1789-Rotterdam


Concertzaal in de Bierstraat


« Samen met van C.A.Steger, muziekmeester en orkestdirecteur van de Schouwburg , worden in de winter wekelijks concerten georganiseerd. Twintig jaar lang is de Concertzaal onder zijn leiding het middelpunt van muzikaal Rotterdam ». Waterstadgenootschap - 











Jean émigré à Rotterdam pendant la période révolutionnaire 1788 -1800
 




L’histoire de Jean débute le 14 mai 1761 dans les faux-bourgs de Saint-Astier. Baptisé par le curé Dussert, Jean est le sixième enfant de Martin Meyssensas, maître-tailleur d’habits pour hommes et Catherine Greil. Jean Peyrouny et Catherine Simounet sont parrain et marraine.



Archives départementales - 5 E 367 4



Douze enfants naissent de l’union. Dont Acquiline qui épouse, le 30 avril 1776, Etienne Beaugier, tailleur d’habits pour hommes, habitant Périgueux, membre de la branche cadette des Laborde de Monpezat, totalement démunie après la Révolution, branche qui tomba dans la condition paysanne. Extrait : « les Laborde de Monpezat et leurs alliances ». J. Valynseele - Paris -  1975 page 346.

Autre Jacques, tailleur d’habits, marié avec Antoinette Jaubert en 1783, qui signe les cahiers de doléances de Saint-Astier en 1789. Quant à Charles, Clément, Jacques, Jeanne, Marie, autres frères et sœurs, ils décèdent avant l’âge de trois ans.

Jean est âgé de 15 ans lorsque son père décède le 5 février 1776

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Jean Neyssensas fils de maître tailleur d’habits,

Élève du pensionnat Rivet en 1770



En fin d’année 2019, l’auteure de « Léguillac-de-l'Auche, du paléolithique à l'ère numérique », Madame Françoise Raluy, me communique quelques documents extraits des séries 2 et 2B concernant les Cours et juridictions de la Sénéchaussée et présidial de Périgueux.

Entre autres, une procédure nous intéresse particulièrement, il s’agit d’une plainte déposée en 1770 par Martin Neyssensas, tailleur d’habits, à l’encontre de deux Astériennes. Le document est référencé aux Archives de Périgueux - 2 B article 365.

Martin Neyssensas est père de Jean, musicien à Rotterdam en 1792.

Martin exerce son activité de tailleur en qualité de locataire de la pension Rivet où plutôt « Maison d’Education » à proximité de l’église de Saint-Astier.





Un mystère sur le lieu de l’éducation musicale de son fils persistait jusqu’à présent

Jean était-il enfant de chœur puis étudiant à la collégiale de Saint-Astier - voir étude développée en deuxième partie - ou bien élève au sein d’une « institution reconnue dans l’ensemble de la province », la pension Rivet ?

C’est ce que nous allons découvrir.

Martin a-t-il travaillé pour le compte du Sieur Rivet en échange de l’éducation de son fils, notamment l’apprentissage du basson, le cout d’une année scolaire ne permettant pas à n'importe quel élève de s’inscrire en dehors des nobles et de quelques bourgeois ?

En 1773, un pensionnaire s’acquitte de 300 livres pour une année scolaire, comprenant l’éducation musicale. En ce qui concerne Jean, le coût est bien inférieur puisqu’il habite à proximité de l’institution et peut donc retourner chez lui à la fin des cours.


Outre quelques deniers pour la fourniture des livres et papiers Martin peut en toute facilité procurer l’habillement de son fils : « huit chemises, huit paires de bas, un col noir, un uniforme bleu de Roi, avec doublure et veste bleu de ciel, boutons blancs, le tout garni de son épaulette ».

La pension Rivet recrute ses élèves « avant l’âge de 12 ans », on envisage donc pour le jeune Jean un début d’apprentissage entre 1770 et 1773.

Malheureusement, le 5 février 1776, après seulement trois ans de présence au sein de l’institution, Jean, 15 ans, perd son père.

Effectuons un petit retour en arrière concernant les débuts de la pension Rivet avec tout d’abord un petit rappel sur l’enseignement en France sous l’Ancien Régime.

Le développement des « petites écoles » souhaité par Louis XIV en 1698 destiné à donner une instruction obligatoire de base aux enfants âgés au plus de 14 ans n’offre pas les moyens financiers de son ambition aux évêques et communautés locales.

Dans les quelques régions où l’éducation se développe les cours se déroulent en Français avec un apprentissage de la lecture et du catéchisme effectué à partir de livres de prières en latin ou en patois complété par quelques notions de calcul.

Le maître d’école, le plus souvent un laïc, enseigne dans sa propre habitation, plus rarement dans un local appartenant à la paroisse, et, dans ce cas, loué par les paroissiens. Ceux sont les parents qui rémunèrent le maître, modestement, ce qui incite le maître à compléter ses revenus en participant en qualité d’aide du curé à sonner les cloches et entretenir l’église.

En Guyenne, seuls quelques gros bourgs possèdent une école, en Auvergne-Limousin, en Dordogne, l’école paroissiale est le plus souvent absente.

Dans les grandes villes, comme Lyon, les maîtres-écrivains sont regroupés en corporation et enseignent leur savoir aux futurs marchands et artisans aisés afin qu’ils puissent tenir leurs comptes.

A la toute fin du 17ème et début du 18ème siècle, les parents voient dans la mise en pension une formule parfaite pour l’éducation morale de leurs enfants, leur instruction et l'apprentissage d’exercices mondains ; d’autre part, le Français est peu à peu utilisé en tant que langue d'études et permet à la bourgeoisie d'accéder à un nouveau savoir correspondant mieux aux évolutions économiques et sociales du moment.

La tutelle religieuse s’affaiblira dans la deuxième moitié de ce siècle après la décision de Louis XV de fermer les collèges jésuites en 1763.

Les maîtres-écrivains vont bientôt ouvrir de petits pensionnats dans les bourgs. Le pensionnat Rivet se situe donc parfaitement dans ce nouveau modèle de maison d’éducation privée que connaît le siècle.


La pension Rivet de Saint-Astier

Les premiers événements familiaux chez les Rivet


Respectant les traditions Antoine Rivet et Charlotte Beaumont se marient le mardi 8 janvier 1704, période de moindre activité agricole. Le curé Fagis administre la cérémonie dans la petite église de Neuvic sur l’Isle.

Du curé de Neuvic seul un souvenir marque les annales judiciaires en 1723. Le décimateur général de la paroisse de Neuvic, Jean Souc, seigneur abbé de Saint-Astier, dépose plainte contre lui pour « trouble dans la perception des fruits décimaux ».


Le couple Rivet aura deux enfants nés à Neuvic, Guillaume en octobre 1707 et Marie le 6 décembre 1711.


Aux alentours de 1720, Antoine Rivet prend la décision d’ouvrir une pension. C’est donc sur Saint-Astier que se porte son choix peu de temps après la naissance de leur troisième enfant, Jeanne.


Se succéderons à la direction de la pension, trois générations, Antoine Rivet et son épouse Charlotte Beaumont, Guillaume, fils, greffier de la juridiction de Saint-Astier, maître es art, et son épouse Gabrielle Brun, puis Antoine, petit-fils, et son épouse Suzanne Fargeot.

Saint-Astier au crépuscule par 
François de Montholon



Un précieux mémoire présentant l’activité de la pension Rivet est conservé aux archives départementales de la Dordogne sous la côte 2 E 1823 / 152 et détaillée « ad litteram » ci-après.
On peut objectiver une datation vers les années 1760.





« Mémoire »

« Mémoire concernant l’Ecole et Pension du Sieur Rivet, Maître-ès-Arts à Saint-Astier en Périgord ». 


Cette école, qui pendant plus de quarante ans a été une petite ressource pour l’instruction des enfants de cette Province, vu qu’on y a constamment enseigné la Religion Catholique et les Belles-Lettres, peut aujourd’hui fournir quelques moyens de plus pour l’éducation de la jeunesse destinée au service de l’Etat.




1° Il y a habituellement trois Maîtres de Littérature, chargés de l’instruction et gouvernement des enfants.

2° Un maître de Danse et un Maître d’Exercice pour le maniement des armes, montrant depuis le 1er mai jusqu’en Automne.

Vu ces moyens, les enfants y sont en occasion d’apprendre le Latin, la bonne prononciation et l’Orthographe française, aussi bien que les principes de la Géographie, de la Chronologie, et par conséquent l’Histoire Sainte et profane.

On voit aussi qu’ils ne peuvent manquer d’être appliqués aux exercices de l’Ecriture, de l’Arithmétique, à ceux de la Musique vocale et instrumentale, suivant leur goûts et disposition, et finalement aux exercices du corps, leur servant de récréation, comme il est montré dans la manière de gouverner et d’instruire notre petite jeunesse.

On désirerait peut-être que pour rendre cette Ecole plus conforme aux vues de certains parents, il y eut un Maître de Mathématiques, un Maître de dessin, une Salle d’Arme, une Académie d’Equitation, et enfin un Maître de Langues ; mais cette Maison n’a aucune rente ni pension pour le maintien de ses Maîtres ; ce qui fait qu’elle s’est bornée à fournir seulement les moyens d’une première éducation, à la faveur des petits fruits qu’elle en retire : il est aisé de s’en apercevoir.

On y paie seulement, pour chaque Pensionnaire ayant tous les Maîtres nécessaires, savoir, par an, 300 livres.

N’ayant point celui de la Musique, 280 livres.

S’il est entretenu d’habits, linge, livres et papiers, 400 livres.

Tout Pensionnaire doit être néanmoins pourvu, ou à même de se pourvoir, en entrant, de huit chemises, huit paires de bas, d’un col noir, ainsi que de l’uniforme bleu de Roi, à la doublure et veste et veste en bleu de ciel, boutons blancs, et garni de son épaulette de même. Il doit donner aussi à la Maison deux draps de lit et quatre serviettes, ou bien 20 livres, et tous les ans pour les visites et petits pansements du Chirurgien, 3 livres.

Chaque pensionnaire y a son lit en particulier : pas un ne peut y entrer au-dessus de douze ans, non plus que s’il était attaqué de quelque maladie naturelle.

Messieurs les parents n’auront à payer au-dessus de la pension, que les objets de l’entretien, s’ils en font leur affaire, et ce que l’on donnera à leurs enfants pour leurs menus plaisirs, de même que les ports des lettres reçues à leur occasion ».


Localisation de la pension Rivet

Elle se situe près du four banal du chapitre de Saint-Astier. En 1784 le four banal appartient à l’abbaye et les droits de banalité sont perçus par le Sieur de Plancher, abbé de Saint-Astier. Sept ans plus tard les droits seront acquis par le Sieur Léonard Simon-Dumaine de Léguillac de l’Auche après adjudication aux enchères.




Dans un premier temps le couple Rivet est logé par l’apothicaire Jay à proximité de la pension.

La pension Rivet est composée de deux maisons séparées par une petite ruelle, peut-être s’agit-il de l’ancienne ruelle nommée aujourd’hui rue de la Fontaine. L’abbé Nogué décrit ainsi la ruelle avant sa destruction partielle en 1898. « Un pâté de maisons très élevées se dressait le long de l’église, faisant face par un bout à la maison Jouve et à l’autre bout à la petite rue Saint-Roch. Entre ce bloc et l’église, une ruelle très étroite dite rue Saint-Roch. Entre ce bloc et les autres maisons, une ruelle dite rue de la Fontaine, pavée de silex. Elle faisait la joie des écoliers qui la descendaient en courant en faisant claquer leurs sabots. Les riverains, pouvaient d’une fenêtre à l’autre se donner facilement une poignée de main,  ….. ».

L’habitation possède une cave, des fenêtres à clairevoie donnant sur un petit jardin ou terrasse, des latrines au fond de la cour, d’autres fenêtres dominant quelques modestes habitations, d’une chambre haute permettant aux élèves de faire leurs devoirs, une « salle basse qui est celle de la classe du Sieur Rivet, pour y faire leur prière du soir », selon l’usage, et des pièces utiles à l’enseignement.



La première maison des Rivet est peut-être située sur une parcelle étroite, sur une configuration du moyen-âge, avec une façade sur rue de 5 à 9 mètres de largeur, plus profonde que large.


Les constructions dans la deuxième partie du 18ème siècle adopteront des plans de façades larges dite à attique, d’environ 14 à 16 mètres, caractéristiques des situations sociales plus élevées, avec deux étages et un petit étage sous toiture ou combles mansardés. Ce type de construction abritait souvent, outre l’habitation, une activité commerciale en avec grande porte à double battants. La façade donnant sur le jardin est bien entendu moins ouvragée tout en étant enduite.



Une partie de la maison est donnée en bail à ferme en 1749 à Antoine Desquives, le précepteur de la pension. 

Un chapelier tient boutique à proximité de la pension, un peu plus loin, un notable, Monsieur de Cercilly….

En 1769 les Rivet comptent réunir les deux maisons par de nouveaux travaux. La pension nécessite un agrandissement…. En 1770, les Rivet ont achevés les travaux de leur nouvelle habitation.

Sur la façade, il faut bien que les habitants et voyageurs aient connaissance de la « maison d’éducation », il y a fort à parier qu’Antoine Rivet accroche une belle enseigne.

En 1770, afin de financer les travaux, Antoine Rivet, petit-fils, maitre ès arts et bourgeois de Saint-Astier, loue à Martin Neyssensas, une pièce pour son activité de tailleur d’habits pour homme. D’autres artisans sont à l’ouvrage dans d’autres pièces en location. 

Dans la salle haute Jean suit les cours du maitre ès arts.


Le mode de fonctionnement de la pension Rivet

Est-ce Antoine, petit-fils Rivet, ou son épouse Suzanne Fargeot qui tiennent le livre de compte ? 
Le livre de compte est destiné à enregistrer les sommes versées par les parents des pensionnaires. Antoine Rivet note les noms des pensionnaires, leurs origines géographiques, et plus rarement la profession paternelle.





Le recrutement des enseignants

Dès leurs arrivées, Antoine Rivet indique aux maitres qu’ils devront enseigner à des élèves d’âge et de niveaux différents et ne pourront consacrer que seulement quelques minutes à chaque élève. Les Rivet recrutent en 1720, un Maître de Littérature, chargé de l’instruction et du gouvernement des enfants, puis trois vers 1760. « Les enfants apprennent le latin, la bonne prononciation et l’Orthographe française, aussi bien que les principes de la Géographie, de la Chronologie, et par conséquent l’Histoire sainte et profane, de même ils ne manquent pas d’être appliqués aux exercices de l’Ecriture, de l’Arithmétique, à ceux de la Musique vocale et instrumentale ».

Le pensionnat emploie aussi, à temps partiel, un maître de Danse, un maître d’Exercice pour le maniement des armes, et un maître de Musique.



Retrouvons les noms de quelques maîtres présents sur les actes de procédures : les Rivet, fils et petits-fils, maitres es Arts, Jean Demonjean, praticien et maitre écrivain, âgé de 21 ans, le maitre de danse Jean Bourgouin, 24 ans, Antoine Desquives maitre ès Arts, tous eurent maille à partir avec la justice de Saint-Astier, et enfin Jean Chabanas, maître de cours d’humanité, témoin. 




Le recrutement des élèves

Les élèves sont issus de la petite noblesse, de la bourgeoisie locale et des commerçants aisés de la « province ». La noblesse militaire des alentours de Saint-Astier, domiciliée dans des châteaux à la campagne, n’ayant pas suffisamment de ressources pour loger un précepteur privé, adresse ses enfants à la pension Rivet.

Quelques noms, témoins cités lors de procédures contre les Rivet, nous sont parvenus : Charles de Belcier, âgé de 15 ans, écuyer, habitant du château du Verdier, Jean Joseph de Valbrune, fils du seigneur du But, Augustin Flamenc, chevalier, seigneur de Bruzac, 16 ans, le Sieur Jean Fargeot, 15 ans, Martial dit « Chapelle », Michel Roussel, 15 ans ou le Sieur François Dessales de la Gibertie. 

Imaginons l’emploi du temps d’un pensionnaire

La journée commence : après l’entretien du corps, le lavage des mains et du visage, l’habillement, on peigne ses cheveux, puis vient le temps d’une prière, l’étude débute vers 6h30. Après une petite récréation, le déjeuner est servi à 8h00, suivi d’une lecture de morale ou de piété. Entre temps Jean a rejoint ses camarades de classe.

La matinée s’équilibre ensuite entre exercices physiques, telle la gymnastique, suivent les études d'agrément comme la musique, le dessin, quelques matières classiques avant le dîner, belles-lettres, Latin, Grammaire. Une récréation qui sera la bienvenue précédera quelques leçons de langues, anciennes ou modernes, peut-être une langue étrangère, Jean utilisa-t-il à Rotterdam quelques rudiments d’Anglais appris pendant son séjour chez Maître Rivet, l'une des meilleures institutions de la province ? 

