit années. Le loyer est ferme et indépendant du résultat d'exploitation ; l'affermage représente donc un bail plus risqué que le métayage.

D’autre part, François Lacroix confie à Sicaire le soin de régulariser ses dettes directement à ses créanciers, Pierre Laronze dit Guarramond du village de la Martinie et Jean Serre dit Barbazar, laboureur à bras et journalier habitant Montanceix.

Les Lacroix ont déjà confié en 1729 une autre partie de leurs biens, maison, grange, ayzine, jardin, dépendances, terres et vignes dans le bourg, en affermage pour une durée de 5 années à Pierre Soullier et autre Jean Meysensas, laboureurs, habitants du bourg de Léguillac de l’Auche.

On note que le fermier Soullier appose sa signature au bas de l’acte.

 

 

 

Les protagonistes

Sicaire Meysensas dit « Garçon ».

Jean Meysensas, dit « de Marot », ou « Jeandillou », fils de Marot Meysensas, tisserand aux Tabacs, décédé en 1684 - voir acte dans rubrique « les plus anciens actes notariés : 1684 à 1703 ».

Marot « teste environ les dix heures du matin en sa maison, lequel est couché, mal disposé ».

En 1696, le notaire se déplace en la maison d’un autre Jean Meysensas, pour y rédiger un contrat de mariage, « au lieu-dit les Tabas près du bourg » - réf Françoise Raluy.

A la même époque on rencontre un autre Marot Meysensas, laboureur, né à Annesse, habitant des Mailloques, marié le 12 février 1675 à Saint-Léon sur l’Isle avec Sicaire Boisset, habitante de Puypinsou à Saint-Léon sur l’Isle. Le couple, de confession protestante habite Léguillac de l’Auche lors de la naissance d’un de leur enfant, Pierre, en mars 1692 : parrain et marraine, Pierre Micard, bourgeois de Périgueux et Monde Rondet, damoiselle.

François Lacroix, tailleur, originaire d’Annesse, se marie avec Anne Meysensas le 25 février 1686 à Léguillac de l’Auche. Anne est sœur de Sicaire, et autres frères et sœurs, Martial, Marcou, Marie et Mariotte Meysensas (née le 17 mars 1669).

François Lacroix, en 1730, habite Montanceix. Le 10 décembre 1703, lors d’une vendition entre Gilhou Neysensas dit Valet et Pierre Simon, est témoin, François Lacroix, tailleur d’habit, habitant le lieu des Tabacs qui ne sait signer.

Pierre Laronze se marie le 10 janvier 1684 avec Catherine Labrue, fille de Jean Labrue dit Guarramond et Sicarie Janailhat du village de la Martinie, beau-frère de Sicaire dit « garçon «.

Jean Serre, dit Barbazar, laboureur à bras et journalier, habite la paroisse de Montanceix. Jean se marie avec Marguerite Lacroix, Montremoise comme Jean, le 17 octobre 1729. Marguerite est fille de François Lacroix et Anne Meysensas. Jean Serre est mari de la nièce de Sicaire dit « garçon «.

Geoffroy Petit, sieur de Lagrange, né le 21 mai 1675 à Montrem. Geoffroy Petit se marie le 10 janvier 1708 avec Jeanne Lacueille. Le couple donnera naissance à 5 enfants. Le notaire Petit décède à l’âge de 82 ans, le 13 octobre 1757 en présence de Sicaire Meysensas, autre Sicaire, marguillier de Montrem.

Hélie Petit, sieur de Lagrange, praticien et témoin, frère de Geoffroy. Il est époux de Françoise Garreau et habite Montrem. Hélie décède en 1775 dans le village.

Jean De Puyjeanne, est laboureur, praticien, témoin, habitant du lieu du Fleix à Montrem, marié à Saint-Léon sur l’Isle avec Marie Labrue.


Traduction

La traduction conserve l’écriture du milieu du 18ème siècle.


« Ce jourd huy vingt sixiesme aoust mille sept cents trante après midy, au lieu de Montanceix juridiction dudit lieu, paroisse de Montrem en Perigord, et dans la maison du notaire royal soubzsigné, pardevant icelluy, presents les tesmoins sy après nommés, ont estés présents François et auttre François Lacroix, père et fils tailleur d’habitz.

Le dit François le jeune fils bien et dhuement authorizé dudit auttre Francois Lacroix son père pour la vallidité des présentes - habitants dudit present lieu,

Lesquelz de leur liberalle vollonté ont conjointement baillé a titre de ferme, pour le temps espace de huit années et huit cuilletés concecutifves quy coumanseront par la recolte prochaine de lannée mille sept cents trente un et les sept suyvantes, a Sycary Meysensas, dit Guarsson, laboureur a bras, habitant du dit lieu de Leypine, paroisse de Laguillac de l'Auche, present et acceptant.

Scavoir est tous les biens quy peuvent compter et apartenir ausdits Lacroix pere et filz dans le lieu appelé du Tabat et en la dite parroisse de Laguillac, ainssin quilz sont exploités par Jean Meysensas dit de Marot, en callité de fermiers desdits Lacroix.

Lesquelz biens, le dit Meysensas dit Guarson a dit le tout très bien savoir, concistant en une petite maison basse et une petite grange, bastimentz, aire, jardin, terres et auttres heritages, lesdits bastiment assez bien couver.

Cependent ayant a dire dun cotte environ un cent de tailles, les terres estant en ratoubles ou sebmées de gros bled despaigne, dans lesquelz biens ny ayant aucunes sebmances.

Laditte afferme a esté faite pour une chascune dicelles huit années, moyenent le prix et somme de vingt une livres.

Et pour le payement du prix desdits huit années quy revient a la somme de cent soixante huit livres, lesdits Lacroix pere et filz ont indiqué et chargé le dit Meysensas dit Guarson de icelle bailler et payer a leur aquis et descharge a leur creantier, savoir : a Pierre Laronze dit Guarramond, laboureur habitant du lieu et mesterie apellée de Sirieix*, parroisse susdite de Laguillac, lequel est issy present.

Auquel cest trouvé luy estre dheu par les dits Lacroix la somme de cent trante livres,  savoir : en capital celle de cent dix livres ainssin quil est porté au contrat de transaction portant obliguation de la dite somme de cent dix livres en faveur dudit Laronze, consantie pour lesdits Lacroix, en dacte du neufiesme aoust mille sept cents vingt-sept, signée Reynaud notaire royal, raporté duement controllé suyvant lordonnance : seize livres dix solz pour les interez de trois ans ; et trois livres dix solz pour les fraiz dune sommation faite au requis dudit Laronze auxdits Lacroix en dacte du dix neuf du present mois daoust, signé Dupuy sergent royal, raporté, controllé suyvant lordonnance.

Revenent lesdites sommes a la susdite de cent trante livres. De laquelle somme, le dit Laronze declare ce comptanter tant pour linteret que capitail pourveu que le payement dicelluy luy soit fait pendent lesdites huit années.

Laquelle somme le dit Guarsson promest de icelle bailler et payerer au dit Laronze onc aux siens annuellement sur le prix desdits revenus de la dite presante afferme, pourveu que lon luy lesse la libre pocession et jouissance desdits revenus penden lesdites huit années sans luy causer de troubles.

Et soblige moyenant la libre pocession den raporter quittance de la dite somme de cents trente livres dudit Laronze.

Lequel a renoncé a tous interés dicelle, pourveu quil aye son payement dans le dit dellay de huit années.

Et a deffaud de payemant ce reserve de reprandre la poursuite et ses priorités et privilleges dhipoteque sur les biens desdits Lacroix.

Et lors du final payement, remettrat coppie dudit contrat portant obliguation de la dite somme de cent dix livres contre lesdits Lacroix et auttres actes a ce subjet.

Comme aussy lesdits Lacroix ont aussy pareillement chargé et indiqué au dit Meysensas dit Guarson a payer à leur aquis et descharge a Jean Serre dit Barbazar et Marguerite Lacroix conjointz, gendre et fille dudit Lacroix, par le dit Serre yssy présent et habitant dudit present lieu.

Lequel declare accepter la dite deleguation ques de la somme de trante livres. Laquelle somme le dit Guarson promest et soblige d icelle bailler et payer ausdits Serre et Lacroix conjointz, dans le jour et faite de Notre Dame de septanbre prochain venant, a paine de tous despans, dommages, interès, provenent icelle a cause et pour raison de partie et en desduction des droitz dotaux de la dite Marguerite Lacroix.

De laquelle le dit Guarson en raporterat quittans ausdits Lacroix.

Et pour le restans du prix entier desdits revenus affermés et desdites huit années quest la somme de huit livres, lesdits Lacroix en ont fait grais gratuitement, quitté le dit Guarson a raison desdits charges quil cest chargé de les acquitter desdits payements.

Moyenent quoy lesdits Lacroix pere et filz seront tenus comme sobligent solliderement et conjointement lun pour lauttre et du seul pour le tout et ont renoncé au benefice dordre, division et discution de personnes et biens, de faire jouir paisiblement le dit Guarson et luy faire cesser tous troubles generallement quelconques pendens lesdites huit années.

Et serat tenu le dit Guarsson de payer tailles et ranthes quy seront dhues sur lesdits biens penden lesdites huit années.

Et en cas quil arrive des cas fortuis sur quelque année en dommage, lesdits Lacroix seront tenus de ayder au dit Guarson du dommage dicelle année, a dire despert que les parties conviendront

Et en temps que de droit, lesserat le dit Guarson lesdits biens au mesme estat quilz sont a present, ny ayant aucune paille serrée dans lesdits biens, ayant dans la grange trante deux tables de chaitaigniers et auttres bois de peu de valleur, la maison plaine de tables jointes, ferment tant la dite maison que grange a clef ; gouvernerat lesdits biens en bon paire de famille sans y causer de despopullation ny de deterrioration, pourrat prendre des curages pour service, sans quil puisse couper ny ecrisser aucun arbre sans la permission desdits Lacroix.

Le tout a esté ainssin stipullé et acepté par lesdits parties quy ont promis le tout tenir et entretenir et ne venir au contraire, aux susdites peynes, qua lentretenement ilz ont respectivement obligé et hipotequé tous et checuns leurs biens presents et advenir et ont renoncé a toutes exeptions a ses presantes contraires, a quoy faire et de leurs voulloirs et consantement ont estés jugés et condanpnés soubs le seel royal.

Fait et presances de Hélie Petit et Jean Depuisane, praticien, habitantz dudit present lieu, temoins cognus quy ont signé et non lesdites parties pour ne savoir, de ce enquis par moy ».

Signatures En marge

Bail de ferme pour 8 années et pour ... ... 21 lt.

Fait par Francois et autre François Lacroix a Sycary Meysensas dit Guarson du 27 aoust 1730.

 

Ratouble : le ratouble est le long chaume laissé sur pied pendant quelque temps après la récolte jusqu’à ce que les herbes sauvages aient pris une assez grande croissance ; il est fauché ensuite près de la terre avec ses herbes et rentré pour servir de fourrage d’hiver. Mémoires d'agriculture, d'économie rurale et domestique - 1827

Cuilleté : cueillette

 

La métairie de Sirieix appartient à Dominique de Montozon et se compose de deux paires de bœufs ; on sème froment et autres menus grains, le tout estimé à 16000 livres en 1737.

Les biens des Lacroix aux Tabacs se situent à 115 mètres de la fontaine aux Anes et 140 mètres de l’église située au-dessus.


Les temps changent …. 22 ans après, une autre partie de la famille Lacroix est miséreuse, « le 11 juin 1752, les frères Pierre et Jean Lacroix et leur père François déclarent qu’étant métayers du sieur Bretou au lieu de Martinie n’ayant rien pour vivre qu’ils auront eu recours à Maître François Pontard…. Pour le paiement de laquelle somme…… ils vendent une pièce de terre au lieu de Tabac ».

Quelques années, plus tard, la situation des Lacroix ne s’est pas améliorée, le 14 avril 1778, l’épouse de Pierre Lacroix de Sireix, Anne Linard, « supplie humblement le juge ordinaire de Léguillac de l’Auche, de par sa triste situation, son marie et ses quatre enfants, se trouvent à presque mendier leur pain faute de grain, n’ayant rien pour vivre… ».


 

1748 - la dévolution légale, ou succession « ab intestat » de

Sicaire Meysensas dit « garçon », 72 ans

 

Acte 42 du 2 juin 1748 reçu Geoffroy PETIT, notaire à Montanceix - AD Dordogne 3E 14 277, transmis par Monsieur Ph Lagorce le 23 mai 2022.


Sicaire Meysensas n’ayant pas préparé sa succession, son patrimoine est dévolu selon les règles légales, la succession est dite alors ab intestat.

Sicaire est-il décédé victime de la disette de 1748 ? Les appels à l’aide venus du Périgord incitent l’intendant à distribuer du riz à la population entre 1747 et 1748, mais les paysans vont refuser de consommer une nourriture qu’ils ne connaissent pas.

L’intendant de Guyenne Tourny note : en 1747, les paysans périgourdins ne sont que des « squelettes ambulants » trouvant leur nourriture « dans le son et les herbes ».

Le marquis d'Argenson écrit : « les hommes meurent dru comme mouche de pauvreté et en broutant l’herbe ».

Les biens de Sicaire vont être transmis aux personnes désignées par la loi dans les proportions fixées par la loi. Il s’agit des enfants des défunts Sicaire et Marie Labrue,

François dit Francillou,

Thoinette veuve de Jean,

Et Catherine Meysensas.

L’acte est passé au lieu de Leypine à Léguillac de l’Auche.

« Cejourd’huy segond Juin mil sept cents quarante-huit après midy au lieu apellé de Leypine, paroisse de Laguillac de lauche en Périgord ci au-devant de la maison des hoirs de Sicaire Meysensas dit « garçon », en présence  de François Meysensas dit Francillou, laboureur, habitant du lieu apellé de Longe-Cotte, paroisse de Saint-Astier d’une part, et Thoinette Meysensas, veuve de Jean Meysensas, habitante de la dite présente maison, laquelle agissant en son nom propre que en callité de mère charitable de ses enfens du dit feu  Jean Meysensas sans adopter aucune callité de tutrice, et Catherine Meysensas ».

Les feux Sicaire Meysensas « ab intestat » et Marie Labrue, conjoints étant décédés les biens sont partagés en portions égales entre feu Jean Meysensas, ledit François Meysensas dit Francillou, et Catherine Meysensas.

 

Le premier lot prendra la chambre ou l’on fait le feu qui est du cotté du couchant.

La chambre appentis y joignant dans laquelle on ferme les bestiaux, au lieu de Leypine où la porte de communication de la chambre y joignant demeure au second lot, sera fermée et murée à frais communs. Le mur qui les sépare demeurera en commun.

Ensemble prendra le jardin qui est devant la maison et joignant au grand chemin,

Plus toute la terre appelée du Claud sous le chemin d’Annesse à Laguillac, contenant 25 escats, confrontant la terre du Sieur Bazinette, plus toute la terre au-dessus dudit chemin appelée du Gros Claud contenant 60 escats confrontant au dit chemin au dit Bazinette et de la Meize,

Plus toute la terre appelée du Chenebal située au-dessus de ladite maison, contenant 78 escats confrontant au Grand Chemin et au chemin de ferré du lieu des Biarneix a Laguillac, et les hoirs Teyssier,

Plus le crochet de terre plus bas appelée de Briasse, contenant 50 escats joignant au terrier de Biarney, plus la longère de terre demeurée au second lot,

Plus toute la vigne par entier appelée Darjasou, contenant 65 escats, confrontant aux hoirs de …

Plus toute la Jarrissade située sur la maison et joignant ledit chemin des Biarney contenant 114 escats, confrontant à François Lacroix et au dit chemin du Biarney,

Plus tout le bois Châtaignier appelé des Tabats situé sur le village des Tabats contenant 14 escats, confrontant au dit Pontard et à La Meize.

Le dit présent lot est demeure au dit François Meysensas dit Francillou.

Les autres deux lots second et troisième prendront la grande chambre au fond, aizine qui est au -devant du côté du midy,

Toute la chènevière qui est au-dessus de la dite maison, plus la moitié de la chambre appelée la Veyssière située au dit lieu de Leypine joignant la dite chènevière et l’autre moitié de la chambre appartenant au nommé Petit de Veyssière, plus toute la terre appelée le Crochet qui est au-devant de la maison contenant y compris le dit Crochet, 137 escats, confrontant au dit de La Meyze aux hoirs de Chandillou au dit grand chemin,

Plus prendra toute la terre appelée de Las Petitas située au-delà du pred de la Chabane confrontant au chemin d’Annesse à Mensignac contenant 18 escats,

Plus toute la terre à vigne situé au-dessus de la maison et jardin joignant et par-dessus le dit Grand Chemin contenant 139 escats, confrontant à Anthoine Teyssier et François Lacroix et le chemin des Biarney,

Plus le restant des Crochets de terre appelée de la Briasse contenant 60 escats confrontant au chemin des Biarney joignant au dit Pontard, les hoirs du dit Chandillou plus toute la vigne appelée de la Briasse contenant 68 escats.

Plus toute la Jarrissade et le Chanfroy appelés du Biarney confrontant au domaine des Biarney contenant 45 escats,

Plus tout le bois et vigne part entière appelé au Claud de Marlouty contenant 150 escats,

Plus tout le bois châtaignier et chanfroy appelé au Puy de Faye contenant 57 escats et qui fait crochet, confrontant à Léonard Salesse,

Plus toute la terre par entier appelée de Chez le Chat contenant 153 escats confrontant au grand chemin a l’enclaud de la nommée La Chatte,

Plus toute la vigne appelée au Chagniounet contenant 24 escats confrontant au dit Sieur Ghoumondie,

Plus toute la vigne appelée à la Bautissoune contenant 59 escats confrontant à Reymond Delaguillade gendre du vieux,

Plus tout le bois et la vigne appelé à la Gravas ou il y a des arbres châtaigniers contenant 19 escats confrontant au Sieur Cluzeau,

Plus bois châtaigniers au dit lieu de chez Marlouty contenant 146 escats confrontant au nommé Chapt, plus tout le bois du Puy de Faye joignant La Plante du Sieur Bazinette contenant 30 escats, lesquels biens composant le dit second lot et troisième lot qui demeure à la dite Thoinette Meychenchas tant pour ses droits comme étant comme dit au lieu droit et place de la dite Catherine Meysensas qui comportent la moitié et le restant composant l’autre moitié appartenant à ses enfants dudit feu Jean Meysensas laquelle la dite Thoinette et ses enfants demeurent constante lesquels biens les parties peuvent prendre possession et des biens et dépendances et toutes jouissances à la manière comme bon  leurs semblera et ont déclaré avoir partagé les meubles. Le dit François a déclaré avoir retiré son tier et la dite Thoinette deux tiers.

Les titres et papiers de la maison ont demeuré entre les mains de la dite Thoinette et attestant des rentes dues au seigneur de Puyferrat.

De son feu frère Jean qu’il a gagné dans la « maison de Monsieur l’abbé de La Faye » certains gages et qui lui sont encore dus par le dit Seigneur Abbé lesquels gages la dite Thoinette prétendait que le dit Francillou rapporterait dans la communauté dequoy l’acte nommé que le dit Francillou luy la demeurera le tiers pour en disposer à sa volonté, et les autres deux tiers seront du seigneur abbé de La Faye.

« En présence de Jean Legrand, praticien, habitant du lieu de Lalande paroisse d’Annesse, de Pierre Gadaud aussi praticien, habitant du lieu de Montanceix paroisse de Montrem, témoins qui ont signé et non les parties pour ne scavoir de ce enquis par Moy Petit, notaire Royal ».


Jean Legrand est praticien à Annesse, époux de Françoise Bardon.

Pierre Gadaud, praticien à Coursac, épouse Marie Petit à Montanceix en 1748.

 

Agriculture, alimentation et charges au temps de Sicaire

 

Agriculture et alimentation

En 1901 un état des classes rurales au 18ème siècle dans la généralité de Bordeaux note « ce qui domine de beaucoup dans le nombre de propriétés ce sont les parcelles de moins de moins de 20 ares ». 

 

Terres, vignes, jarrissades et châtaigniers appartenant à Sicaire


L’alimentation de Sicaire est en partie une alimentation de cueillette. Avec trois parcelles de 3863 m2 de châtaigniers, dont une de plus de 20 ares, Sicaire ne devrait pas craindre la disette, d’ailleurs il taille régulièrement ses arbres et codres. Après la cueillette d’automne, le séchage à la fumée, et après les avoir jetées dans le chaudron avec un peu d’eau et de sel, Sicaire et sa petite famille vont pouvoir consommer les châtaignes une partie de l’hiver. L’été, se sera le bled d’Espagne.

« La disette ou l'abondance des châtaignes est le thermomètre du prix des grains en Périgord ». Latapie dans son journal lors de sa seconde tournée générale en 1782. La châtaigne, principal aliment, est aussi destinée à la nourriture des bestiaux et des volailles.

Huit parcelles composent les 9808 m2 de terres consacrées à la culture des raves, des haricots ou fèves pour la soupe. Deux seulement dépassent les 20 ares. Les autres parcelles ne dépassent pas, en moyenne, les 10 ares.

Lorsque Sicaire fait la croix sur le pain à l’aide de son couteau, il ne s’agit pas du pain comme on l’entend aujourd’hui, mais de pain noir de maïs, (la frottée de pain) et encore sa consommation demeure extrêmement rare, seulement les jours de fêtes. Peut-être Sicaire mange-t-il un peu de cochon sous forme de salé ou de lard, peut-être braconne-t-il un peu à l’occasion. Enfin la famille Meysensas apprécie les fruits de l’été et d’automne, les prunes, cerises, pommes, et ne les vend en aucun cas. On notera l’importance de la consommation d’huile de noix quant aux produits laitiers, ils sont inexistants.

La vigne cultivée par Sicaire représente une surface de 9327 m2, à peine un hectare, soit presque l’équivalent de la surface en terre. Sur les 6 parcelles de vignes, seules deux dépassent les vingt ares, elles doivent suffire exactement à la consommation de la famille Meysensas ; la consommation annuelle de vin, avant la Révolution, s’élève à une centaine de litre par habitant.

Sous l’Ancien régime, un hectare ne donne pas une barrique, la production se situe en dessous de 220 litres pour un revenu d’environ 400 livres l’hectare. Les propriétaires, vers Brantôme, possédant de grandes surfaces peuvent espérer vendre leur production, de qualité supérieure, à destination du Limousin.

Enfin Sicaire exploite 28 ares de jarrissade. Les jarrissades sont des taillis de chênes, le chêne est principalement utilisé, avec sa production de glands, à l’alimentation des animaux domestiques et la fabrication de charpente.

 

Charges

La taille personnelle en 1740 à Léguillac de l’Auche

De l’ensemble des impôts la taille (personnelle ou réelle) est l’impôt rural le plus lourd et le plus impopulaire. La taille personnelle s’élève entre 2 et 4 sols par livre de revenu net, soit le dixième à Périgueux.


Lorsque le bien est affermé à prix d’argent, le montant de la taille est divisé en deux parts égales, l’une incombant au propriétaire, la taille de propriété, l’autre au fermier, nommée taille d’exploitation.

La taille reste le symbole de l’arbitraire de sa répartition et l’abus des privilèges, en effet dans le détail des collectes, les règles d’équités ne sont en général pas respectées. Les collecteurs sont partiaux, ménagent leurs amis. L’intimidation, la corruption, le mensonge, la fraude, et la falsification des rôles sont effectifs par les taillables riches et influents.

L’intendant Tourny écrit en 1744 « la plupart des collecteurs de l’élection de Périgueux sont des gens grossiers et illettrés que ne sachant pas eux-mêmes former leurs rôles s’adressent à des écrivains de campagne qui savent à peine former les lettres, ignorent les règlements…… ».


Voir article « Les Neyssensas en 1740 - taillables du Tiers-Etat »

Jean, fils du « garçon », est parmi les plus pauvres des habitants de Léguillac de l’Auche, et, est 5 fois moins imposés que la moyenne des laboureurs à bras.

Sicaire comme les autres Léguillacois, une fois les redevances envers l’Etat acquittées, et on sait quelles se succèdent sans relâche, est encore redevable de la dîme au gros décimateur de la paroisse qui est aussi seigneur de Léguillac. Sicaire se serait résigné au montant de la dîme si le curé de la paroisse de Léguillac avait perçu une « portion congrue » à la hauteur du service spirituel rendu, c’était loin d’être le cas avec le gros décimateur Pierre d’Abzac de la Douze.

Depuis une loi de 1690, le vicaire perpétuel perçoit une portion congrue d’un minimum de 300 livres tournois auxquels se rajoutent un montant en lien avec les dîmes novales.

Voir le « conflit entre le curé Saulnier et le seigneur d’Abzac de la Douze en 1742 pour une nouvelle répartition des dîmes novales et portion congrue ». Au sujet des dimes novales, ou dimes mobiles, qui attribuent au curé une dîme sur toutes les terres nouvellement cultivées depuis au moins 40 ans, le syndic de Périgueux dit : « Les paroissiens, toujours portés pour leur curé, attestent, contre la vérité, la majeure partie de la paroisse être novale », d’où la difficulté pour le gros décimateur de démontrer les limites exactes de ces novales.

En Guyenne, la propriété ecclésiastique est en général peu importante, la dîme est au contraire beaucoup plus élevée que dans le reste du royaume. Le taux en Périgord, le Bordelais, le Sarladais est estimé au 11ème, 12ème souvent au 13ème. Voir article « la dîme payée par Philibert, Pierre, Bernard Meysensas en 1641 ».

Dîme écrasante surtout lorsqu’elle se prélève non seulement sur les grains d’hiver, blé, seigle, sur le vin, les fruits, mais aussi sur les menus grains, chanvre, lin, sur les fourrages, légumes, sur le bois et sur les bestiaux, au grès des villages. La plupart du temps, cependant, le taux variait selon les différentes récoltes, toujours plus élevé sur le blé et le vin. On le voit aisément, le montant de la dîme par village est d’une évaluation complexe, par exemple, à Eygurande où les seuls fruits décimables sont le blé et le vin.

