En fin d'article - L'annuaire des professionnels de la ville Saint-Astier en 1927
C’est en compagnie de parents et cousins qui ont fait l'histoire de Saint-Astier
que nous allons parcourir les rues du village, au tout début du 20ème siècle,
en découvrant une sélection
de cartes postales éditées aux alentours de
la première guerre mondiale
Souvenirs et témoignages
Saint-Astier, le bar restaurant, place de l'église |
De gauche à droite : Solange Bossavy, fille de Pierre Bossavy, aubergiste, une cousine Bossavy d’Agen, Pierre Bossavy, né en 1885, sabotier puis aubergiste, Alberte Bossavy, fille de Pierre Bossavy, aubergiste, née en 1912, épouse de Robert Neycensas, Anne Berthe Mauvignier, née en 1908, épouse de Pierre Bossavy d’Agen, Charlotte Dujarric, née en 1883, aubergiste et épouse de Pierre, aubergiste, et Pierre Bossavy d’Agen (1885-1965), frère.
Robert Neycensas - 1937 |
Saint-Astier, cérémonie de mariage à Jevah dans les années 20 - Familles Neycensas et Neyssensas |
Reine Bressolles-Taix, née en 1908, fille de Lucie Neycensas - souvenirs des familles Neyssensas de Jevah - Saint Astier vers 1914
« En ce qui concerne les
Neycensas, mon plus vieux souvenir est ma grand-mère née Catherine Simon mais
appelée généralement « Philippine », son linge était marqué d’un F ….. Je me la
rappelle qu’immobile et sans parole dans son fauteuil de châtaignier près de la
porte d’entrée de la maison de Jevah détruite pour élargir la route.
Elle était soignée par le grand-père Joseph
Neycensas qui lui survécu 12 ou 13 ans. Je le retrouvais aux vacances, d’abord
à Jevah, puis à Saint Astier avec mon oncle, Henri Neycensas et sa famille. Il
est mort en 1926.
D’un naturel sérieux, il
nous paraissait sévère à nous, les enfants, sa grande menace était, si nous
n’étions pas sages, de nous mettre avec la bourrique, brave bête qui ne nous
aurait fait aucun mal. Son frère, ou demi-frère, que nous appelions « l’oncle
Martial » habitait Jevah, avec sa famille, « tante Martial » et ses deux
filles.
Il y avait aussi cinq
fils, tous mobilisés car c’était la guerre de 1914-1918, l’un deux, Paul n’en
n’est pas revenu. Robert, Suzanne, mon frère, Michel Bressolles, étions
accueillis à bras ouverts dans leur maison pendant ces étés de guerre.
C’était ce que l’on
appelle une famille au grand cœur. Ma cousine Inès était pour moi une grande
sœur et j’avais droit à quelques confidences ».
Mon dernier séjour à
Jevah date de l’été 1919 ».
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Je garde des souvenirs
charmants, voire émouvants de notre séjour à Jévah. Je revois la procession des
enfants du village se rendant à l'école, à plus de trois kilomètres.
Ce n'était
pas triste ! Tous en galoche et en tablier, le plus souvent noir, nous devisions
sur des sujets terre à terre ou des exploits personnels que chacun s'évertuait
à monter en épingle.
Les plus grands, qui avaient les jambes plus longues, nous
devançaient d'une dizaine de mètres. Parmi eux, mon frère Robert et ma sœur
Suzanne. Souvent, les garçons "cherchaient" les filles et,
brusquement, se déclenchaient des poursuites endiablées.
Extrait : Maurice Neycensas
La gare de Saint-Astier en 1915
Henri Neycensas, présent sur une carte postale datée de 1915, se tient à proximité du sémaphore, devant la première porte, tenant une sacoche dans sa main droite.
Par la suite Henri sera
chef de gare intérimaire, et « son lit de camp le suivra partout, Neuvic, Saint-Seurin
Beaupouyet, ... ». Henri, surnommé « 30 sous », est promu facteur-enregistrant au service exploitation, le 1er janvier 1933.