Le gouter de 17h00 est suivi de cours d'histoire ou de géographie, puis Jean quitte le pensionnat accompagné de son père.

En fin de journée les élèves débutent leurs devoirs, puis, après le souper, une heure d’étude, et finalement après une journée bien remplie, les pensionnaires se couchent après la prière.



La discipline à la pension Rivet




En parcourant les procédures judiciaires on réalise que les élèves étaient souvent livrés à eux-mêmes. Ainsi en 1755, un témoin décrit les faits suivants : « les écoliers du sieur Rivet ayant une grosse boule de bois à jouer aux quilles en se divertissant, affectoient de jeter ladite boule contre la muraille de la maison des dits Desquives et de la force qu’ils jetaient ladite boule contre la muraille était cause qu’ils s’en détachaient des pierres sans que les dits Rivet en fassent empêchement… ».

Mais les méfaits ne s’interrompent pas et continuent aussi les jours de fêtes : « des écoliers côté Rivet, jettent des pierres contre une fenêtre de la maison Desquive. Les projectiles sont envoyés depuis la terrasse des Rivet, qui par sa situation dominante, invite les gamins désœuvrés les jours de fête, à se livrer à ce genre de bêtises, en l’absence de surveillance ou d’interdit ».

Antoine Desquives, maitre ès Arts, employé par le Sieur Rivet, dès 1754, porte plainte contre Rivet, celui-ci procède de même, des coups seront même échangés entre les parties ……


Une discipline de fer ?

Toujours selon les témoignages d’élèves ou d’enseignants qui relèvent que le « sieur Desquives a excédé dans le genre des châtiments à coups quoique contraires à la méthode du sieur Rivet pour la correction de la jeunesse au point que plusieurs élèves confiés au sieur Desquive de la part du sieur Rivet ont été blessés et balafrés de manière qu’il a fallu avoir recours au chirurgien pour les traiter et médicamenter ». 

Une autre fois, « Desquives avait demandé la permission au sieur Rivet de fouiller deux élèves qui lui avaient attaché une queue de renard derrière le dos, et que Rivet lui avait donné la permission de les fouetter pour le bon exemple ». 

Témoignage du maitre de danse Jean Bourgouin : « Rivet avait dit à Desquives de punir ses élèves différemment, qu’il pouvait les tenir enfermés en « prison » le temps qu’il voulait, mais qu’il n’entendait pas qu’il bâtonna ces messieurs ». 

Les tailleurs témoignent d’enfants qui « pleurent et supplient ». 

Selon un autre témoin, Antoine Desquives aurait dit « qu’il lui était arrivé un inconvénient chez le sieur Rivet, qu’il avait donné un coup d’houssière (verge de houx), étant en classe à un des pensionnaires, et que cela avait porté sur l’oreille du dit pensionnaire, que cela l’avait blessé, qu’il en était bien fâché, mais que les dits pensionnaires se comportaient si mal qu’ils étaient toujours à lui faire des niches et que la vivacité l’avait bien emporté… ».

Les années passèrent et la famille Rivet, en dehors de la pension, ne laissa pas non plus que de bons souvenirs aux habitants du village ; certains faits défrayèrent la chronique, les archives de la justice seigneuriale à Saint-Astier en conservent la mémoire, comme elles conservent quelques moments de vie des couples Rivet et de la triste condition féminine de Charlotte Beaumont et Gabrielle Brun.

On note la plainte de Charlotte Beaumont en 1725 après les menaces de mort et les violences conjugales répétées d’Antoine Rivet régulièrement sous l’emprise de l’alcool.

Son témoignage : « revenant  d’entendre la messe, étant dans la maison, en présence de tous les écoliers, il me donna un coup sur la cuisse, ensuite me donna plusieurs coups de poing sur la tête, et me jeta par terre, et me donna un coup de pied dans le téton gauche et plusieurs autres coups par tout le corps, et je fus obligée de me faire saigner… ».

Charles de Belcier, âgé de 15 ans, témoigne de même, « un jour, le dit Rivet étant à table avec la dite Beaumont, ils eurent des paroles et le dit Rivet prit un os et le jeta  à la dite Beaumont mais ne la toucha pas, dit de plus qu’un autre jour, le dit Rivet avait un bâton à la main, et la dite Beaumont un autre bâton, ils se suivirent longtemps sans se frapper, et ensuite la dite Beaumont fit le tour de la table  en suivant son mari et elle lui donna un coup de bâton sur l’épaule… ». 

D’ailleurs Charlotte profita de l’occasion pour faire remarquer à son mari « qu’il tenait pension grâce à sa dot …… ».

Dans les années 1750, le fils Rivet, Guillaume, ne réserve pas de meilleur sort son épouse, Gabrielle Brun, « alitée suite à maltraitance et coups de bâton et autrement ». Voir l’ouvrage à venir de Madame Raluy.

Et cependant, malgré ces évènements, tout ce petit monde se côtoie régulièrement, ainsi, lors de la naissance de Gabrielle Rivet le 1er février 1769, les élèves nobles et bourgeois, Madeleine Gasquet, première épouse de Girard de Saint-Amand, lieutenant de la juridiction, mais aussi et surtout enseignant l’apprentissage de divers instruments aux enfants de chœur à la collégiale de Saint-Astier ; tous signent au bas de l’acte.





Quelques années plus tard, en 1783, un terrible drame se déroule dans la cour d’école : un écolier forain se présente dans la cour de la pension avec son fusil pour aller chasser avec le gérant Barthélémy Malgar. En désarmant l’enfant, le gérant, par inadvertance, est à l’origine d’un coup de fusil blessant mortellement François Gasquet, autre élève forain. 

C’est à l’occasion de cet épisode tragique que l’on découvre dans les poches de la malheureuse victime quelques manuels à l’attention des pensionnaires, un abrégé des histoires philippiques de Trogue Pompée par Justin et un ouvrage intitulé « Règlement de vie ».

Ce sera le dernier évènement marquant du passage des Rivet à Saint-Astier.


Les compagnons d’école de Jean entre 1773 et 1780

Outre la présence dans la cour d’école du jeune chevalier Augustin de Flamenc, futur seigneur de Bruzac, ou du Sieur Michel Roussel, l’un des compagnons d’études et de jeux de Jean Neyssensas nait le 24 juin 1760.

Il s’agit de Jean-Georges de Ribeyreix, fils du seigneur, écuyer chevalier de Ribeyreix et de Dame Marie de Grignol, plus tard surnommé Gabriel, le Chevalier.

J. Durieux en février 1937, lui consacre un article dans le bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord.

« Au pensionnat Rivet, à Saint-Astier, alors l'une des meilleures institutions de la province, il fit de solides études classiques et eut pour condisciples des jeunes gens qui, plus tard, devinrent l'élite de la société et de l'armée. A l'exemple paternel, Jean-Georges embrassa la carrière des armes et, âgé de dix-neuf ans, entra au régiment d'infanterie d'Aunis. Il passa successivement cadet gentilhomme le 3 juin 1779, sous-lieutenant le 10 septembre 1780, lieutenant en second le 17 mai 1787 ».

Il est aisé d’établir un parallèle entre le parcours de vie du chevalier de Ribeyreix et celui de Jean.

Jean quitte la pension aux alentours de 1779 (apprentissage avec son frère, Jacques, tailleur d’habits).

Le jeune de Ribeyreix embrasse une carrière militaire la même année puis, le 29 juillet 1787, le lieutenant Ribeyreix offre sa démission.

Jean quitte le Périgord vers 1787.

A Périgueux, le 7 juillet 1789, Jean-Georges de Ribeyreix, chevalier-seigneur des Meynichoux, paroisse de Saint-Aquilin, épouse Catherine Chantal de Puylimeuil.

Dans ce même temps, « Le peuple parisien s'empare du château royal de la Bastille le 14 juillet. L'émigration de la noblesse haute ou petite, civile ou militaire, commence et se transforme vite en un point d'honneur. On raille les aristocrates qui hésitent à s'expatrier, on leur envoie des quenouilles de lin. Ceux qui entreprennent le voyage de Coblentz ou d'ailleurs ne voient dans la Révolution qu'un orage de courte durée, un prétexte à s'absenter seulement plusieurs mois « Je pars pour l'Allemagne, déclare le marquis de Saint-Astier à un citoyen de Périgueux ; mais je pense être de retour prochainement. » L'exode dépeuple les châteaux, manoirs, repaires nobles et gentilhommières. Pourtant, il y a des hobereaux, inquiets et tristes, qui ne franchissent la frontière qu'en soupirant et en pleurant, à la pensée de quitter leurs parents, leurs enfants, leurs amis, leurs terres. Mais l'espoir de rentrer dans leur patrie les soutient et ils s'illusionnent encore sur la brièveté de leur absence, comme le marquis de Saint-Astier ».

Le chevalier de Ribeyreys et Jean Neyssensas, deux émigrés …

Jean est qualifié de musicien à Breda en 1790 sur un acte notarié.

« En 1791, le chevalier de Ribeyreys ne dut pas subir sans chagrin cet engouement et cette mode, ce remous et ce ressac. Sensible et bon, fidèle à ses croyances, attaché à la vieille monarchie, il ressentit, à trente ans, la douleur des brusques séparations. L'immense majorité des nobles émigrés à bientôt connu d'amères déceptions, d'âpres soucis, toutes les cruautés de la lutte pour l'existence, toutes les horreurs de la pauvreté, toute la dureté des épreuves ».

Le 22 novembre 1791, Jean, 30 ans, est en 2ème partie de l’Opéra « Paul et Virginie » à Rotterdam.
Le 17 mars 1792, Jean Neycensas est sur scène, rue Bierstraat à Rotterdam.

Quant au chevalier de Ribeyreix, il se fixe à Leipzig comme professeur, et, selon Joseph-Benjamin de Valbrune, grâce à ses talents de chevalier et d’officier, d’être « honoré de l’amitié et d’avoir entretenu une liaison d'intimité avec le célèbre Goethe et la protection de celui-ci ». 

Le 2 juin 1802, le chevalier de Ribeyreix rejoint son manoir ancestral où il décèdera en 1847.

En 1808, Jean et son épouse Wendelina, possèdent une mercerie dans le quartier du Marché aux Poissons à Rotterdam, en 1811, après le décès de Wendelina, Jean s’oriente vers le commerce des instruments de musique et satisfait ainsi sa passion, quartier Visschersdijk à Rotterdam. 

Jean décède en 1825, 22 années avant le chevalier de Ribeyreix.

Entre temps qu’est devenue la pension Rivet, en 1789 elle n’est plus citée. C’est au cours de l’un des mois de janvier les plus froid du siècle, qu’Antoine Rivet, devient substitut du procureur, et signe quelques semaines plus tard le cahier de Doléances de Saint-Astier, nous sommes le 9 mars 1789 dans la nef de l’église, au côté de Jacques Neyssensas, tailleur d’habits, frère de Jean.







Jean était-il enfant de chœur puis étudiant à la collégiale de Saint-Astier ?



Les musiciens d’Église du département de la DORDOGNE autour de 1790 sont en ligne, depuis le mois d’avril 2019, sur le site MUSEFREM (Base de données prosopographique des musiciens d'Église).


L’étude réalisée par Monsieur Alain Blanchard de l’Université de Limoges a bénéficié, en Périgord, de l’aide de collaboratrices et collaborateurs, dont Madame Françoise Raluy de Léguillac de l’Auche, citée de nombreuses fois dans notre blog, et Monsieur G. Honorat du diocèse de Périgueux et Sarlat.


Saint-Astier - AD Dordogne - 53 FI 02


Il ne s’agit pas ici de reprendre quelques passages de l’étude de Monsieur Blanchard mais simplement de dresser la liste des musiciens que Jean rencontra lors de son passage à la collégiale de Saint-Astier.

Une toute petite réserve peut être émise sur sa présence à la collégiale, car comme le souligne l’étude, « Les archives capitulaires conservées ne fournissent aucun document susceptible d’apporter des informations sur la vie du chapitre dans les années qui précèdent la Révolution pas plus que sur la musique, les chanteurs et les musiciens ».

Après avoir contacté l’archiviste du diocèse de Périgueux, Monsieur Honorat me confirme, en juillet 2019, qu’effectivement les archives du diocése ne conservent aucune information sur les musiciens et la collégiale de Saint-Astier, seul Fernand de laTombelle portera attention au thème de la musique en Périgord (1854-1928) : « un musicien découvreur d'étoiles en Périgord » - Bulletin de la Société d'Art et d'Histoire de Sarlat et du Périgord noir, no 99,‎ 2004, p. 129-144.

Un acte notarié, cependant, rédigé à Saint-Astier et signé par son frère, nous situe Jean en Hollande en 1790 ; le même acte nous indique que Jean est déjà absent du Périgord dès 1788, Jean est alors âgé de 27 ans.





Les premières rencontres musicales de Jean Neyssensas à la collégiale de Saint-Astier entre 1770 et 1781



Saint-Astier - AD Dordogne - 53 FI 02


Tout d’abord Jean Pradeau, un « ancien de la collégiale », 58 ans en 1790, il est  enfant de chœur dès l’âge de 6 ans. A 38 ans, Jean Pradeau est serpent lorsqu’il côtoie Jean Neyssensas, enfant de chœur âgé de 9 ans.

Pierre Dumas né à Chantérac en 1759 : en 1772, âgé de 13 ans, il est enfant de chœur au côté de Jean, âgé de 11 ans. Lorsqu’il se marie avec Marie Gasquet, en 1789, Jean a déjà quitté le Périgord. Pierre Dumas deviendra chanteur basse-taille.

Dominique Broc, né à Saint-Astier en 1755, commence la musique à l’âge de 15 ans, en 1770, enfant de chœur auparavant, il rencontra Jean âgé alors de 9 ans. Il sera chanteur basse-taille comme Pierre Dumas.

Une nouvelle génération apparaît peu de temps avant le départ de Jean du Périgord.

Jean Bergeron, né vers 1774, est enfant de chœur en 1780, il rencontra peut-être Jean.

François Devise, originaire de Saint-Astier, né en 1775, peut-être rencontra-t-il Jean lorsqu’il était enfant de chœur, et enfin :

Léonard Lamothe, fils du sacristain de Saint-Astier, naquit en 1780, peu de temps avant que Jean ne quitte Saint-Astier. Il est enfant de chœur en 1790.

Un Angoumois, « Sieur Joseph Jupierre Desmoulins, musicien » s’installe à Saint-Astier et joue à la collégiale dès 1781. Joseph se marie le 27 juin 1781 avec Françoise Delubriac, qui ne sait signer, seul Lamothe, Dalesme, Boucher, et Desmoulins signent au bas de l’acte. Le musicien décède en 1790, à l’âge de 27 ans.




Archives départementales - 5 E 367 4
Une autre Françoise Delubriac signe au bas de l’acte de mariage de l’une des sœurs de Jean, Aquiline, lors de son mariage avec Etienne Beaugier tailleur d’habits pour hommes, le 30 avril 1776, peu de temps après le décès de Martin, père de la mariée. La famille Delubriac est présente plusieurs fois dans notre généalogie, est-ce la même famille Delubriac habitante « des faux-bourgs de la petite ville ».



Eglise de Saint-Astier

Et enfin le maître de musique :

Girard de Saint-Amand, né vers 1730 à Périgueux, après quelques années enfant de chœur en la cathédrale Saint-Front de Périgueux, en 1750, à l’âge de 20 ans il devient maître de musique à Saint-Astier. En 1790, âgé de 60 ans, il est toujours maître de musique à la collégiale.

C’est vraisemblablement Girard de Saint-Amand qui dirigea Jean dans son parcours musical entre 1769 et 1781, Jean est l’un des quatre enfants de chœur de la collégiale.

Girard de Saint-Amand, accessoirement procureur d’office du village de Montanceix, se remarie avec Jeanne Varaillon en 1772, fille de notaire royal et veuve de Sieur Dupuy, procureur d’office de Neuvic. En premières noces, Girard de Saint-Amand épousa Madeleine Gasquet.

A ce stage, aucun document, actes paroissiaux, ou patronymes Astériens cités parmi les enfants de chœur ou musiciens, ne permettent de faire réellement de lien entre le milieu musical Astérien et la famille de Jean.


Et pourtant en toute fin d’étude, une hypothèse très intéressante se présente à nos yeux :


Lors de la consultation du seul acte notarié en  notre possession, témoignant du statut de Jean, nous sommes en 1790, Jean est à Bréda, musicien, et se prénomme « Jean-Baptiste ». Son maître de musique à la collégiale de Saint-Astier se prénomme aussi Jean-Baptiste Girard de Saint-Amand.