En 1641, Pierre, Philibert et Bernard Meysensas sont redevables des fruits décimables en « picotins » sur le bled, le froment et l’avoine et la garaube. (Garaube : dans la plaine de Saint-Astier on sème de la jarosse ou garaube qu'on nomme gesse d'Espagne. C'est une très bonne espèce de prairie artificielle et très abondante - Lartigaud - Shap -1980). Le décimateur prélève aussi, au passage, quelques charretées de paille de froment provenant de l’aire de battage !

En 1741, Jeandillou Meysensas est exempté de dîme pour une vigne qu’il possède au Puy, peut-être est-ce dû à la mauvaise qualité de la production, en contrepartie il devra 2 jours de corvée pour le seigneur.

La dîme est prise soit sur place, en quantité de raisin prélevée, soit au pressoir, une partie du vin est alors prélevée par le prieur, lorsque la vendange se termine. Après que le ban des vendanges ait eu lieu, les paysans « doivent » deux jours de corvées au prieur, comme Jeandillou, ou bien payent 8 sols pour deux journées de corvées.

Quelques années plus tard, les Léguillacois Bernard et Jacques Meysensas, signataires des cahiers de doléances en 1789, se prononceront pour une taille réelle car ne pesant que sur la terre, et en cela, épargnant les métayers, les artisans et journaliers non propriétaires, si opprimés là où régnait la taille personnelle.

Quelques mesures anciennes en Périgord, pour le grain, la charge, le boisseau, la poignére, le picotin, pour les surfaces de terre labourable, la quartonnée, l’escat, la picotinée (l’escat à Mussidan correspond à 17,8 m2), pour les tissus, l’aune.

 

Les lieux de vie de Sicaire et Jean dit de Marot,

à Leypine, aux Tabacs, et le bâti vernaculaire

 

Les bâtiments situés à Leypine et aux Tabacs ne sont vraisemblablement pas ceux que Sicaire connu en 1748, mais ceux existant au tout début du 19ème siècle sur le plan cadastral Napoléonien en 1808. Ils furent édifiés avec un usage fréquent de remploi de matériau provenant de constructions du 18ème siècle.


L’habitation de Sicaire se distingue des quelques habitations du bourg, en pierre, appartenant à des personnes de rangs supérieurs.

Du temps de Sicaire, si la pierre de taille reste rare et ne concerne que les chaînes d’angle, les encadrements de baies et la niche d’évier, le bâti est en moellon de calcaire, les moellons étant liés entre eux par un mortier de terre crue ; quant aux murs ils ne dépassent pas les 70 centimètres. Les ouvertures sont rares. Le toit, en rapport avec le statut social, est couvert de chaume, type de couverture utilisé jusqu’au début du 19ème siècle. L’intérieur des plus simples, le sol en terre battue ou avec plancher, une seule cheminée pour le logis, peut-être un évier.

En 1748, la maison basse de Sicaire, sise à Leypine, est composée de 4 pièces : 


« La chambre ou l’on fait le feu qui est du cotté du couchant »,

« La chambre appentis y joignant dans laquelle on ferme les bestiaux »,

« La grande chambre au fond »,

« La chambre appelée la Veyssière et l’autre moitié de la chambre appartenant au nommé Petit de Veyssière » - le registre de la taille en 1740 indique un Sicaire Meysensas dit Laroze.

En 2022 la parcelle mesure 5830 m2 et l’on distingue deux corps principaux d’habitation.

 

Aux « Tabas »

 

 

Les Lacroix possédaient leur habitation aux Tabacs en 1703, propriété mise en affermage en 1730.

Sicaire dit « garçon » puis Jean dit de « Marot » seront fermiers des Lacroix aux Tabacs.

Plan cadastral en couleur transmis par 

Madame Françoise Raluy en 2022

 

Autres Sicaire, aux Tabacs

Sicaire est baptisé par le curé Parade le 5 février 1673, fils de Jehan Meysensas, tisserand, et Mariotte Soulhier. Sicaire des « Tabas » épouse en 1696 Marguerite Barrière de Saint-Germain de S - contrat du 23 février1696 3 E 5266.

Un autre Sicaire, dit Coutou, Coulou ou Boutou ou Boulou, habite les Tabacs en 1740, époux de Jeanne Dalesme - 1 E 81 1740.

Ses héritiers possèdent aux Tabacs, en 1771, une maison, un jardin, et des terres redevables de la rente foncière au prieur de la Faye - 11 J 79.

Rente foncière 11 J 79 1771

Dans le bourg, en 1740, d’autres Sicaire sont redevables de l’impot le plus impopulaire, la taille, d’où la difficulté de définir leur lieu d’habitation précis, les Tabacs, Mondy, ou Leypine, qui ne sont pas désignés sur le relevé car trop proches du bourg :

Ainsi l’on rencontre Sicaire, (il s’agit peut-être Sicaire dit « garçon »), bordier du Sieur Rey, procureur à Périgueux, Sicaire dit Laroze, qui possède deux petites maisons, bordier du Sieur de Fareyrou, Sicaire et Jean, laboureurs à bras pour Guillaume Rondet, rentier dans le bourg.

Sicaire dit « garçon », fut le plus jeune d’une fratrie de 7 enfants, dont 5 filles. Le premier garçon, Martial naquit en 1652 et décéda en bas-âge. Le surnom « garçon » trouve peut-être là son origine, Sicaire étant l’unique garçon du couple Marsaudon et Guillonne.





1685 - Jean Meyssensas, huguenot Léguillacois


Louis XIV révoque l'édit de Nantes en 1685. Promulgué en avril 1598 par Henri IV, l’édit de tolérance accordait des droits de culte, civils et politiques aux protestants et mettait un terme aux guerres de religion qui ravageaient le royaume de France depuis 1562.

Les décennies suivant 1685, la seule source indiquant la présence d’huguenots à Léguillac est constituée par les registres paroissiaux, et, s’ils n’ont pas migré, on peut peut-être retrouver quelques ancêtres protestants. Mais comment identifier ce qui n’est pas officiel pendant plus d’un siècle ?

En effet, les protestants encore présents dans le royaume cherchent, pour la plupart, à se soustraire à ce « catholicisme » forcé.

S’il existe des mentions explicites comme sur l’acte ci-dessous découvert à Saint-Germain du Salembre daté de 1674, il n’en est pas de même sur les registres de Léguillac en 1685.

neycensas neyssensas

Découvrir nos ancêtres huguenots nécessite donc la connaissance puis la détection d’indices, signes, ou expressions codées, que le curé à laissé au fil des registres paroissiaux.

Historiquement, si les sévices infligés envers les protestants débutent bien avant 1685, c’est bien le 18 octobre 1685, date de la révocation de l’Edit de Nantes que la pression sur les protestants s’accentue. 17 compagnies de dragons obtiennent par leurs persécutions une abjuration collective. Des dizaines de temples sont détruits à travers le département. Des centaines d’habitants quittent le Périgord pour l’Allemagne et surtout la Hollande, qui depuis le début du 17ème siècle entretient des liens étroits avec les producteurs de vins du Bergeracois, à travers un réseau de solidarités lié aux relations commerciales

En cette fin de 17ème siècle les protestants de Léguillac vont devoir pratiquer leur culte dans le plus grand secret. Entre l’Edit de Fontainebleau de 1685 et l’Edit de Tolérance de 1787, les protestants entrent dans la période nommée le « Désert » période de clandestinité.

« Défendons à nosdits sujets de la religion réformée de ne plus s'assembler pour faire l'exercice de ladite religion en aucun lieu ou maison particulière, sous quelque prétexte que ce puisse être, même d'exercices réels ou de bailliages, quand bien même lesdits exercices auraient été maintenus par les arrêts de notre conseil. Défendons pareillement à tous seigneurs de quelque condition qu'ils soient de faire l'exercice dans leurs maisons et fiefs de quelque qualité que soient lesdits fiefs, le tout à peine contre tous nosdits sujets, qui feraient ledit exercice, de confiscation de corps et de biens. Enjoignons à tous les ministres de ladite religion qui ne voudraient pas se convertir et embrasser la religion catholique, apostolique et romaine, de sortir de notre royaume et terres de notre obéissance, quinze jours après la publication de notre présent édit, sans y pouvoir séjourner au delà, ni pendant ledit temps de quinzaine n'y faire aucun prêche, exhortation ni autre fonction, à peine des galères ».

Dans son ouvrage consacré à Léguillac, Mme Raluy, page 36, relève la présence de deux couples Meyssensas « protestants».

« A l'égard des enfants qui naîtront de ceux de ladite religion réformée, voulons qu'ils soient dorénavant baptisés par les curés des paroisses. Enjoignons aux pères et mères de les envoyer aux églises à cet effet là à peine de 500 livres d'amende, et de plus grande s'il y échet ; et seront ensuite les enfants élevés en religion Catholique, Apostolique et Romaine, à quoi nous enjoignons bien expressément aux juges des lieux de bien tenir la main ».

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1er couple :

Le concile de Trente prescrit de baptiser le nouveau-né dans les trois jours. Or Marie Meyssensas, fille de Noilhat et d’Annette Martrenchard, est baptisée le 14 octobre 1685, six jours après sa naissance, signe de résistance, et quatre jours avant la signature de l’Edit de Fontainebleau. Sont parrain, Arnaud Soulier et marraine, Marie Laqueuille. Mathieu Meyssensas et Yvan Chabanas sont témoins, marguilliers de la fabrique, tous ne sachant signer.

C’est peut-être bien Mathieu, personnage connu et influent qui incite Noilhat a accepter le « baptême forcé ».

En tout cas, c’est la majorité des protestants qui se converti au tout dernier moment et le plus souvent par la force. « De paroisse en paroisse les troupes font la vendange des âmes à l’été 1685 ». Histoire du Périgord – Privat – 1983.

On note que l’obligation de confier le nouveau-né à l’église dans les plus brefs délais est certainement responsable d’une part de la mortalité infantile hivernale.

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2ème couple :

Trois années plus tard, un indice apparaît sur l’acte de naissance de la petite Mariotte, née le 18 mars 1688, fille de Jean, « bouchier », et de Marie Laceuilhe. Mariotte est déclarée « illégitime ». Les noms de ses père et mère étant mentionnés, cela signifie que la famille est bien de confession protestante.

En 1687, c’est déjà le même Jean, qui vend à Monde Fournier veuve de feu Pierre Rondet, bourgeois de Périgueux, et « habitante du bourg de Laguilhat de l’Auche, tous les bâtiments, ayzines, jardins, et biens à lui appartenant, sis dans le bourg de Laguilhat » acte passé au domicile du notaire Soulhier.

Même si la différence entre catholiques et protestants reste purement liée à la manière d’envisager les pratiques religieuses issues de la foi chrétienne, la vente de l’ensemble des biens de Jean peut-elle être liée à d’autres événements opposant catholiques et protestants ?

Le clergé a-t-il joué un rôle dans l’émergence d’hostilités verbales et physiques ?

Les protestants ont-ils été victimes de l’intolérance vis-à-vis d’une communauté dont les pratiques religieuses étaient différentes des leurs ?

Ou est-ce le souvenir ravivé, de l’intervention violente des troupes du protestant De Chanlost, contre deux ou trois cents cavaliers de Bourdeilles, pour partie réfugiés à l’intérieur de l’église et quelques maisons du village, il y a un peu plus de 30 ans ?

Une spécialiste des Archives du Périgord indique « que ces hypothèses ne tiennent pas car les protestants avaient d'autres moyens pour conserver leurs biens dans l'espoir d'un retour possible ».

D’ailleurs en 1696 un certain Jean est propriétaire au lieu-dit les Tabacs ……. 


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Le 21 octobre 1688, un deuxième couple Meyssensas appartient peut-être lui aussi à la religion réformée, habitant le bourg, l’enfant Jean n’est déclaré que le 4ème jour, on retrouve le patronyme Laceuille comme ci-dessus.

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Le 31 décembre 1688, le procureur Soulhier, habitant du bourg, ne déclare son enfant Louyse que 7 jours après la naissance. Le parrain est le maître-chirurgien Jean Soullier.

Les recherches sur les actes paroissiaux Léguillacois, après la révocation de l’édit de Nantes, concluent à la présence d’un nombre très réduits d’adeptes de la religion huguenote. Aucune abjuration n’est mentionnée au bas du registre paroissial en 1685. Les temples sont détruits, les suspects d’insincérité sont surveillés par les voisins, ou le curé.

Ne « sachant signer » la plupart des paysans restent à l’écart des idées nouvelles, ne pouvant se passer des rituels de l’église catholique sans lesquels il ne semble pas pouvoir y avoir de pratique religieuse. Et pourtant, peu à peu, en suivant les vallées, la religion réformée avait séduit quelques riches bourgeois comme le procureur Soulhier, quelques artisans et petits commerçants, comme le boucher Jean Meyssensas, tous épris de nouvelles libertés…..
 
 

Léguillac de l'Auche - Actes notariés depuis  1626

0)         Donation de Guillauma Meyssensas à son neveu Pierre - 11 février 1626

1)         Testament de Pierre Meyssensas dit Grand Pierre - laboureur à bras - 9 juillet 1684

2)         Testament de Marot Meyssensas - 28 août 1684

3)         Accord entre Jean Meysensas et sa sœur Marguerite portant sur une vente - 28 avril 1687

4)         Vandition pour Monde Fournier veuve de Pierre Rondet  - 15 novembre 1687

5)         Vandition entre Jean Meysensas et Migou Pecou - 9 janvier 1688

6)         Vandition entre Jeandillou Meysensas et Dumastrenchard et Bigaudel - 14 aout 1688

7)         Accord entre Vergnaud, Meysensas et Simonnet - 29 septembre 1688

8)         Contrat de mariage entre Sicaire Meysensas et Antoinette Conche - 4 février 1702

9)       Vandition entre Jean Meysensas dit Preypelou et Pierre Simon - 3 novembre 1703

10)       Vandition entre Girou Meysensas dit Valet et Pierre Simon - 10 décembre 1703




La première démarche du généalogiste consiste à dépouiller minutieusement les registres d'état civil et paroissiaux. Rapidement il s’aperçoit des limites de cette recherche. Incomplets parfois, lorsque le nom de l’épouse, le lieu de vie ou le métier, ne sont pas mentionnés, lorsque les filiations sont délicates par la présence d’homonymies, le généalogiste n’aboutit finalement qu’à la connaissance des dates qui ponctuent l’existence de nos ancêtres.

La deuxième étape, essentielle, qui permet de réfléchir sur l’environnement, les modes de vies, le comportement de nos ancêtres et ajoute ainsi l’humanité absente des actes paroissiaux, est la consultation des minutes notariales d’une grande richesse – série E.

En ce qui concerne les Neyssensas de Léguillac de l’Auche la rédaction des premiers actes notariés débute en 1684 sous la plume du notaire Royal, Reynaud. Un deuxième notaire est en activité de 1666 à 1693, il s’agit du notaire Champeaud, puis Pierre Labat de 1775 à 1806.

Le notaire Royal :

« Agé d’au moins 25 ans, il doit être enfant légitime, de bonne vie et mœurs et bon chrétien dans la religion Catholique Apostolique et Romaine ». Le notaire réalise peu d’actes à son étude, il est itinérant et se rend dans les hameaux de Léguillac de L’Auche ou Mensignac, de préférence le matin très tôt ou tard dans la journée afin de ne pas perturber le travail de la terre.

Le notaire rédige une Minute, original signé par les parties et témoins puis par lui-même. La Grosse, copie de l’acte original, est remise aux parties, les Brèves sont des résumés d’actes. Comme 80% de la population ne « sait ni lire ni écrire » les parties font régulièrement appel au notaire pour authentifier les actes officiels, mariages, donations, testaments, ou « vanditions ».

La loi révolutionnaire du 21 juillet 1791 supprime l’hérédité des charges notariales. Les notaires sont recrutés par concours, leur nombre diminue, et on ne les rencontre plus que dans les gros bourgs et villes, ceux des petits villages disparaissent. Avec l’amélioration des voies de communications ceux sont les administrés qui se rendent dans les offices. En 1979, les notaires ont obligations de déposer leurs archives de plus de cent ans aux archives du département.


Tester sous l’Ancien Régime


 
 
 

1626 - Donation entre Guilhauma et Pierre Meyssensas

 

Guillauma, une femme célibataire singulière

 

Un acte notarié sous le règne de Louis XIII

 

Louis XIII, dit « le Juste », fils d'Henri IV et de Marie de Médicis, né le 27 septembre 1601 au château de Fontainebleau et mort le 14 mai 1643 au château neuf de Saint-Germain-en-Laye, est roi de France et de Navarre de 1610 à 1643.

Son règne, dominé par la personnalité du cardinal de Richelieu, principal ministre d'État, est marqué par l'affaiblissement des protestants, la lutte contre la maison d'Autriche et l'affirmation de la domination militaire française en Europe pendant la guerre de Trente Ans. De son mariage avec l'infante Anne d'Autriche, il a tardivement deux fils : le futur Louis XIV, et Philippe, duc d'Anjou fondateur de la maison Orléans.

Des actes notariés de la famille Meyssensas attestés aux archives de Périgueux :

Aout 1526, le premier acte notarié enregistré à Léguillac nous présente Guillaume Meyssensas, hôtelier au bourg de Léguillac, cent ans après, en février 1626, un deuxième acte notarié concernant Guillauma Meyssensas est enregistré auprès de la Sénéchaussée du Périgord.

En 1539 que l’ordonnance de Villers-Cotterêts soumet toutes les donations à un enregistrement ou insinuation auprès du greffe des juridictions royales puis en 1693 c’est au tour de l’ensemble des actes notariés d’être assujettis à la formalité du contrôle. L’acte traduit en juillet 2022 par France-GenWeb est référencé aux archives de Périgueux en B2-960.

Ainsi l’histoire du Périgord se déroule pendant 100 ans sous les yeux de Guillaume et Guillauma ; entre 1526 et 1626 la campagne Périgordine vit de nombreux désordres. La religion réformée gagne peu à peu les villes, les campagnes sont à l’écart dans un premier temps, les paysans restant attachés au culte des Saints. Après 1560 un état de guerre s’installe. De nombreux paysans endettés rejoignent les villes. La présence d’une ou deux familles Meyssensas sur Périgueux en 1598 est peut-être l’une des explications de cette courte migration.

Puis vient le temps des révoltes paysannes après 30 années de guerre civile. 1595 annonce le début de la rébellion, après 1597 les campagnes retrouvent une certaine sérénité jusqu’à l’assassinat d’Henri IV en 1610. Un soulèvement protestant, à nouveau, se prépare ……

Nos ancêtres Guillauma Meyssensas et son frère Louis dit de Marot sont présents sur les registres paroissiaux dès 1598.

Guillauma est marraine de la petite Guillauma fille de Louis en 1599, du petit Mathieu fils de Louis en 1602. Guillauma n’apparait pas autrement sur les registres paroissiaux qu’en présence de son frère Louis. Louis dit de Marot est parrain du nouveau-né Louis Bibau en 1600.


Evaluons approximativement les dates de naissances des membres de la fratrie à partir des éléments en notre possession. Mathieu dit de Ramonet, autre frère de Guillauma, est témoin en 1618 dans l’affaire Vigier, affaire qui défraya la chronique Léguillacoise entre 1564 et 1629. (Voir article)


Mathieu est laboureur au village d’Armagnac, âgé de 55 ans ce qui par projection le fait naitre en 1563. On peut déduire que Guillauma, Marguerite, ses frères Louis et autre Marot sont nés entre 1550 et 1570 et sont enfants de Marot, mentionné décédé en 1626 lors de la signature de l’acte notarié.

Au tout début du 17ème siècle, les Meyssensas côtoient les Barzac, Rondet et de Linardz, familles de la bourgeoisie rurale de Léguillac, régulièrement cités lors des naissances de membres de la famille Meyssensas d’Armagnac, du bourg ou de Font-Chauvet….

Guillauma Meyssensas ne s’est pas mariée. Lors de la signature de l’acte son neveu Pierre, bénéficiaire de la donation, est âgé d’environ 26 ans, Guillauma d’environ 60 - 70 ans.

La donation consiste en « maison, terre, bois, vignes et autres héritages » sans autre précision, par moitié attribuée à son neveu Pierre. Pierre possède déjà par bail cette moitié. Malheureusement les archives du notaire Rondet ne sont pas parvenues jusqu’à nous et, en conséquence, le détail du bail et des biens cédés.

Le document référencé sur le registre des Insinuations de la Sénéchaussée du Périgord concerne en réalité deux actes notariés, l’un passé le 11 février 1626 au lieu-dit « au Vignaud » vraisemblablement un microtoponyme de la paroisse Léguillacoise aujourd’hui disparu. Nommé « clos » il peut s’agir du nom distinctif d’une propriété rurale peu étendue attenant à la maison d’un petit propriétaire. En 1705 le lieu existe encore attesté par la présence de « Jean Grand seigneur du Vignaud de la paroisse de Lagulhat ». (Série GG)

Le « clos » appartient à Damoiselle Françoise De Laporte (famille originaire du Puy-Saint-Front à Périgueux connue depuis 1200), peut-être descendante de Bertrand de la Porte premier habitant du Puy-Saint-Astier. Un Charles de la Porte écuyer, seigneur de Puyferrat, capitaine de 900 hommes à pied est tué en 1595 lors du soulèvement des Croquants ne laissant qu'un fils de Louise de Grimoard, fille de Jean seigneur de Frateaux et de Françoise de Beaupoil.

Le second acte, qui se trouve être la confirmation de l’acte signé en février 1626 est rédigé le 15 décembre 1626 à Léguillac au domicile du notaire Charles Rondet à Puichaud. Guillauma et son neveu vont devoir se diriger à pied à un peu plus d’un kilomètre du bourg.


L’habitation existe encore ……. Annette Meyssensas, fille de Mathieu vécut au côté du notaire en ce lieu jusqu’à son décès le 10 janvier 1633. Plusieurs prêtres et chanoines assistent la défunte….


 

Puychaud est l’un des lieux les plus anciens de la paroisse de Léguillac cité dans les archives du prieuré en 1321 lors de la vente d’une pièce de terre « à Puychipel ». Une famille de Puychipel est présente à Puychaud depuis au moins le 14ème siècle. Le 28 novembre 1606 la famille de Puychipel est encore présente à Puychaud lors de la naissance de Guirou de Puychipel, fils de Thomas, parrain Guirou de Puychipel avec sa signature au bas.

Les Puychipel sont vraisemblablement les bâtisseurs de l’édifice actuel à la fin 17ème siècle, le pied des murs est légèrement taluté - réf ouvrage Françoise Raluy page 217.

Les Rondet, famille de notaires royaux, investissent la maison après 1610. Les Meyssensas seront présents au côté de Pierre, Charles et Guillaume Rondet tout au long du 17ème et début 18ème siècle.

 

Donatrice, procureurs et témoins

 

Guillauma Meyssensas la donatrice, Pierre son neveu fils de Louys.

Maître Jean Bugeaud procureur es sièges royaux de la ville de Périgueux, procureur de Guillauma.

Maitre Jean de Linards procureur es siège royaux de la ville de Périgueux et y habitant, qualifié de Sieur d’Armagnac, procureur de Pierre.

Maître Jehan Rapnoulh témoin et habitant le bourg de Léguillac.

Charles Rondet notaire, époux d’Anne Meyssensas.

Etienne Vizille dit Tibaideau et Jean Bessarau laboureurs habitants du bourg et témoins qui ne savent signer.

 


Acte de naissance de Jean Barzac du village d’Armagnac en 1625, en présence de Charles Rondet notaire royal, Jean Rampnoulh notaire, Labrue, Chazotte, Langlade notaire royal, Janailhac diacre, Reynaud notaire royal, tous notables et habitants de Léguillac de l’Auche.

 

 

Onzième du mois de février mil six cent vingt et six

 

« Sachent tous qu’il appartiendra qu’aujourd’hui, onzième du mois de février mil six cent vingt et six, avant midi, au lieu appelé au Vignaud près le bourg de Léguillac de l’Auche en Périgord et dans un clos appartenant à Françoise De Laporte, Damoiselle, par devant moi notaire royal soussigné et témoins bas nommés, a été présente,

Guillauma Meyssensas, fille de feu Marot Meyssensas, habitant du faubourg de Léguillac de l’Auche.

 

Laquelle de son bon gré et agréable volonté, non contrainte ni induite en aucune manière par force, ains parce qu’en bien lui a plu et plait pour plusieurs ses grandes causes à ce la mouvant, a donné comme par ces présentes, donné par bonne pure et simple donation faite entre vif, perpétuellement durable et a jamais irrévocable à Pierre Meyssensas son neveu, fils de Louys Meyssensas habitant dudit bourg de Léguillac ici présent, stipulant et acceptant pour lui et les siens, savoir est : la moitié de tous et chacun ses biens tant meubles qu’immeubles présent et à venir quelconques en quoi qu’ils puissent consister situés tant audit bourg de Laguillac que en toute la présente paroisse ou ailleurs en quelle part qu’ils puissent être soit :

Maison, terre, bois, vignes et autres héritages quelconques sans les avoir spécifiés ni déclarés, sans autres choses se réserver ni retenir sur iceux que les usufruits et jouissance d’iceux sa vie durant seulement. Et en cette qualité et à ladite réservation, s’est ladite Guilhauma Meyssensas démise et dévêtue de ladite moitié de tous lesdits biens et de ceux qu’en a investi ledit Pierre Meyssensas son neveu par le bail et la note des présentes.

Se constituant les tenir d’icelui Pierre Meyssensas au nom et titre de précaire jusqu’à ce qu’il en aura pris la réelle possession et jouissance. Promettant la lui garantir et défendre envers et contre tous de tout trouble et empêchement et franche, quitte et immune de tout hypothèque et charges quels qu’ils puissent être, jusqu’au jour présent, à peine de tous dépends dommages et intérêts. Et pour insinuer et valider, requérir et accepter le présent contrat de donation en la cour ordinaire de la présente sénéchaussée où ladite Guilhaume Meyssensas a voulu être insinué pour la plus ample validité.