Le facteur-enregistrant
est un agent de mouvement ; c’est un grade très répandu qui comporte plusieurs
subdivisions : 2ème classe, 1er classe, intérimaire et principal dont l'activité est la gestion, l'écriture et la comptabilité, l'enregistrement des colis, mais aussi parfois l'accueil en gare quand
il y est seul.
Dans les années 20, Henri
et son épouse Germaine Royer sont locataires dans les faubourgs de Saint Astier,
rue Jean Jaurès, dans une habitation de type ouvrier datant du 19ème
siècle. En 1932, après la venue de leurs 4 enfants, ils font construire un petit
pavillon, rue Georges Clemenceau, agrémenté d’un petit jardin potager. Henri sera
réquisitionné le 1er janvier 1940 à la gare de Saint-Astier. Sa
retraite débuta en janvier 1941.
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On ne choisit pas parmi
ses souvenirs.
Certains s'estompent peu à peu et sombrent dans l'oubli, tandis
que d'autres, même très anciens, surgissent du passé : tableaux nets et colorés
ou haillons de vie, de sang, de lumière.
J'ai beau chercher et puiser dans les
jours les plus lointains de mon existence, ma mémoire, comme un miroir fidèle,
me renvoie toujours la même image, celle d'un bambin de cinq ou six ans,
joufflu, rieur et bien portant, habitant Saint-Astier en Périgord.
Pourquoi
Saint-Astier ? parce que mon père, cheminot comme il se doit, vient d'être
nommé à la gare de ce "haut-lieu", avec le titre avantageux de
facteur enregistrant, grade qui, hélas, s'accompagnait d'un salaire de misère.
Songez que nous étions six à table.
Extrait : Maurice Neycensas
« Elle eut un rempart féodal, dont la
trace encore se révèle, et son clocher monumental, jadis servit de citadelle,
pour contempler des murs noircis, au feu de la guerre civile, pour écouter de
vieux récits ».
« Là, d’un canal les bords charmants, où
le peuplier se balance, pour attirer les cœurs aimants, ont de l’ombrage et du
silence, tout y rappelle au promeneur, les chants les plus doux de Virgile,
rêver fait-il votre bonheur ? ». Quelques vers d’Auguste
Nadaud
Les disciples de Saint
Cybard, premier évêque d’Angoulême, au 6ème siècle : « selon
une tradition qui paraît assez fondée, il faut mettre au premier rang Saint-Astier,
dont la réputation fut longtemps des plus grandes.
Saint-Astier se retira sur
un côteau faisant actuellement partie de Saint-Astier, où ses miracles attirèrent
les populations des environs. Sur ce côteau existe encore une chapelle
sous l’invocation du Saint, la chapelle des Bois ». Léon Dessales, historien
du Périgord.
« Mon enfance s'est
épanouie et achevée à Saint-Astier, "petite ville et grand clocher".
Dernière affectation de mon père, c'est là que la famille s'est définitivement
fixée. Nous avons emménagé dans une maison sise sur Jean-Jaurès, non loin de la
gare, comme locataires, évidemment.
Derrière la maison,
s'étendait un grand jardin que papa travaillait consciencieusement. Je courais
sur mes huit ans et je respectais scrupuleusement les plantations ou les semis.
Pas question non plus de mettre un pied sur la terre fraîchement ameublie.
Aussitôt, vous pensez que c'est par crainte d'être grondé, et bien vous n'y
êtes pas du tout. Dès cette époque j'avais l'âme d'un terrien, d'un jardinier
en puissance.
Papa l'avait bien compris, puisqu'il m'avait réservé un petit coin, non loin du puits et j'en étais vraiment le "patron". J'ai appris très tôt à cultiver les légumes mais déjà, dans mon esprit, je ne concevais pas de terre sans fleurs, aussi les violettes et les giroflées odorantes côtoyaient-elles les radis et les haricots ».