En 1799, lors de la naissance à Rotterdam du fils de Jean, Jean-François, Jean se prénomme bien « Jean-Baptiste », prénom que l’on retrouve aussi en 1824 lors du mariage de son fils.



Ce que l’on sait c’est que les prénoms composés ne sont pas usuels au sein des familles Neyssensas au 18ème siècle.

Mais on peut à juste titre penser que Jean fut prénommé « Jean-Baptiste » avant son départ de Saint-Astier, et surtout en souvenir de son maître de musique. C’est donc la seule preuve de sa présence parmi les musiciens Astériens.

La vie musicale continue à Saint-Astier après le départ de Jean :

Le 3 février 1783 est baptisé « Jean-Baptiste » Jupierre Desmoulins, le parrain n’est autre que Jean-Baptiste Girard de Saint-Amand dont la signature apparait au bas de l’acte.


Remerciements



Je remercie Madame Sylvie Granger d’évoquer la présence de Jean Neyssensas au sein des musiciens de la collégiale de Saint-Astier avant 1790, et ainsi appartenir, dorénavant, à la famille des musiciens de la très riche base Musefrem.



Rotterdam Bierstraat Concert


« Enfin, on se doit d’évoquer la présence à Rotterdam, fin 1791, d'un musicien natif de Saint-Astier, Jean NEYSSENSAS, révélé par les recherches de l'un de ses descendants. On peut supposer qu'il avait appris la musique à la maitrise de la collégiale de sa ville natale, mais aucune preuve documentaire n'a été trouvée dans les maigres archives du chapitre ».



Revenons au parcours musical de Jean


Un acte notarial découvert aux archives de Périgueux par Mme Raluy, en 2016 sous la côte 3 E 14344, révèle que Jean est absent de Saint-Astier dés en avril 1788. Sur ce même document sa présence est attestée, « actuellement étant à Breda », Pays-Bas, en qualité de musicien, en juillet 1790.

Jean quitte le Périgord vraisemblablement vers l’âge de 24 - 25 ans, bien avant le décès de sa mère, le 22 février 1792.

Les paragraphes suivants nous aident à comprendre son destin, hors du commun, son enfance à Saint-Astier, les raisons du départ, une mobilité choisie ou subie ?, son apprentissage d’enfant de chœur et son parcours musical, et enfin, sa vie familiale et professionnelle aux Pays-Bas.

Jean Neycensas, enfant de chœur

La recherche d’informations sur les musiciens à la fin de l’Ancien Régime est chose difficile.

Jean quitte Saint-Astier avant 1790, période où les chapitres et les abbayes ferment leurs portes et les biens d’églises sont nationalisés. Le culte est à présent réorganisé par la Constitution civile du clergé. Un grand nombre de musiciens sollicitent une pension et leurs dossiers déposés aux archives départementales permettent aujourd’hui de découvrir une profession dont « le domaine est caractérisé par une grande vitalité, en dépit des idées trop facilement reçues sur la stabilité des cérémoniaux, des répertoires …. ». Dompnier - Granger – Langlois - Deux mille musiciens et musiciennes d’Eglise en 1790 - Hal archives-ouvertes - 2010.

Les auteurs soulignent la fréquente mobilité des musiciens et des œuvres, élément important dans la carrière d’un musicien.
L’itinérance de Jean « grand voyageur » est-elle due à l’attractivité pécuniaire de la place de Rotterdam ?

Mozart disait « l’on est vraiment une pauvre créature si on ne voyage pas ».

Jean est à Breda en juillet 1790, à 56 kilomètres au sud de Rotterdam - Côte 3 E 14344 aux AD de Périgueux.

Mr Dompnier, Professeur émérite d’histoire moderne à l’université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand et responsable du programme ANR "Musiciens d’Église en France à l’époque moderne" (MUSEFREM, 2009-2012), Université de Clermont-Ferrand, le 14 janvier 2017, cite Jean en ces termes « nous n’avons que peu d’informations sur ceux qui se trouvaient hors de France, apparemment peu nombreux (quelques-uns dans de petites cours allemandes peut-être). Vous avez raison d’évoquer des hypothèses diverses sur le départ de France de Jean Neycensas, et j’espère que vous trouverez les informations utiles pour en étayer une ».

Selon Madame S. Granger, enseignante chercheuse en Histoire moderne à l'Université du Maine, responsable scientifique de l'enquête Muséfrem sur les musiciens des églises à l'époque moderne, « Jean a parfaitement le profil pour avoir été formé parmi les enfants de chœur de la collégiale de Saint-Astier ».

En l’état actuel des recherches on peut espérer « retrouver un jour une preuve que ce si intéressant et si talentueux Jean Neycensas a appris la musique comme enfant de chœur à St-Astier ».

 « En 1790, la collégiale de St-Astier comptait 4 enfants de chœur qui accomplissaient 10 ans de service, au terme desquels ils recevaient 30 livres de gratification, un habit, veste et culotte, deux chemises, des bas et des souliers. Voilà peut-être ce qu'a reçu Jean vers 1778, date probable de sa sortie, s'il a bien été reçu enfant de chœur vers 7 ou 8 ans, âge habituellement observé ».

Mr Dompnier : « Il est tentant de penser que Jean a acquis sa formation musicale comme enfant de chœur à la Collégiale de Saint-Astier ; je ne sais si les archives permettraient de l’établir, mais les enfants de chœur sont souvent des enfants d’artisans du lieu et ils exercent parfois ensuite plusieurs activités. Il répondrait donc très bien au profil ».

Comment fonctionne la maîtrise du chapitre de Saint-Astier ?

Le chapitre de Saint-Astier conserve une vieille tradition du chant depuis Elie Salomon au 13ème siècle, peut-être est-ce la réputation du chapitre qui permet à Jean « musicien très doué », selon Mme Raluy, de se produire sur la scène la plus connue de Rotterdam en 1791.

L’Abbé Nogué dans son ouvrage « Saint-Astier Pito-Vilo Grand-Cluchié » en 1933 mentionne :

« Dans le monastère, un chanoine chargé spécialement du chant portait le titre de pré-chantre. En 1791, Léonard Peynichaud est chantre au côté de choristes adultes attitrés ».

En 1726, l’église collégiale est dirigée par 14 chanoines, dont l’un est abbé, un chantre, leur revenu est de 400 livres.

A ces chœurs de chantres était jointe une maîtrise d’enfants ou psallette. Un des derniers maîtres de chapelle fut Girard de Saint-Amand ». Jean le rencontre peut-être avant son départ de France.
Lors de la fermeture du chapitre « le 20 janvier 1790, le directoire du département de la Dordogne autorise le sieur Girard de Saint-Amand à faire à chacun des quatre enfants de chœur du ci-devant chapitre la fourniture d’un habit et qu’ils ne sont plus nécessaires pour le service du ci-devant chapitre de Saint-Astier, qu’ils doivent être rendus à leurs parents ».


Affiches du Périgord en 1788

Hiérarchie et autorité sont de rigueur afin que l’enfant de chœur, acquière patience et zèle dans l’étude et la célébration du culte divin. L’évolution des mentalités dans la deuxième partie du 18ème siècle permet la disparition progressive des châtiments corporels.

Jean retrouve au sein de l’institution la même autorité qu’auprès de son père Martin et de sa mère Catherine Greil et on imagine aisément la difficulté pour l’enfant de 7 ans à se retrouver vivre de façon quasi monacale.

Si l’internat est d’usage dans les grandes villes, à Saint-Astier, l’enfant de chœur conserve de fréquents contacts avec sa famille.

Au sein des grandes cathédrales le personnel de la maitrise se compose de plusieurs enseignants, du maitre de musique, de grammaire, d’écriture et de latin, mais c’est bien le maitre de musique qui fait office d’enseignant, d’éducateur, de compositeur, à la collégiale de Saint-Astier.

Concernant le maître de musique, dans Maîtrises et Chapelles aux 17ème et 18ème siècles : des institutions musicales au service de Dieu, sous la direction de Bernard Dompnier, on lit « Dans tous les chapitres, les obligations sont lourdes, surtout en présence au chœur. Par exemple, à Saint-Astier en Périgord, le maître de musique doit assister à tous les services ordinaires, sauf les jours où il compose. Composer sans cesse est une nécessité, d’autant que les chanoines sont avides de nouveautés ».

Autres activités : comme toute maîtrise une « servante » prend en charge l’entretien des locaux, des linges et vêtements de cérémonies et leurs raccommodages. Elle apporte une attention toute particulière aux commandes de pain de seigle ou de froment et de viande car la nourriture à une place prépondérante dans la vie des enfants de chœur sous l’Ancien Régime, contrairement à ce qu’ils pourraient manger en famille où la viande reste un met rare. Dans nombre de maîtrise les enfants boivent une chopine de vin quotidiennement, soit un demi-litre par jour en deux fois.

Les effectifs d’enfants de chœur

Ils varient en moyenne entre 4 pour la plupart des chapitres et 12 maximums, toujours par nombre pairs. Les enfants de chœur, en fonction de leur âge, de leur expérience, sont désignés « grand enfant de chœur » et participent à l’éducation des « petits enfants de chœur ».

L’habillement

Il possède une place importante dans le quotidien des enfants. Les habits de  cérémonie, rouges le plus fréquemment, sont fournis par le chapitre et l’habillement, en dehors des cérémonies, par la famille, comme les bonnets, bas, vestes, chemises ou paire de souliers. Jean pour une meilleure hygiène du corps est rasé comme le veut la coutume.

Le tailleur est celui qui intervient le plus souvent au chapitre de Saint-Astier, puis viennent la couturière, le boutonnier, la lingère, le marchand de bois, et plus rarement le marchand d’instruments. Le chapitre est fidèle aux mêmes artisans.

Etait-ce Martin, Maître tailleur d’habits, qui livrait régulièrement, vêtements, chemises, bas, soutanes, aux enfants et aux chanoines ?

Localisation

La plupart du temps la maitrise se situe à proximité des lieux de culte, parfois dans le cloitre pour les grands chapitres, en face ou dans une rue proche de l’église pour les petits chapitres.

En 1771 Jean se tenait debout dans la tribune en pierre, longue de 5 mètres, au côté des autres choristes sous une voûte semi-sphérique, en berceau, et chantait face aux fidèles installés dans un espace d’une hauteur de 16 mètres et de près de 53 mètres de long, entre le chœur et l’entrée de l’église à l’ouest. L’avant chœur était composé de stalles délimitées par une grille où s’assoyaient les chanoines, les choristes, et les membres de l’abbaye. Les fidèles n’y avaient bien sûr pas accès. 


Emploi du temps

Le maître de musique organise la gestion immuable du temps : la moitié du temps est consacré à l’enseignement, puis un quart aux offices religieux, le temps restant au repas, temps libre, et études. Dans les petits chapitres, les enfants quittent leur habitation vers 5 h 30, débutent la journée par les mâtines, puis des cours de grammaire, de lecture ou de latin, une messe vers 11 h 00, le diner à 12 h 00, une récréation, à nouveau des cours de grammaire, d’écriture ou d’arithmétique, 14 h 00, la préparation aux vêpres, 16 h 00 le goûter, 17 h 00, des cours de musique ou de chant puis une récréation, 19 h 00, le souper, pour se terminer à 20 h 30 par le retour à la maison toute proche. Toujours dans les petits chapitres le maître de musique enseigne l’ensemble des matières générant un niveau d’enseignement général plus faible que l’enseignement musical.

Cependant, il n’est pas impossible que Jean ai acquis quelques bases de langue étrangère, ce qui lui fut d’une aide précieuse en Hollande. L’apprentissage de l’arithmétique permet à Jean de gérer la comptabilité de sa mercerie, en 1808, dans le quartier du Marché aux Poissons, puis en 1818, de son magasin de vente d’instruments de musique, quartier de Visschersdijk à Rotterdam.

L’enseignement musical

L’institution est la seule apte à enseigner une formation musicale de grande qualité. La maitrise permet à l’enfant de chœur de poursuivre ses études par une carrière ecclésiastique ou musicale à travers l’apprentissage du plain-chant, d’un instrument et pour les plus doués de la composition. Les archives des chapitres démontrent que l’enseignement musical est presqu’entièrement consacré au travail de la voix associé à la mémoire auditive permettant aux enfants d’exécuter diverses œuvres de plain-chant, messes et motets. La pratique de la solmisation, très ancienne méthode musicale théorique, si elle permet aux enfants d’apprendre aisément à solfier, reste cependant marginale.

Le cérémonial

Le port de l’encensoir, du chandelier, des croix et du bénitier lors des messes répond à un cérémonial précis et l’enfant de chœur consacre un temps d’apprentissage dans la manière de se tenir et se déplacer à l’intérieur de l’église lors de célébrations mais aussi à l’extérieur lors des processions.

Le recrutement et le profil des enfants de chœur

C’est dans le courant du 4ème siècle que le théologien Grégoire de Naziance, (originaire de  Nazianze ou Nazianzus ancienne ville de Cappadoce) préfère la participation des enfants aux chants plutôt qu’aux hommes, car leurs voix « provoque la pitié et est plus digne de la miséricorde divine ». De même on attribue au pape Grégoire le Grand l’institution des enfants de chœur et de la musique d’église, du plain chant nommé aussi chant Grégorien.

Un nombre important d’enfants se présente le jour de la sélection. L’âge d’entrée se situe vers sept ans, issu d’une famille honorable, catholique et de naissance légitime, il doit être en bonne santé et sera recruté par le maître de musique qui évalue la qualité de sa voix. La plupart des enfants de chœur comme Jean sont originaires de la paroisse et en réalité très rarement recruté hors diocèse. Leur origine sociale est déterminée par le métier du père de famille, la plupart du temps artisan, travailleur agricole mais aussi musicien ou employé d’église.

Jean fut vraisemblablement recruté vers 1769, en priorité sur sa voix, unique critère de sélection, l’aptitude aux études étant moindre. Vers 1771, Jean, 10 ans, est en capacité de chanter pour les cérémonies.

Le chapitre possède, en plus ou moins bon état, de nombreux instruments comme le basson, instrument à anche, le serpent, instrument à embouchure émettant un son grave propice à l’accompagnement des chœurs d’hommes, épinette ou clavecin. Jean débute son apprentissage du basson peut-être vers l’âge de 12 ans, en 1773, en fin de cursus, lorsqu’il perd sa voix d’enfant. Il se rend alors utile au chœur. L’apprentissage des instruments nécessite environ quatre années. On peut considérer qu’en 1777, Jean, 16 ans, possède un bon niveau dans la pratique du basson, instrument choisi en fonction de ses aptitudes mais aussi des besoins du chœur. L’apprentissage du clavecin et de l’orgue est beaucoup plus difficile que celui du serpent, instrument de choix, avant le basson.

Un deuxième recrutement est destiné aux enfants orphelins est fait partie de la politique ecclésiastique. La mort du père de Jean, Martin, est un évènement somme toute banal sous l’ancien régime mais qui plonge Catherine Greil dans l’insécurité matérielle.

Jean est âgé de 15 ans lorsque son père décède le 5 février 1776 ; il est envisageable que le chapitre de Saint-Astier, par bienfaisance, recrute Jean pour une durée moyenne de deux ans aidant ainsi financièrement la veuve de Martin.

Cependant, étant donné le niveau de connaissance musicale de Jean, en 1791, il est difficile d’envisager ce type de recrutement.

Jean s’oriente pendant deux ans vers l’apprentissage d’un métier artisanal financé par le chapitre, peut-être avec, en qualité de tuteur, son frère Jacques, tailleur d’habits.

En effet, Jean, tient une mercerie, en 1808, à Rotterdam, métier en lien avec la confection et les articles servant à la couture, à la fabrication de vêtements, et la vente d’aiguilles, de fils et passementeries (cordons, dentelles, rubans..., de boutons, d’agrafes, de craies de tailleur), l'ensemble des fournitures de couture et de broderie. Jean, à sa sortie, perçoit une gratification en fonction du temps passé au sein de l’institution et rémunérant généralement l’apprentissage d’un métier.

Jean devenu artisan peut compléter ses maigres revenus par quelques prestations musicales pendant les offices, comme à la Saint Cécile par exemple, patronne des musiciens. On ne peut parler d’ascension sociale pour les enfants de chœur devenus musiciens, encore faut-il qu’ils soient issus d’un chapitre important. Ils font partie du petit peuple avec environ 5 livres déclarés sur les rôles de capitation, rarement entre 5 et 10 livres alors qu’un artisan peut déclarer entre 20 et 30 livres mensuelles. Les dépenses ne sont pas pour autant en rapport avec l’importance du chapitre.

« Le chapitre cathédral de Sarlat le plus pauvre des cinq de sa catégorie en Guyenne rémunère mieux son organiste que celui de Périgueux, aux revenus pourtant plus importants que celui de Bordeaux ».