A cette cause elle a constitué son procureur de sa part, pour icelui requérir : Maître Jehan Bugeaud, et pour icelui accepter de l’autre part, ledit Pierre Meyssensas se constitue son procureur : Maître Jehan De Linard.

Tous deux procureurs es sièges royaux de Périgueux, avec puissance de substituer un ou plusieurs procureurs pour requérir et accepter ladite insinuation et en tenir acte et autrement généralement faire, comme lesdits constituants feront ici présents. Promettant avoir et tenir pour agréable tout ce que par lesdits procureurs ou lesdits substituants sera fait et du tout les en relever indemnes de tous dépens, dommages et intérêts.

Et pour l’entretien de tout ce que dessus, lesdites parties ont obligé et hypothéqué tous et chacun leurs biens présents et advenir et ont renoncé à toutes exceptions et dépens aux présents contraires, moyennant serment par eux faits.

A quoi faire ont été condamnés, sous ledit sceau royal, en présence de Maître Jehan Rapnoulh praticien habitant du lieu de……… audit bourg de Léguillac et Estienne Veyssière dit Tibaideau habitant dudit bourg de Léguillac, témoins.

Ledit Rapnoulh a signé et non les autres pour ne savoir écrire, de ce dument enquis et interpellés. Ainsi signé au pied de l’original des présentes : Rapnoulh

Présent et moi ainsi signé Charles Rondet notaire royal.

 

 

Carte de Belleyme


Pierre de Belleyme sous-ingénieur géographe de Sa Majesté fut chargé dès 1776 de la gravure de planches cartographiant la Guyenne de l’époque en particulier des départements de la Dordogne, Gironde, Landes et Lot-et-Garonne. Il dresse sa première carte détaillée en 1783 et ce jusqu’en 1793. Pierre de Belleyme sera anobli par Louis XVIII pour ses travaux.

Aujourd’hui quinzième du mois de décembre mil six cent vingt et six, après midy, au lieu de Puychaud en la paroisse de Léguillac de L’Auche en Perigord, par-devant et en la maison du notaire royal soussigné et témoins bas nommés, a été présente Guilhauma Meyssensas fille de feu Marot Meyssensas habitant du bourg dudit Léguillac. Laquelle de son bon gré et volonté, en présence de Pierre Meyssensas fils de Louys, son neveu habitant dudit lieu a d’abondant et comme a dit, de nouveau fait,… et constitué son procureur général et spécial : Maître Jehan Bugeaud procureur es sièges royaux de la ville de Périgueux, ici présent et par express, pour requérir l’insinuation du contrat de donation et articles y contenus, par elle ainsi fait en faveur dudit Pierre Meyssensas son neveu, en la cour ordinaire de la présente sénéchaussée, avec les réservations y contenues, comme est porté par le contrat sur ce fait le onzième du mois de février, an présent mil six cent vingt et six, reçu par moi notaire, ce que ledit Meyssensas y présent a accepté.

Et de sa part, constitue son procureur Maître Jehan Delinardz procureur auxdits sièges, pour accepter ladite donation et d’icelle insinuation en tenir acte et autrement, généralement faire comme lesdits constituants feraient si présents ou faire pourraient, j’accuse que mandement plus spécial y fut requis et nécessaire. Promettant avoir et tenir pour agréable tout ce que par lesdits Bugeaud et Linardz ou leurs substituts sera fait.… Et du tout les en relever indemnes, sous l’obligation et l’hypothèque de tous leurs biens présents et advenir, à quoi faire

Ont été condamnés sous ledit sceau royal, et présence d’Estienne Veyssière dit Tibaideau habitant dudit bourg de Laguilhac et Jehan Bessarau laboureur habitant du présent lieu, témoins qui ne se signent, ni lesdits constituants pour ne savoir écrire, de ce dument interpellés par moi, ainsi signé Charles Rondet notaire royal.

Maître Jehan Bugeaud au nom et comme procureur de Guylhauma Meyssenssas et en vertu de sa charge et procuration à ce express a insinué et notifié a tous qu’il appartiendra la donation par elle faite en faveur de Pierre Meyssensas son neveu, des biens contenus par le contrat sur ce fait le onzième février mil et six cent vingt et six, reçu par Rondet notaire royal et les charges et réservations y contenues (en marge : du 15 décembre1626)


 

Laquelle donation, Maitre Jehan de Linardz au nom et comme procureur dudit Pierre Meyssenssas, aussi en vertu de sa charge et procuration a ce express dudit jour quinzième décembre dernier, a acceptée et de sa part insinuée, dont ma requis acte et dudit contrat et procuration, ai laissé copie au greffe ».

 

 

Guillauma, une femme célibataire singulière

 

Les femmes célibataires sont bien moins nombreuses dans la société rurale que dans la société citadine.  Comme les veuves, les femmes célibataires jouissent d’une capacité juridique entière et agissent en leur nom propre. Par ce simple fait elles sont aisément visibles sur les registres de taille et actes notariés. Cependant le cas de Guillauma Meyssensas est un exemple extrêmement rare dans le monde rural car seules les personnes ayant des biens passent devant notaire et cela, d’évidence, concerne avant tout les élites du monde rural.

En ce début de 17ème siècle Guillauma est une femme singulière, pionnière d’un célibat laïc qui s’affranchit socialement, intellectuellement et moralement.

A-t-elle choisi son célibat ? s’est-elle sacrifiée aux intérêts familiaux ? ou les difficultés familiales ont-elles empêchées la réalisation d’une alliance ou d’une dot ? Le célibat de Guillauma ne fut pas un obstacle comme il le fut souvent plongeant les femmes célibataires dans les travaux précaires ou la mendicité. La donation de Guillauma démontre la présence d’un noyau familial important. En effet son neveu Pierre entretient une partie de la propriété de Guillauma et lui apporte ainsi un soutien financier. Contrairement aux autres femmes du village et des hameaux voisins Guillauma n’est point subordonnée à l’ordre patriarcal.

Quel était le statut de Guillauma jusqu’au décès de ses parents ?

Dépendante de sa famille, peut-être domestique en son jeune âge ou travaillant aux champs avec son père Marot.

En tout cas il s’agit de la première femme « Meyssensas » célibataire rencontrée lors de mes recherches familiales.

 

Un acte remarquable en l’an 1626

 


 

Observons l’acte de baptême de Pierre Meyssensas du 2 juin 1626, fils de Gabriel Meyssensas et de Pauline Chabanas, parrain Pierre Rondet fils de Charles, marraine Jeanne Chabanas. Les signataires sont Pierre et Charles Rondet notaires royaux, Chazotte sergent royal, Fournier, peut-être Pierre Fournier maitre chirurgien à Périgueux, époux de Marguerite Conche - un Sicaire Meysensas se marie en 1702 avec Antoinette Conche du hameau de Poude, Conseillaud, curé, et Rampnouilh greffier, assistants du curé Charrière et deux signatures intrigantes.

Charrière : il s’agit vraisemblablement de Jean de Charrière, écuyer, chanoine de l’église de Saint-Astier, décédé le 6 juin 1669. En 1639, Jean de Charrière est mentionné sieur de la Serne, chanoine de l’église de Saint-Astier.

Le curé Charrière officie pour la première fois en fin d’année 1612 assistant le vicaire Arnouldye, premier membre du clergé présent sur les registres paroissiaux de Léguillac en 1598. En 1617, le curé Arnouldye ne dessert plus l’église de Léguillac. Il se déplacera en qualité de prêtre, « par commandement du curé » spécialement le 8 décembre 1620 à Léguillac pour le baptême de Pierre Rondet fils de Charles et Annetou Meyssensas, parrain Pierre Rondet, marraine Marguerite Meyssensas assisté de De Janailhat et Chazotte.

On note particulièrement au bas de l’acte de 1626, et avec étonnement, la présence d’un Jean de Grimoard seigneur de Frateaux, descendant de la maison Grimoard. Les Grimoard, l’une des plus anciennes familles de la province du Périgord, qui pendant près de trois siècles seront héritiers de père en fils du fief de Frateaux à Neuvic, à 18 kilomètres de Léguillac ; de Jean Grimoard I à Guinot en 1523,  de Jean Grimoard II puis son fils dit « de Frateau » qui testa en 1569 au lieu et bourg de Frateau dans lequel il fait son fils Jean III son héritier, futur époux de Françoise de Beaupoil de Saint-Aulaire. En 1600, il passe à François (1575-1658) lequel épouse Lucrèce de Mellet de Fayolle dont le fils Jean IV sera nommé maréchal des camps et armées du roi Louis XIII en 1652 et devient seigneur de Frateau.


 

Johannes de Frasteaux dont la signature apparait au bas de l’acte de baptême de Pierre est vraisemblablement l’un des frères de François fils de Jean III de Frateaux.

 


Une autre signature reste inexplicable, celle d’un A. de Saint-Michel.

S’agit-il de la maison des Penaud qui se qualifient de sieurs de Saint-Michel ? « En 1612, Antoine de Penaud, écuyer, et Annet de Penaud sont coseigneurs de Saint-Michel et du Gravoux ». En 1615, lors de la prise de possession de la Vicomté de Castillon par le duc de Bouillon, le manoir du Gravoux est en possession d'Annet de Penaud, écuyer.

 


Existe-t-il un lien entre les seigneurs de Saint-Michel et du Gravoux avec les d’Abzac de la Douze de Léguillac de l’Auche ?

On note que « la dame de Gravoux et les d’Abzac, par achat ou acquisition de la famille d'Abzac de La Douze pour les cens et rentes hommages en 1620 par le sieur Annet de Penaut, écuyer, seigneur de Saint-Michel du Gravoux ». Réf : archives Bordeaux - 2 MI 1678-1 - juridiction de Montravel.

Si l’on se réfère à la Revue historique du Libournais de 1960, il est noté « Les châteaux de Saint-Michel et du Gravoux vont passer à la famille d'Abzac de La Douze par le mariage de Georges d'Abzac de Ladouze avec Marie de Penaud le 8 janvier 1648 ».


Les parents de Georges d’Abzac sont Pierre II d’Abzac de la Douze et Marie Jay de Beaufort marié en 1612, ors en 1626, date de l’acte qui nous intéresse le prieur de La Faye n’est autre que Bernard de Jay de Beaufort. On retrouve Bernard de Jay et Pierre d’Abzac dans la fameuse histoire Vigier. En 1637, c’est un autre d’Abzac de la Douze qui devient prieur de La Faye en la personne de Jehan.

En tout cas la présence de ces deux signatures de nobles locaux ne s’explique pas au bas de l’acte de baptême d’un Meyssensas si ce n’est peut-être par la présence du notaire royal Rondet et ses liens avec la noblesse locale.

90% des actes d’état civil à cette époque présentent les signatures du curé et parfois celles de notables locaux tels les Rondet, Janailhac ou Rampnouilh et de façon très rares de nobles comme les Testard, d’Aloigny, du But, de Jay ou la Douze. Les deux signatures de nobles au bas de l’acte de baptême de Pierre Meyssensas en 1626 sont réellement intriguantes car les signataires habitent à plus de 15 km de Léguillac et ne sont pas parrains du nouveau né.

 

Deux années plus tard entre 1628 et 1634 le Périgord subit ses dernières flambées de Peste.

 
 
Très peu de nos ancêtres meurent "ab intestat" exception faite de ceux qui décèdent brutalement ou prématurément ou ceux qui règlent leur succession par donation lors du mariage de leurs enfants – voir contrat de mariage entre Sicaire Meysensas et Annette Labruhe en 1698 ci-dessous.

neyssensas neycensas
En 1684, Pierre Meysensas dit Grand Pierre, laboureur a bras à la Font de l’Auche, teste alors qu’il est « au lit couché, malade de son corps », Marot, la même année, est « couché, mal disposé ».

La plupart des testaments sont dits nuncupatifs car déclarés de manière orale par le futur défunt et transcrits par le notaire devant témoins.

Sous l’Ancien Régime le testament est un acte civil mais surtout religieux.

« Et considerant quil ny a rien en ce monde si certain que la mort, ny chose plus incertaine que lheure dycelle et ne voulant deceder abintestat, a fait et ordonné son dernier et perpetuel testement noncupatif, estreme et derniere volonté, en la forme et manière que sensuit ».

Pierre « premièrement, a fait le signe de la Saincte Croix sur luy, disant In nomine patri, filii, spiritus sancti, amen, et a recommandé son corps et ame a Dieu le createur et a la benoicte Vierge Marie et a tous les Sainctz et Sainctes de paradis ».

Le testament révèle la foi de Pierre, catholique, demandant prières et messes pour le salut de son  âme et déterminant le cérémonial de ses funérailles :

« le dit testateur que lors quil aura plu a Dieu separer lame de son corps, sondit corps estre porté et ensevelic au semeintiere de lesglize parochielle du bourg de Lagulhac et tumbeau de ses feux predecesseurs trespassés et que a sa sepulture, octave et fin de lan, il soit appellé et convoqué deux prestres - messe chantant et Dieu priant pour le salup de son ame, payables par son heritiere bas nommée ».

 Pierre déclare son amour à son épouse, et « estre marié par vray et loyal mariage avec Sicarie Deseurens sa bien aymée famme, de laquelle il resoit journellement plusieurs bons et agreables services ».

neyssensas neycensas

Sicarie, usufruitière et tutrice « Et a ladvenir, en recompence desquelz luy donne  et espere recepvra a ladvenir legue tous les esfruitz et jouissances de tous et chascuns ses biens presentz et advenir, meubles, imeubles. Et la crée tutrisse et administraresse de Jane Meysensas leurs filhe ».

Les présents lors de la rédaction du testament de Pierre, dit Grand-Pierre, laboureur à bras, Sicarie Desenrens, usufruitière, Jeanne, fille mineure, Anthoyne Talhefere, clerc, Jean Mignot, tisserand, Jean Balzac, palefrenier de la Dame de Relhiac, et Jean Bouthier, dit Papou, laboureur au lieu-dit les Champs et le notaire, Maître Reynaud.

Pierre réserve à « sadite famme, aye a jouir pendant sa vie de la petite chambre - haut et bas dycelle joignant a la presente maison - et de la moytié du jardin joignant a icelle, du costé de la terre des hoirs* de Jean Talhefere ».

Hoirs : héritiers de.

  

9 juillet 1684

Testament de Pierre Meyssensas dit Grand Pierre - laboureur à bras
 

 
Traduction effectuée par Paléo France Gen Web le 14 novembre 2014 par M. Françoise

« Au nom du père, du fils, du benoict Sainct Sprit, amen. Scaichent tous presentz et advenir que aujourdhuy, neufviesme jour du mois de juillet mil six cent huictante et quatre,au lieu de la Fon de l'Auche parroisse de Mensignac en Perigord, et maison de Pierre Meysensas dit Grand Pierre, laboureur a bras, environ les six heures du matin, pardevant moy notaire royal soubzsigné et present les
tesmoins bas nommés, a esté present ledit Pierre Meysensas dit Grand Pierre, laboureur a bras, habitant dudit present lieu de la Fon de l'Auche. 
 
Lequel est au lit couché, malade de son corps. Toutes fois, par la grace de Dieu, en ses bons sens, memoyre et entendement. Et considerant quil ny a  rien en ce monde si certain que la mort, ny chose plus incertaine que lheure dycelle et ne voulant deceder abintestat, a fait et ordonné son dernier et perpetuel testement noncupatif, estreme et derniere volonté, en la forme et maniere que sensuit. Premierement, a fait le signe de la Saincte Croix sur luy, disant "In nomine patri, filii, spiritus sancti, amen ". Et a recommandé son corps et ame a Dieu le createur et a la benoicte Vierge Marie et a tous les Sainctz et Sainctes de paradis. 
 
Les priant dinterceder pour luy envers Nostre Seigneur Jesus Christ, pour le salup de son ame. Et a vouleu et veut ledit testateur que lors quil aura plu a Dieu separer lame de son corps, sondit corps estre porté et ensevelic au semeintiere de lesglize parochielle du bourg de Lagulhac et tombeau de ses feux predecesseurs trespassés et que a sa sepulture, octave et fin de lan, il soit appellé et convoqué deux prestres - messe chantant et Dieu priant pour le salup de son ame - payables par son heritiere bas nommée. Item, dit et declaire ledit testateur : estre marié par vray et loyal mariage avec Sicarie Deseurens sa bien aymée famme, de laquelle il resoit journellement plusieurs bons et agreables services. Et a ladvenir, en recompence desquelz luy donne  et espere recepvra a ladvenir legue tous les esfruitz et jouissances de tous et chascuns ses biens presentz et advenir, meubles, imeubles. Et la crée tutrisse et administraresse de Jane Meysensas leurs filhe, sans estre daucune rendition de conte (compte), ny prestation de reliquat. En nourisant et entretenant ladite Jeanne Meysensas leursdite filhe. 
 
Et en cas que ladite Deseurens et ladite Jeanne Meysensas leursdite filhe, ne se puissent compatir ensemble, ledit testateur veut et entand que ladite Deseurens sadite famme, aye a jouir pendant sa vie de la petite chambre - haut et bas dycelle joignant a la presente maison - et de la moytié du jardin joignant a icelle, du costé de la terre des hoirs de Jean Talhefere. Et apres le depces de ladite Deseurens, reversible a ladite Jeane Meysensas sadite filhe, son heritiere bas nommée. 
 
Et en tous et chascuns ses biens meubles, imeubles presentz et advenir, ledit testateur a fait, créé, institué et de sa propre bouche nommé son heritiere universelle : ladite Jeanne Meysensas sadite filhe et de ladite Deseurens sadite famme et par laquelle veut et entand ses debtes et leguatz estre payés et accomplis. Et avec ce, ledit testateur a dit et declairé : le present testement estre son dernier et perpetuel testement noncupatif, estreme et derniere volonté , en la forme susdite. 
 
Et a cassé, revoqué et anullé tous autres testements, codicilles ou donnations quil pouroit avoir cy devant fait. Et veut et entand que le present testement valhie par forme de testement , codicille ou donnation a cauze de mort, fait et sorte son plein, entier effet, suivant sa forme et teneur. Et a requis a moy dit notaire, le luy redigier par escrit - que luy ay concedé, soubz le sel royal . Et appellés a tesmoins, pour en estre memoratifs : 
 
Anthoyne Talhefere clerc, Jean Mignot tisserant, Jean Balzac Palfrenier*  de la dame de Relhiac, habitantz du present lieu de la Fon de l'Auche, Jean Bouthier dit Papou laboureur habitant du village des Champs et Jean Boisseau aussy laboureur habitant a present du lieu des Granges, le tout parroisse
de Leigulhac de l'Auche audit Perigord, tesmoins cognus. Ledit Talhefer a signé et non ledit testateur ny les autres tesmoins susdits, pour ne scavoir, de ce par moy interpellés.

Reynaud notaire royal »



Palefrenier : qui s’occupe des chevaux.




28 août 1684

Testament de Marot Meyssensas - tisserand


Marot, tisserand, habitant le lieu des « Tabas », paroisse de Lagulhat de l’Auche, teste « environ les dix heures du matin en sa maison, lequel est couché, mal disposé ».
neyssensas neycensas neycenssat

« Aux tabas » section A1 du plan cadastral en 1808.

Marot lègue la somme de 35 livres à :

Bertrande Meysensas, sa « nièpce », fille de feu Jean Meysensas, son frère, la somme de 20 livres.

Catherine Meysensas « aussy sa nièpce », la somme de 5 livres.

Bernichou Meysensas et Mariotte Veyssière, son frère et sa sœur, ses neveux, fils de feu Catherine Meysensas,  la somme de 5 livres.







Marie Meysensas, sa sœur, veuve de feu Pierre Simon et leur fils, la somme de 5 livres.
Les autres, meubles et immeubles à Jeandillou Meysensas, son frère.

Le bas des feuillets est dégradé, Marot, semble léguer une terre labourée, attenante aux terres des hoirs (héritiers) du seigneur de Linard et des hoirs de Pierre Boudu.

L’acte est rédigé en présence de Jean Chabanas dit Bibaud, marguillier, Léonard Debivas, « tailheur »,  Maître Jean Soulhier de Langlade, habitants Léguillac et Jean Dubiz, laboureur, Jean Meysensas, tisserand, habitants au Tabas et Reynaud, notaire royal.






28 avril 1687


Accord entre Jean Meysensas, laboureur à bras

et sa sœur Marguerite portant sur une vente



L’accord entre Jean et Marguerite, frère et sœur est passé devant le notaire royal Reynaud au lieu-dit les Fieux à Annesse, à 3 km de Léguillac.
 
 

Entre 1629 et 1679, cohabiteront 8 couples Meyssensas sur la paroisse d'Annesse et, entre autre, au village des Fieux.


« Aujourd’hui Vingt huitièsme Du Mois D’avril mil six Cent huitante et sept, au Village des fieux, paroisse d’Annesse en périgord, après-midy, à la maison de Jean Varailhon dit De Paquet, par devant moi notaire Royal Soussigné, en présence des témoins bas nommés, ont été présents »

Jean Meysensas, laboureur à bras, habitant du village des Fieux, d’une part et Marguerite Meysensas procédant sous l’autorité de Thony Constant,


habitants aussi le même village des Fieux d’autre part, par lesquels partage a été dit et savoir par le dit Jean Meysensas que lors du partage fait entre lui et la dite Marguerite Meysensas, sa sœur, il fut arrêté que la maison où ils ont établi leur demeure, située dans le même village, et fait faire un mur entre eux, au 1er jour, et attendu la misère et pauvreté et misère de la dite Marguerite que du dit Constant son mari, ils avaient priés le dit Jean de vouloir faire construire le dit mur, et qu’ils le feraient faire de la moitié de celui à laquelle les parties avaient acceptées de l’avoir fait faire, le dit mur à ses propres coups et dépens…… par Gabriel Marquet, maçon du village de Chigniat, paroisse de Beaulieu, 

lequel le dit jean avait payé et en outre l’avaient aussi priés de leurs prêter du bled pour leur nourriture et entretien ce qu’ils avaient aussi fait et après avoir réglé la valeur du bled et la part du mur fourni par le dit Meysensas à la dite Marguerite le tout contre la somme de 10 livres.

Et attendant que la dite Marguerite Meysensas et le dit Constant n’ont de quoi satisfaire le dit Jean et la dite somme de dix livres et la dite Marguerite Meysensas a prié de vouloir prendre sur ses biens fonds jusqu’à concurrence de la somme de dix livres ce que Jean Meysensa a accepté de faire,

et la dite Marguerite sous ladite autorité a vendue à perpétuité et à jamais à Jean Meysensas, et acceptant , un lopin de terre garni de châtaigniers sur le fossé situé au lieu appelé à « la peyradaud » dans la tenance des Fieux confrontant au grand chemin qui va du prieuré de La Faye à la ville de Périgueux autrement le chemin de Poumarède et au grand chemin qui va de la Croix de la Croze au même village et à la terre des hoirs de Girou Rouzeaud d’autres part à toutes et chacune les autres plus amples sont entrées dessus les droits et appartenances quelconques de la fondalité du Seigneur prieur de La Faye.

La dite vente est actée moyennant le prix et la somme de 10 livres de laquelle dite somme Jean Meysensas se tient pour satisfait.

En présence d’Hélie Vaudou, le jeune, Jean Varailhon, laboureur à bras dit De Paquet, habitants du village des Fieux, le dit Vaudou à signer.




15 novembre 1687


Vandition pour Monde Fournier veuve de Pierre Rondet

par Jean Meysensas, boucher



Aujourd’hui 15 novembre 1687 au village des Champs, paroisse de Lagulhat de l’Auche en Périgord, après-midi, en la maison du notaire Royal, soussigné, les nommés ci-dessous,

NEYCENSAS NEYCENSAS


Jean Meysensas, boucher au bourg de Laguilhat lequel en foi de quoi, gré et volonté, a vendu et vend par cet acte, à Monde Fournier veuve de feu Pierre Rondet, bourgeois de Périgueux,  habitante du bourg de Laguilhat de l’Auche, acceptant à savoir :

tous les bâtiments, ayzines, jardins, et biens à lui appartenant, sis dans le bourg de Laguilhat ou a appartenu au dit vendeur demeurés et partagés

le tout conformément au contrat de partage fait entre le dit Meysensas, vendeur, Philibert Meysensas son frère, Guillou Guarreau comme mari d’Annetou Meysensas sa sœur et Anthoine Rapnouilh comme mari de Charlotte Meysensas aussi sa sœur, en date du 18 février dernier, reçu par Soulhier notaire Royal, les énoncés confrontés ni limite attendu que « la dite Fournier, a dit le tout bien scavoir, étans, bâptimans, ayzines, jardins de la fondalité d’Hélie Durand, Sieur Defaux, comme héritier de feu Sieur Laborie de Lagulhat, son oncle, et le restant des biens de la fondalité du Seigneur, qu’il appartiendra et acte fait ladite vante, moyennant, le prix, la somme de cent cinquante livres, pourvoir, laquelle de cette somme, la dite Fournier,  ……. baillée et payée au dit Meysensas, vendeur, la somme a été bien nombrée et comptée par la dite Fournier et par le dit Meysensas.

Le dit Meysensas vend une pièce de terre appelée « Chez Blanchou », plusieurs lopins de bois appelés à « La Grave » moyennant ce que promesse  de lui guarantir, de défendre le tout contre détours, troubles, hypothèques, arrérages de ventes.

Témoins : Léonet Pécou, laboureur, habitant les Champs, Jean Veyssière ….. habitant du « Mas », paroisse de Lagulhat.