Papa l'avait bien compris, puisqu'il m'avait réservé un petit coin, non loin du puits et j'en étais vraiment le "patron". J'ai appris très tôt à cultiver les légumes mais déjà, dans mon esprit, je ne concevais pas de terre sans fleurs, aussi les violettes et les giroflées odorantes côtoyaient-elles les radis et les haricots ».
Extrait : Maurice Neycensas
Je connais Saint-Astier et,
à pied, j'ai tellement fait l'inventaire de la commune que je connais tous les
chemins de traverse, le cheminement tranquille de la rivière accueillante, tous
les villages charmants, aplatis dans la vallée verdoyante, accrochés à flanc de
coteau ou perchés tout en haut de falaises crayeuses, tous les bois avec leurs
clairières ombragées où je me repose.
Tous ces paysages me sont familiers et je
les sais par coeur, mais tout cela n'a rien à voir avec "l'ailleurs"
magnifique et dangereux, dont je rêvais et que je connaîtrais plus tard.
Extrait : Maurice Neycensas
"Certains jours, papa
était de repos.
Pour nous, c'était la fête (au moins pour moi) car on profitait
de ce moment pour se rendre en carriole à nos bois de Merlan.
Quelle expédition
! Papa sellait le grand bourricot qui mangeait plus qu'il ne travaillait et
qui, de ce fait, était, comme on disait, un peu trop fier et plus difficile à
mener. Au moment de l'atteler, il se montrait ombrageux et nerveux.
Il fallait
le calmer et surtout ne pas le lâcher. Juste au moment du départ, grand-père,
malgré sa lassitude, manifesta le désir de nous accompagner et papa, à son
grand regret, fut obligé de céder.
Après avoir embarqué des paniers en osier et
des sacs, et pendant que mon frère tenait fermement la bride de l'âne, nous
nous installions, tant bien que mal, les uns sur l'unique banc, les autres sur
le plancher.
Lorsque papa, debout, eut les rênes bien en main, Robert libéra le
bourricot et courut nous rejoindre. Il était temps, l'équipage démarrait au
galop. Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'on
ne s'y fiait qu'à moitié et nous espérions tous qu'au moment- de longer la voie
ferrée, aucun train ne passerait".
Extrait : Maurice Neycensas
« Comme pour la mare
gelée, nous nous aventurions de plus en plus loin, avec un léger pincement au cœur,
jusqu'au jour où, enhardis par notre expérience, nous avons traversé la
rivière. L'Isle, au milieu, recélait des trous de plus de quatre mètres de
profondeur.
Joyeuse inconscience ! N'empêche que le courant nous causait de
gros problèmes.
Pour la traversée, on déviait d'une dizaine de mètres, autant
et plus pour le retour, car on était fatigués.
Il fallait se coltiner chacun
notre bateau sur le dos, pour revenir à l'endroit où nous avions caché nos
vêtements. On les camouflait dans les joncs, on se séchait au soleil et on
reprenait nos habits. Peu après ces exploits, qui comptent dans la vie d'un
navigateur, nous avons appris à nager tout seuls - il était bien temps - !
Nous
glissions un petit paquet de joncs sous notre poitrine et nos bras et, au bout
d'une dizaine de séances, nous étions bons pour le service. Alors nous pouvions
naviguer tout notre saoul, sans risque de noyade. Heureux parents, qui
n'imaginaient pas un instant un tel emploi du temps pour leur chère
progéniture. »
Extrait : Maurice Neycensas
J'enfourchai le bon vieux
vélo de papa (dans la pratique, c'était presque le mien), une petite pointe
d'émotion au cœur, et sous le soleil radieux de Septembre, je partis en
reconnaissance. Je pédalais, souriant tout seul.
Mes jambes tournaient en
souplesse et tout mon corps se sentait vivre intensément.