« Les deux serpents de Saint-Astier, outre leurs 400 et 600 livres d’appointement, touchent chaque année un casuel de 100 livres ».

Extraits : les musiciens d’église en 1790 - dans Annales Historiques de la Révolution Française en 2005 et B. Mailhot -  Les enfants de chœur des maîtrises du centre de la France : les institutions capitulaires d'éducation et leurs élèves aux 17ème et 18ème siècles. Université Blaise Pascal - Clermont-Ferrand II, 2014



Les événements qui précédèrent le décès de Catherine Greil 

Entre 1785 et 1786 débute dans le royaume, une nouvelle dépression économique et financière. Entre 1786 et 1787, années froides, les vendanges sont tardives et médiocres. Le prix du vin est en forte hausse.
En 1788, en Périgord la récolte est moitié moindre que l’année précédente. La crise est désastreuse sur l’économie de la confection de vêtements. Les filatures font faillites. Lyon compte 20 000 chômeurs de la soie, le royaume des milliers de chômeurs de la laine et du drap. 

Entre rivalités individuelles et apparition de nouveaux principes.

 Avant 1789 la garde nationale possède, de fait, des attributions militaires mais aussi administratives.  Par la suite la garde nationale, créée récemment dans les villages, oppose nobles et hommes du peuple au sein d’une même garde nationale, le désordre s’installe alors.

La garde nationale paysanne affirme bientôt son caractère révolutionnaire. Les derniers mois de 1789 voient un mouvement important s’élever contre la féodalité ; la garde nationale de Léguillac de Cercles, à quelques kilomètres de Léguillac de l’Auche enlève les bancs de l’église en aout 1790.

A Saint-Astier, comme dans de nombreuses communes, des attroupements se forment et menacent plusieurs habitants « pour les pendre pour leurs idées contre-révolutionnaires » à tel point qu’en 1795, « les honnêtes gens étaient dans le plus grand danger et priaient le Directoire d’y remédier ».

La répression de la garde nationale royaliste ; à Ribérac on mentionne que « les artisans ont des principes encore plus séditieux que les métayers…. ».

Le 22 juin 1791, la fuite du Roi et son arrestation provoque en Dordogne un émoi considérable. Un décret de l’Assemblée Nationale « engage les citoyens au respect des propriétés, à empêcher l’émigration, à surveiller les personnes qui chercheraient à s’enfuir par des chemins écartés, à avoir l’œil sur les suspects ». Dans Croquants et Jacobins - Copedit – 1989.

Entre 1000 et 2000 émigrants quittent la Dordogne après 1789 ; en France entre 1789 et 1800 ce sont 140 000 personnes dont 18% de nobles qui quittent le territoire.

Dans « Histoire de l'Emigration pendant la Révolution Française » d’Ernest Daudet on lit : «  gentilshommes, évêques, prêtres, moines, bourgeois, des artisans même cherchent leur salut dans la fuite. Tous les pays du monde en voient arriver. Il y en aura non seulement dans la plupart des capitales de l'Europe, mais encore aux États−Unis, au Canada, aux Indes, en Perse et dans le royaume de Siam. Ils se portent de préférence en Suisse et en Allemagne. Les électorats du Rhin regorgent de Français ».

Vergennes écrit de Coblentz au ministre Montmorin : « Il me paraît essentiel que vous soyez informé que, depuis environ quinze jours, les émigrations de la France en Allemagne deviennent très considérables, et d'autant plus fâcheuses que la plus grande partie de ces émigrants est composée d'une classe de citoyens très utiles, je veux dire de laboureurs et d'artisans. Soixante personnes à la fois, tant hommes que femmes et enfants, ont passé par cette ville, il y a quatre jours, se dirigeant vers la Hollande ».

Semaine du 8 au 14 janvier 1789, on lit dans Le Journal des Provinces du Sud-Ouest : Périgueux

« des plaintes ont été portées à diverses reprises ces dernières années sur des abus qui résultent de la facilité avec laquelle les officiers municipaux attribuent des passeports pour l’étranger à des gens à qui on ne demandent pas les motifs de leurs voyages – ouvriers, déserteurs, et soldats ». 

Un état militaire

Jean a déjà quitté le Périgord lorsqu’en mai 1792, un deuxième appel à volontaires est destiné au 2ème bataillon de la Dordogne afin de combattre l’Autriche avec l’Armée du Nord. Lavaux François, chasseur à la 14ème demi-brigade d'infanterie légère, ou Linard Jean, fusilier à la 14ème demie brigade, quittent leur village natal,  Saint-Astier.

On lit dans Recrutement de l’armée en Périgord pendant la période révolutionnaire - Lieutenant Cardenal - 1911, « que bon nombre de volontaires s’engagent aussi dans les troupes de lignes, faute d’être enrôlés dans les 2 bataillons de la Dordogne qui s’organisent avec beaucoup trop de lenteur ». Le Lieutenant indique « qu’il n’existe que très peu de liste de ces engagements dans les troupes de lignes mais qu’il fut considérable, les commissaires et leurs harangues patriotiques y étaient pour beaucoup ». 

Engagements politique dans le courant du 18ème siècle

En 1790 en Périgord, 29% des émeutiers arrêtés sont artisans, 24% laboureurs, et 8% métayers. Les jeunes et jeunes adultes, les plus actifs dans la rébellion, ont entre 15 et 35 ans. Fin 18ème, les plaintes des curés et notables soulignent une jeunesse « libertine, républicaine, insubordonnée et frondeuse qui entretient une agitation permanente ». Dans un pays de droit écrit, ou existe un véritable droit d’ainesse, la situation des jeunes est précaire d’autant plus que la démographie est en plein essor. 

Jean en 1786 a-t-il côtoyé le Marquis d’Aloigny, seigneur et franc-maçon du Puy-Saint-Astier ?

Les employés de familles nobles migraient parfois avec leurs propriétaires. Au moins deux familles Astériennes ont migrées pendant la Révolution. Le marquis de Puyferrat vers la Martinique, son château mis en vente, puis la famille d’Aloigny propriétaire du château de Puy Saint Astier dont Thomas Marie, Marquis d’Aloigny, baron de Saint-Pardoux la Rivière et de Château Gaillard, seigneur du Puy-Saint-Astier, ancien capitaine de cavalerie, franc-maçon et membre de la loge « L’Olympique de la Parfaite Estime », Orient de Paris et membre de « La Société Olympique », à Paris en 1786.

Nous allons découvrir que l’une des passions de Jean est peut-être à l’origine de liens d’amitiés avec des membres de la Franc-Maçonnerie.

En 1793 les parents d’émigrés sont assignés à résidence.

Une émigration d’ordre économique

C’est la piste la plus vraisemblable comme nous le découvrirons bientôt …… donc une mobilité subie et non choisie.

Le Périgord est un pays sans innovation rurale, où survit essentiellement le métayage où le petit propriétaire ne possède que quelques lopins de terre. En conséquence, « si les jeunes n’émigrent pas ils se louent comme journaliers ».

Le mois de juin 1792 connait une crise de subsistance importante, en juillet « la patrie est proclamée en danger », en aout, recrudescence des désertions, entre le 2 et le 6 septembre, plusieurs évêques du Périgord sont massacrés, puis une disette se généralise en novembre à l’ensemble du Périgord, suivie de menaces d’insurrections.

L’immigration, après le début de la Révolution Française, évolue avec le déclin du marché qu’offraient les Nobles et l'Église. On assiste aux départs d'artisans et autres corps de métiers, partisans de l'Ancien Régime au sens le plus large.

Un historien du 18ème dit « On ne connait aucune branche de l’industrie européenne, que l’esprit de persécution n’ait fait passer en Hollande ou que la liberté n’y ait attirée dans ces temps où la Hollande était regardée comme un asile assuré contre la tyrannie et l’oppression ». 

Jean, en 1788, traverse  la France à pied, ou peut-être en diligence moyen de transport le plus approprié sur de grandes distances.


Le sort des émigrés en Europe 

Jean, bien avant le départ des émigrés du Périgord, est déjà dans le soucis et perd rapidement  perd rapidement l’espérance du départ, confronté aux cruautés de la lutte pour l’existence, habitué pourtant au travail difficile, à 30 ans, il va se contenter de peu, parvenant tant bien que mal à recréer quelques ressources en pratiquant la profession qu’il exerçait à Saint- Astier.
Quelques années plus tard, pour les nobles cela sera encore plus intolérable, « n’ayant jamais fait œuvre de leurs doigts, ils vont connaitre toutes les horreurs de la pauvreté, toutes les villes d’Europe sont témoins de ces drames de la misère ».

Les événements de son temps aux Pays Bas

Les Pays Bas loin d’être indifférent au mouvement des Lumières participent pleinement aux brassages d’idées du 18ème siècle.
Guillaume V

La naissance de la République Batave, entre 1795 et 1806 est l’évènement marquant de la fin du 18ème siècle aux Pays Bas.

La Batavie englobe la plus grande partie des Pays Bas actuel, république sœur de la France. Elle est l’aboutissement d’un mouvement révolutionnaire entamé dès 1780 inspirée des Lumières et de la révolution américaine. Les élites urbaines tentent de s’opposer à Guillaume V qui souhaite transformer les Provinces Unies en monarchie.

Le 20 avril 1792 la France déclare la guerre au roi de Bohême et de Hongrie, et par conséquence aux Pays-Bas Autrichien. Entre le 6 novembre, après la victoire de Jemmapes, et le 2 décembre 1792,  la Belgique est conquise par Dummouriez.

En 1793, la Convention déclare la guerre aux Provinces Unies. Le 25 juin 1794 les Autrichiens sont définitivement chassés des Pays Bas lors de la bataille de Fleurus.

De décembre 1794 à janvier 1795 l’armée française intervient en Hollande. Le général Pichegru à la tête de l’Armée du Nord et ses 70000 hommes, libère  le 22 janvier 1795 Rotterdam puis Amsterdam le 20 février avec l’aide des  comités révolutionnaires puis s’empare de la flotte hollandaise. Le prince d’Orange, Guillaume V se réfugie en Angleterre. La République Batave est née. Les droits de l’homme et du citoyen sont proclamés, les titres de noblesse supprimés, 25000 hommes occupent à présent la Flandre Zélandaise.

Lombard de Langres constate dans ses mémoires : « Dans le fort d'un hiver rigoureux, dit-il, après avoir passé le Moerdyk sur la glace, ces soldats, l'habit en lambeaux, le pantalon usé, sans souliers, les jambes et les pieds entortillés de foin, n'ayant dans la poche que du papier dont ils ne pouvaient faire usage chez l'étranger et pressés par mille besoins, ne se permirent pas la plus légère entreprise sur la propriété d'autrui ».

Le 8 juin 1795, Louis XVII décède dans sa prison du Temple.

Le 11 octobre 1797 les Anglais détruisent la marine Hollandaise à Camperdown et s’emparent des colonies néerlandaises.

Le 17 octobre 1797, le traité de Campoformio reconnait l’annexion des Pays Bas Autrichiens et de la principauté de Liège.

Pichegru décrit Rotterdam en 1795 « bâtie sur un marais sur la rive gauche de la Meuse. Elle comporte une rue principale, établie sur une digue dominant le reste de la ville, et donc non inondable. L’atmosphère  y est viciée ».

Ce qui caractérise Rotterdam s’est sa diversité religieuse avec environ 10 confessions religieuses, Ecossais, Wallons Huguenots communauté importante durant la période allant de 1685 à 1715. Les réformés Hollandais soient 75% de la population totale possèdent une administration centrale.

Rotterdam passe de 20 000 habitants en 1690, à plus de 57 000 en 1795 et 59 000 en 1809.

Rotterdam - 1789


L’arrivée de Jean à Rotterdam vers 1788 - 1789, correspond à la dernière période de croissance de la population de la ville. Une stagnation s’installe à nouveau entre 1795 et 1810.

Les mouvements de population sont tout particulièrement liés à la situation géographique du port de Rotterdam. L’excédent d’immigrants diminue en effet après le déclin puis l’arrêt du commerce maritime.

Un foyer culturel important


C’est encore un siècle d’or pour les Provinces-Unies, à la tête d’un puissant empire colonial et commercial, la ville attire commerçants et ouvriers de toute l’Europe. Rotterdam est un foyer intellectuel et culturel où règnent la tolérance et la liberté.

Les archives du notaire Jean Rolin de Saint-Astier conservent l’acte établissant le lien entre le départ de Jean de Saint-Astier et sa présence en Hollande.

« Aujourd’huy sixième du mois de juillet 1790, avant midy ….. à Saint-Astier …. en présence de Bernard Mazeau, débiteur envers Jean-Baptiste Neyssensas, son beau-frère, musicien actuellement à Breda, en Hollande, représenté par son frère Jacques, tailleur d’habits, et acceptant, la somme de 154 livres, 16 sols, pour la vente de 26 boisseaux, 2 picotins de bled-froment, vandus élimés par le dit Jacques Neyssensas, pour le-dit Jean-Baptiste, son frère à Mazeau au mois d’avril 1788, à raison de 5 livres, 15 sols le boisseau ».




Le frère de Jean, Jacques signe les Cahiers de Doléances de Saint-Astier en 1789 puis l’acte notarial ci-dessus, en 1790.

1789
1790








Jean ne peut survivre seul en Hollande. Jacques lui adresse 154 livres d’une dette ancienne.

D’ailleurs il est difficile d’envisager le départ de Jean sans la présence d’un réseau de recommandations. Ce réseau existe entre les musiciens et les chapitres.

Enfin de nombreuses coïncidences laissent à penser que Jean, ait pu avoir un lien professionnel avec le milieu des comédiens Français aux Pays-Bas.

En effet, plusieurs troupes Françaises se produisent, tour à tour, à la Haye, Amsterdam, ou Rotterdam dans le courant des 17ème et 18ème siècles.
Mme Fleury, à la tête d’une troupe de théâtre loue le théâtre de Rotterdam au printemps 1785, le directeur du théâtre de La Haye, Storm et sa troupe, donnent 22 représentations.

André Gréty

La troupe joue le 24 avril 1785 devant le ministre Français, le Marquis de Verac, soutien de la maison d’Orange, quelques mois avant la signature d’une alliance entre Louis XVI et les Provinces Unies à Fontainebleau.
Cette même année un traité de paix est signé à Paris, entre l’Angleterre et les Provinces Unies.

En janvier 1787, le comédien Bultos est sur scène à Rotterdam pour 3 mois, puis de mai à juin à nouveau Storm donne quelques représentations.

En mai 1789 une compagnie d’acteurs Français de Gand arrive à Rotterdam sous la direction de Mme De Narelle. La troupe ayant fait faillite, la direction est reprise par « les Sieurs Moulyn et Flamme ». 
En 1790, les acteurs de l’opéra vont exécuter 25 opéras et drames, en jouant presque quotidiennement entre février et avril. Le 14 octobre 1790, l’opéra-ballet, « la Caravane du Caire » d’André Gréty est présenté aux spectateurs princiers, le prince de Brunswik et la princesse Frédérique Wilhelmina, les princes de Weilbourg et d’Usingen.
Malgré quelques aides de personnages distingués la troupe et son dernier directeur, Moulyn, font faillite en octobre 1791. Flamme a déjà quitté la direction en mars 1791, lorsque la troupe joue à Dordrecht et Bréda durant l’été 1791.

Coïncidences

1ère coïncidence - Jean, 29 ans, se trouve justement à Breda le 6 juillet 1790, comme le mentionne l’acte ci-dessus, « musicien actuellement à Breda » peut-être en même temps que la troupe dirigée par JF Flamme. Le terme « actuellement » soulignant son itinérance dans les Provinces Unies.

2ème coïncidence - le 22 novembre 1791, Jean, 30 ans, est en 2ème partie de l’Opéra Paul et Virginie dont la recette est destinée à l’artiste lyrique Mlle Demasure. Jean fait-il partie de l’orchestre de l’Opéra ?

Le chanteur Flamme, ex directeur d’une troupe de comédiens, est présent sur la scène de la grande salle de concert, rue Bierstraat, véritable cœur musical de la ville de Rotterdam, en mars 1789, puis en avril 1790, avec Mlle Demasure.

Le 14 décembre 1791 Flamme est encore présent sur scène.

3ème coïncidence - le 17 mars 1792, Mlle Demasure est présente en même temps que Jean Neycensas, 31 ans, sur la scène de la rue Bierstraat.