9 janvier 1688


Vandition entre Jean Meysensas et Migou Pecou




« Aujourd’huyneufiesme du mois de janvier mil six cent huictante huit au village des Fieux parroisse d’Annesse en Périgord avant midy en la maison de Jean Meysensas dit Chatard pardevant moy notaire Royal soubsigné et en présence des bas nommés a esté presant Migou Pecou dit Garigaud, laboureur habitant du village de Chiniat parroisse de Beaulieu audit Périgord lequel de son bon gré et volonté a vandut et vand par les présentes a perpétuité et a jamais audit Jean Meysensas dit Chatard aussy laboureur habitant dudit village des Fieux et ce présent acceptant scavoir des vieilles mazures et ayzines y joignant situés dans le villlage des Fieux, confrontant a la maison et ayzines dudit acquéreur et a la maison et ayzines d’Etienne Pachot, et au coderc du Sieur Devaux, médecin, plus un petit lopin de jardin situé aussy dans ledit présent village confrontant au jardin dudit acquéreur de deux parts et au coder du Sieur Devaux et au chemin qui va dudit village a la fontaine dyceluy dautre part, leurs autres confrontations entrées et droits et appartenance quelconques de la fondalité du Seigneur prieur de La Faye. La dite vandition moyennant le prix et somme de douze livres tournois laquelle dite somme ledit Meysensas acquéreur d’icelles et payée audit Pecouvandeur et Louis d’argent de trois livres pièce, pièsses de trente sols deniers et autre bonne monnaie courante faisant la somme lasquelle a été bien nombrée ».
 

 

L’acte est signé en présence de Joseph Lautrete et Pierre Davuis, laboureur tous deux habitants dudit village des Fieux, aucun ne sachant signer.

Contenu de l’acte

Un autre Pierre dit Chatard décède au village des Fieux en 1654.


Le Sieur Devaux, médecin, appartient-il à la famille du Sieur Devaulx, seigneur des Fieux en 1764 ?.

Jean signe un accord avec sa sœur Marguerite, vivant dans la pauvreté, le 28 avril 1687 - voir ci-dessus.

Jean Neyssensas originaire de Léguillac de l’Auche épouse le 9 février 1717 Catherine Pecou née à Chignac.


  
14 aout 1688


Vandition entre Jeandillou Meysensas / Dumastrenchard et Bigaudel


« Aujourd’hui quatorzième du mois d’aoust mil six cent quatre vingthuict au bourg de Lagulhat de lauche en Périgord en la maison ou habitte Léonard Gouzou, hoste pardevant moy Notaire Royal en présence des témoingts bas nommés a été présent Jean Bigaudel, Maitre Chirurgien, habittant du présent bourg lequel a vandu a Jeandillou Meysensas et a Simone du Mastrenchardconjoingts, laquelle Du Mastrenchard procéde soubt lauthoritté dudit Meysensas, meungnier son mary, habitant du présent bourg acceptant scavoir une maisson haut bas d’icelle couverte de tuiles creuses auquelle joint un loppin de jardin et ayzines dans le présent bourg, laquelle maisson jardin ayzines ledit Bigaudel avait pardevant requiet de Jean Bouthierdict Papou par contrat tenu par P. Dalesme notaire Royal, confrontant ladite maisson jardin et ayzines a la maison jardin ayzines des hoirs de Jean Puissard, a la maisson jardin et ayzines des hoirs de feu Sicaire Bounetdict Chatard et la maison de Girou Meysensas dict Vallet, plus un petit lopin de « Claud » nouvellement effriché situé aussy au Tabacs confrontant au couderc de Françoise de Linard, Damoizelle de feu Monsieur Jean Fouvellus et au « Claud » de Jean Mastrenchard et au Couder des hoirs de feu Jean Meysensas d’autre part et au chemin de Ferrière au Puy du But allant de la maisson du Sieur Linard d’autre part » – fin du 1er feuillet

Les deux feuillets restant renseignent sur l’état des biens vendus exempts d’hypohéques et de troubles.

Contenu de l’acte

L’acte est enregistré dans l’hostellerie - auberge - du bourg en présence du tenancier Léonard Gouzou, « hoste », entre Jeandillou Meysensas et son épouse Simone Dumastrenchard et le maitre chirurgien du village, Jean Bigaudel.

neyssensas neycensas
Prieuré de La Faye

L’acte mentionne que les biens vendus font partie de la fondalité du Seigneur Prieur de La Faye et ouvrent droit à percevoir les impôts par le seigneur foncier.

Le terme « couder » signifie pré fermé.

L’habitation paysanne de Jeandillou est typique du 17ème siècle, avec sa toiture composée de tuiles creuses présentes autour de Périgueux, Ribérac et dans le Sud de la région avec son toit à faible pente et son petit grenier.

La vente de la maison, jardin et ayzine s’élève à 100 livres. L’ayzine est composée des terrains de servitudes avec hangars et accessoires.

L’acte est signé en présence de Jean Mazeaud, habitant du moulin du Puy de Saint-Astier, Léonard Gouzou, hoste, habitant du bourg, Bigauder, vendeur.

MEYSSENSAS NEYSSENSAS LEGUILLAC DE L AUCHE

En marge de l’acte on lit la mention suivante :

« le soubs signé déclare avoir reçu les lots et vantes de lesdites acquizitions par les mains des acquéreurs dont est quitte pour estre fais seulement et en foy de quoy ay signé a la Faye ce premier novembre mil six cent huictante huit »

Pierre d’Abzac prieur de La Faye


Quelques repères chronologiques concernant Jeandillou.

Le 28 août 1684, Marot, tisserand, légue à son frère Jeandillou quelques meubles et immeubles.

Jeandillou Meyssensas est redevable de 0,06 sols sur la taille de 1740 pour le lopin de terre mentionné dans l’acte ci-dessus. Un lopin d’un journal correspond à l’unité de surface équivalant pour les terres labourables à la superficie qu'un paysan pouvait labourer avec son attelage en une journée.


Jeandillou est redevable de la dime des vendanges en 1741 pour une terre située Au Puy et doit « 2 gratis », soit deux journées gratuites pour le prieur de La Faye. Le surnom de Jeandillou est « caleu » aux Tabacs en 1740 - 1 E81. Jeandillou est témoin en 1745 - 11 J 24.
 
 

29 septembre 1688

 Accord entre Vergnaud, Meysensas et Simonnet

 

« Aujourd’hui vingt neufuiesme du mois de septambre mil six cent quatre vingt et huit au bourg de Lagulhac de Lauche en Périgord avant midy et maison ou habitte Léonard Gouzou hostes par devant moy notaire Royal soussigné et présents les témoins bas nommés ont pris et personnellement constitués Gabriel Vergniaud laboureur habitant au village de Combecouyère parroisse de Mensignat audit Périgord d’une part faisant de moy comme représentant légal administrateur de ses enfants et de feu Marie Meysensas sa première femme et Pierre Meysensas aussy laboureur faisant pour luy que pour d’autre Pierre et Jean Meysensas, ses frères, disant absans ausquel il promest longtemps d’entretenir, alouer et ratiffier, de constituer, apeyne de tout despant dommages habitant du lieu-dit Chantegeline aussy audit Périgord d’autre et Marie Simonnet veuve de feu Marsoudou Meysensas, niepce, beau-père et mary, habitant aussy du lieu de Chantegeline d’autre part lesquelles dictes parties a esté dit que ladite Marie Meysensas contractant mariage avec ledit Gabriel Vergniaud, le dit Marsoudou Meysensas et Marie Decouts ses paire et mère ont fait leur héritière de tout leurs biens présents et advenir suivant le nombre de leurs enfans ou filhes qu’ils auront lors deleurs dépcés et en outre luy auront constitué certains linges et promis de caution annuelle pendant dix années la somme de quarante sols pour chacune dycelles dicts années en quoy laditte Marie Descouts estan veuve et décédée ledit Marsoudou Meysensas avoit convollé en seconde nopces avec ladite Marie Simonnet et par leurs contrat de mariage du vingt six décembre mil six cent huictante deux par Reynaud notaire Royal, le dit Meysensas auvoit promis agencement et gains de survie » - fin du premier feuillet.

 

 « aladit Simonnet sa seconde femme la somme de vingt livres et le dit Marsoudou Meysensas estan venu amourir dans le mois de juin dernier, ledit Vergniaud estoit faire le point de former action contre ledit Pierre Meysensas pour la division et partage des biens meubles et ymeubles délaissés par ledit feu Marsoudou Meysensas son beau-père aus fins deluy estre délaissé un quatriesme sans estre comprendre les meubles aluy donnés par préciput par son contrat de mariage du dixiesme fébvier mil six cent septante neuf rendu par feu ……. notaire royal et ladite Marie Simonnet vouloit aussy poursuivre le payement de lesquelles par elle gaigné par le prédécés de son feu et mary surquoy les dites parties estant contraint de s’engager dans un grand et long procès pourquoy obtenir et craignant le douloureux événement d’yceluy traitant aussis leurs parents amis et conseil, ils sont venus estre aborder et traitant que 

 

Scavoir que le premier jour il sera fait partage entre le dit Vergniaux et Meysensas des biens déllaissés par ledit feu Meysensas que parladite Marie Descouts lors duquel partage il sera délaissé apart et indivis audit Vergniaud qu’il agist un quatrièsme des biens fonds et audit Meysensas de son chef les trois autres quatrièsme pour y estre dellaissé et ensuite deux portions entre ses frères et pour acqui lesdits meubles légué parentier et déclaré et estre venu apartage le dit Vergniaud a retiré par devant moy un quatrieme outre ceux qui sont portés par son contrat de mariage lesquel il déclare avoir reçu et acquitté et aquitte le dit Meysensas et ses frères aux promesses de ne leurs en faire aladvenir aucune demande ny plus que leurs parties delaquelle il déclare avoir esté entièrement payé et les autres trois portions desdits meubles ont esté retirées par ledit Meysensas tant de leur chef que ……et constitué par ladite Marie Simonet elle a déclaré que lors dudit partage des dits meubles ledit Vergniaud et Meysensas » - fin du 2ème feuillet.

 

« délaissé les meubles du chef édicté dudit feu Marsaudou Meysensas, son mary, de la valeur de la somme de vingt livres ……. dont ……..  et qu’elle a acquitté deladite somme de vingt livres aux promesses de ne plus la demander aladvenir et pour acquis de ces fruits délaissés par ledit feu Marsaudou Meysensas perçus et apercevoir, le dict acte convenu et arresté entre lesdistes parties, le tout demeurant en propre audit Pierre Meysensas et qu’il sera tenu comme obligé par les parties de payée les dettes dudit feu Marsaudou Meysensas sous peine de tenir quitte le dit Vergniaud que la dite Marie Simonnet et pour l’entretien de tout convoqué les dites parties sont obligé et hypothéqué tout le leurs biens meubles, ymeubles présent et advenir ou renoncé aux …….. contraires moyennant paiement par eux fait aquoy faire de leurs vouloir et consantement ou estres condampnés soubs le chef Royal en présence de François de Langlade Sieur de Las Couts habitant du village de Langlade parroisse de Razat audit Périgord et dudit Léonard Gouzou hoste habittan dudit même bourg, le dit Langlade asigné et non les parties ny ledit Gouzou autre lequels pour ne scavoir de ceux enquis et autres choses qui luy pourrons apartenir et qualitté ……. du Sieur de la Borie audit lieu de Chantegeline » - fin du 3ème feuillet.

 


Contenu de l’acte :

 

L’acte est enregistré dans l’hostellerie du bourg en présence du tenancier Léonard Gouzou. L’habitation appartient à François de Langlade Sieur de Las Couts, domicilié à Razac.

 


Un shéma permet de mieux situer les trois contractants de l’accord, accord issu d’un litige entre Gabriel Vergnaud, mari en premières noces de Marie Meysensas, décédée, fille des parents décédés Marsoudou Meysensas et Marie Descouts, et ses frères, Pierre et Jean Meysensas et la deuxième femme de Marsandou, Marie Simonnet concernant le partage des biens meubles et immeubles de Marsoudou Meysensas ainsi que des sommes promises en gains de survie à sa deuxième épouse, Marie Simonnet.

 


 

L’accord conclu au partage des biens de Marsandou par un quart des biens fonds attribué à Gabriel Vergniaud, les trois autres quart à Pierre Meysensas, Jean et autre Pierre Meysensas, la somme de 20 livres en gain de survie à Marie Simonnet.

 

Remarque : le notaire Reynaud écrit invariablement le patronyme, « Meysensas » et non Meyssensas.

 


4 février 1702


Contrat de mariage entre Sicaire Meysensas et Annette Conche


« Aujourd’hui quatrièsme du mois de fébvrier mille sept cent et deux au village de Poude, parroisse de Lagulhiac de Lauche en Périgord, après midy et dans la maison ou habitte Pey Conche, laboureur, pardevant moy Notaire Royal soubzigné et présents les tesmoins bas nommés ont été présents et personnellement lesdits Pey Conche, laboureur, et Martialle Meysensas conjoints et Antoinette Conche leur filhe naturelle, légitime, les dits Martialle Meysensas et Antoinette Conche mère et filhe duhement authorizées dudit Pey Conche leurs mary et père, tous habitants du dit village de Poude, en ladite paroisse de Lagulhiac d’une part et Marot Meysensas, laboureur, et Sicarie Boisseau, conjoints, et Sicaire Meysensas aussy laboureur leurs fils naturel et légitime, lesdits Sicarie Boisseau et Sicaire Meysensas, mère et fils, aussy duhements authorizés dudit Marot Meysensas leurs mary et filheaussy, habitants du lieu des Granges, proche du bourg de Lagulhac de Lauche par lesquelles acepte le dit mariage ».

neyssensas neycensas


« Le dit Pey Conche et Martialle Meysensas, conjoints, on de leurs bon gré et volonté constitué » pour leur fille la dot suivante : 

« Deux linceuls d’estoupes et un autre linceul de boyradis ».

« Une nappe aussy d’estoupes ».

« Une assiette d’estaing moyen ».

« La somme de quarante sols pour avoir de la plume, payable le jour de la bénédiction nuptialle ».

« La somme de quarante sols le jour de la bénédiction nuptialle ».
« La somme de trente livres pour en faire et disposer a leurs volonté et faveur et qui bon leurs semblera, et lesquels meubles et effets et la somme de quarante sols, la dite future expouse sera obligée de rapporter a la fin des jours de ses pères et mères pour être mise en partage avec ses frères et sœurs ou les tiendra sur la part et faveur et contamplations dudit futur mariage ».

Les parents de Sicaire apportent à l’occasion du mariage, « tous les batiments, les biens meubles et immeubles qu’ils auront lors de leur départ en regard au nombre  des enfants et filhes qu’ils auront, en payant la part des charges héréditaires ».

« La somme de trente livres pour ce faire et disposer a leurs volonté et en outre obligeant les dits Meysensas et Boissaux, conjoints, de nourrir et entretenir les dits futures expoux et leurs familles s’il plait à Dieu leur en donner, et par eux travaillant de leurs pouvoirs et possible et portant leurs travail dans la maison desdits Meysensas et Boissau».

« Si de fait d’incompatibilité les futures expoux ne puissent pas demeurer en la compagnie des dits Meysensas et Boissau, les dits Meysensas et Boissau conjoints seront tenus et obligés de bailher aux dits futurs expoux, à Sicaire, leur fils, six boissaux de bled, et à la dite Antoinette Conche, future expouze, trois boissaux, revenant a neuf boissaus moytié froment et l’autre moytié petis bleds, et en outre deux linceuls d’estoupes grosses et autres linceul de boyradis, une nappe d’estoupe, un plat et une assiette d’estaing moyens, lesquels effets, linceuls, nappes, plat et assiette le dit Sicaire futur expoux sera obligé de rapporter à la fin des jours de ses pères et mère pour être mis en partage entre les autres frères et sœurs ou les tiendra de fait sur sa part et demeureront leguer aux futurs expoux entre eux, a son fils moytié meubles et acquêts qu’ils fairont pendant et constant leur futur mariage desquels ils pourront disposer en faveur des enfants ou filhes qui proviendront de leur partie ».

Les témoins, Jean Teyxendié dit Cadet de Melbouty, laboureur du lieu des Granges, Arnaud Cruvilhier, tailheur d’habits du lieu de la Fond de Lauche, paroisse de Mensignac en Périgord, qui n’ont signés.

Notaire Royal Reynaud

Contrôlé à Saint-Astier par J. Bonhomme

Etude de l’acte :

neysensas neissensac

Le contrat de mariage signé au domicile de Pierre Conche, dit « Pey » père de la future mariée (Pey est le diminutif de Pierre) révèle une dot bien modeste, de deux linceuls, une nappe, une assiette en étain et d’une somme 30 livres et 80 sols.

En fin de contrat le droit matrimonial de 1702 précise que dans le cas d’une séparation ou d’un décès de l’un des époux, « Antoinette gaignera sur les biens d’yceluy en gain de survie et agencement la somme de trente livres », « Sicaire gagnera sur les biens d’ycelle, en gain de survie, la somme de 15 livres ».

Dans « Traité des gains nuptiaux et de survie en usage dans les pays de droit écrit » de Duplain en 1738, l’agencement et le gain de survie sont ainsi définis.

L’agencement « dans le parlement de Bourdeaux » s’apparente à l’augment de dot, coutumier ou légal, et existe de plein droit pour l’épouse. C’est une portion des biens de Sicaire que la loi permet de donner à Annette, survivante, généralement accompagnée d’une somme (trente livres) double de celle perçu par le mari en cas de décès de l’épouse (15 livres).

Une particularité persiste cependant à cette époque, car le mari peut jouir des biens dotaux, alors que l’épouse ne peut en jouir qu’en cas de survie - le gain de survie –

L’augment est obligatoire depuis le 13ème siècle afin d’aider la veuve à « s’entretenir ».

Marot, devenu vieillard, peut espérer vivre de la manière suivante :

- en détenant des revenus immobiliers (rentes ou baux d’immeubles),
- du revenu de son travail,
- avec l’aide de sa famille,
- en vendant son capital.

Marot choisit la protection familiale comme nous le voyons en lisant les lignes suivantes.

La société Périgordine sous l’ancien régime est composée de micropropriétaires. Marot Meysensas, laboureur, et Sicarie Boissau ont le soucis de la conservation de leur terre et maison et espère le secours de leur fils Sicaire « et s’obligent de nourrir et entretenir les dits futures expoux et leurs familles s’il plait à Dieu leur en donner », afin que leur fils leur assure une condition de vie honorable lorsqu’ils seront agés.
 

 
L’un des enfants du couple Sicaire et Annette, Jean Meysensas, boulanger, se marie le 14 avril 1733, à environ 520 km de son village natal, dans l’église paroissiale de Clermont l’Hérault avec Marianne Ronsier. Le père de Jean est mentionné sur l’acte « travailleur de la terre », Annette sa mère est décédée.


3 novembre 1703


Vandition entre Jean Meysensas dit Preypelou et Pierre Simon





« Aujourd’hui troisiesme du mois de novembre mil sept cent trois au bourg de Lagulhac de Lauche en Périgord après midy et maison ou habitte Jean de Linard, praticien, par devant moy notaire royal soussigné en présence des témoins bas nommés a esté présent Pierre Simon, laboureur, habitant a présent le village des Chaslards paroisse de Mensignac en Périgord lequel de son bon grés et libérale volonté a vendu et acquitté remis et transporté a perpétuité et a jamais a Jean Meysensas dit Preypelou fils de feu Phélibertaussy laboureur et a Mariotte Veyssière conjointe, ladite Veyssière dhuement autorizée dudit Meysensas son mary, tous deux habitants du présent bourg icy présent stipulans et aceptansscavoir une maison (mesoin) au bas dicelle consistant en deux chambres, une basse et lautre haute et un grenier. Ladite chambre haute presque planchée de petis mourceaux de bois et ledit grenier nestantgarny que de soliveau, les poutres quy soutiennent la dite chambre fort gatées et pouvres. Ladite maison apelée « de Gendillou de la sourde » avec ses ayzines, petit lopin, de jardin, par ledevant autre jardin et chenevière jouissant ensemble le tout en son entier  en retour situé dans le bourg confrontant a autre maison restante audit Meysensas, et a la maison et ayzines jardin et clos des hoirs de feu Mathieu Martrenchard et a la maison de Jean Puisars dit Laurette d’autre part ».

neyssensas neycensas

Les autres plus amples confrontations entres ysues droits apartenances quelconques mouvan de la fondalité du sieur prieur de La Faye soussigné la renthe due au prorata que les dits acquéreur payerons alaveniraladescharges de Simon vendeur a esté faicte ladite vendition par ledit Simon audit Meysensas et Veyssière conjoins moyennant le prix et somme de soixante et dix livres tournois laquelle dicte somme les dits Meysensas et Veyssière acquéreurs ci devant et auparavant présentés bailhé et payé audit Simon vendeur la somme de trente sept livres cent louis et demy louis d’argent et autre bonne monnoye courante de laquelle ledit Simon ses tien pour payé et en concédé acquis audit acquéreur ayant renoncé a l’exesion en présentant non grée ny contre avances comme dit et de laquelle dite somme il en tien quitte les acquéreurs avec promesse quils nen seron jamais recherchés ny inquistés a la venirny les leurs apeine de tous despans dommages et interet et pour le restant du prix de la dite vendition que la somme de trente et trois livres lesdits Meysensas et Veyssière conjoints seront comme obligés par les présentes ycellebailher et payé a la descharge dudit Simon a Jean Ranouilh de la Grézairie habitant du village de la Grézairie présent et aceptant dans le jour et feste de Noel prochain audit peines de tous despan dommages et interest sur les tesmoins de cede de quatre vingz quinze livres que ledit Simon vendeur Jean Maysensas dit Creypellou son beau père et feu Jeanne Meysensas sa belle mère estoi en debiteurs conjointement envers feu Anthoyne Ranouilh père dudit par obligations du vingt huict du mois de……mil six cent nonante recu par le notaire soussigné clauzes contenues enyceluy pour ledit Lagrezairie de le faire payer audit Simon dela dite soimmes de trente trois livres que ledit Meysensas et Veyssière n’ont pas payé dans les termes si desus acord.

En présence de Jean Soulhier procureur d’office de la présente Juridiction habitant dudit présent bourg et de François Pautard maitre chirurgien habitant du lieu de la Fondelaucheparroisse de Mensignac tesmoins commis qui on signé avec le Sieur de la Grézairie et non ledit vendeur ny lesdits acquéreurs pour ne scavoirdece enquis ».


Etude de l’acte :

La vente s’élève à 70 livres pour « une maison consistant en deux chambres, une basse et lautre haute et un grenier. Ladite chambre haute presque planchée de petismourceaux de bois et ledit grenier nestantgarny que de soliveau, les poutres quy soutiennent la dite chambre fort gatées et pouvres. Ladite maison apelée « de Gendillou de la sourde » avec ses ayzines, petit lopin, de jardin, par ledevant autre jardin et chenevière ».

On relève la présence d’un premier crédit accordé sur une vente d’un montant de 33 livres due par Jean à « Jean Ranouilh de la Grézairie habitant du village de la Grézairie présent et aceptant dans le jour et feste de Noel prochain ».


10 décembre 1703


Vandition entre Gilhou Neysensas dit Valet et Pierre Simon


« Aujourd’hui dixième du mois de décembre mille sept cent trois au bourg de Lagulhiac de Lauche en Périgord après midy et maison ou habite Girou Neysensas dit Valet par devant moy Notaire Royal soussigné et les susdits bas nommés dont Pierre Simon, laboureur à bras habitant du village des Chalardsparroisse de Mensignac en Périgord, lequel de son bon grès et volonté a vandu, quitté, remis, et transporté a perpétuité, à jamais audit Gilhou Meysensas dit Valet aussy laboureur à bras et a Mary Dumaneau, conjointe, ladite Dumaneau dument authorizée dudit Meysensas son mary icy présent et aceptans habitants dudit bourg de Léguilhiat De lauche scavoir est une maison aubas dycelle avec ayzines sittuée dans le présent bourg ayan apartenu a feu Jeanne Meysensas belle mère dudit Simon vandeur et scavoir dudit acquéreur, il y a un petit degré d’abord tout gasté et romput, la chambre haute planchée et le grenier aussy la porte fort gastée la muraille fendue et ladite maison ayant besoin de revouvrir confondant a la maison et ayzines dudit Meysensas acquéreur et a la maison des hoirs de feu Mathieu Marstrenchard et a la maison de Jean Meysensas dit Preypelou et Mariote Veyssiere, conjointe, d’autre part ».

neysensas neissensac

Les lignes suivantes présentes la proratisation des taxes dues au seigneur prieur de La Faye.

« la vandition s’effectue moyenan le prix de somme de trante cinq livres tournois laquelle dite somme le dit acquéreur scavoir tenir ».

« en la présence de Messire Jean Soulhier, procureur d’office de la présente juridiction est de François Lacroix, tailheur d’habit, habitants, scavoir ledit Soulhier du présent bourg et ledit Lacroix du lieu des Tabas proche du bourg, ledit Soulhier a signé, ledit Lacroix, autre présents par ce enquy pour ne scavoir ».



L’acte est contrôlé par J Bonhomme le 24 octobre 1703.

Etude de l’acte :

Gilhou Meysensas dit Valet, le valet n’est pas dans notre cas du personnel de maison mais plutôt une personne qui, payé en gage, loue sa force de travail souvent à l’année.

Gilhou acquiert l’habitation de Jeanne Meysensas, belle-mère du vendeur. Située dans le bourg de Léguillac, jouxtant la maison de Jean Meysensas dit Preypelou, laboureur à bras employé par Guillaume Rondet.

La maison est en mauvais état, on atteint le premier étage par un escalier dont les marches (degrés) sont dégradées et cassées. L’unique chambre du premier étage, est surmontée d’un grenier, « planchés » tout les deux. On apprend aussi que la toiture doit être refaite.

Au regard de l’état de délabrement de la maison, il semble que l’habitation soit simplement un ancien pied à terre pour Pierre Simon, habitant les Chalards à Mensignac, à un peu plus de 3 km de Léguillac. L’appellation chambre haute peut être identifiée à la pièce qu’utilise Pierre Simon lorsqu’il séjourne à Léguillac.

La vente s’élève à 35 livres tournois, soit 4 fois moins que la maison de Pierre Meysensas, boucher, ou Jeandillou, trois fois moins.

L’expression « gastée » se dit aujourd’hui d’une denrée.