Comme la route suit
la vallée de l'Isle, j'accompagnais la rivière, fluide et douce. Parfois je la
quittais un long moment, tout en la devinant aux grands peupliers qui
l'escortent en murmurant. De temps en temps, je la surprenais, comme à la
"Massoulie", à même de sauter un barrage, de s'énerver en petites
cascades grondeuses tout en se divisant en deux ou trois bras qui enserrent
quelques petits ilots ombragés. Je me dis : « Tiens, un joli coin, il
faudra venir pêcher ici prochainement ».
Extrait : Maurice Neycensas
Marie Gibeaud-Neyssensas
- 27 mars 1992, âgé de 89 ans à Davalan - Commune de Saint-Astier
« Mes anciens n’étaient
pas des farceurs. Mon père – Georges né en 1875 : quand il était garçonnet, il
gardait ses moutons et c’était à l’époque des loups, donc un loup est arrivé et
s’est jeté sur un agneau et le petit garçon lui a donné un coup de bâton sur le
nez, le loup a grogné et s’est enfuit, mais le petit garçon a tremblé toute la
journée, le pauvre !! »
Marie Gibeaud-Neyssensas
le 24 décembre 1993
« La maison de Tamarelle,
j’avais 12 ans en 1915, quand ma mère m’y a amené la première fois et n’y suis
pas revenu depuis. Je me rappelle d’un beau point de vue du jardin, on
apercevait les casernes de Périgueux par temps clair ».
« Pour la nourriture de
mes anciens, ça devait être comme à Davalan avant 1914, châtaignes tous les
matins (pendant la saison), le soir frites, salade à l’huile de noix et souvent
à 4 heures, « frotte à l’ail » !! Et j’oubliais les « miques » !!.
« Pour les habits,
chemise de toile, j’en ai encore de mon père, et pantalon de coutil ».
« Et bien ma vieille
cervelle ne peut pas t’en dire d’avantage, ta cousine ».
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L'hiver arriva, sans
tambour ni trompette : de la fin Décembre à fin Février, durant deux longs
mois, il fut glacial.
Tantôt, dans une course échevelée, il
"trimballait" d'énormes nuages chargés de neige ou de grésil, tantôt,
par un ciel trop pur, il enserrait la campagne pétrifiée, d'un corset de givre
et de glace. Les mares, le canal et même une large frange de la rivière étaient
gelés.
Le petit étang qui servait d'abreuvoir, près de la ferme, était
solidifié sur plusieurs centimètres. Après avoir testé, avec précaution, la
résistance de l'épaisse couche brillante, les inséparables s'aventurèrent, à
petits pas peureux, vers le milieu de la mare.
Lorsqu'on se retrouvait trop
près les uns des autres, on entendait d'abord un bruit sourd et prolongé venant
de la mare glacée qui pliait légèrement, puis nous décelions une multitude de
craquements presque imperceptibles, dûs sans doute à des forces se contrariant
et agissant seulement en surface.
Extrait : Maurice Neycensas
"Les jeudis après-midi, en
cette fin d'Octobre 1925, nous nous rendions à la gare où affluaient les
chargements de noix et de châtaigniers. Saint-Astier, à cette époque, était un
gros marché où se négociaient des tonnes de ces fruits qui, avec la truffe et
les cèpes, représentaient les atouts emblématiques de notre Périgord.
Les paysans et les agents
SNCF déchargeaient les charrettes au moyen de petits chariots à ceux roues
appelés diables, et disposaient les sacs debout, dans un grand dépôt, d'où ils
seraient transférés sur des wagons de marchandises.
Dans les manoeuvres
hâtives, certains sacs se déchiraient, révèlant ainsi leur précieux contenu. Le
travail terminé, les hommes, comme il se doit, se rendaient au bistrot d'en
face. Il y a toujours un café dans les lieux stratégiques.
Pendant leur
absence, à la hâte, nous prospections la "mine d'or" comme nous
l'appelions. Nous aidions une fente à s'entr'ouvrir, de façon à glisser la main
à l'intérieur du sac d'où nous retirions une provision de belles noix presque
blanches. Nos poches pleines à ras bord, on aidait Valentin à bourrer celles de
sa veste de châtaignes luisantes."