1777 - Théâtre de Rotterdam

En consultant les revues numérisées de la collection des journaux historiques et des affiches (1791-1887) de la Bibliothèque Royale Néerlandandaise, on ne remarque pas moins de 60 mentions de notre patronymique. La plus importante étant bien sur la plus ancienne parue dans la revue « Rotterdam courant » le 19 novembre 1791,nous découvrons ainsi que Jean à une passion pour la musique :

Une passion - la musique

Jean est en concert le 22 novembre 1791 dans la superbe salle de théâtre du quartier de Coolsingel à Rotterdam dans « Les institutions musicales en Belgique et en Hollande » par Prod’homme en 1914.
Un 1er théâtre existe dès 1753 sur la Place de l’Oost-Poort construit en bois, mais, en l’absence de chauffage en hiver et afin d’éviter les incendies, un nouvel établissement est édifié le 28 décembre 1774, puis reconstruit en 1853.

24 avril 1786 Théâtre Coolsingel

La vie culturelle en Hollande au 18ème siècle est encore essentiellement tributaire de l’étranger. Les artistes et compositeurs Français, Allemands Anglais et Italiens se font entendre  auprès des riches commerçants Hollandais, « laissant au peuple ses vieilles danses populaires et ses vieilles chansons profanes ou religieuses ».

1862 - Théâtre de Rotterdam

Les premières affiches du « Rotterdam Schouwburg », de petit format, sont imprimées sur papier blanc, en caractère rouge ou noir.

En fonction des troupes qui se produisent, les œuvres sont présentées en Français, Allemand ou Hollandais.


La 1ère de Paul et Virginie au théâtre de Rotterdam


Jacques-Bernardin-Henri de Saint-Pierre
Rodolphe Kreutzer

Jacques-Bernardin-Henri de Saint-Pierre publie en 1788 « Paul et Virginie » et l’idylle tragique connaît immédiatement un immense succès qui dépasse les frontières ; l’Opéra en trois actes de « Monsieur 3 étoiles », créé par en 1791 par  Rodolphe Kreutzer, violoniste et compositeur né en 1766, est présenté le 22 novembre 1791 par les artistes de l'Opéra Français de La Haye, connus en Hollande sous le nom de « Fransche Operisten ».


Les pièces à l’époque ne nécessitent pas de grands moyens en matière de décors et si d’aventure la mise en scène déploie un décor plus important l’affiche ne manque pas de le mentionner. « ornée de tout son Spectacle et du naufrage de Virginie occasionné par une Tempête, dont la foudre entre-ouvre son vaisseau, cette scène cruelle se passe à la Vue du Spectateur, cet Opéra est à sa 36ème représentation  à Paris et n’a point encore été joué dans cette Ville ». Les affiches n’oublient à aucun moment de préciser les sorties Parisiennes.

En 2ème partie, Jean Neysansas présente un concerto de basson de « la Composition du Célèbre Ozi, Musicien de la Chapelle du Roi ».



Extrait annonçant la représentation du 22 novembre 1791, paru le 19 novembre 1791 dans la revue « Rotterdam courant ».



1791 - Rotterdam - écoutez le concerto pour basson d'Ozi par Jean Neysansas










Basson et compositeur, Etienne Ozi nait à Nîmes en 1754 et s’établit  à Paris en 1779. Il se produit 37 fois au « Concert Spirituel » avec des œuvres de sa composition. De 1783 à 1786 il est au service du duc d’Orléans et se produit au « Concert Olympique ». Etienne Ozi est basson dans la « Musique du Roi » pendant deux années. La Révolution passée, il devient membre de la Garde Nationale, professeur au Conservatoire, et continue de se produire dans les opéras Parisiens. Entre 1798 et 1806 Ozi est membre des Virtuoses d’Elite de l’orchestre de l’Opéra puis devient premier basson de la Chapelle Impériale. Il compose 8 concertos pour basson et 4 symphonies concertantes.

Il est membre de la loge « L’Olympique de la Parfaite Estime » en 1783 comme le sera, à la même époque, le Marquis d’Aloigny.

Etienne Ozi
Etienne Ozi décède à Paris en 1813.


En cette fin du 18ème siècle, les musiciens francs-maçons s’ouvrent vers un monde nouveau où la musique commence à se démocratiser ; sont créés à Paris le « concert spirituel », puis plus tard, le « concert des amateurs ». 

Par soucis d’indépendance, se créée en 1781, la loge « l'Olympique de la parfaite estime » composée des musiciens les plus éminents de l'époque, de membres de la noblesse, tel le Marquis d’Aloigny, et de représentants de grandes familles.




Ainsi se côtoient le duc de Chartres, qui, en 1785, devient duc d'Orléans et Choderlos de Laclos, secrétaire du Duc.

« L’Olympique » succède  à « l'Olympique de la parfaite estime » et sera considéré comme le seul orchestre de grande qualité sur Paris.

Il n’y eut, d’après les affiches archivées, qu’un 2ème concert dans cette salle, la salle rue Bierstraat prenant la suite des concerts.

Salle de théâtre de Rotterdam en 1777 - par Nicolaas Muys


En troisième partie on joue « Janot ou les Battus paient l’amende ou Ce que l’on voudra », proverbe-comédie-parade de Louis-François Archambault, dit Dorvigny présenté pour la première fois sur scène à Paris au théâtre des Variétés en 1777.




D’Orvigny naît le 30 mars 1742 à Paris où il est meurt le 5 janvier 1812. C’est un romancier, dramaturge et acteur comique Français, inventeur du « Janotisme », Janot est un type burlesque de valet personnage principal de la comédie.

Les années suivantes, des compositions de Pleyel, Grety, Desaide, Gaveaux, Devienne,  Dalayrac, les comédiens « Citoyen Gazel ou Citoyenne Candeille » sont à l’honneur.


Joachim Genevay dit Gazel est né à Lyon en 1755. En 1785-86, il fait partie de la troupe de Bernardy qui joue à Anvers, puis à Liège la saison suivante. Ses emplois sont ceux de financiers, grimes et paysans. En 1788-89, il joue à Saint-Quentin, dans la même troupe. Il s'installe ensuite à Mons d'où il émigre, en ocrobre 1794, à Amsterdam, avec Mme Fleury et sa troupe d'enfants. Il s'y marie le 28 juin 1805 avec une hollandaise du nom de Sara Carolina Foelee, originaire de Leyde. - Source Base César.

Dictionnaire de la Musique (1992) p. 105 : CANDEILLE (famille) "Emilie Julie née à Paris en 1767, décédée à Paris en 1834, fille de Pierre Joseph. Chanteuse, pianiste, harpiste, compositeur et actrice. Elle débuta à l'Opéra en 1782 dans l'Iphigénie en Aulide de Gluck avant de devenir actrice au Théâtre du Palais-Royal, où elle devait tenir le premier rôle de son opéra Catherine ou La Belle fermière (1792). Mais en raison du succès moindre de ses opéras ultérieurs, Bathilde (Théâtre de la République, 1793) et Ida (Opéra-Comique, 1807), elle se retira de la scène. Auparavant, elle s'était produite comme pianiste et compositeur au Concert-Spirituel où elle avait fait entendre en 1786 une Symphonie concertante pour piano, clarinette, basson et cor. On lui doit encore des Sonates pour clavecin ou pianoforte avec ou sans violon, un Concerto de clavecin et des airs et romances où elle a donné le meilleur de son talent. Source Base César.







 Un deuxième concert en 1792

 La mère de Jean, Catherine, est décédée depuis le 22 février 1792, lorsque Jean « donne » un concert le 17 mars dans l’unique salle de concert de Rotterdam la « Concert-zaal » rue Bierstraat sur les docks.


« Op heden den 17 maart 1792, zal  C A Steger in deszelfs Concert-Zaal in de Bierstraat, te Rotterdam een groot Vocaal en Instrumentaal Concert geven, waar in zich gemelde met Concerten, op de viool, zallaten hooren. Jufvr. DEMAZURE zal diverse Aria’s en Duo’s Zingen. De Heer J. TOURS zal zich met een Concert van zyn Compositie, op het Piano Forte, de Heer N. Barth, met een Concert of de Clarinet en de Heer NEYCENSAS, met een en Concert op de Basson laten hooren ; men zal ten zesuren beginnen ; yder Perfoon betaald 30 fluivers ; de Lootjes zyn te bekomen in de Concert-Zaal ».

Traduction

« Le 17 Mars 1792, Corneill Antoine Steger donnera un grand concert vocal et instrumental dans sa salle de concert dans le Bierstraat à Rotterdam. Vous pourrez y entendre Mlle DEMAZURE et différents airs et duos de chant. Monsieur Jacob TOURS donnera un concert de sa composition sur piano forte, Monsieur Nicolas Barth un concert de clarinette et Monsieur NEYCENSAS un concert ou vous pourrez entendre le basson.

L’entrée du concert s’élève à 30 fluivers, et permet d’obtenir dans la salle de concert des billets de tombola ».


Le fluivers est une monnaie de change, la livre vaut 20 sols, ou 6 florins ou 120 fluivers.



La salle de concert de la rue Bierstraat – 1839




Les archives Hollandaises disposent de peu d’information sur les milieux artistiques des 17ème et 18ème siècles - le premier concert destiné au public est donné en 1643 à Amsterdam.
Seule référence sur la vie musicale, la revue « Rotterdam Courant », détaille les dates des concerts et les musiciens présents sur scène.

La grande salle de concert rue Bierstraat est le véritable cœur musical de la ville de Rotterdam au XVIIIème siècle, nommée « le concert ». Elle fut gérée respectivement par l’organiste Hagen vers 1764, le flutiste Zentgraaf en 1773, puis le violoniste Steger de 1773 à 1803. (Ci - dessus - façade de 1805 par l’architecte Giudicci, avec son portique à colonnes classiques, bâtiment détruit lors du bombardement en 1940).

La particularité de ces concerts : ils se déroulent, entre 1756 et 1770, dans l’une des pièces de la propre habitation des propriétaires, les samedis après-midi, la salle étant la plupart du temps en location.


A partir de 1775, la salle consacre de nombreux concerts au seul instrument piano-forte, meuble en forme de clavecin allongé en aile d’oiseau. Sa sonorité est assez éloignée de celle du piano. Cet instrument à corde frappée et clavier sera particulièrement adapté aux œuvres de jeunesse de Haydn, Mozart puis Beethoven dont les œuvres lui sont spécialement dédiées.

Zentgraaf loue par la suite une nouvelle salle de concert en face de l’ancienne, entre 1784 et 1788, nommée « Nieuwe Concertzaal » la nouvelle salle de concert, les deux salles étant en concurrence.

Cornelis Antoni Steger organise les concerts pendant la saison d’hiver en recevant quelques musiciens étrangers, Italiens ou Allemands de renommée comme Johann August Just, Willem Spandau, Schroeter vers 1779, Carl Stamitz en 1783 et l’Abbé Vogler en 1786, le maitre de chant JF Flamme, mais aussi Nepomuk Hummel en 1793, le clarinettiste Nicolas Barth, les organistes Hendrick Bruininkhuizen et Jacob Tours. 56 membres sont abonnés annuellement, dont 24 orangistes soit 42 % des adhérents. (Orangiste, partisan protestant de Guillaume - famille royale de Hollande).

Voici le détail des concerts qui se déroulèrent au Concertzaal entre 1789 et 1793 extraits de H.C. Hazewinkel, ‘De concertzaal in de Bierstraat,’ Rotterdams Jaarboekje (1940), pp. 179-188.


5 mars 1789 : Tours (piano), Hencke (violoncelle), Steger (violon), Barth (clarinette). Concert et trio par Tours, concerto pour violoncelle par Breval, et sonate pour violoncelle par Sieck.

Degas
28 mars 1789 : Flamme, Hencke (violoncelle), Steger (violon), Barth (clarinette).

30 septembre 1789 : Frantz (baryton ; Esterhaza), avec son fils « avec » 8 années de chant.

8 avril 1790 : Flamme, Mlle de Masure (chant), Steger (violon), Barth (clarinette), Femy (violon), Vogel (flûte).

14 décembre 1791 : Nihoul (chant), Flamme (chant).

4 février 1792 : Franz Clement (violon), Tours (piano). Concerto pour violon et variations par Clement.

17 mars 1792 : Steger (violon), Mlle de Masure (chant), Tours (piano), Barth (clarinette), Neycensas (fagot). Concert pour piano par Tours.

4 janvier 1793 : Johann Nepomuk Hummel (avec 12 ans de piano).

19 janvier 1793 : Steger, Hummel. Concerto et sonates par Hummel.

2 février 1793 : Johann Jacob Hey (cor et violoncelle - Weimar).



Les rencontres musicales de Jean


Jean Baptiste Sébastien Bréval nait à Paris le 6 novembre 1753 et décède en 1823. Violoncelliste et compositeur français considéré comme l’un des meilleurs compositeurs pour musiciens amateurs, Bréval est en concert rue Bierstraat en 1789.

Dictionnaire de la Musique (1992), p. 89 : "BREVAL, Jean-Baptiste Sébastien ... Violoncelliste. Formé par François Cupis, il commença à enseigner à 21 ans et à publier ses compositions à 22 ans. Après s'être produit en soliste au Concert-Spirituel, il entra en 1776 à la Société académique des Enfants d'Apollon qui groupait les virtuoses parisiens les plus réputés. Il a fait partie des orchestres du Concert des Amateurs, du Concert-Spirituel (à partir de 1781) et du Théâtre Feydeau. Source Base César.

Jean assiste peut-être en décembre 1791 au dernier concert du chanteur de la Chapelle Royale de France, Nihoul, qui débute ses représentations rue Bierstratt en 1776.

Hendrick Bruininkhuizen, célèbre organiste de la grande église de Rotterdam, nait à Leyde en 1733 et décède à Rotterdam en 1795.





Quelques jours avant son concert, Jean rencontre Franz Clément né en 1780 et décédé à Vienne en 1842. Virtuose du violon à l’Age de 8 ans, pianiste et compositeur autrichien, il fut un grand ami de Beethoven dès 1794. Beethoven lui dédie son concerto pour violon en ré majeur, op. 61.

Lors de son passage rue Bierstraat, en février 1792, il est âgé de 12 ans.

Corneill Antoine Steger, violoniste naquit à la Haye en 1753. C’est en 1785 qu’il est appelé comme chef d’orchestre des « concerts du Samedi » rue Bierstraat. Il épouse la fille du grand organiste Rotterdamois, Lentz. Jean sera présenté sur scène par Steger en 1792, celui que l’on appelait à Rotterdam «notre excellent Steger ».




Nicolas Barth nait en 1744 et décède en 1820. Immigrant allemand, il joue un rôle significatif dans la vie musicale de Rotterdam entre 1778 et 1820. En 1789, Nicolas Barth est en concert avec le violoncelliste Hencke et le maître de chant Jean François Flamme. Le clarinettiste est en concert avec Jean Neycensas en 1792. Il habite en 1796 le quartier de Noordblaak.

Jacob Tour nait en 1759 à Rotterdam et commence ses études musicales à l’âge de 16 ans. Professeur de musique dès l’âge de 25 ans, il eut pour maître de piano, violon et orgue, l’organiste de l’église Saint Laurent de Rotterdam, Bruininkhuizen dont il fut le successeur après 1791. Il compose une infinité d’œuvres pour orgue et piano. Il décède en 1811. (L’église Saint Laurent est le seul vestige du Moyen Age survivante du bombardement du 14 mai 1940). Jacob Tour est en concert avec Jean Neycensas le 17 mars 1792.

N Hummel

Nepomuk Hummel, nait en 1778, à Bratislava, Slovaquie, et décède à Weimar en 1837. Compositeur prodige Allemand, élève de Mozart, Haydn, et Salieri. Il compose de nombreuses pièces pour piano. Il est considéré à l’époque comme l’un des meilleurs pianistes en Europe. L’ami de Beethoven influença en début de carrière Chopin et Schumann : en concert rue Bierstraat, le 4 janvier 1793, âgé alors de 15 ans.



Nous découvrons le 18 décembre 1804, dans le « Rotterdam courant » la première critique musicale de la fin du XVIIIe siècle. Une publicité fait référence à l’artiste Drouet. « Le grand concert du jeune artiste Drouet, annoncé par des affiches pour le Jeudi de ce mois, n'aura lieu que le Vendredi suivant 14. Les artistes étrangers, monsieur Tobie et autres, s'y feront entendre et le susdit ose espérer, que son concert sera digne de l'attention des connoisseurs. C'est à la grande salle de Concert dans le Bierstraat, à six heures ». Haslinger est surnommé  « Tobie » né en 1787 en Autriche, enfant de chœur, compositeur puis éditeur de musique, pour Hummel notamment.

La critique quelques jours après : « il a été écouté (Drouet) avec un plaisir qui tenoit l’enthousiasme. En effet, il est très étonnant de posséder à cet âge un talant au point de supériorité qu'il a acquis ».