Les Gilhou, Preypelou, et Jeandillou, sont les premiers membres des familles Meysensas à acquérir des biens immobiliers à Léguillac, en ce 17ème siècle finissant.


Analyse globale des actes notariés

 Le cycle agricole rythme les actes notariés, en particulier les ventes immobilières. En effet, les mois de juillet à octobre sont peu propices aux ventes, saisons de grands travaux. Sur l’ensemble des ventes il n’est jamais fait appel à l’emprunt, seul un crédit est d’un mois est accordé à Preypelou. Les ventes de biens immobiliers détenus par les laboureurs des Meysensas sur Léguillac sont rarement inférieurs à 30 livres et rarement supérieurs à 100 livres. Seule la vente efffectuée le 15 novembre 1687 par Philippe Meysensas qualifié de boucher, s’élève à 150 livres. Chaque vente mentionne le bénéficiaire de la taille, le prieur de La Faye.

On estime la surface d’une maison d’un laboureur, à l’époque, entre 35 et 50 m2. Les ventes sont de façon presque permanente mixtes c'est-à-dire sur la base d’une maison et un lopin, d’une maison et ayzine.

Connaître l’évolution foncière des familles Neyssensas est difficile car il faudrait étudier la généalogie en son entier, foyer par foyer et surtout connaître les conditions locales de succession.

Autre remarque, le notaire Reynaud néglige systématiquement de mentionner les surfaces, qui peuvent différer suivant les « quartiers », les « lieux-dits ».

Les toutes premières « vanditions » sont l’expression du début d’ascension sociale de quelques foyers Neyssensas de Léguillac et se situe à partir de 1680 à la toute fin du 17ème siècle. A la différence des grands propriétaires qui habitent sur leurs propriétés, les laboureurs comme Jeandillou ou Preypelou habitent dans de petites maisons dans le bourg de Léguillac, ou les hameaux environnants.

Les archives notariales restent encore le passage obligatoire pour découvrir et comprendre le monde rural ancien. En effet, ce fond très riche permet de connaître précisément les pratiques foncières des paysans des 17ème et 18ème siècles.

Les actes notariés des familles Neyssensas restent à découvrir aux archives départementales, et les actes cités ci-dessus ne représentent qu’un modeste échantillon.

La situation du bourg de Léguillac de l’Auche en 1808 reconstitué avec les habitations des familles Neyssensas. (l ocalisations à effectuer). L’église avant sa destruction au centre avec la présence d’une source, cercle rond.

Reconstitution plan du village de Léguillac de l'Auche en 1808







Un soldat de la Milice provinciale en 1689


neyssensac neyssansat


Ci-dessus, page de garde du registre d’état civil de Léguillac de l’Auche en 1689.



Les relevés effectués par Madame F. Raluy en 2014 contiennent quelques informations précieuses sur les familles Neyssensas de Léguillac de l’Auche et notamment la référence 3 E 5265 du 23 janvier 1689 concernant les modalités de recrutement d’un milicien provincial.

neyssensas neycenas


Site généalogique gratuit : site FranceGenWeb - PaléoFGW et paléographie



Traduction partielle des deux feuillets

« Aujourd’hui Vingtroisièsme Du Mois de Janvier mil six cent quatre vingt neuf au bourg De lagulhat de L’auche En périgord Jour de Dimanche  à l’issue de la messe parrosielles pardevant moy notaire Royal soussigné les présents bas nommés ont été présans :

Blaise Pecou, meunier habitant du village des Plantes, Guilhaume Chastanet ……. habitant du lieu du Mas, Siquaire Meysensas laboureur fils de feu Marsoudou habitant du lieu de Leypine, et Jean Beyney dit petit Jean aussy laboureur habitant du village des Champs, le tout sur la paroisse, tous quatre lieu-dits ……. de la dite présente paroisse.

La présente année mil six cent quatre vingt neuf, les …………dit Maitre Jean Soulhier, procureur d’office ………… Jean Rondet, tailheur d’habits, Hélies Salesse dit Bobillaud, …… Jean Bonnet, peigneur, habitants du présent bourg, Pierre Pecou dit Petit Pierre, laboureur habitant du village des Champs, Jean …….., ……… Jean Jassalhiat aussy laboureur, habitant du village des Plantes, Jean Vergniaud dit Boudaud, habitant du lieu de Girondaud, Pierre De Linard, laboureur habitant du lieu-dit Glenon, Hélies Simon dit Mouviquet habitant du village de Boby, Gabriel Barzat du village de Caroly, Guillaume Bouthier du lieu du Mayne, Jean Labruhe dit Mastrenchard du village de Boudaud, Pierre Cruvilhier du village de Cayot, Hélie Pecou, meunier du moulin dit ……., Jean Beyney dit Grand Jean du village de la Grezerie, ….. Pachot, laboureur et François Bournet, habitant du village de Faucherie, tous sur la paroisse principaux habitants du présent bourg et parroisse et tous capitulaires, assemblés pour faire nomination des hommes habitants de la parroisse, non mariés pour servir de soldat pour ladite parroisse,

dans la milice au désir du Règlement fait par sa Majesté d’une part du vingt neuvième de novembre mil six cent quatre vingt huit par ordonnance de monseigneur L’intendant ………….. au bas dudit Règlement et d’autre part du tranteunième décembre mil six cent quatre vingt huit signée par G. de Bezons Letour ………. Envoyé  et …… dusquel le dit règlement et ordonnance …… avoir fait signé par le prévost dudit lieu que les habitants de ladite parroisse …….. présantement pour faire la nomination ……s’il y avait quelque jeune homme de ladite parroisse qui fut dans le désir de servir dans la milice pour ladite parroisse qu’il est ….présante …………règlement et ordonnance surquoy c’était présanté volontairement Jean Meysensas, ……. Fils de Guillaume, habitant du lieu de Fonchauvet, âgé de vingt cinq ans ou environ, lequel a dit et déclaré « être dans la volonté de servir de soldat pour ladite parroisse pour ladite milice » lequel à opté pardevant les habitants des lieudits et habitants de la paroisse, et selon eux jugé capable pour rendre ledit service ayant l’age requis par le jugement et le règlement et ordonnance et étant de bonne tailhe pour le faire. …… dutout signé dessus ay fait ce même acte auquel lieu-dits et habitants pour servir".

Messire Jean Vidal, preptre docteur en théologie curé de la parroisse et de Léonard Gourou, hoste, habitant dudit bourg lequel comme Jean Vidal a signé avec Jean Soulhier et autres habitants avec Léonard Gourou autre lequel pour ne scavoir de par nous enquis.


La milice est une forme de conscription créée à l’initiative de Louvois, (1641-1691) secrétaire d’état à la guerre pendant le règne de Louis XIV, (1638-1715) en novembre 1688, au commencement de la Ligue d’Augsbourg.

Auparavant les troupes étaient levées par les seigneurs, comtes ou gouverneurs. En 1689, 25000 hommes sont destinés à seconder les troupes d’infanterie de l’armée royale principalement dans les places de garnison.

Ainsi, pendant tout le dix-huitième siècle, la milice fournira des bataillons et régiments spéciaux ; en 1771 les milices se nommeront « troupes provinciales ».

La milice, à l’origine du service obligatoire, fait participer en théorie le peuple des villes mais surtout celui des villages à la défense du royaume. Le contingent annuel est fixé par le Roi, réparti entre certaines généralités, l’Intendant se chargeant de désigner les paroisses qui éliront pour deux années leur milicien « à la pluralité des voix » entre 1688 et 1689, puis au tirage au sort à partir de 1690.

Jean Neyssensas, se présente comme « volontaire », peut-être en réalité « remplaçant » rémunéré par quelque notable local ou corps de métiers.

Encadré par la noblesse locale, les miliciens de retour dans leur paroisse, reprennent leurs activités, avec obligations de ne pas quitter la paroisse et de s’entraîner les dimanches et jours de fêtes.

Jean légalement enrôlé pour deux années ne sera libéré qu’au terme de l’année 1690. En  effet, afin de surveiller les émissaires étrangers dans les provinces protestantes les miliciens vont renforcer les garnisons. De par son activité Jean de fait est bien un soldat d’infanterie.

Une compagnie, se compose d’environ 60 paroisses qui doivent fournir chacune un milicien. On compte 97950 miliciens en 1691. Jean, au terme de son service s’il se marie ne sera imposé que deux ans après son mariage.

« Ces soldats improvisés, qui ne font pas toujours bonne contenance au feu, ne montrent pas de bonne volonté et répugnent au métier des armes ; mal commandés, ils sont rebelles à la discipline ; enfin leur maintien au service au-delà de durée légale de leur appel et au mépris de la promesse faites achève de les révolter. Leur mécontentement est partagé par le pays entier à qui la milice impose de lourdes charges annuelles ; sa disparition en 1697 est donc bien accueillie.

Pendant la guerre de la Ligue d'Augsbourg, les miliciens ne voient le feu qu'exceptionnellement et sur un théâtre d'opérations particulièrement facile. Le principe du recrutement régional est scrupuleusement observé et les hommes d'une même région, commandés par des officiers qu'ils connaissent, ne se quittent pas. Enfin ils forment des régiments spéciaux en simple contact avec ceux des troupes réglées, sans fusionner avec eux. Et déjà pourtant la milice est impopulaire ».

Extraits de l’ouvrage. Racolage et Milice par Girard G en 1922 chez Plon.

La Ligue d’Augsbourg :

En 1689 ceux sont les passions religieuses qui animent un nombre très important de princes qui se liguent contre le royaume de France. En Europe, le protestant Guillaume, prince d’Orange, est en passe de renverser les Stuarts et le catholicisme Anglais. Louvois et Louis XIV souhaite, par le biais de la milice, renforcer la défense intérieur du pays, les menaces de guerre se rapprochent……

L’ordonnance du 29 novembre 1688 :

L’ordonnance précise les modalités d’organisation des régiments de milices, les choix des officiers et des hommes, le montant de leur solde, l’habillement et l’armement ainsi que les avantages liés à leur statut de miliciens.

Les paroisses les plus faibles sont dispensées de fournir un homme. Léguillac n’en fait pas partie en 1689. La désignation du milicien se fait à la sortie de la grande messe, le dimanche qui suit la notification adressée par l’intendant de la même manière que sont nommés les collecteurs des tailles, à la pluralité des voix.

Le milicien désigné ou volontaire comme Jean doit être célibataire, âgé de 20 à 40 ans. Jean ne peut s’absenter de Léguillac de l’Auche au-delà de 2 ou 3 jours, au-delà il est passible d’une amende d’un écu destinée aux pauvres de la paroisse. Si Jean quitte définitivement la paroisse ou déserte de son régiment assemblé, il encoure une peine de fouet. S’il est hors d’état de servir ou vient à mourir il sera remplacé par la paroisse dans un délai de 8 jours. Il en est de même si le capitaine et le commissaire des guerres, préposé à la police du régiment de milice, juge Jean impropre de servir.

La durée du service est fixée à deux années à l’issue de laquelle Jean doit être congédié et remplacé. Pendant ces deux années, Jean ne peut s’engager dans les troupes du Roi. La nomination des sergents appartient au capitaine qui choisit dans sa compagnie les plus capables.
 
Tant que Jean demeure à Léguillac de l’Auche, la paroisse lui paye 2 sols par jour, de six jours en six jours et d’avance.

L’habillement de Jean est à la charge de la paroisse de Léguillac de l’Auche. Comme Louvois voulait que la dépense se réduisit au strict nécessaire, « l‘homme devait seulement avoir  un bon chapeau, un justaucorps de drap, des culottes et bas aussi de drap, et bien être chaussé, sans que les soldats qui composeront cette milice soient obligés à aucune uniformité de vêtements et couleur d’habits, de bas, ni de chapeau ».


En attendant que Sa Majesté pût envoyer des mousquets de ses arsenaux, Jean en 1689 est armé d’un mousquet ou d’un fusil « tel que Léguillac de l’Auche peut trouver, la paroisse fournit aussi un baudrier et une épée, dont la lame soit au moins de longueur de 2 pieds 9 pouces de roi, sans comprendre la garde et la poignée ».

Les avantages se bornent pour les officiers à la dispense de l’arrière-ban. Jean, s’il se marie à Léguillac, ne peut être imposé à la taille que 2 ans après son mariage.

Quelques commentaires et analyses :

la conscription n’impacte en réalité que le peuple des campagnes.

Lettre de M. de Vaubourg, le 30 mai 1701. « En 1701, la levée a esté faite dans une conjoncture bien différente de la levée de 1688 et 1689, car alors la campagne estoit peuplée. Elle avoit eu dix années de paix pour se restablir et n'avoit pas mesme souffert pendant la guerre précédente comme elle a souffert pendant la dernière. Il n'y avoit point eu de mortalité comme celle de 1694 qui a emporté plus d'un tiers du peuple ; en un mot la levée se faisoit facilement en comparaison de celle-cy ».

Extraits des « milices  provinciales sous Louvois et Barbezieux », 1688 - 1697, par M. Sautai, Chapelot et Cie 1909

En 1701, le mécontentement s’installe dans les campagnes et les remplacements des tirés au sort s’effectueront à prix d’or.

Extrait du cahier de doléances de Léguillac de l’Auche en 1789, 100 ans après la première levée de miliciens.

Ce que dit le greffier Linard :

Linard traite du feuillet 6 au feuillet 9 de « l’un de l’autre fléau non moins redoutable », celui du recrutement de la milice.

« Le cultivateur, père de famille, se nourrit des plus vives éspérance en voyant grandir son fils qui doit être bientôt le soutien de sa vieillesse, s’en voir bien tôt frusté et quoiqu’il répugne au jeune homme, il faut pourtant qu’il céde au sort Rigoureux.
Les Commissaires nommés par les Subdélégués sont entourés d’ordonnance qu’ils interprètent selon leurs caprices, si on a quelques puissants protecteurs on peut faire valoir des exemptions, ce qui oblige nos habitants a déserter les campagnes pour se metrent au service des gens qui puissent les exempter ».


neyssensas neissansas


Linard soulève alors le nécessaire besoin de recruter des « défenseurs de la patrie » qui « soient de bonne volonté plutôt que les y forcer contre leur inclination, ce qui fait autant de mauvais soldats, la preuve en est claire en voyant de quelle façon les autres troupes les traitent avec mépris ».

Linard propose de lever une contribution dans la province afin d’assurer l’entretien des volontaires de la paroisse, « une contribution qui ne serait pas levée sur le tiers état seul, quoiqu’on soit accoutumé a prendre les déffenseurs de la patrie dans la classe de ceux qui la nourrissent ».

Linard conclue et qualifie « d’injurieuse et la plus injuste du monde l’interdiction faite à ceux du tiers état qui servent l’armée, d’accéder à des emplois « dans le militaire, de même que dans la Robe ».

« Tout comme aussi le pauvre soldat au retour de défendre sa patrie » à qui on interdit de porter les armes « pour se défendre contre les Brigands ou contre les Bêtes féroces qui en veulent à leur vies ….. à ceux qui savent si bien s’en servir pour l’interêt commun ».

L’Assemblée nationale abolit la milice en 1791.

Jean Neyssensas le milicien.

Jean est né vers 1666. Son acte de naissance est introuvable sur les registres paroissiaux de Léguillac, fils de Guillaume et Marguerite Vergnaud, habitants à « Fonchouvet ».

L’acte de mariage de ses parents est rédigé sommairement le 9 juin 1652, 12 jours après le siège de Saint-Astier par le frondeur Baltasar et ses soldats.

Font Chauvet 1666

Dans le livre journal de Pierre Bessot on note « Mr. de Chanlost feit faire une aultre sortie ayant appris que la cavalerie de Bourdeille (M. le comte de Besse estoit le commandent dans Bourdeille depuis le départ de Mr. le comte d'Harcourt), au nombre de deux ou trois cent, estoit à Laguillac, quelques bourgeois de la ville de Périgueux, mesles avec eux et ensemble dans l'infanterie, furent à Laguillac ».


Acte de décès sommaire de Marsandou le 8 mars 1652 à Font de l’Auche ensevely à l’âge de 60 ans.

Guillaume, le père de Jean, décède à Font-Chauvet en 1689.


 Le curé Vidal écrit le patronyme « Meinsseinssac » dans les actes paroissiaux.






Les dimes du prieuré de La Faye au 17ème siècle

Dans les archives du prieuré nous découvrons différentes natures de dimes :

Les afferme de dimes, dimes novales et dimes des vendanges.

En 1638, Thomas Meissensas est l’un des quatre fermiers du prieuré. Il « prend » et « lève » les récoltes de 10 tenances constituant une partie de la dîmerie.

En 1641, Pierre et Philibert Neyssensas, tenanciers dans le bourg, payent la dime au fermier.

Du latin decima, le dixième, la dime est une redevance en nature ou en argent portant essentiellement sur les revenus agricoles, et, due à l’Eglise pour ses frais de fonctionnement.

Créé en 779 par Charlemagne, la dime devient, au fil des siècles, l’impôt le plus impopulaire. Le clergé ne reçoit aucune rétribution de l’Etat, ses revenus émanent donc du rapport de ses biens et de la dîme.
Lorsque la dime est détournée de sa nature initiale, et qu’elle ne profite plus aux curés, mais aux gros décimateurs étrangers, comme Jean ou Pierre d’Abzac, les habitants deviennent réticents au paiement de l’impôt. (Autour de l’Abbaye de Ligueux - abbé Farnier - 1989).

Le chanvre, le lin, le blé noir, les fèves, le blé d’Espagne - (maïs), les jarousses ou pois de senteur qui servaient de fourrage aux animaux, les lentilles, les haricots, la laine, les agneaux, les vignes,  sont les produits décimables en Périgord.


Presque tous les curés, gros décimateurs, lèvent eux-mêmes leurs dimes, avant qu’un édit d’Henri IV ne l’interdise avec peine, en 1606. Jean d’Abzac de la Douze, en 1638, seigneur de Léguillac de l’Auche, commendataire du château et du prieuré de La Faye, préfère donner la dime à bail. Ainsi, en affermant la dime à Thomas, il évite les soucis matériels de levées tout en s’assurant un revenu fixe et régulier.

Les dimes affermées à long terme prévenaient toute réclamation de la part des fermiers lors des mauvaises récoltes.

La perception des dimes, sous l’ancien régime, génère de nombreux conflits, et les juristes vont rédiger une somme d’ouvrages importante destinée à préciser la nature des dimes. On peut se référer à l’Inventaire sommaire de Villepelet, pour connaitre quelles sont les difficultés de paiement de la dime du bled d’Espagne, que le tribunal de Périgueux doit trancher avant 1790.

En Dordogne, la moyenne des dimes est de 13 et non de 10, inférieure à la moyenne française qui s’élevait à 15,5 - réf : La dime ecclésiastique en France - collectif.

En principe, aucune terre portant fruits ou graines n’échappe au prélèvement de la dime. Il y a fort à parier que Pierre et Philibert, comme de nombreux autres tenanciers, tentent de soustraire quelques surfaces cultivées de chanvre, lins, fèves, aux collecteurs de dîmes.

La culture potagère des jardins et enclos, objet d’attentions toutes particulières de la part du tenancier, et nécessaire à la consommation de la famille, est exempt de dime, mais, cependant, attire parfois la convoitise des décimateurs. Aucune dîme n’est perçue sur les bois, herbes et étangs.

Le document, ci-dessous, découvert aux archives de Périgueux en aout 2012, référencé 12 J 23, présente, avec ses trois feuillets, un contrat d’afferme de dime, rédigé en 1638, entre le seigneur prieur de La Faye, Jean d’Abzac de la Douze et quatre habitants, fermiers de dîme, dépendants de la sphère d’influence du prieuré.

Charles Rondet, notaire royal du village de Puychaud, Thomas Meissenssas du bourg de Léguillac, Pierre Gailhardon de Mensignac, et Simon Bournet de Gravelle - Annesse.

Les quatre fermiers s’engagent à verser au décimateur le dixième des bleds et grains décimaux issu de l’exploitation des dîmes de 10 tenances situées à Sirieix, Martinie, Danthou, Labat, Glenon, Lacroze, Boudaud, Girondeau, Linard et Pépinie.

Danthou, aujourd’hui disparue, Labat, et Girondeau, ne font plus partie des tenances du prieuré en 1752.
L’acte indique que les fermiers ont l’habitude annuellement de « prendre et lever » l’imposition sur ces « enclaus » et « carterons ».

L’enclos est souvent sujet à litige lors du paiement de la dîme. En effet, il faut distinguer l’enclos du jardin. L’enclos est souvent une ancienne terre dîmée, entourée par la suite d’une cloture. Dans tout les cas la dîme est due sur l’ensemble des fruits qui croissent dans l’enclos dès l’instant où ces fruits sont décimables.

Le « carteron », ou plutôt le quarteron est une ancienne mesure agraire, c’est le quart d’un arpent qui peut mesurer, suivant les régions, entre 20 et 50 ares.

« L’afferme impacte la récolte de l’année 1638 et seulement la prochaine cueillette, moyennant » :

26 charges de tous bleds et bleds tiercés. Une charge s’élève à 8 boisseaux, mesure de Périgueux.

17 charges de froment, pierre et poussière.

Le transport est effectué à la charge des fermiers, qui amasseront, le tout, au « Sol du Dyme »,  à proximité du hameau des Champs, sur les terres du prieuré, situées à environ 1km200 de l’habitation de Thomas.

2 charrettes de paille de froment, qui proviennent vraisemblablement de l’aire de battage.

On notera que le décimateur retire un bénéfice substantiel lors de la revente de la paille.

La paille, l’une des résultantes de l’opération de transformation des céréales sur le sol de la dime, est l’objet de convoitise, et, en conséquence, prise en compte, dans la  négociation du bail.

Les fermiers versent, l’équivalent des récoltes dîmées, en argent au décimateur, à la fête de Notre Dame, l’Assomption, en aout 1638.

Jehan d’Abzac défend son revenu avec précision en inscrivant une clause particulière de garantie.

« Les fermiers s’engagent mutuellement, et hypothèquent tous leurs biens en cas de non-respect du contrat, et compensent tout paiement non assuré par l’un des fermiers ».

Deux témoins, Nardou et le praticien Doumenge de La Rivière, sont présents, Rondet et La Rivière signent l’acte, les trois autres fermiers ne sachant.

Quelques questions cependant se posent

Le contrat ne stipule pas quelle est la part destinée à Jehan d’Abzac, comment les quatre fermiers s’arrangent entre eux, rentrent la dîme et que gardent-ils pour eux ? Qu’elles sont les superficies des enclos et quarterons ?

Le plus surprenant c’est le délai d’affermage qui n’est que d’un an, alors qu’il est d’environ sept à neuf ans, en moyenne sous l’Ancien régime. Cela, à l’évidence, pénalise le fermier en cas de mauvaise récolte qui ne peut alors compenser une année médiocre.

Le contexte historique

La durée réduite de l’afferme a-t-elle un lien avec les troubles débutés en 1637 en Guyenne et en Périgord ?

Sous le règne de Louis XIII, les disettes céréalières se succèdent, notamment entre 1637 et 1639, la France est en guerre contre l’Espagne depuis 1635.

Le 21 juin 1637, le duc de la Valette, gouverneur de Guyenne, par ordonnance, défend à toutes personnes et particulièrement en Périgord, de tenir des discours séditieux et de « faire cry de gabelleur ».

« Henri de Bourdeille, sénéchal et gouverneur en Périgord, enjoint, par une ordonnance datée d'Atur, le 30 janvier 1639, aux curés, officiers et syndics de courir sus à certains voleurs et perturbateurs du repos public qui prennent leur retraite ordinaire dans la forêt de Vergt ; au vice-sénéchal et autres officiers de la maréchaussée, de faire, fréquemment des courses pour saisir les coupables, empêcher les bons d’être violentés, et de brûler ou démolir les maisons des principaux chefs et auteurs du désordre » - dans l’Inventaire sommaire des Archives antérieures à 1790.

Motivés par la présence de gens de guerre et à la levée d’importantes quantités de blé, nécessaire au ravitaillement des troupes, et cela en pleine disette des céréales, et l’accroissement des impôts, deux gabeleurs sont assassinés  par des paysans le 22 avril 1637.

Un gentilhomme, La Mothe de la Foret, à la tête de milliers de paysans, tente d’investir Périgueux au mois de mai. Le 1er juin, l’armée royale, sous commandement du duc de la Vallette, défait l’armée des Croquants à la Sauvetat du Dropt, tuant près d’un millier d’homme.

La récolte de la dime du prieuré de Léguillac se déroule en aout 1638, peu de temps après la défaite des Croquants.

Les troubles perdurent par la suite et tout au long de l’année 1638, de petits groupes de l’ancienne armée des Croquants mènent des coups de main dans tout le Périgord.

En décembre 1638, des troubles plus importants naissent dans le paréage de Vergt, composé d’environ une vingtaine de paroisses, entre Saint Laurent du Manoire, Atur, Coursac, Creyssensac.…..

Un habitant de Saint Mayme de Pereyrol, nommé Pierre Grellety après avoir tué un capitaine du Roi, prend la tête d’un groupe de laboureurs et mène guérilla dans la forêt de Vergt. Grellety tint tête à l’autorité royale durant de longs mois, inquiétant les bourgeois, et les marchands de la région de Périgueux. Charles d’Abzac, baron de Vergt, semble-t-il, contribue à la résistance de Grellety, pendant environ 3 années. Grellety troque, une fois la rébellion terminée, sa tenue de Croquant avec celle de commandant d’une troupe d’infanterie.

Le sol du dyme : un hameau à proximité du prieuré

L’esplanade est l’aire banale où les paysans de Léguillac viennent battrent leurs blés, frappés de dîme. Il existait peut-être à proximité une grange permettant le stockage des gerbes.

Dans le département d’autres lieux possèdent la même appellation, comme la Cité  à Périgueux, Chancelade, Trélissac, Manzac, Agonac, Brantôme, etc ….

On rencontre principalement la dénomination de « sol de dime » dans les paroisses qui dépendent foncièrement et juridiquement d’un prieuré ou d’une abbaye » - Bull S.h.a.p. 1892 - p 356.