Extrait : Maurice Neycensas
Les travaux du chemin de fer de Coutras à Périgueux sont effectués par la Compagnie du chemin de fer Grand-Central de France de 1855 à 1856. Le conseil municipal demande en 1855 que l’emplacement de la gare soit situé plus près du centre ville afin d’éviter les dangers de « longer la voie ferrée lorsque les cavaliers, charretiers et bouviers ont à conduire des animaux peureux ou fougueux ». La requête sera refusée par la compagnie.
Après la faillite de la compagnie du Grand-Central, la fin des travaux et la mise en service, le 20 juillet 1857, de la ligne et de la station de Saint-Astier sont effectués par la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans à cinq heures cinquante cinq du matin. De nombreux curieux occupent les abords de la gare ce lundi matin. En 1933, l’avenue Jean Jaurès est créée, de nouvelles habitations se développent le long de la nouvelle rue de la gare.
Ecole de Saint-Astier - 1925
« Il en était de même dans le bourg de Saint-Astier, où frères et soeurs se retrouvaient ensemble pour aborder les carrefours et traverser les rues. La redistribution entre l'école de garçons et celle des filles s'opérait sur la place des marronniers.
A midi, les "enfants de loin" se rassemblaient sous le préau où
chacun, le plus souvent debout, déballait son frugal repas. Une omelette
froide, bien serrée entre deux tranches de pain, et une pomme, constituaient le
menu type pour la plupart d'entre nous. En octobre, les châtaignes faisaient
leur apparition, et c'étaient des échanges sans fin.
Ceux qui n'en avaient pas
offraient des pommes, des billes, une gomme, un taille-crayon, pour avoir le
droit de savourer une dizaine de ces fruits. Mais attention ! il y avait
plusieurs tarifs.
D'abord, un bas de gamme, les "broussades",
châtaignes simplement cuites à l'eau, dans leur peau ; puis les marrons,
légèrement entaillés au couteau et saisis dans la braise ou au four, et, pour
terminer, le fin du fin, les châtaignes blanchies, d'abord pelées, puis
chauffées dans de l'eau non bouillante et délivrées de leur seconde enveloppe
fibreuse ; ainsi préparées, elles étaient rôties à la cocotte, sur un lit de
feuilles de figuier ou de petites pommes de terre.
Dorées et légèrement cramées
sur un côté, c'était un vrai régal. Heureux souvenir ! »
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Ecole de Saint-Astier - 1925
En classe, à partir d'une
certaine heure, les insectes se réveillaient et l'on entendait de toutes parts
monter un crissement multiple, dû aux pattes crochues qui s'agrippaient au
bois.
C'était le prélude à un exercice plus dangereux, mais évidemment plus
spectaculaire. Les cinq ou six élèves qui occupaient les dernières places, au
fond de la classe, et qui n'avaient rien à perdre, ni rien à gagner (comme ils
disaient), étaient des spécialistes des avions en piqué.
A une patte de chaque
hanneton, ils avaient déjà attaché un fil de coton ou bleu, ou blanc, ou rouge.
Dès que le maître avait le dos tourné pour écrire au tableau, à un signal
secret ils grattaient le ventre de l'insecte pour qu'il soit bien éveillé et
plus nerveux et, en chœur, lâchaient l'escadrille qui, telle la
"Patrouille de France", s'élevait vers le plafond avec un
vrombissement sourd.
Rires étouffés. Le maître, pas tout à fait dupe, se
retourna brusquement, un sourire mi fine, mi-raisin au coin des lèvres et
assista, impuissant, à l'attaque en piqué d'une demi-douzaine de bombardiers.
Il faut vous dire que les hannetons n'ont aucune résistance et qu'au bout d'une
minute ils tombaient lourdement, l'un d'entre eux au moins atterrissant sur le
bureau.