Jean le bassoniste


Le basson ou fagot fait sa première apparition dans la salle de concert de la rue Bierstraat le 25 mars 1771 avec le musicien Suemann, puis à nouveau le 25 mars 1771. Le 7 avril 1780, le musicien Ritter joue sur fagot, puis le 6 novembre 1788, le musicien Comi. C’est le 17 mars 1792 qu’un fagot est utilisé pour la 5ème fois en 20 ans, avec Jean Neycensas.

Façade Visschersdijk
De la famille des bois, le basson est présent à la fin du XVIe siècle en Italie sous le nom de « fagotto », formé d’un long tuyau conique d’environ 2,50 en érable la plupart du temps et replié sur lui-même. Le bonnet est orienté vers le haut, la grande branche et la petite branche sont reliées entre elles par la culasse en forme de U très serré. C’est durant le XVIIIème que le bassoniste en solo est  le plus répandu. Sonates et concertos, environ une quarantaine, sont écrits par Antonio Vivaldi.

Jean Neycensas, marchand de musique tient commerce dans le district D au 246 à proximité de Nicolas Barth, marchand de musique et éditeur de partitions « sur le Visschersdijk », le quartier des Pêcheurs.

Nicolas Barth est l’éditeur des œuvres de J Pleyer à Rotterdam.

Ignace Joseph Pleyel est né à proximité de Vienne - Autriche - en 1757 et décède en 1831 à Paris. Pleyel est un éditeur de musique - Maison Pleyel en 1797, compositeur, et fabricant de pianos - Chopin, Saint-Saëns, Ravel et Stravinsky vont faire la renommée des pianos Pleyel.



Pleyel exécute le 17 janvier 1791 au Manegezaal d’Amsterdam une symphonie de sa composition mais ne se produira pas au concertzaal de Rotterdam. Dans une étude parue dans le Morning Herald de Londres, en 1791, on lit : « Pleyel est devenu plus populaire que son maître J. Haydn». Pleyel publia près de 4000 compositions de Beethoven, Hummel, à Chopin.



L’histoire du théâtre, des musiciens, et des acteurs d’opéra Français, se termine en 1793, avec l’entrée des troupes de Dumouriez aux Pays-Bas et la fermeture des salles de spectacles. Qui ne ré-ouvriront qu’en 1795. 


La Révolution Française et ses répercussions sur le quotidien de Jean

Jean habite le quartier de la Goudse Wagen straat sur l’ancienne route de Gouda. Il se marie le 3 décembre 1797 avec Wendelia Muri.



Acte de mariage 1797




Wendelia Muri, sa jeune épouse nait en 1775 à la Haye. Wendelia habite dans le quartier de NoordBlaack le même quartier que le clarinettiste Nicolas Barth.

La mise en ligne du répertoire des métiers de la ville de Rotterdam depuis 1808 permet de connaitre les métiers de chacune des générations Neycensas.



En 1808 Jean et Wendelina possèdent une mercerie dans le quartier du Marché aux Poissons, au B 427 -  Zeevischmarkt.

« Winkelier in Neteldoeken, Garen en Band, Zeevischmarkt » - commerçant en mousseline et articles de mercerie.

Nous avons ainsi la preuve que Jean quitta Saint-Astier en conservant à Rotterdam son ancien métier, domaine professionnel en relation avec celui de son père et frère, tailleur d’habits.

Peu de temps après le décès de son épouse en 1811 et en période de stagnation de l’économie, Jean s’engage dans le commerce des instruments de musique et satisfait ainsi sa passion.




quartier Visschersdijk

En parallèle à la parution de son activité commerciale sur le registre des commerçants, Jean le 1er décembre 1818 fait paraître dans la revue « Rotterdam Courant » la première publicité consacré à son magasin de musique, libellée « dans le quartier Visschersdijk, district D au numéro 246, pour le public un assortiment d’instruments Italiens à cordes de première qualité pour basse violon et harpe et tous types d’instruments de musique bien équipés vendus à des prix très modiques ». Jean est âgé de 57 ans.

Extraits issus de la Collection des journaux historiques de la Bibliothèque Royale Néerlandaise, la plupart concernent de nombreuses publicités destinées à promouvoir la boutique d’instruments de musique de Jean.


Une publicité pour les vins de Bergerac en 1818 …………





Si nous ne possédons aucune information sur Jean et ses voyages en France, une liaison maritime existe entre Bordeaux et Rotterdam. Le Concordia, capitaine Stessen Swart, accoste à Rotterdam le 12 aout 1819.


Jean, commercial averti, et la fréquence de parution des publicités entre 1818 et 1822 :

1818, 1 publicité en décembre.

1819, 6 publicités, 1 en janvier, 3 en aout, 1 en novembre, et 1 en décembre.


1820, 9 publicités, 3 en janvier, 1 en février, 1 en mars, 1 en juillet, 2 en aout, 1 en décembre. En mars, aout et décembre le patronyme s’écrit « Neijcensas », l’annonce mentionne la présence de violons Italien.

Jean François, 21 ans, travaille en compagnie de son père.

1821, 6 publicités, 1 en janvier, 1 en mars, 1 en avril, 1 en décembre, 2 en novembre.

L’annonce parue le 15 novembre propose de nouveaux instruments, clarinettes, flutes, guitares, et violons des meilleurs maîtres, à prix modérés, mais aussi des partitions Romaines et Napolitaines.

1822, 3 publicités, 2 en janvier, 1 en février. L’annonce du 26 janvier reprend la forme initiale des années de début de parution.

1825 - Décès de Jean

Faire-part de décès de Jean l’Astérien.


« Avis de décès, dans l’amertume, de notre père Jean Neijcensas dans ses 64 ans - Rotterdam le 30 juin 1825 – déclaré par Jean François – L’affaire de vente d’instruments de musique est reprise par ses enfants en conservant les clients de leur père ».

L’arbre ci-dessous présente les quatre générations qui vécurent entre 1797 et 1929 à Rotterdam.


Découvrons les origines géographiques et sociales des différentes familles que côtoyèrent les Neycensas.

Le patronyme Muri, Mury ou Murij est présent en Hollande dès 1703 avec le décès de Lena Murij. Isaac Muri est soldat, originaire de la ville de Berg en Hollande. Il parvient le 24 mars 1767 au Cap, en Afrique du Sud, en provenance des colonies Néerlandaises en Inde.

Le 30 aout 1811 Wendelina Mury décède à l’âge de 36 ans. En marge de l’acte de décès l’officier d’état civil a mentionné « femme au foyer avec 4 enfants mineurs ».

Parmi les familles citées sur les actes d’état civil de la famille Neycensas, un certain nombre sont descendants des 500 000 huguenots – protestants – qui quittèrent la France après la révocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV en 1685. Parmi ces réfugiés certains s’engagent au service de la Compagnie des Indes Orientales, et s’installent en Afrique du Sud, dans la région du Cap et développent la culture de l’olivier ou la viticulture.

De nombreuses autres familles sont présentes à Rotterdam depuis 1690 comme les Bigot d’Ars en Ré, Guignon de Jonsac, les Gauthier de Royan, de Caen ou Rouen, et Langois, puis les Duvigneau de Clairac en Lot et Garonne depuis 1753.

Le couple Jean et Wendelia donne naissance à 6 enfants entre 1799 et 1809

Guilde des chirurgiens de Rotterdam en 1778


Le 24 mars 1799, François Vigouroux est parrain du premier enfant de Jean et Wendelia, Jean François. François Vigouroux est présent en qualité de chirurgien à bord de l’Amstelveen en 1753 lors de son voyage entre Batavia en Indonésie et Le Cap. Son père Marc Antoine Vigouroux est aspirant en 1730 à bord du Loenderveen. La famille Vigouroux, protestante, est originaire de Nimes.


François appartient à la Guilde des chirurgiens de Rotterdam en 1778.




Wendelia en 1801 et Catherine en 1803, sont reçues par le pasteur de la cathédrale St Jean d’Hertogenbosch à une soixantaine de kilométres.



L’église est servie entre 1629 et 1810 par une minorité protestante.




Elisabeth née en 1805  n’apparait plus sur les registres de Rotterdam.

Frédérique Christine Neycensas nait le vendredi 18 Août 1809 à Rotterdam. Baptisée le dimanche 3 Septembre 1809 à Rotterdam, Frédérique décède 6 février 1811 à Rotterdam, 5 mois avant le décès de sa mère Wendelina.

Martin-Frédéric nait le 8 septembre 1807 et porte le prénom de son grand-père, tailleur d’habits à Saint-Astier. 

Martin-Frédéric reprend le commerce de son père dans le courant des années 1833 1834, faisant suite à la gestion de son frère Jean-François.

1869 - Décès de Wendelina

Le procureur G G Burger déclare Wendelia sous curatelle le 24 septembre 1868. Elle décède à Rotterdam en 1869.

Revenons à la descendances du couple Jean et Wendelina.

1er fils :

Jean François, le premier fils de Jean et Wendelina, nait le 21 mars 1799, orphelin de mère dès l’âge de 12 ans.



De la Milice Nationale

En consultant le Journal Officiel du Royaume des Pays-Bas, tome 10, année 1817, on découvre les modalités de recrutement des appelés au sein de la Milice Nationale.

Jean François âgé de 20 ans en 1819 et comme tout homme non marié entre 19 ans et 30 ans, en devoir de participer, en qualité de volontaire, ou par tirage au sort si besoin, à la milice nationale indépendamment de l’armée permanente de terre et de mer – articles 206 et 207. L’article 210 mentionne que l’appelé ne peut être employé dans les colonies.

Le corps des Miliciens Hollandais est composé d’infanterie, artillerie et cavalerie. La taille d’un milicien recruté ne doit pas être inférieure à 1m 57 - 5 pieds.

Grâce aux informations transmises par Monsieur H. Bos – certificat militaire ci-dessous - nous découvrons que « Johannes Franciscus », employé en qualité de greffier est exempté et remplacé par un volontaire, conformément à l’article 200.

« Les parents qui n’aimeraient point que leurs enfants servissent en personne, seront obligés de fournir un remplaçant lorsque leur numéro de tirage ne les exempte pas du service. Les remplaçants, célibataires, habitants de la commune, devront être âgés d’au moins 24 ans et 30 ans au plus ».

Jean verse la somme de 25 à 75 florins suivant sa faculté afin de subvenir aux frais occasionnés par la levée de la milice nationale et établi un contrat avec son remplaçant, validé par le conseil de milice. Pendant 18 mois le remplacé répond de son remplaçant.

L’acte est signé à La Haye par le gouverneur de province et daté du 4 septembre 1823. Le tirage au sort concerne la classe 1819 habitant Rotterdam.



L’acte décrit le visage de Jean François : visage ovale, front bas, yeux bleus, grand nez, petite bouche, menton ovale, sourcils bas et signe apparent : cicatrice sur la joue droite.



Jean François, se marie à Rotterdam avec Johanna Pouderoijen le 9 juin 1824 à l’âge de 25 ans.
L’acte est important avec la présence des signatures de Jean, prénommé à présent Jean-Baptiste, commerçant en instruments de musique et son fils Jean François, greffier. « kantoorbediende ».



Cornelis
Jacob Pouderoijen, père de Johanna, est peintre à Rotterdam. L’un de ses fils, Cornelis né le 27 aout 1782, est peintre dans la Marine entre 1819 et 1829, à bord de la frégate Minerva. Lors de son dernier voyage il accoste dans les ports de Santa Cruz, Tenerife, Madère, Rio de Janeiro, Paramaribo, Curaçao, ou La Havane.

Il décède à Vlissingen le 15 décembre 1829 à l’âge de 47 ans.





L’un des arrière-petits-fils de Jacob, autre Cornelis né à Rotterdam en 1868, mort en 1948 à Nimègue, est peintre de paysages et natures mortes puis professeur à l'Académie des Arts de Rotterdam.




Le peintre D Mooij (1900-1960) peintre symbolique, romantique et descendant des  Pouderoijen, peint Elisabeth Johanna Pouderoijen, arrière-arrière petite fille de Dirkje Evehard et Jacob Pouderoijen.

Elisabeth Johanna Pouderoijen par D Mooij



Johanna Pouderoijen l’épouse de Jean décède en 1856.



Jean François Neycensas



72 avenue Lombarstraat

Jean François est employé à la banque de prêt de Rotterdam en 1851 et présent sur le registre des métiers, au 8-184 rue Lombarstraat jusqu’en 1861, puis à compter de 1862 rue Open Rijstuin 11-78 jusqu’en 1866.




Atmosphères dans le quartier Lombardstraat.

Façade de la rue Lombardstraat au 72-2 en 1868 et l’église des Ecossais.


Le quartier d’ Open Rijstuin


 1866 - Jean François décède d’une attaque cérébrale, à l’Hôtel « De Zon », rue Breedestraat à Leiden le 30 juin 1866, à l’âge de 67 ans : décès déclaré par son fils Jacob Dierik, lors de l’épidémie de choléra.

rue Breedestraat 

Faire-part de décès paru sur un journal de Leiden.

Faire-part de décès paru dans un journal de Rotterdam en 1866.



Déclaration de décès de J.F. NEIJCENSAS - 1er feuillet.

Remerciements d’amis de Jean François, Knowles et Smith, sur le 2ème feuillet.



Pour les personnes souffrant du choléra, elles peuvent se rendre à l’échevin de Leiden.



Quelques publicités dans un journal de Rotterdam en 1866.



Le couple aura 6 enfants tous nés et décédés à Rotterdam.



- Jan Jacob Neijcensas nait le 3 mai 1825 et décède le 28 mai 1825 à l’âge de 25 jours.

- Jacob Diederik Neijcensas nait le 8 décembre 1826.

Le tableau ci-dessous mentionne ses emplois et lieux de  travail, tous à Rotterdam.


Jacob travaille en compagnie de son père Jean-François et son frère Johannes au 8-184 Lombarstraat pendant quelques années.

Jacob Diederik, employé de banque à Rotterdam en 1864, est l’un des souscripteur de l’ouvrage de Van Lambrecht Broek, « Nagelaten en verspreide gedichten » Petits Poèmes.

Le poète néerlandais Van Den Broek né à Rotterdam en 1805 était un homme d’origine modeste à l’époque où la poésie appartenait plutôt aux pasteurs et universitaires.


Lambrecht Broek
J. Immerzeel

C’est en autodidacte qu’il fait ses débuts en 1824, inspiré par Johannes Immerzeel, poète et musicien, puis par le poète Hendrik Tollens.

Après 1845, Broek vit de sa plume et édite quelque poésies humoristiques et ses satires sont publiées sous le pseudonyme du « Professeur Celibatarius ».



Jacob Diederik anobli en 1889 ?




Dictionnaire nobiliaire, répertoire des généalogies et des documents généalogiques qui se trouvent dans la bibliothèque, les collections et les archives d’A.A. Vorsterman van Oijen (1845-1912).



Notre patronyme est présent sur le dictionnaire nobiliaire des Pays-Bas. Pour plus d’information il serait nécessaire de se déplacer aux archives des Pays-Bas afin de connaitre à quel « titre » un Neijcensas a pu obtenir ce titre de noblesse.


Jacob Diederik retient à nouveau notre attention par son intervention dans le dénouement judiciaire d’un fait-d ’hiver qui se déroule en 1896 à Rotterdam.


« La falsification de documents concernant 13 coffres forts censés contenir des montres en or et des billets de banque est découverte par Jacob Diederick Neijcensas en 1896. Le coupable, employé de la banque depuis 1891 et âgé de 36 ans, remplaçait le contenu des coffres par du plomb pour un préjudice s’élevant à 1200 florins. L’employé bénéficiant d’un revenu de 900 florins annuel, sans loyer à payer, est reconnu coupable de fraude et se voit infliger une sanction d’un an de prison. Son défenseur Maitre Delprat demande en vain la clémence du tribunal ». En 1896, Hendrik Schemmer Lelyvelt né le 5 avril 1821 est directeur de la Banque de Prêt de Rotterdam.





En juin 1895, Jacob Diederick Neijcensas fête ses 40 ans de services en qualité d’adjoint-commis.



En 1896, M. J Baker autrefois employé au secrétariat de la municipalité de Kraligen est retenu pour la nomination au bureau du greffier en qualité d’adjoint-commis, à la place de M. Jacob Dierick Neijcensas qui a été honorablement libéré en vertu de sa subvention et de sa demande de pension.


Jacob Diederik décède le 30 mars 1904 à Rotterdam à l’âge de 77 ans sans descendance.

« Est décédé notre cher frère Jacob Diederik Neycensas, pensionné de la caisse des employés de banque », de la part de Johanna H Neycensas.



Wendillia Neijcensas nait le 3 avril 1829 et décède le 27 mai 1881 à l’âge de 52 ans. Wendillia resta célibataire.



- Johanna Hendrika Neijcensas nait le 18 juillet 1831 et décède, peut-être sans descendance, le 8 janvier 1913 à Amsterdam.