Le contrat d’afferme entre Thomas et Jehan d’Abzac est composé de trois feuillets.

neyssensas neycensas


Rampnoulh, notaire Royal soubz signé et tesm(oingz) bas nommés a esté present noble Jehan d'ABZAC de LA DOUZE, écuyer, seigneur prieur commandataire dudict present lieu, lequel de son bon gré et volonté a affermé et par ces presentes afferme à Me Charles RONDET, notaire royal habitant du villaige de Puychat, parroisse dudic Laguilhac, Thomas MEISSENSSAS, habitant dudict bourg, Pierre GAILHARDON, habitant du bourg de Menssignac, et Simon BOURNET, habitant du villaige de Gravelle, parroisse d'Anesse audict Perigord, y residentz, stipulantz et acceptantz, sçavoir est le dixme des bledz et grains decimaux des carterons et enclaus communement appellés Sirieys, Martigni, Damptois, Labat, Glenon, Lacroze, Boudaud, Girondeau, Linard et Pepigni, situés en la presente parroisse, tout ainsi et de mesme que ledict seigneur prieur et ses precedentz fermiers ont accoustumé de prendre et lever annuellement sur lesdictz carterons et enclaves, et a esté faicte la presente afferme pour la presente année et prochaine cuilhette seulement moyennant la quantité de vingt six charges de tous bleds, bledz tierces à huict boiceaux la charge, mezure de Perigueux, sçavoir froment dix sept charges...
pierre et poussiere et tel que lesdictz fermiers l'amasseront audict dixme, ensemble la quantité de deux charrettées de pailhe de froment, payable tout ce que dessus par lesdictz fermiers audict seigneur prieur randu au present lieu dans le jour et feste de Nostre Dame au mois d'aoust prochain venant, à peyne de tous despans, dommaiges et interestz en ce que à mesmes peynes ledict seigneur prieur a promis comme sera tenu de les faire et laisser jouyr dudict dixme desdictz bledz desdictz carterons sus especiffiés pour ladicte presente année, et d'iceux leur en hoster tous troubles et empeschementz et leur ayter à tous cas fortuictz que de droict en les advertissant dans huict jours après ledict cas fortuict que à Dieu plaise qu'aucun n'arrive, et non aultrement, et pour ce faire et tenir, lesdictes parties ont respectivement obligé tous leurs biens et par exprès lesdictz fermiers pour le payement de ce que dessus, l'ung pour l'aultre et ung seul pour le tout, et ont renoncé à l'ordre de division de perssonne et debte et discution de biens ..ont esté condempnez soubz ledict...
que moyenent ... ilz ont heu renonceans à toutes aultres ex[ceptions ?] et [differences ?] aux presentes contraires, en presence de Me Doumenge de LA RIVIERE, praticien, et Nardon ...., habitans dudict present lieu, tesmoingz, lesdictz sieur prieur, RONDET et LARIVIERE ont signé et non les aultres pour ne sçavoir, de ce enquis, ainsin signés à l'original J. d'ABZAC de LA DOUZE, prieur de la Faye contraictant, RONDET  contractant, LARIVIERE present et moy."


Le notaire Rampnoulh, de Saint Aquilin, dont les archives départementales possèdent quelques minutes de l’année 1639, signe l’acte.

En fin de page du troisième feuillet, il est indiqué :

« Je suis esté payé le 13 aout 1638, du dime de Martinie par Rondet notaire, Toumas Meisensas et par Rose Maire de Mensiniac ».

Nous retrouvons, une nouvelle fois, Thomas Meyssensas dans un « extrait de l’afferme du dixme du prieuré de La Faye en 1641 », vraisemblablement en complément de l’afferme de 1638. réf : 12J23.


neyssenas neycensac


« Premièrement a été affermé le quartier de Cayot et le Bourg à Thomas Meyssensas et autres consorts, la quantité de 60 charges de bled tiercé ».En marge le collecteur note « reçu le contenu en la sus ditte afferme sauf d’une charge ».

Il est fait référence au bled tiercé seulement dans deux journaux du début du 18ème siècle : Journal des principales audiences du tribunal en 1754, « ces dixmes ne produisent que du bled tiercé…. », puis en 1768, dans un recueil des actes et titres du Clergé.

Dans « Nouvelle introduction à la pratique des coutumes en France » de Ferrière en 1734, on note : « le bled est une plante qui produit dans son épis une graine, seule nourriture de l’homme, le bled de pur froment est diffèrent du seigle et autres petits bleds ».

Le fermier

Le prieur peut confier la totalité de la dime ou une partie, la moitié, le tiers, le quart ….. C’est l’impôt versé avant tous les autres. Le fermier conserve la dime moyennant une redevance annuelle versée, dans le cas de Thomas, en nature et espèces, au prieur Jean d’Abzac, qui verse vraisemblablement la « portion congrue » au curé, en retour.

Le contrat d’afferme de Thomas stipule «  lesdictz fermiers l’amasseront audict dixme, ensembe la quantité de deux charettées de pailhe de froment, payable tout ce que dessus par lesdictz fermiers audict seigneur prieur ».

Le fermier est un personnage important sous l’Ancien Régime qui prend à ferme les terres du prieur Jehan d’Abzac, et les sous louent. Le fermier occupe le haut de la hiérarchie sociale paysanne.

Au fil de l’inventaire sommaire des archives départementales de Dordogne, on relève de nombreux litiges entre fermiers et paroissiens.

En 1562, « les curés, prieurs et ecclésiastiques du diocèse jouiront sans être inquiétés par les fermiers ou commis, des revenus et fruits décimaux de leurs bénéfices ou de leurs églises, bien qu’ils soient dispensés un temps de résidence, à cause de l’imminent péril qu’ils courent dans les troubles suscités par les gens de la nouvelle religion ».

En 1684, « Varaigne, Me Thomas Bernard, fermier de la seigneurie, abuse de l’autorité que lui donne sa qualité de fermier, et commet beaucoup d’exactions et contraint les pauvres paysans de sa juridiction de bêcher ses vignes, faucher ses près, labourer ses terres, faire ses charrois, et pratique la violence par de mauvais moyens. Les pauvres laboureurs n’osant s’en plaindre, le procureur du Roi demande à ce qu’il soit procéder par censure d’église ».

En 1687, « les habitants de Saint-Saud, devront payer le onzième des fruits naissants et croissants, il sera défendu à tous habitants de transporter leurs fruits hors de la paroisse et de battre le blé avant qu’ils n’aient au préalable laissé le droit de dime. Les fermiers devront le nombre de gerbes qu’ils auront recueillies dans leurs biens ».

En 1710, Yrieix Gauchet, sieur Deschamps, fermier de la terre d’Excideuil, se fait voler sur le grand chemin, au-dessus du bourg de Mensignac, la somme de 1350 livres qu’il portait à Monsieur le Prince de Chalais en Saintonge ».

En 1718, « Sicaire Bleynie, laboureur, demeurant au village de Soumonnie, paroisse de Saint Léon, fermier du Seigneur abbé de Saint Astier, porte plainte contre la femme de Sicaire Dupuy et plusieurs autres, qui l’ont empêché de percevoir la dime de Vallareuil, lui ont jeté des pierres et l’ont frappé avec des fourches ».

Les mesures à grains au 17ème siècle

La mesure de base des grains est le boisseau dont la capacité varie entre 20 et 40 litres suivant les cantons. La mesure du boisseau à Périgueux s’élève à 30,3 litres ou 8 picotins, à Saint Astier le boisseau vaut 37 litres soit 8 picotins. Dans d’autres cantons, le boisseau vaut 2 modurières, chacune de 4 picotins. La charge et le picotin sont utilisés à Léguillac de l’Auche comme mesure de base.

Parmi les anciennes mesures de Périgueux : on trouve « la salmata, le sestier ou charge », « l’émine » égale à 4 boisseaux ou la moitié d’une charge, quant à la « modurière » elle égale un boisseau.

Vers 1600, le poids d’une charge de bled mesure 160 litres environ, pour environ 5 écus la charge.

Une émine de bled vaut une charge.

En réalité il est bien difficile de s’y retrouver, car les redevances en céréales sont calculées à la mesure des différentes paroisses, à Léguilac de l’Auche, par exemple on applique la mesure de Périgueux. Les autres redevances peuvent être payées en volailles, en méteil, plus rarement sont les redevances en seigle ou en légumes, et fèves.

On découvre d’autres membres de la famille Meyssensas, redevables de la dime en 1641, au fermier Thomas Meyssensas. - référence - 12J23

neyssensas neycensas

Pierre Meyssensas, 8ème tenancier

« Pierre Meyssensas, talheur, doibt :

Fromant trois boisseaux,

Garaube un boisseau,

Pour raison de quoy, C’est obligé en la somme de huict livres

Dis solz par contraict du 8 april 1641, Recu par Rapnouilh,


Notaire Royal Payable à La tousssain cy : 8lt 10 s »   -   Lt signifie « livre tournoi » et S « sol ».

Philibert Meyssensas, 33ème tenancier
« Philibert Meyssensas Pour :

Quatre boysseaux fromant

S’oblige pour la somme de 9 livres par contrat

neysenssac

Du 13 avril 1641, par Ramphnouil notaire Royal

Payable en aout cy 9 livres tournoi ».

Sous la côte 9H4 - (1326-1770) notre patronyme apparait à nouveau vers 1700, avec la présence, toujours dans le bourg de Léguillac, de Bernard Meysensas, redevable d’une rente foncière au prieuré de La Faye.

« Bernard Meysensas dit « Barnillou » y tient dans le troisième

corps appellé du Colombier, maison, aisine*, jardin, et terre, le tout joignant

ensemble confrontant du levant a Jean Simon dit « Petit Jean », du midy au chemin

conduit du bourg au puy du but, du couchant a la maison, jardin de Philibert

Meyssensas, et du nord a la terre dudit Soulhier contenant 12 …

pour ce payera de rente,

froment un picotin

avoine quatre quart de picotin

suite ?

aisine : terrain de servitudes avec hangars et accessoires.

NEYSSENSAS NEYCENSAS

Les héritiers de Sicaire Meysensas, dit « Coutou », habitants le bourg sont redevables au prieuré.

Et possèdent dans le premier corps appelé des Tabacs, maison, jardin, et terres, le tout tenant

ensemble et confrontant à Antoine Teyssier, et Jean Duteil, du midy,

au couchant, Jeanne Dalesme, du même côté à Jean Lavaud, et au nord

au chemin qui conduit du village du Mayne, et autres contenant

les terres audit lieu, joignant du levant aux héritiers de Charles

Lavaud, du couchant et midy, et jouxtant, du nord à Jeanne Dalesme,

total 18 livres tournois et 4 sols

Pour ce payeront de rente,

froment quatre picotins et quatre quart de picotin

avoine 4 picotins et trois quart de picotin

suite

Les dimes novales en 1741

réf 12J23 – extraits

La dîme novale se perçoit sur les fruits des terres nouvellement mises en labour, précédemment en friches avant la dîme.

En 1743, le lieu de Font Chauvet fait l’objet de dimes novales, avec « un terrier éboulé appartenant à Monsieur de Beller » à proximité du grand chemin de Font Chauvet à la fontaine dudit lieu et autres côtés aux terres de la paroisse. La présence d’un « grand chemin à la fontaine » indique que la fontaine était à l’époque régulièrement utilisée.


neyssensas neycensas




Le registre est précisément tenu. La novale n° 29, est un terrier éboulé au village de Font Chauvet, défriché, depuis 10 ans environ, appartenant au Seigneur de Beller, confrontant au chemin dudit bourg de Lagulhac, et autres terres dudit seigneur propriétaire. En marge il est mentionné, en friche en 1741, entretenue en 1742 et avec, en 1743, la dîme de deux gerbes restant sur le champ.





La dîme des vendanges de 1741

Après que le ban des vendanges ait eu lieu, les paysans « donnent » deux jours de corvées au prieur, comme Jeandillou Meyssensas, ou bien payent  8 sols pour deux journées de corvées.

La dîme est prise soit sur place, en quantité de raisin prélevée, soit au pressoir, une partie du vin est alors prélevée par le prieur, lorsque la vendange se termine.

Estat des dismes des vendanges de l’année 1741 - justice de Léguilhac

neyssensas neycensas
A commancer le 4 septembre 1741

4 sols payés le mardy à la Chabanière, Le Rousseau, 1,

Au Puy, Jeandillou Meyssensas*, 2 gratis,

A la Combe de Las Mas, les prêtres, 1 gratis

Aux Tuilières et au Mas, Guillaume, 2 gratis,

8 sols payés, à Merlet et Jalabrou, les fils du Merlet, 2,

8 sols payés, Puychal et au Maine, Le Rousseau, 2,

8 sols payés, le Moutou et Fonchchauvé, Souilher, 2,

8 sols payés, au Durats, et au But Merlande, 2,

A Glenoux, Bernichou, 2,

8 sols payés, au R….., Jaualou, 2,

8 sols payés, Martinie et Labat, les Seigneurs, 2,

La Croze, …………. 1 gratis,

Total, 2 livres, 12 sols.

* Jeandillou Meyssensas est redevable de la taille en 1740. Voir article ci-dessous.

L’année 1741 se termine. Le Périgord est l’un des départements les plus « maltraité » depuis 1739 avec trois années de fortes disettes. Sous Louis XV, les « paysans broutent l’herbe  des champs » et ne mangent que très exceptionnellement, du pain de blé ou de seigle.


Rôle de la taille - 1740


Créée en 1439 pour financer l’armée Française pendant la guerre de Cent-Ans, c’est l’impôt direct le plus impopulaire. Prélevé annuellement, il porte sur la valeur des biens de chaque paroissien, terres, vignes, bois, près et biens immobiliers mais aussi industries. Les nobles et le Clergé en sont exemptés.

Aujourd’hui la taille est très peu utilisée en généalogie, pourtant elle reste irremplaçable pour connaitre l’état de fortune des familles roturières, la diversité des métiers, la démographie de la paroisse, et bien sûr, la toponymie, cependant lors de l’étude du nombre de feux, il faudra nuancer les notions de « veuve », « métayer », ou « bordier » afin de ne pas faire d’erreur dans le calcul du nombre de « feux » foyers, car, en principe, seul le chef de famille est mentionné.


Contexte


En matière fiscale, les trois quart de la France, dont le Périgord, pays d’élection, dépendent directement de l’autorité royale.


Les guerres maritimes de la fin du règne de Louis XIV, entre 1739 et 1748, notamment contre les Anglais, nécessitent d’importants investissements.

Année 1739 : « En Périgord, les hommes meurent comme des mouches, de pauvreté, se nourissant d’herbe », la disette va durer jusqu’en 1741.


Détail du rôle

Année 1740 : le rôle de la taille de Léguillac, composé de 13 feuillets (26 pages), auquel s’ajoute une « imposition extraordinaire », est rédigé en trois exemplaires :

-          Pour le président, chevalier, seigneur, Claude Boucher*, intendant de justice, police et finances de la généralité de Bordeaux.

-          Pour les officiers de l’Election de Périgueux, qui jouent un rôle important dans l’avancement des sommes à récolter.

-          Pour les syndic-collecteurs, Jean Jassaillat, Martial Delinard fils, et Thony Teyssier, de Léguillac.

* Conflit entre l’intendant Boucher et Montesquieu, défenseur de la viticulture en Bordelais : selon l’intendant Boucher, « en situation de monoculture, la vigne, au détriment des surfaces en blés, ne permet plus d’assurer la subsistance des habitants du Bordelais en période de disette ».

Le montant de la collecte est déterminée par l’autorité royale lors de la réunion du 20 octobre 1739, puis répartie arbitrairement par les collecteurs, entre taillables, en fonction des signes apparents de richesse et des réseaux d’influences.

Les trois collecteurs, qui « ne savent signer » l’acte, sont responsables de la perception de l’impôt sur leurs biens propres. Désignés par l’Intendant, leur élection se trouve finalement être une charge plus qu’un honneur.

La taille est perçue en un délai d’un mois, versée et vérifiée au bureau de l’Election, le 23 décembre 1739, par le lieutenant particulier, Fournier De Lacharmie.

En sont exemptés « Monsieur de Montozon de Laguillat, Monsieur de Valbrune de Belair », membres de la noblesse et le « saunier prêtre curé de la paroisse », membre du clergé.

Le montant de la taille s’élève à « 759 livres trois sols et 142 livres 16 sols d’impositions extraordinaires imposées pour l’année 1740 ».

Le détail de la somme est le suivant : « 734 livres en principal, 70 livres de moins proposé, collecteurs, 18 livres, 7 sols, droit de quittance, 2 livres et pour le sceau du présent rolle, 4 livres, 16 sols ».
La taxe exceptionnelle, « plus a été proposé a la marge du présent rolle et reparty au marc la livre de la taille, la somme de 142 livres pour quartier d’hiver et milices dont 33 livres, logement, trois livres ».

Le « marc la livre » est la manière de répartir ce qui doit être reçu ou payé par chacun, en proportion de sa créance ou de son intérêt dans une affaire.

La quantité de 81 boisseaux est prélevée sur l’ensemble des métayers employés par les plus gros propriétaires, répartie entre 1 et 2 boisseaux par métayer. Le terme boisseau dérive du gaulois « creux de la main ». C’est la mesure la plus utilisée pour mesurer les grains, blé, avoine, seigle.

Le registre de la taille mentionne 150 feux imposables. En réalité le décompte est de 148 feux, soit entre 590 et 740 personnes.

60 paires de bœufs ou veaux de labours sont élevés sur l’ensemble de la commune.


Les familles Léguillacoise en 1740

69 patronymes cités

Barzai, Beyney, Bigeard, Bournet, Bouthier, Bouyer, Brachet, Brangelier, Carel, Chabanas,Chastanet, Chavinou, Chazotte, Cruvelier, Dalen, de Linard, Demouret, Densrevolas, Dupeyra, Dupeyrou, Fourtou, Garamond, Garreau, Gendraud, Giraudou, Guillereau, Jammes, Jassaillat, Lacoste, Lacroix, Lamothe, Lasaigne , Lautreto, Lavaud, Lescure, Lavaud, Lescure, Linard, Macon, Maraché, Marchat, Massefret, Mastrenchard, Mataly, Meynadi, Meyssensas, Moreau, Pecou, Peytoureau, Ranouil, Renaudie, Reynaud, Ribeyrey, Rondet, Rousseau, Roux, Salesse, Simon, Soulier, Soullier, Teyssandier, Teyssier, Thury, Tournerie, Vergnaud, Veyry, Veyssière, Villepontaux, Villereynier.



Les Neyssensas en 1740 - taillables du Tiers-Etat


neyssensas neycensas











Densité habitants / hameaux


La densité est exprimée en feux, c'est-à-dire en nombre de foyers, soit entre 4 et 5 membres par famille. On dénombre 148 feux imposables soit entre 590 et 740 habitants, 41 feux dans le bourg, soit entre 162 et 205 habitants, entre 428 et 535 habitants hors-bourg.


Mairie de Saint-Astier, événements à venir - la base militaire - généalogie




La densité la plus élevée se situe à Faucherie avec 11 feux soit 44 habitants, puis La Croze, 10 feux, aux Champs, Leyterie et Veyrièras, chacun 9 feux, soit 36 habitants, le hameau de Cayot – Le Mas, 8 feux, Les Plantes, 7 feux, Glenon - Labat, 5 feux et Caroly, 4 feux.

Quatre hameaux ne dépassent pas les 3 feux, Armagnac, Merlet, les Tuilières et Martinie - Danthou, puis 6 hameaux avec 2 feux et enfin 7 hameaux avec seulement 1 feu, dont Font Chauvet.


Les métiers recensés sur le registre

neyssensas neycensas



Les métiers de la terre

79 % des taillables travaillent la terre.

Laboureur : 12 % des foyers imposables, avec 1 seul laboureur dans le bourg.

Le laboureur possède une charrue et des bœufs mais ne possède pas systématiquement de terres.

Bordier : 12%, dont 7 dans le bourg. Il exploite une borderie plus petite qu’une métairie et paye une rente au propriétaire.

Laboureur à bras : 18 % des foyers imposables, dont 7 laboureurs à bras dans le bourg.

Le laboureur à bras ne possède que la force de ses bras.

Métayer : 36 %, 7 métayers son domiciliés dans le bourg.

Le métayer exploite des terres avec le matériel et les animaux du propriétaire et partage les récoltes.

Les métayers sont les plus imposés avec un montant moyen imposable de 10.5 livres, viennent ensuite les laboureurs avec 5,78 livres, puis les bordiers, 2 livres, les laboureurs à bras, 1,28 livres, et un seul journalier avec 0,27 livres.

On dénombre, dans le bourg, imposables, 2 tisserands, 1 cabaretier et 1 marguillier, 1 coquassier à Faucherie, 1 journalier à Veyrièras, 1 menuisier à la Croze, 1meunier à Veyrièras, et 1 voiturier à Faucherie.

Le peu de diversité dans les métiers et compensée par un nombre important de saisonniers qui « apportent » leur qualification au village, venus du Massif Central, maçons, peigneurs de chanvre, colporteurs, ramoneurs, chiffonniers, ou rémouleurs, tout ce petit monde qui animent les fermes et chemins.


Les foyers Neyssensas (métiers)

neyssensas neycensas


On dénombre 7 foyers « Meyssensas » imposés chacun, en moyenne, à hauteur de 0,68 livres contre 4,8 livres pour l’ensemble des foyers Léguillacois.

1er foyer : Jean dit Jeandillou, métier inconnu.

Trois laboureurs à bras, Jean et Sicaire, comptant pour un foyer, employés par Guillaume Rondet*, Jean dit Preypelou, et Jean, fils du Garçon. Son père Sicaire, dit Garçon est opposé entre 1713 et 1717 à Messire Pierre d'Abzac de la Douze, Seigneur prieur commendataire du château et prieuré de La Faye, lors d’un litige portant sur un bornage de terres.

* Guillaume Rondet, 92 ans, qualifié par le curé Brettenoux, de bourgeois du bourg, décède le 27 octobre 1756.

Les laboureurs à bras de Léguillac de l’Auche sont imposés en moyenne à hauteur de 1,28 livres.

Jean Simon du Maine est le laboureur à bras le plus imposé, devant les frères Jammes des Tuilières, François Veyssière de Cayot, puis Jean et Sicaire Meyssensas du bourg.

Preypelou et Jean fils du garçon, parmi les plus pauvres sont 5 fois moins imposés que la moyenne des laboureurs à bras.

Trois bordiers, Sicaire dit Laroze, employé du Sieur de Fareyrou, Sicaire, employé du procureur Rey et le fils de feu Jean Meyssensas, employé de Sicaire Simon.

Les bordiers de Léguillac sont imposés en moyenne à hauteur de 2 livres.

Giraudou est le bordier le plus imposé avec 6 livres, Mataly, 4,15 livres, le bordier de Léonard Brachet de Razac avec 4,15 livres et le fils de Jean Meyssensas avec 3,15 livres.

Sicaire Meyssensas, dit Laroze, est le plus pauvre des bordiers du canton.

Et un dernier foyer avec Jean, dit Merlouty, métayer-propriétaire. Merlouty est le seul contribuable mentionné « métayer propriétaire » sur le registre de la taille.

Les métayers sont imposés en moyenne à hauteur de 10,5 livres. Le métayer le plus imposé est Sicarie Ranouil de Boudaud, employé du Seigneur Du Grezaud, bourgeois de Périgueux, avec 21 livres de redevance, puis Maillar Lavaud, de Carly,  métayer du Sieur de Fareyrou, avec 20 livres.

Jean Meyssensas est le plus pauvre métayer du bourg et le 4ème le plus pauvre du canton.

On dénombre trois veuves : Annette Meyssensas, veuve du notaire Charles Rondet, la veuve de Jean Meyssensas et la veuve de Jean Meyssensas dit Marot.

Sicaire Meyssensas, dit Laroze, est, seul, propriétaire de 2 petites maisons.


Nature et surface des parcelles

Sur 364 parcelles taillables, 36 % sont cultivées, 24 % en vignes, 23 % en bois et 16 % en prés soit 1000 journaux. Le journal correspond à la superficie qu’un paysan peut labourer avec son attelage en une journée. Un journal est égal à 40 ares.


neyssensas neycensas



La surface taillable s’élève à 400 hectares, soit 28 % des 1431 hectares que compte Léguillac aujourd’hui. Ainsi plus des ¾ de la superficie de Léguillac appartient à la Noblesse, au Clergé et autres propriétaires terriens situés pour la plupart hors de Léguillac.

Surfaces taillables détenues par les Meyssensas comparées à celles du canton


NEYCENSAS NEYSSENSAS


66 % de la surface est cultivée avec 10 parcelles, soit près du double des terres cultivées du canton, 26 % en bois, à peu près identique à celle du canton avec 7 parcelles, 5,5 % en prés, trois fois moins que sur le canton, avec 1 parcelle, et à peine 3 % en vigne, avec 1 parcelle, soit 8 fois moins que celle du canton, le tout pour un total de 19 parcelles.



Propriétaires et bordiers

neyssensas neycensas

Les petits propriétaires terriens


neyssensas neycensas


Autres impositions que les surfaces et parcelles


meysenssas meyssensas

Les familles de la Noblesse, du Clergé, et Bourgeois des villes et villages


neyssensas neycensas


Notes complémentaires :

Les Dames de la Visitation : le monastère est créé le 24 mars 1641, à proximité des ruines de l’amphithéâtre de Périgueux. Le 17 germinal an III le monastère est adjugé au prix de 90 000 livres et sera détruit peu de temps après.

Dominique de Montozon : écuyer, seigneur de Léguillac, conseiller du Roy, lieutenant particulier civil et criminel au présidial de Périgueux, se marie le 24 novembre 1712 avec Marie de Borros, dame de feu Léonard de Montozon, paroisse de la Cité, seigneur de la Chabanne, qualifié d’écuyer et seigneur de Léguillac en 1732 dans l’Armorial de France.