Extrait : Maurice Neycensas
"Le Dimanche, nous reformions le trio magique. Comme il n'y avait rien de programmé, on filait vers les bois qui s'étendaient autour du château de Puy-Ferrat, vieille demeure aux lignes simples et pures.On suivait la grande allée qui montait doucement vers le château ; on disait un bonjour respectueux au vieux chêne qui, soi-disant, avait sept cents ans.
A trois, main dans la main, on faisait à peine le tiers de sa circonférence.Ce qui le rendait encore plus respectable à nos yeux, c'est qu'il portait des blessures béantes et très anciennes qu'on avait "guéries" avec des emplâtres de ciment.
Malgré nous, cette thérapeutique de maçon, pour énergique qu'elle soit, nous posait des problèmes insolubles : le ciment guérissait-il vraiment ?Ensuite nous visitions un autre chêne, probablement l'arrière-petit-fils du vieux, puisqu'il n'avait que deux cents ans. Il avait une stature aussi imposante que celle de son aïeul, mais son tronc intact était plus ramassé, ses branches basses touchaient presque le sol.
C'était un lieu d'escalade idéal, car sa ramure était composée de branches plus grosses que des arbres adultes, vrais boulevards où nous nous promenions en courant -quels équilibristes ! Pardon, Fourchu ne courait pas, il hésitait et s'accrochait aux branches. Nous montions, étage par étage, jusqu'à une hauteur qu'il serait indécent de révéler.
Je vous dis seulement que c'éait impressionnant et surtout enivrant.Cet observatoire géant ouvrait à nos yeux émerveillés la plus belle vue panoramique qui soit.
On s'amusait à trouver et à reconnaître notre quartier, notre maison ; plus près, on découvrait le vieux et puissant clocher, au pied duquel s'étalait tout un paysage de toitures anciennes, imbriquées les unes dans les autres et, là-bas, très loin, les usines à chaux qui se distinguaient par leur blancheur et par des panaches de fumée.
Mais surtout, plus près du ciel, on entendait le feuillage luxuriant bruire et murmurer des airs d'autrefois, à moins que ce soit la brise printanière qui, de sa voix envoûtante, nous berçait en nous racontant le bonheur éperdu des cîmes.
La griserie, vous connaissez ?"
Extrait : Maurice Neycensas
Germaine Neyssensas le 26
février 1990 - Juvisy sur Orge – âgée de 86 ans - vendeuse de mode
« ……. Le trou de la mort,
je connais bien le coin (nous y cherchions les champignons. Je vois l’endroit
où cela s’est produit. C’est arrivé dans la petite vallée entre Crognac, le
métayer, et le Jardin du Château, dans le bas, il arrive une source côté Caveau
de la famille Gadeau à 50 mètres de la route et du moulin et au-dessus c’est
cette petite vallée ou petit vallon ».
« Mon mari était de la classe 19 mais ils sont partis à 18 ans en 1918 pour aller chercher les lauriers du 11 novembre 1918 ».
Suzanne Daraux, née Neycensas, sera employée dans les années 30, en qualité de couturière au service des soeurs Gadaud, Yvonne et Renée, demeurant à Crognac.
« Mon mari était de la classe 19 mais ils sont partis à 18 ans en 1918 pour aller chercher les lauriers du 11 novembre 1918 ».
Suzanne Daraux, née Neycensas, sera employée dans les années 30, en qualité de couturière au service des soeurs Gadaud, Yvonne et Renée, demeurant à Crognac.
Avril explosa en sève ardente qui circulait sans
retenue. Après les pruniers qui avaient donné le signal en bouquets blancs, les
pommiers avaient suivi dans une débauche de rose et de blanc et, pour ne pas
être en reste, les cerisiers se muèrent en dômes couverts de neige immaculée.
Presqu'aussitôt, les petites feuilles mirent leur nez au balcon et la nature
entonna sa symphonie en vert. A ce moment-là, l'appel de la campagne devenait
irrésistible.