Deux fils se marient en 1865 et 1896.

1er fils : Johannes né le 14 décembre 1833

Johannes se marie le 11 mai 1865 à Rotterdam avec Charlotte Quant fille de l’entrepreneur Pieter Quant (rue Pieter Quantstraat à Den Helder). Johannes est présent sur le registre militaire de la ville de Rotterdam. Le couple n’aura pas d’enfant. Le patronyme Quant est présent dans le nord de la Hollande dès 1645. Charlotte décède le 22 mai 1916 à l’âge de 78 ans à Amsterdam.




Johannes travaille quelques années en compagnie de son père Jean François et son frère Jacob Diederik rue Lombarstraat. Ci-dessus lire OostVestplein et non OostVesteplein.




Liaison maritime entre Rotterdam et Bordeaux – 1865



Nous découvrons l’une des passions de Johannes




La chorale Amphion de Rotterdam


Rotterdam Amphion Choir


Où la tradition des chorales dans la première moitié du 19ème siècle

Rotterdam 1791 - 1830 : les salons constituent des lieux de promotions pour les jeunes artistes, est c’est un public restreint et avertit qui participe aux concerts de la rue Bierstraat - voir l’article sur Jean, musicien et bassoniste.

Après 1830 l’apparition d'un nouveau public mêlant moyenne et petite bourgeoisie permet le développement d’un mode de diffusion original de la musique, le concert public et payant, Place des Pays Bas par exemple. La pratique du piano par des amateurs se développe, grâce à la démocratisation des prix de vente et de location de l'instrument. Les cours de piano se multiplient.
Le nombre de professeurs triple en trente ans.
Méthodes, études, sonates, fantaisies, marches, valses, transcriptions pour piano fleurissent comme dans le magasin de Jean Neycensas, le grand-père de Johannes.

La critique musicale dans la revue « Rotterdam courant » apparait dès 1804 et la presse musicale prolifère à partir de 1830 témoignant ainsi d'une vie artistique intense.

Amphion fils de Zeus et d’Antiope est un grand poète et musicien de la mythologie grecque.

En 1829 C. Mühlenfeldt devient Directeur de la première société musicale des Pays Bas, créé une chorale et dirige son orchestre.

En 1847 l’Amphion est créé. En 1853 un désaccord conduit 21 membres à démissionner et créer le Liedertafel Rotte's Mannenkoor. La société musicale des Pays-Bas subventionnée par l’Etat effectue la promotion de la musique à travers le pays par l’intermédiaire des sections locales de Rotterdam, Amsterdam, La Haye ….. En organisant des festivals comme celui de Nimègue en 1865.

La création de l’Amphion se situe en pleine période romantique, Schubert et Wagner s’inspirent d’écrits aux références mythiques, mystiques, de chevaliers et de rois à la mode durant le XIXème siècle. Le romantisme c’est tout à la fois de nouvelles sensibilités d’expressions directes, des émotions qui s’expriment dans la peinture, un retour à la nature en opposition à l’industrialisation naissante, l’éloge de la mélancolie, un retour au religieux et aux forces occultes et irrationnelles, et à l’apparition du culte du génie avec les virtuoses Liszt, Paganini, ou ceux qui composent pour Dieu, Wagner, avec  « Le Crépuscule des dieux ». Les révolutions en Europe contre les grands empires laissent place à de nouveau compositeurs de musique d’inspiration populaire comme Chopin, Liszt, Schumann …..

Evolution de la musique du 19ème siècle :

1800 - 1830 : le romantisme Allemand avec l’un des premiers opéras écrit par Carl von Maria Weber en 1821.

1830 - 1850 l’apogée du romantisme avec les écrivains Français Hugo et Dumas, les musiciens Paganini, Liszt, Chopin, et en Allemagne, Schumann, Mendelssohn, Wagner et Verdi en Italie.

1850 - 1890 le romantisme tardif apparait Brahms, Franck, Bruckner…..

Après 1890 Debussy, Puccini, Mahler et Strauss occupent la scène musicale en Europe.
L’individualisme reste la marque essentielle du compositeur romantique en révolte contre la société.

Après la 1ère guerre mondiale une nouvelle génération de compositeurs « réalistes » reproche aux romantiques leur idéalisme.

En cette deuxième moitié du XIXème siècle la musique des grands du répertoire est partagée par presque toutes les classes de la société, c’est l’époque de la création des chorales, sociétés musicales, conservatoires et théâtres, on aime la musique légère jouée par les régiments de cavalerie.

Un concert à Rotterdam en 1854

Johannes est secrétaire de la chorale Amphion, peut-être choriste lui-même, de 1864 à 1865 et travaille en compagnie d’Alexander Heijblom, compositeur et joueur de clavecin né en 1832 à Bergen. Alexander Heijblom s’installe à Rotterdam en 1855 et devient professeur de chant, directeur de la chorale pour hommes « l’Amphion » en 1857, puis crée une chorale féminine en 1865. Sous sa direction, L’Amphion produit principalement des œuvres de Liszt et Wagner.

On retrouve sur la publicité le nom de Van Ijsselstein, bibliothécaire, puis président au sein de la chorale de l’Amphion.


Le 23 décembre 1864 la chorale l’Amphion dirigée par le chef d’orchestre Heijblom, se produit salle de concert « Maatschappij tot Nut van het Algemeen », de la Société des Services Publics Généraux de Rotterdam. Les compositeurs Wasserfahrt, Mendelssohn, Bartholdy, Max Bruch sont à l’honneur, mais aussi Alex Heijblom avec une composition « trio pour piano, violon et violoncelle » et Edouard Rappoldi, violoniste et maitre de concerts au théâtre allemand de Rotterdam.





Johannes est présent lors du 7ème festival national des Chanteurs de Nimègue en 1865.



La 7ème édition du Festival des Chanteurs des Pays-Bas se déroule dans le parc du Valkhof, devant la chapelle et sous un grand chapiteau, les samedi 13 et dimanche 14 aout 1865. Le samedi en soirée 17 chorales représentant 17 communes présentent leur programme.


La soirée se termine par l’hymne des Pays-Bas.


La critique musicale souligne la difficulté des choristes d’interpréter certains morceaux après seulement une répétition. Les meilleures interprétations sont : le « Psalm » de F. Coenen en omettant le chœur final, « Krijgslied » de Richard Hol, puissante et bien instrumenté avec une grande assurance et un excellent chant. Les éloges reviennent au célèbre baryton W Deckers, au ténor soliste Roothaan d'Amsterdam, et au ténor soliste Dietger  de Cologne. Le solo le plus éblouissant avec sa profonde voie est réservé à M. Lion.

Le 14 aout, dimanche après-midi, les représentants et choristes de 14 chorales, dont l’Amphion, se réunissent dans la nouvelle grande salle du club Concordia dans le château de Bat-Ouwe-Zate, parc du Valkhof, afin d’élire un nouveau président pour la Société Musicale des Pays-Bas.

L’une des entrées château

Les musiciens Böhme de Dordrecht, Heinze, Richard Holl, Caspers d’Amsterdam, Osterman et Schaick d'Utrecht sont élus membres de la Société.

La soirée du dimanche est consacrée aux cinq plus importantes chorales, Zanglust sous la direction de Sieveking, Amstels Mannenkoor, Oefening baart kunst d’Amsterdam, Oefening et Uitspanning d’Hertogenbosch, et Kunstmin de Dordrecht réunies dans la « Concordiazaal » du château.

Puis participent les chorales Euterpe d’Amsterdam et Amphion de Rotterdam, hors programme. Les deuxième et troisième chorales, fortes d’environ 70 à 50 choristes, chantent dignement et montrent de grands progrès et sont applaudies chaleureusement par les 4000 spectateurs. Sous des tonnerres d’applaudissement le « Gute Nacht » de F. Abt et « Cri de Guerre » de Lintermans sont interprétés par la chorale « Oofening en Uitspanning » d’Hertogenbosch.

De nombreux rappels permettent au meilleur chanteur baryton des Pays-Bas W Deckers, accompagné par Brummstimme, de se produire à nouveau. Les chorales Mannenkoor d’Amsterdam, interprètent « Des Heeren Huis » de Boers et « Kabels Los » de Richard Hol. D’autres compositeurs sont à l’honneur comme Bertelman, A. Berlijn, A. Hartel, et G.A. Heinze.



L’Amphion dirigé par le « bien-aimé » Heijblom, interprète « Burschen-Standechen » de F. Lux, puis « Aan de Liefste » de Heijblom .

Les festivités pour la Fête de l’Empereur des Français




Les rencontres musicales de Johannes


Présents à Nimègue en 1865

Bôhme



Auguste Bôhme, violoniste de talent, nait dans le duché de Brunswick en 1815, après un bref passage comme chef de chœurs à Berne, il devient sous-directeur de musique à Genève, chef d’orchestre à Dordrecht en 1846 puis maître de chapelle en 1860. Il dirige le Dordrecht concert Euterpe. Il est nommé à de nombreuses reprises membres de la Société Musicale des Pays-Bas.







Heinze


Gustave Heinze, clarinettiste et compositeur né à Leipsick en 1821. Heinze fit de nombreux duos avec Mendelssohn. En 1850 il devient chef d’orchestre au théâtre allemand d’Amsterdam. En 1852 il devient directeur de la plus renommée des chorales, Euterpe. Heinze compose des ouvertures de concerts, des messes, des quatuors, des chœurs à 4 voix et des romances. Son oratorio « la Résurrection » en 1863 connait un vif succès. Le 14 aout « Heinze dirige les deux chorales Amphion et Euterpe d’Amsterdam et rencontre moins de succès que lors de son interprétation de la veille ».






Hol



Richard Hol, pianiste compositeur, naquit à Amsterdam 1825. Directeur de la « Société Musicale des Pays-Bas, est le plus renommé des musiciens de son temps. En 1858 Guillaume III le nomme Chevalier de l’Ordre de la Couronne de Chêne. Il décède en 1904 à Utrecht.









Paesschen


Pieter Jan van Paesschen, organiste à la cathédrale d’Hertogenbosch, ce compositeur belge nait en 1839 et décède en 1887. Le 14 aout 1865, sous la direction de Paesschen les interprétations par la chorale Oefening en Uitspanning d’Hertogenbosch, le « Gute Nacht » de F. Abt et « Cri de Guerre » de Lintermans dépassent ce que l’on a entendu jusqu’à présent. On ne sait si l’on admirer le plus le zèle des chanteurs où la compétence de leur chef d’orchestre, imbattable est le seul mot que l’on peut citer.










Les compositeurs à l’honneur à Nimègue

Joseph Charles Boers, violoniste et compositeur, élève de l’école de la Haye, et chef d’orchestre à Nimègue, où il naquit. Il compose un grand nombre de cantates et chœurs, et dirige des chorales de près de 600 chanteurs. Il publie des travaux de l’littérature musicale Hollandaise dans la revue Coecilia. Il créé en 1848 la chorale Coecilia et dirige la société Apollo.

Coenen


François Coenen, violoniste de mérite, naquit à Rotterdam en 1826.  En 1854 il s’établit professeure à Amsterdam, où son « style gracieux et son jeux délicat le place au premier rang des violonistes ». Il est aussi violon sol de sa Majesté le roi des Pays-Bas., membre de la Société Musicale des Pays-Bas. « C’est un virtuose de premier ordre et il joue d’une manière admirable la musique de tous les maîtres et de toutes les époques ». En 1860 il dirige l’orchestre de la Société Diligentia de la Haye puis en 1864, l’orchestre de la Société Caecilia d’Amsterdam.











Verhulst
Johannes Verhulst, nait en 1816 à La Haye, compositeur et chef d’orchestre, directeur de la Société musicale des Pays-Bas en 1848, établi à Amsterdam après 1863. En 1838 Mendelssohn l’accueille avec amitié à Leipzig. Verhulst devient directeur de la chorale Euterpe. En 1854, il invite Frantz Liszt lors du jubilé de la société musicale. Quelques années plus tard, s’il influence largement la scène musicale de l’époque, ses positions conservatrices, notamment lorsqu’il refuse de jouer Wagner, Berlioz ou Litz vont l’éloigner de la scène musicale. C’est ainsi que Richard Hol le remplace en 1883 pour l’exécution d’œuvres de Wagner à la Haye. Il décède en 1891. Robert Schumann lui dédie son Ouverture, « Scherzo et Finale pour orchestre, op. 52 ».






Schumann




Robert Schumann, pianiste et compositeur romantique allemand nait en 1810 et décède en 1856. Daguerréotype de 1850.






Bruch




Max Bruch, nait en 1838 à Cologne, compositeur romantique et chef d’orchestre. Il décède en 1920. Son concerto N° 1 en G mineur pour violon et orchestre est l’œuvre la plus romantique des concertos pour violon de la musique allemande.



Zöllner





Carl Friedrich Zöllner, nait en 1800, compositeur allemand. Il décède à Liepzig en 1860.



von Weber



Carl Maria Friedrich Ernst von Weber, nait 1786 et décède en 1826, compositeur allemand, chef d’orchestre et pianiste.










Franz Wilhelm Abt, nait en 1819, pianiste et compositeur allemand ami de Mendelssohn et de Robert Schumann, il décède en 1885. Il écrit en particulier pour les chœurs masculins.


Lintermans

François Lintermans, compositeur et professeur de chant, il nait à Bruxelles en 1808 et décède en 1895. Il compose tout particulièrement pour des chœurs masculins. Lintermans créateur du chant choral en Belgique, fut un collectionneur averti de costumes militaires.













Invitation à participer au nouveau cursus pour chœur d’hommes de l’Amphion pour l’année 1865-1866 sous la direction de Heyblom. Programme de la chorale l’Amphion du 29 décembre 1865 – Reissiger, Abt, Behr, Schumann, Heyblom et Max Bruch.


Baguette du chef d’orchestre en ébène d'Alex. W. A. Heijblom avec des entretoises d'argent.

Les concerts Place des Pays-Bas


La chorale de l’Amphion de Rotterdam participe à la plus importante manifestation musicale réunissant des chorales des Pays Bas en 1868.



Sous l’appellation « Koninklijke Zangvereeniging Rotte’s mannenkoor » la chorale perpétue aujourd’hui l’esprit des chorales pour hommes de Rotterdam.

Johannes décède le 25 mars 1908 à Amsterdam à l’âge de 75 ans.

Faire-part de décès de Johannes Neijcensas en 1908.



Ventes aux enchères articles ménagers 1916.


2ème fils : Martin Hendrik nait le 16 février 1838, se marie le 11 mars 1896 avec Theresia Garcet, fille de Dieudonné Garcet, le patronyme Garcet est présent en Hollande depuis 1832. Martin est présent sur le registre militaire de Rotterdam. Martin décède le 13 septembre 1896.


Martin Hendrik fait partie des 600 étudiants que compte la Willem de Kooning Academy de Rotterdam.

Martin Hendrik apprend le métier de  « travailleur d’ornement » pendant ses cinq années passées à l'Académie des Beaux-Arts et des Sciences Appliquées. Entre 1855 et 1860 Martin obtient régulièrement un prix, dans le domaine des « dessins faits mains et petits ornements à la Grecque ».

Le 20 juin 1860 Martin obtient un prix pour son œuvre «Masqué en buste ».




Quartier de Lange Warande en 1885

Martin Hendrik habite au 64 Lange Warande en compagnie de son frère Jacob Diederik entre 1878 et 1885, et Johanna Hendrika entre 1884 et 1886.

Martin Hendrik change trois fois de lieu d’habitation entre 1886 et 1899.

L’épouse de Martin, Thérèse Garcet est mise sous curatelle le 30 octobre 1916 par le procureur J. G. Shurmann. Elle décède à Utrecht le 12 février 1919 et lègue la somme de 1000 francs à la fondation Juive de Rotterdam.

fondation Juive de Rotterdam.


Descendance de Jean et Wendelina Muri

2ème fils :

Le deuxième fils de Jean François et Wendelina, Martin-Frédéric, nait le mardi 8 aout 1807 à Rotterdam, baptisé le dimanche 4 octobre 1807 à Rotterdam, orphelin dès l’âge de 4 ans. Martin est présent sur les listes des militaires Hollandais - Militieregisters.nl.



Correspondance commerciale de Martin Frédéric Neijcensas

à la Société Neuner et Hornsteiner - Bavière





Rotterdam le 30 juillet 1837




Tout d’abord je remercie Monsieur W. Wolz en Bavière, collectionneur, qui nous permet à présent de découvrir un document précieux des familles Neycensas de Rotterdam. Monsieur Wolz m’a contacté via le blog le 30 aout 2021.

Ce document est transmis le 5 octobre 2021 à la conservatrice du musée de la lutherie de Mittenwald, Madame Werner – « Geigenbaumuseum ».