Un Joseph de Montozon de Léguillac appartient aux gardes du corps de la monarchie. On se souvient de leurs charges héroïques pendant les guerres de Louis XIV. Ils défendront la famille royale lors des journées des 5 et 6 octobre 1789. Le recrutement est roturier pour les simples gardes, puis il sera demandé, après 1775, un certificat de noblesse. Un grand nombre de gardes du corps émigrèrent.

Jean Soulhier est qualifié de bourgeois de Périgueux en 1756.

Elie Rey : décède le 6 janvier 1759, bourgeois de Périgueux, à l’age de 75 ans.

Eymeric de Méredieu : charge de maire de Périgueux entre 1719 et 1767.

Jean Ranouil : Sieur de la Grézerie, est bourgeois de Périgueux. Entre 1720 et 1727, en procés contre son fils, « Bertrand, sieur de Lautier, qui menace de le tuer, et a déjà frappé sa fille d’un coup de bâton dans la rue et assommé sa femme » - Inventaire sommaire des Archives départementales.


Les familles par hameaux

neyssensas neycensas



neyssensa neyssensas

Le 10 octobre 1789, Talleyrand, député du tiers état propose afin de renflouer les caisses de l'Etat la vente des biens du clergé, motion acceptée par l'Assemblée Constituant le 2 novembre.
L'estimation des biens appartenant aux Dames de la Visitation est effecutée courant mars 1791, les biens vendus aux enchères en avril. La métairie de la Croze est estimée ç 14 912 livres pour un revenu de 400 livres. La Martinie 18 900 livres pour un revenu de 450 livres, Pépinie 10 520 livres pour un revenu de 460 livres, la métairie de Jalabrou, un borerage à Béniveau, un bien à Girondeau, un prè à Chantegeline, le tout, pour 26 400 livres.




1742 - Portion congrue et dîmes novales


Conflit entre le curé Saulnier et le seigneur d’Abzac de la Douze en 1742

Pour une nouvelle répartition des dîmes novales et portion congrue

Le manuscrit étudié est composé de 4 feuillets référencés aux Archives Départementales sous la cote 12-J-27 ; il nous fait partager, entre autres, la musicalité des noms de lieux, surnoms, et familles Léguillacoises disparus. L’orthographe du rédacteur est conservée tout au long du document.

NEYSENSAS NEYCENSAS


Deux Neyssensas sont cités : Jean Neyssensa, dit Preypellou, laboureur à bras, employé de Guillaume Rondet, possesseur d’une maison, et Jean Neyssensas, dit Merlouty, métayer-propriétaire.

A Léguillac de l’Auche, comme dans de nombreuses paroisses du royaume, la dîme est perçue directement par le «gros décimateur », le seigneur abbé Pierre d’Abzac de la Douze, appelé aussi curé primitif.

Pierre d’Abzac de la Douze reverse, normalement, une petite partie - la portion congrue - au curé desservant Saunier afin qu’il puisse vivre convenablement.

Un édit royal d'avril 1571, fixe le montant de la portion congrue à 120 livres, puis en décembre 1634, à 200 livres aux curés sans vicaire et 300 livres aux autres, ce qui est le cas du curé Saunier.

L'augmentation de la portion congrue au XVIIIe siècle ne compense qu'imparfaitement l'augmentation des prix. Les cahiers de doléances du tiers état souhaitent porter le montant de la portion congrue à 1200 livres.
Les tensions entre curé primitif (haut-clergé) et prêtres desservants (bas-clergé) favorisent bientôt le ralliement du bas-clergé au tiers état, participant ainsi à l'effondrement de l'Ancien Régime et de la Monarchie absolue.

Le 30 juin 1742, Guilhaume Saunier, prêtre curé et vicaire perpétuel de « Léguilhac de Loche », intente un procès contre Messire Pierre d’Abzac de la Douze, seigneur prieur, commendataire du prieuré de La Faye et les nommés Pierre et Mathieu Souliers, ses fermiers.

« Le seigneur abbé de La Faye ne laisse pas de s’approprier » le droit de jouissance des novales qui se trouve sur l’étendue de la paroisse.

Les novales sont levées sur l’héritage défriché depuis quarante ans et une fois reconnues pour telles, restent toujours novales.

Le demandeur s’appuie sur « les ordres du Prince » et les droits accordés aux vicaires perpétuels du 20 janvier 1686 et 1690 qui fixent le versement de la portion congrue à 300 livres annuel et la perception des dimes novales.

Les 63 articles précisent le détail des novales détenues par le prieuré.

Art. 2 - « une partie du pré du Treuil et une haye arrachée et effriché par les métayers de Poude en 1731 …. ».

« un clos au lieu du Siryeyx converti en terre labourable appartenant à madame de Léguilhac ….. ».

« un emplassement de masures appartenant au nommé Laureillou, qui confronte à la maison jardin du propriétaire à l’enclos des dames religieuses à la maison du nommé Preypellou effriché depuis 10 ans ou environ….. ».



« une petite maison au lieu de la Petite Epine confrontant à la maison du Chat et les terres du Chat …. »

« l’emplassement d’une grange, aysines située dessous de Chez Mondit réduit en culture depuis 40 ans, appartenant aux nommés Serigous….. sur le chemin du bourg d’Annesse, et de l’autre cotté au reclos appellé Combe Marteau ….. ».

 « l’emplassement d’une maison avec eysines, un petit coderc, jardin et tout attenant et appartenant à Louis de Boisset et réduit en culture depuis 12 ans confrontant au Clos du Maine d’un cotté la maison de Mathieu Filibert, au jardin du procureur et à la terre de Rondet ».

 «  un emplassement de maison appartenant à la nommée Broutissonne situé dans le bourg qui confronte à la maison de Preypellou d’un cotté de la maison de Mitou et au chemin du puits du But en montant au bourg ».

 « un jardin appartenant à la dénommée Broutissonne confrontant au chemin du puits du But et aux terres dudit Preypellou et encore un autre cotté au pré dudit Preypellou ».

 «Maison, granges, eysines, jardin situé au village de la Grézerie, appartenant autrefois et maintenant à la Grézerie Barbieras ».

 « entre le village des Champs et Veyrieras une maison appartenant au dénommé « la Frite » qui va au puits des Champs ».

 « le grand chemin de La Font de Lauche aux champs et au Clos de chez Reillat ».

 « une maison ayant appartenu au nommé Chaudillou que Monsieur de Montozon a fait démolir à Martinie ».

 « l’emplassement d’une maison situé au lieu de la Marie du Pey appartenant à la dénommée Marie du Pey de Geofroy qui confronte à la maison de La Féliberne, et les terres de Fareyrou ».

« l’emplassement de deux maisons au village de Perpezat appartenant aux nones »

« l’emplassement d’une maison eysines et basse cour ou habitoit la veuve de Pierre Linard, Sieur de Margnac, réduit en culture depuis 45 ans ».

« l’emplassement d’une maison située au village de Fonchauvet appartenant au nommé Pellats réduit en culture depuis 30 ans ».

« un terrier éboulé situé au village des Granges lieu appellé « au chemin de l’escalier » appartenant au nommé Rondet ».

« un terrier éboulé appartenant aux dames religieuses ».

« un terrier éboulé situé à Fonchauvet appartenant aux de Beller confrontant au grand chemin qui va de Fonchauvet à la fontaine dudit lieu ».

«  un terrier éboulé appartenant à Pierre Bizardet de la Mothe vers la croix de Puychaud ».

« un terrier éboulé et haye arrachée au bas des Mouteaux aux Chassarias effriché depuis 8 ans ».

« lieu d’Armagnac sous le Pey de Nardou appartenant à Bazinette ».

« deux pièces de bois chataigniers, brouissailes effrichées et réduites en vigne depuis 30 ans une maison confrontant par le haut au chemin de la procession qui se fait le jour de Sainte Marie ».

« l’emplassement d’une maison, four, eysines, jardin, converti en terre labourable depuis 30 ans appartenant au Sieur fareyrou, confrontant au jardin de Touringuet et au chemin qui va de Charly, appartenant à Estienne de Charly ». On note la présence d’une fontaine à Charly et d’un ruisseau au But.

« Maison et grange ayant apartenu au Sieur de la Borie, la grange et le jardin ayant apartenu au nommé le Chat, le jardin ayant apartenu au beau frère de Laureillou, qui a apartenu au nommé Merlouty, le tout appartenaut aux dames religieuses ».

« l’emplassement d’une grange, d’un jardin, possédé par Sicaire Parade, dit Gringout, et Jeanne Veyry, dit Grosse Jeanne, réduit en culture …. ».

« Deux terriers éboulés et haye arrachée appartenant aux Sieurs Chaumandie Reynaud Lestrade, confrontant aux quoints des Vigneaux autrement le Sol des Dixmes, de l’autre au chemin qui vat au village des Plantes ».

« un terrier éboulé qui joint la Croix Chatier et vat à Annesse de l’autre au chemin de la Font de Lauche et aux terres de Madame de Léguilhac.

« Comme le Seigneur prieur de La Faye jouit de la dixme des quartiers (63 articles) dont on vient de faire état, il faut qu’il cesse cette jouissance et l’abandonne au Sujet du Clergé ».

La même déclaration de 1686, veut que les vicaires perpétuels soient payés par les gros décimateurs, la somme de 300 deniers de portion congrue de quartier en quartier.

Le jugement demande au « Seigneur abbé de La Faye, en qualité de curé primitif et gros décimateur de la paroisse de Léguilhac de Lauche de fournir les calices et ornements, les livres nécessaires, à faire faire les réparations car, comme la souligné, le Seigneur Evêque ou ses vicaires généraux lors de leurs visites pastorales, la fabrique n’a aucun revenu, comme porté sur une ordonnance de 1691.

Faire blanchir les lainges nécessaires pour lautel et pour les ministres lorsqu’ils font leurs frations. Toutes ces obligations sont attachées à la qualité du gros décimateur d’abord, que l’église n’a point de fonds affectés à le faire remplir ».

Le vicaire est obligé d’avoir recours à l’autorité de la Justice pour forcer un gros décimateur opulant à relaxer à son vicaire perpétuel les dixmes dont il doit jouir et payer les arrérages d’une portion congrue distinguée pour la nourriture, l’entretien des ministres des autels, à fournir les ornements nécessaires ou à réparer ceux qui sont déjà achetés et pour entretenir la Maison du Seigneur dans une décence qui convienne à la grandeur de celui qui l’habite afin qu’il puisse dire les paroles du prophète « Domine dilexi decorem domus tuae et locum habitationis gloriae tuae » soit traduit « Éternel ! J’aime le séjour de ta maison, le lieu où ta gloire habite ». Psaume 26 par David.

Lors de la visite du 14 avril 1736 faite par l’abbé Charles Prudent De Bec de Lièvre*, vicaire général, « le seigneur de La Faye est condamné à payer les ornements et linges mentionnés sur la susdite ordonnance, à faire faire incessamment les réparations soit pour ce qui regarde les vases sacrés, lautel, retable, fonds baptismaux, cloche, balustres, chasuples, drap mortuaire, et surplis. Le seigneur devra fournir au vicaire, le pain, le vain, nécessaires au service divin, les faire blanchir à ses frais ».

Signature - curé Saunier de Léguilhac et Debest de La Crousille

Charles Prudent De Bec de Lièvre, nait à Nantes en 1705. Après avoir fait licence à la Sorbonne, l’évêque de Périgueux le choisit pour son vicaire général. Il est nommé par le Roi à l’évêché de Nîmes le 3 juillet 1737.
Charles est « issu d’une maison distinguée de Bretagne, fils de Pierre, chevalier, comte de Bouexis »


Léguillac à la fin de l’Ancien Régime


Les familles Neyssensas, tout au long de l’Ancien Régime pratiquent une agriculture de subsistance, avec prépondérance donnée aux cultures de céréales et en particulier au blé. Ils pratiquent l’assolement avec jachère, utilisent l’araire et moissonnent à la faucille.

La plupart des Neyssensas vivent dans le bourg de Léguillac composé de maisons et jardins parfois attenants. Le jardin, clôturé, reste un lieu privilégié dont la petite production de chanvre, quelques vignes et légumes, échappe à la dîme et aux impôts du seigneur.

Les jardins de Léonard Salesse, laboureur à bras, Jean Lassaigne, et Guillaume Rondet, dans le bourg, ceux de Jean Carel, à Faucherie, et Pierre Thury, menuisier, à la Croze sont imposés.

Au-delà, les terres labourées, accueillants principalement les céréales, sont entourées de bois de châtaigniers. Les Neyssensas possèdent quelques espaces non cultivés, bois, buissons, broussailles, en compléments aux jardins, notamment pour la litière des animaux et le bois de chauffage.

L’amorce d’une croissance démographique, après 1750, correspond à une augmentation des rendements. Le taux de natalité atteint en France les 35 à 37%, ralenti pourtant par des mariages tardifs. C’est durant cette période que nombre de Neyssensas migrent vers d’autres terres et villages du département.

Bien avant la période 1750, un Jean Meysensas, boulanger, natif du bourg de Leguillac de l’Auche, fils de Sicaire Meysensas, travailleur de terre, et de feu Antoinette Conchon, qui se marie le 14 avril 1733, à environ 520 km de son village natal, dans l’église paroissiale de Clermont l’Hérault.

L’agriculture reste pourtant très fragile, liée aux aléas climatiques, ponctuée de crises de subsistance, d’hivers rigoureux, de fortes gelées de printemps, et d’importantes variations des prix. Les paysans Léguillacois, les ¾ de la population du canton, produisent insuffisamment, car à peine petits propriétaires. Ils doivent alors compléter leur nourriture quotidienne et se rendent au marché, en attendant la récolte prochaine.

La plupart des terres, appartenant à la Noblesse, au Clergé et à la Bourgeoisie, sont morcelées en métairies, et lors des périodes de grandes difficultés, les métayers rebutent de plus en plus à verser les compléments monétaires et corvées auquel ils restent soumis.

La fiscalité royale, incompressible en temps de crise, est estimée entre 12 et 22% en Auvergne et se rajoute aux prélèvements seigneuriaux, estimés à 25% dans la région de Brive, et à la dîme due au clergé, environ 7 à 9% de la récolte brute. Les métayers et bordiers, employés par des propriétaires dont près de la moitié habitent Périgueux, savent bien que leurs efforts alimentent l’essor de la ville toute proche, et cela au détriment de la campagne, en particulier dans le courant du XVIIIème siècle.

La crise de subsistance, des années 1788 et 1789, va se transformer en crise économique, puis financière et enfin politique.


Comme nous allons le découvrir, Bernard et Jacques Neyssensas et leurs cousins Astériens, ne sont pas restés simples spectateurs des événements parisiens et ont participés au processus révolutionnaire.

On pense souvent que « les paysans n’ont pas laissé d’archives », pourtant dès 1638, nous rencontrons notre patronyme dans les archives de la famille d’Abzac, puis lors d’évènements se situant durant la période révolutionnaire, entre 1789 et 1815. Il est vrai que ces archives ne sont pas issues d’archives familiales mais de documents administratifs, archives notariales, et rapports de justice.


Deux périodes sont étudiées.

Les cahiers de doléances de 1789 à Léguillac de l’Auche et la période 1790 à 1793





1ère période





1789  - Les cahiers de doléances



neyssensas neycensas



Chanson écrite au lendemain de la suppression du grand bailliage, le 23 septembre 1788. La noblesse périgourdine avait soutenu le Parlement de Bordeaux dans ses revendications contre l’Edit du roi Louis XVI qui le supprimait, la chanson attaque les principaux acteurs de la Noblesse qui avaient mené campagne contre le bailliage.

« Pouro bé vira lo chanço,
E lous grands tournas pitis,
Hélas, moun diou, qualo perto,
Quant tous lous noubleys d’un saut,
Moutorion sur l’eychafau ».

Deux membres de la famille Neyssensas sont cités dans le procès-verbal d’assemblée de la paroisse lors de la nomination des députés.

 Le procès-verbal d’assemblée est publié au prône de la messe, le 1er mars 1789, sur la porte principale de l’église.



neyssensas neycensas


Bernard et Jacques Neyssensas, comme tout homme du canton de « Layguillac », âgé d’au moins 25 ans et payant une contribution, pour la première fois et démocratiquement, sont convoqués le 5 mars 1789, de la manière accoutumée, au son de la cloche.


16 paroissiens ne savent pas signer : Bernard et Jacques Neyssensas, Pierre Varin dit Barbeau, Pierre Ranouil, Vidal Laronze, Linard dit Cadet, Linard dit Perillou, Jean Jassaillac, Jean Boutier, François Pelletingeas, Sicaire Mazeau, Vidal Laronze, Jean Hyrondeau, Charles Bonnet, Jean Souiller, et Jassailliac dit Taillepetit, les signataires, sieurs Labruhe, avocat en la cour, Reynaud, bourgeois, et 13 habitants, Pecou, Bardon, Linard, Grabrié, Pecou, Veyssière, Linard, Simon, Vernaud, Pecou, Laronze, Pecou, Jean Simon.

Les 29 électeurs assemblés dans l’église, déclarent après lecture qui en vient d’être faite, leur parfaite connaissance du procès-verbal. L’assemblée s’engage à « s’occuper de la rédaction des cahiers de doléances » sous la plume du greffier Linard.

« les dits habitants après avoir murement délibérés » élisent leurs députés, « Labruhe*, avocat en la cour et Reynaud, bourgeois, tous deux habitants la ditte paroisse, qui ont acceptés la ditte commissions et ont promis de s’en acquiter fidèllement ». « Les députés sont présentement chargés du cahier des doléances de la ditte paroisse de Layguillac de Lauche et ont promis de le porter » à Périgueux.

Antoine Labrue né vers 1754, aux Champs, à Léguillac, avocat et maire décédé le 24 mai 1790.

Aucune électrice n’est présente, le village est composé de 129 feux – entre 500 et 650 habitants.

Le greffier Linard, « en l’absence du juge » est président de l’assemblée et rédige les 21 feuillets suivants :

Les titres de chaque paragraphe correspondent à des mentions marginales apparaissant à compter du feuillet 5.

Dès le 2ème feuillet, Linard met en évidence, le fardeau des impositions supporté par les habitants, la présence d’un « sol des plus ingrats de la province, sujet partout à la ravine, la moindre pluie qui tombe détruisant dans un moment toutes les espérances de l’année » et des « rentes foncières oriblement fortes ». Les impositions sont supportées par des paroissiens qui ne possèdent à peine plus d’un tiers des fonds de la communauté, le restant appartenant à la noblesse, gens d’église ou privilégiés.

Linard demande alors que les titres qui exemptent de charges communes les privilégiés soient justifiés, non plus par devant les commissaires, « toujours sujets à ce laisser gagner », mais en conformité à « l’arrêt si sage de la Cour des aides, que le Parlement cassa par jalousie et incompétance ».

« Que les contributions de la Province soient recouvrer a moindre frais, pourquoi renvoyer continuellement des huissiers dans les paroisses, sans être demandés …. Et qui ne font autre chose que réppartir arbitrairement sur les contribuables les frais de leurs courses ».

Linard demande la diminution des droits des Receveurs, « s’y lucratif », « ces messieurs sont si riches qu’ils ne se donnent plus la peine de faire eux même leur rentes, il leur faut des commis que paye le pauvre peuple, on peut le regarder comme un des plus grand fardeau de la province ».

Corvées :

« Ce n’est pas là tous les inconvénients que supporte notre pauvre communauté, il y en a bien de plus intollérable, surtout lorsqu’ont s’y attent le moins, il faut quiter son foyer, l’ordre de Monsieur L’intendant est arrivé, quoique les travaux de la campagne pressent beaucoup, il faut tout quitter pour applanir des grandes routes, quelquefois forts éloignées de nos demeures ….. si on veut nous faire quelque grâce ont nous fait payer le montant de notre tache, en argent quelquefois le double de ce qu’il en faut pour le faire faire a des manœuvres ».

Linard demande aux grands propriétaires, nobles et clergé, exempts de l’entretien des routes, de s’en acquitter en fournissant le plus grand contingent, car ceux sont eux qui utilisent le plus souvent les routes de la province.

La milice :

Linard traite du feuillet 6 au feuillet 9 de « l’un de l’autre fléau non moins redoutable », celui du recrutement de la milice.

« Le cultivateur, père de famille, se nourrit des plus vives éspérance en voyant grandir son fils qui doit être bientôt le soutien de sa vieillesse, s’en voir bien tôt frusté et quoiqu’il répugne au jeune homme, il faut pourtant qu’il céde au sort Rigoureux.
Les Commissaires nommés par les Subdélégués sont entourés d’ordonnance qu’ils interprètent selon leurs caprices, si on a quelques puissants protecteurs on peut faire valoir des exemptions, ce qui oblige nos habitants a déserter les campagnes pour se metrent au service des gens qui puissent les exempter ».

Linard soulève alors le nécessaire besoin de recruter des « défenseurs de la patrie » qui « soient de bonne volonté plutôt que les y forcer contre leur inclination, ce qui fait autant de mauvais soldats, la preuve en est claire en voyant de quelle façon les autres troupes les traitent avec mépris ».

Linard propose de lever une contribution dans la province afin d’assurer l’entretien des volontaires de la paroisse, « une contribution qui ne serait pas levée sur le tiers état seul, quoiqu’on soit accoutumé a prendre les déffenseurs de la patrie dans la classe de ceux qui la nourrissent ».

Linard conclue et qualifie « d’injurieuse et la plus injuste du monde » l’interdiction faite à ceux du tiers état qui servent l’armée, d’accéder à des emplois « dans le militaire, de même que dans la Robe ».

« Tout comme aussi le pauvre soldat au retour de défendre sa patrie » à qui on interdit de porter les armes « pour se défendre contre les Brigands ou contre les Bêtes féroces qui en veulent à leur vies ….. à ceux qui savent si bien s’en servir pour l’interêt commun ».

Suppression du franc-fief :

Linard demande la suppression du franc-fief, du en principe tous les 20 ans, par le roturier après l’achat d’un bien noble.

«Si la fortune nous a assez favorisé que d’avoir un morceau de bien qui soit exempt de ses anciennes redevances, qui font encore ressouvenir les habitants de leur ancien esclavage. Il nous faut payer de droit odieux de franc-fief plus a charge que ne sont les plus énormes rentes foncières ».

a)      La féodalité (droit féodal), recouvrait initialement les droits de fief dont « l’odieux franc-fief ».

b)     Les droits seigneuriaux (rentes seigneuriales) englobent les corvées, banalités, rentes en tout genre, dimes…..

A la veille de la Révolution, dans le langage paysan ou notarial, les « droits féodaux », au sens large, inclus à la fois les droits seigneuriaux et les droits de fiefs.

Contrôle des actes :

« Enfin c’est notre cruelle destinée il faut que nous soyons pressuré de toute part, voulons nous contracter, ensemble disposer de nos biens, sous prétexte de rendre ces actes plus authentiques, il faut que cela passe par le controlle d’un homme qui a le droit d’interpréter a son gré, le droit, porté par son tarif, s’il y a quelques disentions, il est alors juge et partie et on gaigne plus a leur donner tout ce qu’ils veullent que le leur disputer». Linard demande l’assainissement de la profession notariale.

Pouvoir souverain :

« Si on vient a avoir un procès, pour repousser toute invasion sur nos possessions surtout si c’est contre un homme puissant, on est bien sur d’être trainé de tribunal en tribunal, et du fond de sa province, il faut quitter femme et enfant et le soin de leur subsistance, se transporter, pour ainsi dire, sous un ciel nouveau affin de déffendre sa cause devant des juges que la multiplicité des causes rend inabordables et qui malgrè toute leur intégrité ne connaissent ni le local ni les parties ».

« Sont sujets à être trompés principalement par ceux qui sont assez puissants par le moyen de leurs intrigues pour leur faire paraitre les choses toutes différantes ainsi pour le Bonheur de notre province que nous eussions un Conseil Souverain, plutôt que de laisser le grand bailliage établi l’année dernière».

« Notre communauté, mentionne Linard, se trouve dans le besoin, et il rajoute entre parenthèses, (et cecy n’intéresse malheureussement que nous en particullier), de faire réedifier notre église paroissiale qui menace d’une ruine totale ». Linard demande l’aide du gouvernement « attendu la misère qui règne parmi notre Communauté ».

Réparation de l’église à la charge de ceux qui perçoivent la dixme :

neyssensas neycensas


Linard met en évidence la « facheuse position » de la Communauté qui paye la « grosse dîme et toutes les rentes foncières a un gros bénéficier qui possède dans notre paroisse une très belle église ne servant à aucun usage particullier et qui pourrait bien nous servir d’église parroissiale, sans blesser aucun droit particullier, et que ce même bénéficier se nomme curé primitif, selon toutes les apparences son église et la matriculle de la paroisse, il en emporte tout le revenu, en laissant à celluy qui supporte toute la peine de la desserte que le modique nécessaire, les pauvres de la paroisse se trouvant frustrés des services qu’ils sont en droit d’attendre de celui qui est leur pasteur et leur père surtout dans ces années callamiteuses comme celles que nous éprouvons de notre gros décimateur qui habite parmi nous depuis bien des années ».

Point d’ingénieur employé par le gouvernement et ouvrages publics :

Lorsque la paroisse désire construire un édifice, elle ne peut « recouvrir les deniers nécessaires quant faisant beaucoup de démarches ». Des devis trop élevés, « lorsqu’il faut luy payer ces valeurs bien chair, nous avons un exemple bien frappant dans notre voisinage Monsieur L’ingénieur a eu vingt deux pistollets pour tirer le plan d’une petite maison presbitéralle qui n’est composée que de trois pièces a peine plus, seulement et les greniers ».

Variation de la jurisprudence :

Linard demande aux seigneurs de préciser dans « les rapports des confrontations des ténéments, le détail des arrérages dus par les tenanciers », que toutes les « mesures à grains soient alignées sur celle de la ville capitalle de province, que le droit d’accapte reconnu simplement dans le ressort
du parlement de Bordeaux et de Toulouse et ne sera plus sujet à une jurisprudence versatile ».