Valentin, Fourchu et moi le sentions bien et, dès lors,
commencèrent nos expéditions à travers champs et bois. D'abord le parc, qui
servait d'ornement au château d'Excideuil (lieudit). Que je vous dise tout de
suite que ce château, simple et coquet, était la propriété des Estignard,
vieille famille Astèrienne qui possédait trois métairies d'une vingtaine
d'hectares chacune, dont celle que travaillait Jean.
Le parc, clôturé, longeait la route qui conduisait à
"ma ferme". Nous le trouvions charmant, si charmant qu'il paraissait
impossible de résister à l'invite et au clin d'œil qu'il nous adressait en
permanence. Bien sûr, en plus d'un treillis, il y avait une haie compacte et
bien taillée de laurières avec, tous les dix mètres, de magnifiques ormeaux.
Nous avions repéré les endroits où la clôture présentait quelque faiblesse : là
un trou, que nous aidions innocemment à grandir, là un affaissement qui rendait
l'escalade plutôt facile, et puis il y avait le grand portail qui interdisait,
si l'on peut dire, l'accès à la grande allée du château.
Vous voyez, nous avions le choix de l'entrée pour
pénétrer dans ce paradis de verdure. Remarquez que lorsque le portail était
grand ouvert, cela correspondait vraisemblablement à l'absence des châtelains,
alors, tout fiers, dressés sur nos ergots de jeunes coqs, nous empruntions
"l'avenue royale" pour disparaître enfin dans les bosquets où
s'égosillaient les oiseaux."
Extrait : Maurice Neycensas
L'Annuaire de la Dordogne en 1927
Canton de Saint-Astier
Communes : 12. - Habitants : 9.476.
Annesse-et-Bcaulieu, La Chapclle-Gouaguet, Coursac, Grignols, Jaure,,
Léguillac-de-l’Auche, Mauzac-sur-Vern, Mensignac, Montren, Razacsur-l’Isle, Saint-Astier, Saint-Léon-sur-l’Isle
Conseiller général :
Astarie.
Conseiller
d'arrondissement : Raymond.
Maire : Astarie.
Adjoints : Boisseau,
Chazotte.
Conseil municipal : Beau,
Bossavy, Bru, Dupré, Délubriat, Eclancher, Fage, Cellerier, Chanraud,
Dupeyrat, Delord,
Pareuil, Peyscard, Laurent, Lachaize, Laronze (P.), Lauzeille, Savignac.
Secrétaire de mairie :
Laplénie.
Garde champêtre :
Eclancher.
Curé : Lafaye.
Vicaire : Nogué.
Instituteurs : Drébetz,
Rapnouil, Maury.
Institutrices : Jouin,
Lagorce, Verdier, Drébetz, Rapnouil (Mmes), Champeaux, Dumas (Mlles)
Pompiers : Boisseau,
sous-lieutenant ; Gay, Turpin, Lauzeille, Rebière, Purrain, Liza, Rebière,
Dupeyrat, Piquet,
Rancher, Mirlande, Terrade, Lauzeille (J.), Labruc, Pradier, Félix, Delord,
Bossavy, Peyronny,
Purrain (J.), Janailhac, Lafaye.
Tambour-afficheur :
Boulenzou.
Receveur buraliste : N.
Cantonniers : Carreau,
Touya. Tamarelle.
Percepteur : Frégère.
Receveur de
l,enregistremt : Brousse.
Juge de paix : Monier.
Greffier : Bouillon.
Notaire : Chiron.
Huissier : Chaigne.
Receveuse des postes :
Dumazeau
Agent voger : Simonet.
Gendarmerie : Choriol,
chef, Fontaine, Gorse.
Chef de gare : Méneyrol.
Assurances : Egretaud,
Cournut, Peyronny, Cellérier, Doche.
Bascule publique :
Boulenzou.
Bureau de bienfaisance :
Guinabert, Roche, Chazotte, Boisseau, Dupré, Cellérier.
Armurier : Guinabert.