La lettre a voyagé 7 jours ; postée à Rotterdam le 30 juin 1837, jusqu’à la frontière Allemande, puis arrivée au Grenz-Postamt (poste frontière) de Bavière et enfin à Mittenwald le 6 juillet 1837.

Le montant de l’affranchissement s’élève à 2 francs ce qui était déjà un montant élevé à l'époque, soit environ 4 euros.




Retranscription

 

A Monsieur Neuner et Hornsteiner à Mittenwald,

Messieurs,

« Ayez la bonté de m’envoyer le plus tôt possible 20 paquets de Chanterelles*, 4 fils, 4 longueurs, mais surtout de la meilleure qualité comme celles que j’ai eu la dernière fois de vous et ayez la bonté de me choisir les paquets les plus minces.

Ajoutez-y aussi pour échantillon un paquet de 2ème et un paquet 3ème de violon de la seconde qualité dont vous m’avez déjà parlé dans une lettre précédente et si elles me conviennent je vous en ferai une commande dans la suite.

J’espère que vous me servirez le plus tôt que vous pourrez car par une vente inattendue je me trouve presque sans chanterelles ainsi cela me ferait du tort si vous ne me les envoyer pas directement.

Espérant donc que vous m’enverrai de suite après l’arrivée de celle-ci les cordes que je désire.

Je me nomme avec respect.

Votre très humble serviteur ».

M. F. Neijcensas Marchand de Musique sur le Steiger N° 407 à Rotterdam.

 

*- La chanterelle d'une guitare, d'un luth, d'un violon, première corde, la plus fine et la plus aiguë dans un instrument à manche. Voix de chanterelle, voix très haute.

« Dans le fond, un violon accordait sa chanterelle, qui jetait de petits cris plaintifs » (Emile Zola, Pot-Bouille,1882, p. 152)


Quartier Stieger - Rotterdam



Genèse de la lettre

 

L’entrée en relation commerciale entre Martin-Frédéric et la société Neuner et Hornsteiner nécessite une bonne connaissance des conventions épistolaires liées au monde marchand.

On peut noter d’ailleurs qu’il s’agit peut-être d’un contact établi par son père Jean, premier contact si particulier entre deux commerçants séparés par de longues distances, près d’un millier de kilomètres entre Rotterdam et Mittenwald.

La société Neuner et Hornsteiner est absente tout au long du 19ème siècle des pages publicitaires du « Rotterdam courant ».

Y a-t-il eu un contact physique lors de ce premier contact, par démarchage avec un « courtier de commerce », en tout cas, à présent, Martin-Frédéric s’adresse directement à son fournisseur.

L’histoire des relations commerciales avant le milieu du 18ème siècle : l’entrée en relation marchande reste rare et s’effectue par courrier, à la fin du 18ème siècle les pratiques de démarchage et de prospections s’accompagnent de lettres circulaires imprimées, plus rarement écrites.


Neuner et Hornsteiner - offre de prix


Ici il s’agit d’une demande plutôt traditionnelle entre un client et son fournisseur.

La lettre missive de Martin Frédéric est circonstancielle, « Ayez la bonté de m’envoyer le plus tôt possible…… » avec le lien de confiance que l’écrit permet.

Martin-Frédéric possède une relative maîtrise de la langue du négoce et s’exprime en Français et non pas en Néerlandais malgré la présence de la famille Neycensas depuis presque 50 ans à Rotterdam. Le fournisseur Neuner et Hornsteiner possède, de même, une bonne connaissance de la langue Française.

Enfin le ton général de la lettre est courtois, respectueux, sans jamais faire appel à des termes suppliant qui pourrait se révéler comme un aveu de faiblesse, Martin Frédéric écrit comme il parle, sans ambages, avec habileté ; il ne fait aucune référence sur les modalités de paiement des produits commandés.


Atelier de luthier - Mittenwald


En tout état de cause, Martin Frédéric a pu consulter le « Manuel complet pour la correspondance commerciale » de l’éditeur Roret en 1834, traitant de la rédaction des lettres missives, de la manière de les tenir, des répertoires, de l’ordre à observer lors de la réception des lettres, un dictionnaire des termes les plus usités dans le commerce, des lettres relatives aux spéculations de marchandises, etc

En 1834, en commerçant averti, Martin Frédéric, 27 ans, reprenant l’affaire familiale, informe sa clientèle de son changement d’adresse. Son père Jean en 1808, puis son frère en 1825, ont tenu commerce d’instruments de musique au 246 quartier Visschersdijk pendant respectivement 14 et 9 années. La nouvelle adresse se situe à une centaine de mètres du Visschersdijk. Martin comme son père possède quelques qualités du facteur d’instrument, notamment en ce qui concerne la réparation d’instruments à cordes. Martin conserve son commerce de 1834 à 1840.



« M.F. Neycensas a l'honneur d'informer ses honorables mécènes, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de cette ville, qu'il a déménagé son magasin de marchandises de musique de Den Visschersdijk à Den Steiger, district I n° 407. Son magasin est équipé des instruments de musique les plus courants, ainsi que toutes sortes de cordes de la meilleure qualité, d’une collection des œuvres musicales les plus récentes et les plus recherchées, qu'il essaiera d'augmenter de temps en temps ; ainsi que du papier à musique et des motifs de broderie. Il répare également toutes sortes d'instruments de musique et promet de continuer à gagner la confiance dont il jouit depuis de nombreuses années grâce à un service juste et précis ».

Le 7 juin 1834


Quartier Steiger - Rotterdam



Deux années plus tard après son installation dans le quartier Steiger, le 29 juin 1836, Martin Frédéric se marie à Rotterdam avec Frederika Wilhelmina Constantia Schmalhaus âgée de 29 ans.


Différentes adresses de Martin-Frédéric


L’officier d’état civil note quelques caractéristiques physiques ; Martin mesure 1 mètre 61, possède un visage ovale, ses yeux et ses sourcils sont marrons, front et menton ronds.



En 1826, Martin Frédéric, âgé de 19 ans, doit être incorporé à la milice nationale et obtient, lors du tirage au sort, le numéro 701. Il est ensuite libéré par le conseil de la milice, siégeant à Rotterdam, en raison de son remplacement par un autre conscrit.


Registre militaire - Milice de Rotterdam - 1836



En 1838, la boutique de Martin Frédéric est référencée sur le registre des commerçants de Rotterdam.


Adresses des commerçants de Rotterdam



Quartier Steiger - Rotterdam




Les produits commandés auprès de Neuner et Horsteiner

 

Neuner et Hornsteiner - violon


L’offre d’instruments de musique et produits dérivés que l’on trouve chez Martin Frédéric provient presque exclusivement de la société Neuner et Hornsteiner, qu’il s’agisse des violons, violoncelles, guitares, mais aussi cordes en tout genre, tous fabriqués à Mittenwald en Bavière, à des prix très compétitifs.

Les partitions : vers 1808, les partitions sont gravées en taille douce, en noir et blanc et peu illustrées par l’éditeur Nicolas Barth, sur le Visschersdijk.

Martin, profitant de la démocratisation de la musique qui n’est plus l’apanage d’une société dominante, s’adresse à de nouveaux éditeurs. La partition, objet de consommation, évolue avec de nouvelles présentations, de nouveaux formats, un papier plus fin allégeant le prix.

 

Partition sur soie



La lutherie de Mittenwald : son histoire dans la haute vallée de l'Isar - Bavière

 

Le personnage fondateur de la lutherie à Mittenwald se nomme Matthias Klotz (1653-1743). Fils de tailleur, comme Jean Neycensas, après une formation à Padoue, le jeune luthier est de retour à Mittenwald.


Pourquoi choisir Mittenwald ?


Mittenwald par Schröder - 1911


Le village est situé au « milieu des bois » des monts du Karwendel, des bois dont on connait l’excellente résonance. Le village devient peu à peu le deuxième centre allemand de fabrication de violons avec Markneukirchen en Saxe. Mittenwald se trouve sur la route commerciale d’Augsbourg à Bolzano et Venise, ce qui permettra aux luthiers allemands d’exporter dans les meilleures conditions leur production.

En 1707 J. A. Baader & Co. devient le plus important luthier du village aux côtés des violons Neuner et Hornsteiner.

L’entreprise Neuner et Hornsteiner est fondée à Mittenwald au début du 19ème siècle par les familles Neuner et Hornsteiner, toutes deux luthiers de longue date dans la ville.

Johann Neuner, né en 1809, mort en 1883, devient directeur de l'entreprise. L’entreprise Neuner participe à l’exposition universelle de Londres en 1851.

Ce qu’en dit le savant Frédéric-Joseph Fétis en 1851……

« Plusieurs luthiers dont j’ai cité les noms et les ouvrages dans ma lettre précédente, ont mis à l’Exposition des guitares construites avec soin, mais dont le système n’a rien de différent de la guitare ordinaire. Il y a aussi bon nombre d’instruments de pacotille appartenant à cette catégorie dans ce qu’ont exposé MM. Neuner et Hornsteiner, de Mittenwald (en Bavière) ; Je suppose que l’envoi l’instruments semblables à l’Exposition a eu principalement pour objet de faire connaître le bas prix auquel ils sont établis, car leur valeur au point de vue de l’art est très minime ».

Le fils de Johann Neuner, Ludwig (1840-1897) hérite de la fabrique familiale. La lutherie de Mittenwald s'industrialise au 19ème siècle dans le but de répondre à une demande d'instruments plus simples et moins chers. Avec Ludwig, l'entreprise se développe, employant plus de 200 travailleurs, produisant toutes les qualités et tous les types d'instruments à archet. (Voir notes diverses concernant l’histoire de l’entreprise Neuner et Hornsteiner dans le catalogue de « l’Exposition Universelle de Paris en 1867 »).

Hans Neuner (1878-1934), fils de Ludwig perpétue la tradition au début du 20ème siècle.

Extraits

L’industrie de la Bavière à l’Exposition Universelle de Paris en 1867 : les exposants et leurs produits

Groupe 2 « Matériaux et application aux Beaux-Arts, 10ème classe : Neuner et Hornsteiner, présente un violoncelle, 9 violons, 3 cithares, 1 guitare. Les instruments sont exécutés d’après les modèles des maîtres italiens suivants : le violoncelle, un violon et une viole d’après Sradivarius, un violon d’après Quarnarius, un violon d’après Amati, un violon d’après Stainer en bois matré d’érable, 3 violons à 1 florin, …… une boîte à cordes avec échantillons de cordes romaines et napolitaines en boyaux, ainsi que des cordes de toute espèces faites à la fabrique même.

Médaille d’honneur à Berlin en 1844, à Nuremberg en 1835, à Munich mention honorable en 1855.

L’établissement existe depuis 120 ans sous la raison sociale Neuner et Comp jusqu’en 1813, depuis 1813 sous la raison sociale de Neuner et Hornsteiner. Le personnel se compose de 200 ouvriers. Quatre machines à scier mues par l’eau, livrent le bois presque entièrement préparé. Le magasin à bois, près de la scierie contient un dépôt de plus de 40 000 boîtes à violons, de chevilles, de manches et de couvercles, et un dépôt de bois pour violoncelle, contrebasses, guitares et cithares. Dépôt en gros de cordes italiennes et notamment romaines et napolitaines, ainsi que de toute espèce de cordes, les unes en boyaux, les autres en soie recouvertes de métal. Expédition les Amériques du Nord, du Sud, la Californie, l’Angleterre, la Russie et la Turquie, la France, le Danemark et les Etats Allemands ».

Rapports du jury international en 1867 sur les instruments de musique, commentaires du savant Belge, Frédéric-Joseph Fétis, auteur, en 1837, de « Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique", contenant la première biographie de Bach.


Frédéric-Joseph Fétis


« La lutherie de pacotille et d’exportation se fabrique dans de grandes proportions à Mittenwald. La maison la plus importante est celle de Neuner et Hornsteiner. La maison est montée pour la grande fabrication, elle possède une immense quantité de bois qui se préparent dans une usine hydraulique.

C’est avec ces matériaux que les ouvriers conditionnent les instruments à blanc pour lesquels ils sont payés à la pièce, ou comme on dit à façon. Des femmes, dont le salaire et très minime, sont ensuite employées pour les vernir. Les ouvriers luthiers ne travaillent aux instruments que pendant l’hiver dont la durée est de 7 ou 8 mois dans ce pays. L’été venu ils sont occupés aux travaux des champs.

Tels sont les causes du bas prix des instruments de Mittenwald, on y trouve des violons à 1 florin, 3 florins, à 30 florins c’est-à-dire entre 4 et 80 francs. Un violoncelle en très beau bois, imité de Stradivari, est coté au prix de 120 francs, à l’audition parmi ces instruments le violon de 4 francs est celui qui a étonné le plus le jury.

La maison Neuner et Hornsteiner fait de très grandes affaires en instruments de ce genre et instruments à cordes pincés, tels que guitares et cithares ».

La société Neuner et Hornsteiner obtient une « mention honorable pour un instrument à archet » à l’exposition de 1867.


Neuner et Hornsteiner - réserve de violons


« Il suffit que vous soyez Bavarois, natif de la petite ville de Mittenwald, pour que vous sachiez confectionner un violon. On naît luthier dans ce pays plus encore qu'horloger à Genève car sur une population de 2000 habitants dont se compose Mittenwald il n'y a peut-être pas 200 personnes qui fassent autre chose que des instruments à archet.

Le goût de la lutherie est si répandu en Bavière qu'on m'a cité nombre d'amateurs qui, pour leur seul plaisir, façonnent des violons et des cithares comme d'autres en jouent ».

Oscar Comettant (1819-1898). Auteur du texte. La musique, les musiciens et les instruments de musique chez les différents peuples du monde par Oscar Comettant - 1869




En 1841, Martin-Frédéric devient négociant en vin au H 87 de la rue Lombardstraat.



En 1847, Martin-Frédéric possède un commerce au 14-237 de la rue Hofdijk.



Son oncle Jean-François apparait sur le même registre au 8-184 de la rue Lombardstraat.


En 1851 Martin-François travaille rue Lamsteeg 8-38.


L’épouse de Martin-Frédéric, Fredérika décède le samedi 25 mai 1889 à Rotterdam à l’âge de 82 ans.






Le couple donne naissance à 4 enfants.



Wendilia Maria Elizabeth nait le lundi 23 Octobre 1837 à Rotterdam et décède le mercredi 16 Janvier 1839 à Rotterdam à l’âge de 1 an.


Marie Elisabeth nait le lundi 4 novembre 1839 à Rotterdam et décède le dimanche 26 mai 1929 à Rotterdam à l’âge de 89. Marie reste vraisemblablement célibataire.


Jacques Frédéric nait le mardi 7 juin 1842 à Rotterdam et meurt le mardi 7 juin 1881 à Rotterdam à l’âge de 39 ans. Jacques vraisemblablement reste célibataire.

Jean Martin, nait le lundi 23 mars 1846 à Rotterdam et décède le dimanche 9 Janvier 1848 à Rotterdam à l’âge d’un an.

François Guillaume, nait le samedi 9 décembre 1848 à Rotterdam et meurt le jeudi 28 décembre 1848 à Rotterdam à l’âge de 19 jours.



Martin-Frédéric décède à l’âge de 45 ans le 14 janvier 1853 à Rotterdam.




C'est ainsi que 3 générations d'Astériens vécurent à Rotterdam.






2014 - Venise - Chiesa di San Mauricio - Musée de la Musique

Un fagotto Italien





« Le Musée de la Musique de Venise est dédié à l’un des genres artistiques qui rendit célèbre la culture Italienne: la lutherie au 17ème siècle.

Venise fut le berceau d’illustres liutai o costruttori di istromenti. Ses artisans excellaient dans la réalisation d’instruments musicaux expérimentaux toujours plus perfectionnés afin de répondre de la meilleure façon possible aux nouvelles exigences sonores requises à cette époque.

C’est en effet le siècle qui voit la reconnaissance de l’école de Crémone qui s’est développée au point de devenir la référence absolue pour la fabrication d’instruments à cordes et qui, pour le grand public, l’est encore aujourd’hui.



Présentée dans la très belle église de San  Maurizio, l’exposition “Antonio Vivaldi e il suo tempo” a pour but de faire revivre le son de certains instruments musicaux tels que les Amati, les Guadagnini et les Goffriller, véritables œuvres d’art, dans un lieu d’une grande beauté et chargé d’histoire créant une harmonie parfaite. » extrait site Museodellamusica di Venezia.

Photos prises lors de l’exposition Antonio Vivaldi e il suo tempo, Campo San Mauricio en septembre 2014.
























Canaletto




Remerciements :

Madame Sylvie Granger, responsable scientifique de l'enquête Muséfrem sur les musiciens des églises à l'époque moderne


Monsieur Henk Bos - Pays Bas sans qui cette étude n'aurait pu être


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