Remises des rentes dans le Commerce :

« Que les toutes les rentes seigneuriales appartenant aux écclésiastiques tant séculier que régulier rentrent le Commerce, et qu’il soit permis aux tenanciers d’en faire le rachat dont les fonds seront placés de manière à leur produire l’intérêt porté par les ordonnances n’étant pas dans l’ordre politique que deux personnes qui ont fait vœux d’humilité et de pauvreté soit décoré de prérogatives qui en général ne forment qu’un orgueuil très déplacés ».

Université dans chaque Capitale :

« Qu’il y ait un établissement d’une université dans chaque ville capitalle de la province, que les émoluments des professeurs soient payés également sur les fonds de la province ».

Rétablissement des Etats particuliers comme ceux du Dauphiné :

« Que le rétablissement des anciens états de la province organisé selon ceux du Dauphiné, que les membes des trois ordres seront à égalité de voix et que toutes les contributions serront réparties sans distinction quelconque de rang de naissance, n’y de dignité et sur un seul et même Role ».

Résidences des Evêques et revenus des absents :

« Ques les Evêques seront tenus de résider dans leur diocèse, ainsi que les abbés et prieurs Royaux, conformément à l’édit de 1695 ».

Linard demande que les revenus des évêchés, prieurés, et abbayes, soient réparties en fonction du temps de présence des écclésiastiques et que le restant des revenus soient redistribués aux pauvres,

Rémunération des curés :

Linard demande que les vicaires perpétuels preçoivent au moins douze cents livres.

Suppression du droit de chasse :

« Que le droit de Chasse soit entièrement suprimé, sauf au Seigneur de l’exercer sur leur propre fonds ».

« Que la prochaine assemblée des Etats généraux fut fixée pour le plus tard dans le delay de trois ans après celle qui sur le point d’être tenue ».

Le Roi ne prélèvera plus d’impôts :

« Qu’il ne soit jamais permis au Roy de lever de nouveaux impots au dela de ceux qui serront fixés par les états généraux, que les pailles provenant des dixmes soit rendues dans les paroisses par préférence aux habitants de la Communauté, si par ailleurs il se trouve qu’il y ait des Bruyères dépendantes des prieurés qu’il retire le dixme des paroisses qu’il ne soit permis qu’au seul parroissiens dans retirer le fourage ».

Et Linard de mentionner, « Ce sont les doléances et griefs que nous vous prions de vouloir Ecouter Enfoy Dequoy avons Signés ».

« Linard, greffier président de l’adite assemblée, coté 21 pages, et dernière page du cahier qui a esté remi en notre présence aux Sr Labruhe et Reynaud par les abitants de la paroisse de Léguihac de l’auche duquel aussi garde l’original, en la présence du juge ».

NEYSSENSAS NEYCENSAS



Brèves analyses du procès-verbal et du cahier des doléances

La tenue des Etats Généraux est précédée par une misère généralisée occasionnée par les tempêtes et ouragans de l’été 1788 qui touchèrent principalement le Bergeracois, puis le grand froid de l’hiver 1788 - 1789.

Rédaction des cahiers :

Dans certaines paroisses, le juge châtelain rédige le cahier, dans d’autres paroisses, ce sera le greffier de la justice seigneuriale en l’absence du juge.

Contenu des cahiers :

Certains cahiers, en France, ne comprennent qu’un peu plus d’une dizaine de pages, comme celui de Saint Germain en Laye, jusqu’à 81 pages pour celui de Château Thierry. Le cahier de Léguillac est composé de 21 pages.

Les cahiers, en règle générale, se composent de deux parties :

- les grands principes de l’organisation des Etats Généraux, mais aussi et surtout de la Fiscalité, de la Justice, de l’Eglise et de l’Etat.

- les intérêts régionaux, comme « l’établissement d’une poste aux chevaux pour Périgueux, Libourne et Agen et d’un courrier de Périgueux à Agen ».

Linard réparti les sujets concrets de la communauté au fil des 21 pages.

a)      « l’ordre de Monsieur L’intendant est arrivé, quoique les travaux de la campagne pressent beaucoup, il faut tout quitter pour applanir des grandes routes, quelquefois forts éloignées de nos demeures »

b)     « L’église menace de ruine totale …… ».

c)      « L’ingénieur a eu vingt deux pistollets pour tirer le plan d’une petite maison presbitéralle qui n’est composée que de trois pièces a peine plus, seulement et les greniers ».

d)     « Que le droit de Chasse soit entièrement suprimé ».

e)      « Que les pailles provenant des dixmes soient rendues aux habitantss’il se trouvent des bruyères dépendantent des prieurés ».

f)       « Qu’il retire le dixme des paroisses, qu’il ne soit permis qu’au seul parroissien dans retirer le fourage ».

Linard, dans l’expression des doléances et mécontentements des Léguillacois, souligne, la pauvreté des sols de la paroisse, l’excessivité des prélèvements aux profits des privilégiés et notamment des dixmes payées aux « bénéficiers » ou dignitaires de l’église, la moindre importance de la « portion congrue » qui ne permet pas au curé de vivre de manière descente, et l’abus des enrôlements forcés par tirage au sort.

Des modèles :

Si l’on se réfère à quelques exemples, comme Léguillac, Agonac, Saint Méard de Dronne, ou Saint Astier, rapidement on s’aperçoit que des modèles ont circulés par zone géographique. Chaque rédacteur en assume la présentation, sous forme d’articles comme ceux d’Agonac et Saint Méard de Dronne, Tocane ou Mensignac, ou requêtes sous formes de lettres que l’on adresserait à une personne, comme celui de Léguillac.

Quelques cahiers, cependant, dérogent à la règle. Celui de Saint André de Double, dont le contenu du procès-verbal est sans équivoque, souligne un réel enjeu local. « Eux (les habitants) ne veulent se conformer à ce cayet fait à leur insu, ils en auraient sur le champ fait rédiger un ».

Contrairement à Saint André de Double, Tocane ou Mensignac, qui présentent brièvement l’état de la commune, Linard ne mentionne aucune donnée chiffrée, cela aurait été précieux ……

Une république en devenir :

Le greffier Linard devient le porte-parole d’une république en devenir, et citoyen par sa résistance civique, ou le pensable alors énoncé va bientôt se réaliser, avec, le 26 août, la proclamation de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. La démocratie est demandée par Linard lorsqu’il écrit « « Que la prochaine assemblée des Etats généraux fut fixée pour le plus tard dans le delay de trois ans après celle qui sur le point d’être tenue ».

En France, en règle générale, les cahiers demandent la tenue des Etats Généraux tous les 5 ans, Menignac, tous les 4 ans.

Usage de l’expression :

En étudiant l’usage de l’expression du cahier de doléance, on constate la persistance d’un langage de justice et d’administration d’ancien régime. Il ne s’agit pas de révolutionner les institutions, il s’agit de réformer, sans atteindre le pouvoir Royal en place, on souligne par exemple, la corruption de certains corps, « les commissairestoujours sujets à ce laisser gagner », ou, « si on a quelques puissants protecteurs on peut faire valoir des exemptions ».

Quelques cahiers ……

Comparer les cahiers de doléances entre région est intéressant à plusieurs titres. Les cahiers de doléances dans l’Ouest de la France, comme en Basse-Normandie, par exemple, ou le taux d’alphabétisation est élevé, ont été influencés dans leur contenu par des intellectuels ou des Francs-maçons, le Français étant la langue officielle.

En Périgord, où le taux d’alphabétisation se situe en deçà de 30 %, les cahiers sont rédigés en Français par les représentants de la bourgeoisie, de l’administration, comme le greffier Linard, et destiné à une population dont la langue officielle est l’Occitan. En ce qui concerne les participants à l’élection des députés sur Léguillac de l’Auche, 45% signent le procès-verbal.

Les cahiers sont naturellement rédigés au subjonctif.

Oral et écrit :

Comment sont utilisés « l’oral et l’écrit » dans la compréhension des doléances par les différents protagonistes ? A Léguillac, l’occitan est oral, très peu ou pas écrit, le français est oral et écrit dans de nombreux domaines. Les échanges oraux s’effectuent en occitan, le greffier va devoir les traduirent instantanément dans le cahier …… les traduira-t-il comme l’entend la majorité des habitants du village ?, qu’elle est la part du convenu et du spontané, sont-ils rédigés sous influence comme nous l’avons vu dans le paragraphe ci-dessus ?

Ce que montre en tout premier lieu Linard, quand il utilise 7 fois dans ses écrits le terme « communauté » c’est le passage d’une expression revendicative individuelle à une revendication commune, « la communauté dans le besoin », les inconvénients que supporte notre pauvre communauté », ou « attendue la misère qui règne dans notre communauté ……».

Linard fait une seule référence au vocabulaire des Lumières dans sa phrase « pour le BONHEUR de notre province ».

Si l’on analyse le discours, Linard n’intègre pas de nouvelles valeurs pragmatiques. Il emploi le mot « peuple » par deux fois dans le sens de la soumission sujet-roi, accentué un peu plus dans le procès-verbal par « chacun des sujets de sa majesté ». Les termes de Nation et Citoyen n’apparaissent pas encore dans le cahier.

Ainsi, tout au long de l’étude linguistique, le discours de Linard persiste dans la relation communicative traditionnelle entre le peuple et le roi. On n’est à aucun instant dans la demande d’exigence, d’impératif comme peut l’être le contenu d’autres cahiers. Linard ne pratique pas encore le langage de la révolution est reste dans le respect de l’autorité royale.

Le procès-verbal plus que le contenu du cahier reflète la soumission à la royauté, « lesquels (les habitants) pour obéir aux ordres de sa majesté, et satisfaire au Règlement (R majuscule) ». Il est vrai que les procès-verbaux sont fournis par l’Administration, mais peuvent être modifiés comme celui de Saint André de Double.

L’assemblée préparatoire de la sénéchaussée de Périgueux se réunit le 11 mars 1798, église Saint Silain, puis peu de temps après, en l’église des Jacobins. Il y eut 320 cahiers consultés par 56 commissaires, jusqu’au 14 mars 1789. Le Tiers Etat du Périgord est représenté par 380 électeurs.

Le 16 mars 1789, à 8 heures, l’Assemblée des Trois Ordres est réunie en présence du grand sénéchal, Monsieur Verteillac, et le lieutenant général, Fournier de la Charmie, suivie d’une messe.


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21 juin 1789 – baptême « à féfix Augustin de Montozon, ondoyé …. »




La Grande Peur


La convocation des Etats Généraux a mobilisé la paysannerie Léguillacoise.

Neycensas neyssensas

Les échos de la prise de la Bastille, les faits qui se déroulent tant à Paris qu’à Versailles, l’approche de la moisson, et les rumeurs qui parlent de « l’arrivée de 2000 brigands sur Brantôme », voulant, soit disant, s’emparer des récoltes,  des « Anglais  à Limeuil et Ribérac, mis à feu et à sang », et des « Allemands aux frontières du pays »,  enflamment les esprits.

Ces rumeurs, pourtant démenties par les « Messieurs » de Périgueux, précipitent les habitants de la campagne dans « L’annado de la Pau ». Entre le 19 juillet et le 6 aout 1789, les paysans s’arment de « fugit, epée, fourche à fert, dail, pigualats ….. ». Les curés, au son du tocsin, dès le jour levé, donnent la bénédiction à qui le souhaite…

Une fois la peur dissipée les paysans restent armés, sur leur garde.

Jacques Neyssensas Léguillac

Deux jours après la prise de la bastille, le curé desservant Dumaine, inscrit sur le registre paroissial, la naissance d’Antoine Neyssensas, fils de Jacques et Catherine Duteil, au hameau de « chez Mondy ».


2ème période


Les événements de 1790 à 1793


Bernard et Jacques sont issus d’un passé familial, composé de générations soumises depuis des siècles, au féodalisme, au régime seigneurial, mais aussi des générations rebelles des XVI et XVIIème siècles, dont les révoltes organisées défirent un temps la minorité dominante.

Comment appréhender ces sentiments, ces émotions, ces frustrations qui les conduisent à se mobiliser lors de la rédaction des cahiers de doléances. Même si l’on est bien loin de la fronde paysanne des siècles passés, les métayers de Léguillac vont « construirent » une sédition, en un temps court, comme près de 600 autres paroisses du Sud-Ouest.

Malgré les périodes de disettes, les premiers griefs sont dirigés vers la « rente », ou la dîme, on fait la grève du paiement. Le rassemblement des mécontents se déroule devant l’église et c’est l’occasion bientôt de s’en prendre aux bancs d’église. Pourquoi, en effet, le peuple resterait-il debout pendant les offices, les habitants de Léguillac ne veulent plus du droit de banc accordé au seigneur du Grézeau, aux « Messieurs », Du But, Valbrune de Belair, ou les héritiers de Monsieur de Montozon, comme Bernard les nomme.

L’insurrection générale en Périgord prend alors des formes nouvelles, comme ancêtres des manifestations d’aujourd’hui. Ainsi dès l’hiver 1789-1790, la révolte débute dans la même zone qu’en 1593, 1637 et 1641 aux confins du Périgord et du Limousin pour s’étendre vers Périgueux.

En 1637 et 1641, près de 400 paroisses se soulevèrent, ce qui sera le plus grand soulèvement paysan de l’histoire de France. La révolte des Tard-Avisés, en 1707, débutera, de même, en partie en Quercy, Périgord et Agenais.

Y. Bercé décrit nos ancêtres « il faut imaginer ces troupes de rustres qui furent nos ancêtres, marchand nu-pieds ou en sabots, coiffés de chapeaux à larges bords informes et délavés, armés de bâtons à toucher les bœufs. Ils se mettaient en chemin à l’appel de leurs tocsins. Le bruit des cloches au-dessus des champs et des bois traversait ces campagnes françaises si peuplées que du haut d’un clocher on en apercevait souvent plusieurs autres des paroisses voisines. Peut-être leur marche finirait-elle dans le sang, ou plus heureusement au milieu des flots de vin répandus des tonneaux éventrés ».

Comment naît la révolte ?

Geste insurrectionnel, la révolte naît au gré des offices, marchés, fêtes sacrées, contre la seigneurie, donc antinobiliaire, mais surtout pas contre le roi, contrairement aux révoltes passées tournées contre la fiscalité royale, et l’insécurité.

Ce n’est pas un acte spontané. Augmentée par les dires des gens de passage dans la paroisse, surnommés « Quercy ou Limousin », et les rumeurs sur « les vœux du roi et de l’assemblée sur l’égalité face aux rentes et aux dîmes », les paysans, jamais plus d’une centaine, libèrent leurs angoisses en se réunissant sur le parvis, au son du tocsin, armés de fourches, bâtons, et serpes, mais sans affrontements. Les portes des maisons des fidèles aux nobles restent closes…….
En prévention, le 13 juin 1790, la commune de Mensignac, décide de taxer les bancs d’église, afin de faire régner l’ordre …….

On érige un « mai » symbole de la fin de l’insurrection, et on accroche les attributs, la girouette du château, les titres de noblesse, et on détruit les mesures à grains, l’arbre efface le poteau de justice du seigneur.

Au fil des évènements, de la contestation naissante, la population rurale entre dans un temps politique, au simple titre qu’elle réclame plus d’égalité, au nom de la Révolution.

Le pouvoir des ruraux est au rassemblement ponctuel, organisé, prévu depuis quelques jours, simplement pour effrayer, devant l’église les nobles présents, le cortège décide alors de se rendre au château, le seigneur, le noble a déjà migré, sa dame, seule accueille les paysans. L’abolition de la seigneurie entre dans les mœurs en fonction de ses relations avec les tenanciers.



La Révolution est à Léguillac


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Quelques semaines avant les événements de Léguillac de l’Auche, le maire du village, Antoine Labruhe, habitant le hameau des Champs, décède à l’âge de 36 ans.

Georges Bussière dans son ouvrage La Révolution en Périgord décrit précisément l’intensité, les tensions qui occupent le village de Léguillac de l’Auche en ce mois d’août 1790, en voici quelques extraits.

Bussière attribue à tort les événements de l’enlèvement des bancs de l’église de Léguillac de Cercles à Léguillac de l’Auche en confondant le greffier Linard de Léguillac de l’Auche et le secretaire Linard de Léguillac de Cercles.


« Le greffier de l'époque était bien Jean Linard ; il appartenait à la famille Linard des Granges, distincte de la famille Linard de Glenon, dont était issu Sicaire Linard le « secrétaire » impliqué dans l'affaire relaté par Georges Bussière (mais qui se faisait aussi appeler Jean ! ) ». Mme Raluy - 03/06/2014.

« Sous l’égide d'une simple milice bourgeoise, l'orage éclatait à l'autre bout de la seigneurie, à Léguillac de l'Auche, presque sous les murs de Périgueux. La situation, du coup, devenait très grave, non par la casse et la démolition, mais par les raisonnements qui se tenaient sur la place du village. Les métayers entraient en scène pour leur propre compte, appuyés, il est vrai, d'auxiliaires d'un autre rang qui se joignaient à eux par conviction ou par sympathie, mais précis dans leurs exigences de parti et ne tendant à rien moins qu'à révolutionner à son tour le bail à colonage. Ils formaient l'immense majorité de la population rurale. Par quelle suite d'inconséquences l'Assemblée nationale en était-elle arrivée à grouper, à solidariser, à mobiliser dans la même idée de révolte contre la loi tant de gens qui entendaient escompter à leur profit les promesses de la Révolution ?

Le dimanche 15 août, en pleine période de battage et de partage de blé, le secrétaire de la mairie de Léguillac, Sicaire Linard, un lettré de village, chargé d'afficher et de lire les décrets, crut devoir en taire la libre explication à une soixantaine de métayers assemblés devant l'église, à la sortie de la messe.

On venait de supprimer la noblesse héréditaire, les livrées, les armoiries ; on sacrifiait le signe et non la chose; c'était peu suivant lui ; il applaudissait cependant au sacrifice ; il vouait naturellement à un holocauste prochain ces marques de distinction opiniâtres, ces bancs d'église encore subsistants dans le pays, « car il voulait que les propriétaires de bancs se roulassent à l’église dans la poussière comme autres habitants » - Archive départementales de la Dordogne, B. 843, pièce 44 - déposition de Jean Maurice Tailleferie habitant à Mensignac, l'un des administrateurs du district ».

Les métayers Léguillacois portés par le décret du 26 juillet, qui enlève aux seigneurs tout droit privatif sur les arbres des chemins et places publiques, ne peuvent que suivre les paroles du greffier.

« Les métayers payaient deux sortes de rentes, quoi qu'en une seule prestation. Après le battage du blé, avant partage, le propriétaire prélevait sur le tas commun une certaine quantité de la récolte, en vertu du bail à colonage. Ce prélèvement était destiné en partie à l'acquit de la rente seigneuriale qui incombait au propriétaire : de la sorte, le métayer, bien qu'indirectement, payait la moitié de la rente, comme son maître. Mais voici qui troublait l'égalité des charges et des revenus.

Il n'y eut qu'un cri parmi les paysans de Léguillac pour lui faire partager le sort du cens féodal, irrémédiablement condamné : et Linard, entrant dans leurs vues, ne leur laissa pas douter, un seul instant, que l'abolition ne dût aller jusque-là.

Plus tard, il se disculpa, disant qu'il avait envisagé l'abolition de la rente d'avant-partage comme une simple éventualité, une mesure à réaliser dans l'avenir, conformément à l'esprit de certains décrets. Il est admissible, en effet, que les paysans aient suppléé par leur propre interprétation à l'imprécision du commentaire.

En tout cas, la résistance commença, sur l'heure, dans toute la commune. Elle gagna même les communes voisines, notamment Mensignac. Ce fut une épouvante générale parmi les propriétaires. De toutes les questions qui agitèrent et troublèrent le Périgord en cette période particulièrement critique il n'en est pas, semble-t-il, qui ait jeté plus d'émotion dans la classe dirigeante.

Dès le lendemain de la manifestation de Léguillac, le directoire du district de Périgueux prit des mesures pour couper court à ses conséquences. Tailleférie, de Mensignac, administrateur, apeura de plus fort ses collègues en leur peignant sous de sombres couleurs l'attitude des paysans de son endroit. Gintrac, autre administrateur, dit tenir de bonne source que Linard en personne colportait le mot d'ordre dans la campagne.

L'amende honorable était fixée au premier jour de fête ou dimanche, à l’issue de la messe, sous menace de dénonciation aux tribunaux. Linard s'exécuta à demi. Le dimanche suivant, pendant que les officiers municipaux de Léguillac se préparaient en corps.

Pour la cérémonie expiatoire, d'autres paroissiens, sortis les premiers de l'église, ont vu, sur une tombe, balbutier des paroles incompréhensibles, et  il s'est retiré, sans que les officiers aient pu recevoir les trois-quarts au moins de la paroisse, lorsqu'il a fait semblant de lire quelque petit morceau de papier. Le maire ne trouve personne qui puisse lui rien répéter de ce qu'a dit Linard.

Suivant un témoin, après sa lecture, Linard aurait dit, en descendant de sa pittoresque tribune et en mettant le papier dans sa poche : « Voilà tout ce que je puis faire pour votre service ; soyez sages et humbles ». Ces derniers mots durent être dits en patois avec une intonation ironique. Aussi bien, la municipalité pensant qu'il s'était joué d'elle et du directoire, autorisa son procureur, Simon Dumaine, à le dénoncer au sénéchal comme perturbateur du repos public.

Mais la révolution était aussi à Léguillac de Cercles - un événement que Georges Bussière attribue aux habitants de Léguillac de l'Auche, à tort.

"Pendant que Linard est aux prises avec les autorités de Périgueux, il semble qu'à Léguillac on veuille le venger de ses désagréments judiciaires et du désaveu dont il a dû seul supporter la vexation. « Les laboureurs et autres de cette nature » qui sont la majeure partie de la garde nationale de l'endroit, s'ils ne continuent pas ouvertement la campagne agraire inaugurée par le greffier municipal, n'en restent pas moins sur le pied de guerre vis-à-vis des gros et des petits privilégiés. Le seigneur Bertin n'est pas, à vrai dire, très redoutable, à ce moment. Il ne se trouve pas bien entendu, sur ses terres ; il liquide au loin sa fortune en homme prudent, il la réalise à merveille en financier émérite, il fait ses malles pour l'émigration en courtisan affolé. Le 22 septembre, jour de la frairie de Léguillac, son banc est militairement enlevé du chœur de l’église, comme à Bourdeille, malgré la résistance du maire, du curé et du commandant de la garde nationale. Mais, à la différence de Bourdeille, les séditieux restent maîtres du champ de bataille. Le banc porté sur la place y est confié à la garde d'un sergent-major, d'un caporal et de deux fusiliers. Le maire a beau protester, menacer, frapper, faire voltiger son bâton en disant qu'il se fera plutôt exterminer que de laisser consommer le forfait. Il n'aboutit qu'à attirer sur son propre banc l'animosité populaire.

Car M. le Maire est également noble ; il a nom Rastouil, et les Rastouil sont de longue date citoyens-seigneurs de Périgueux. Le nouveau trophée va rejoindre l'autre sur la place. Les chaises sont enlevées à leur tour ; la parole de Linard s'accomplit : tout siège à demeure doit être enlevé comme un attentat contre l'égalité. Nous n'insistons pas sur la scène, à peu près la même partout. Notons toutefois ici la gaîté qui l'anime et la part qu'elle apporte à l'entrain de la fête villageoise. Le butin, séance tenante, est vendu aux enchères, moyennant 18 sous. Les sièges provisoirement servent aux buveurs attablés. Les cloches sonnent les tambours battent, la musette et le fifre complètent l'orchestre, et les danses joyeuses se succèdent jusqu'au matin.

A quelques jours de là, le district de Nontron dépêcha des commissaires porteurs d'un placard paternel qui invitait au calme les gens de Léguillac. L'affiche placardée fut sur le champ arrachée par un paysan.

Il y eut de nouveaux désordres en octobre. La maréchaussée de Brantôme fut alors requise et fit l'inévitable descente. Des arrestations furent opérées. Le cas était prévôtal. Le directoire du département ordonna la remise des procès-verbaux au greffe de la prévôté, laquelle ne fonctionnait plus. Il n'y avait qu'à attendre, pour faire justice, l'organisation des nouveaux tribunaux. Les accusés l'attendirent, dans les cachots de Périgueux".

L'Assemblée Nationale capitule, et donne raison aux actes le 13 avril 1791 et ordonne aux seigneurs de retirer les bancs, dans les deux mois, des chœurs des églises et chapelles publiques.

« Le droit exclusif et seigneurial d'avoir des girouettes sur les maisons était aboli par le même décret. De la féodalité de surface il ne subsistait plus l'ombre. Restait la bête noire, la féodalité foncière ».


Marie Neyssensas Léguillac


Après l’épisode Léguillacois, une nouvelle agitation métayère se dessine en Périgord, à l’ouest et au nord du département, Saint Astier et Tocane, Agonac et Brantôme sont tour à tour atteints par des « personnes mal intentionnées », qui parcourent la campagne en défendant aux métayers de payer la rente, la dîme aux propriétaires. Quelques gardes nationales des paroisses concernées soutiennent les métayers, la garde nationale de Périgueux fait 80 prisonniers fin aout à Lisle, puis c’est au tour de Saint Astier.


Antoine Neyssensas  Léguillac de l'Auche



La raison de la rébellion en 1791

Les métayers ont pensés pouvoir profiter de l’abolition du paiement des rentes décimales et seigneuriales consenties aux propriétaires. La Révolution entérine le transfert de féodalité au profit des nouveaux propriétaires, ce qui va maintenir le métayer dans la misère, voir pour s’en convaincre, le contrat de métayage, nommé « bail à colonage » établi en 1863, entre Martial 80 ans et son fils Joseph et Madame Cercilly, dont le bailleur nommé Chevalier Fonpeyre, « se   réserve une chambre de la maison où logent les colons ». « La métairie dite de Saint Astier, situé au chef-lieu, consiste en maison, grange, fournil, cellier, étables, cour, jardin, terres labourables, près, vignes, et bois, partie de ces bois sur la commune de Saint Aquilin ».