Aubergistes : Bossavy
(A.), Bossavy (F.), Gaillard, Félix, Delord, Liza (Vve), Bordenave, Rapnouil
Bru, Mirlande, Savignac,
Chabard, Dupré, Dujarric, Ladoire, Peyronny, Chassagnou, Sautereau (Mme), Rey
(Vve), Sirieix,
Pommier, Desnoyers,
Durieux.
Gavages : Mamont,
Teillet..
Banque : Egretaud.
Bois (Marchands de) :
Fraisse,
Roussarie, Jouve.
Bouchers : Daniel,
Desbiczs, Dufreix, Mazeau.
Boulangers : Pareuil,
Dubost,Bourgeix, Vidal.
Bourreliers : Rossignol,
Doclie.
Cafetiers : Rapnouil
(R.), Lavaud.
Chapeliers : Robert
(Vve), Auzard (Vve).
Charrons : Rebière,
Lessale, Boirat, Patou, Collinet.
Chaussures : Georges,
Debord (Ve), Fonmarty, Roussarie, Teillet.
Chaux : Société
dordognaise, Eymeric frères ; Société anonyme française, Bastier, Bousquet et
Laurière, Union des chaux et ciments, Loubat et Augrand.
Couronnes mortuaires :
Luzier, Nogué (Vve Charles).
Coiffeurs : Roche,
Labydoire, Peyronny.
Commissionnaire :
Peyronny.
Confections : Riboulet
(Mlle), Dupuy (Vve)..
Conserves alimentaires :
Dutreuil (Vve), Dufour (Vve).
Cordonniers : Gay, Simon,
Juge, Fonmarty.
Couturières : Delord,
Lauzeille, Leymonie, Desmaison, (Mmes), Boisseau (Mlle).
Cycles : Guinabert,
Doche, Teillet, Mamont.
Entrepreneurs : Boisseau
aîné, Laforêt, Lavignac.
Epiciers : Luzier,
Laronze, Jouve, Doche, Rey (Vve), Dupré, Lamy, Dalesme, La Ruche Méridionale,
La Solidarité de Saint-Astier.
Farine : Bleynie.
Ferblantiers : Gay,
Cousteil, Guinabert, Cousteil (Victor).
Fruits et primeurs : P a
r e u i l .
Grains : Pareuil,
Chassagnou, Lachaud.
Horlogers : Moreau,
Lestrade.
Hôtels : Siauve, Lavaud,
Gay Barthélemy, Lavignac.
Libraires : Robert (Vve),
Luzier.
Maréchaux ferranls :
Dumarchapt père, Lessale, Durieux, Bossavy, Larousselie.
Mécaniciens : Teillet,
Mamont.
Médecins : Lafaye,
Labrue, Dumas.
Menuisiers : Doche,
Rieul, Lavignac, Leymonie, Doche jeune.
Meuniers : Bleynie père
et fils.
Modistes : Turpin,
Soulier (Mmes), Boric.
Pâtissiers : Martin fils.
Peintre : Gay.
Pharmacien : Baldou.
Quincailliers : Nogué
(Vve), Donzeau frères, Borie.
Sabotiers : Debord (Vve),
Bossavy, Muguet.
Sage-femme : Roussarie (Mme).
Scieries : Rieul, Mignon,
Pays.
Serruriers : Vaudou,
Guinabert.
Tabacs : Laronze, Dupré,
Guinabert.
Tailleurs : Pompignac,
Lalet, Plazanet.
Vétérinaire : Chanraud.
Vins en gros : Furrer.
Sociétés diverses :
Solidarité de StAstier, Avant-garde astérienne,
Fanfare de Saint-Astier,
RugbyClub astérien.
Prop de Puyferrat, à M.
Maréchal.
Prop de Puy-Saint-Astier,
à Mme Lafaye.
Prop de Labatut, à M.
Bérenger.
Prop de Bruneval, à M.
les Héritiers.
Prop d’Excideuil, à M. Estignard.
Réf : Archives de la Dordogne - P01/118
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